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Union européenne

Ukraine-Russie, devenons-nous fous ou cons?

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Si vis Pacem, Para Bellum

Des dérives médiatiques sur la guerre en Ukraine et autres considérations sur le futur militaire de la France

 

Le 24 février 2024, nous fêterons les deux ans du conflit le plus important sur le continent européen depuis des décennies. Au-delà du fait de voir s’affronter ainsi deux anciens frères que la guerre froide, le banderisme puis les magouilles américaines ont contraint de s’éloigner, ce conflit a surtout mis en lumière les pires défauts de l’être humain.

 

Ici, le but n’est pas de revenir précisément sur les retombées humaines et directement matérielles de ce conflit. On connaît tous les conséquences d’une guerre. Ses victimes militaires et civiles, ses villes rasées, ses pays dévastés. Non, la Russie n’avait pas à s’aventurer ainsi sur le territoire souverain ukrainien. Rares sont ceux à concevoir que la Russie était dans son bon droit à intervenir et à envahir la totalité de l’Ukraine. Était-ce d’ailleurs même son objectif ? Ici donc, il n’est pas question de venir faire du signalement de vertu en déclarant que Poutine n’est qu’un méchant qui a fait du mal. Déjà parce que cela n’avance à pas grand-chose, et qu’à part les philosophes médiatiques, personne ne doit se croire pertinent en le répétant en boucle. Ensuite, parce qu’il n’est pas le seul acteur de ce conflit.

 

Une légende populaire veut que Poutine, tyran seul aux manettes, déplacerait ses troupes et aurait porté toute la guerre sur ses larges épaules. En vérité, l’impopularité de la guerre au sein de la Russie doit être relativisée. Le scénario romantique selon lequel le dictateur imposerait ce conflit à toute une population qui y serait opposée tend à la naïveté. À vrai dire, de mon point de vue, il existe beaucoup moins modéré que le président russe. Si lui réussit encore à apparaître maître de ses propos, son collègue Dmitri Medvedev est bien plus enclin à mettre de l’huile sur le feu, à grand coup de tirades anti-occident et anti-France très remontées et belliqueuses. Que dire sinon de ces parlementaires de la Douma qui plaideraient presque pour un anéantissement nucléaire ?

Il existe même un amalgame selon lequel un opposant à Poutine serait nécessairement opposant à la guerre, ce qui est là aussi une vision naïve des choses. Il ne me semble pas que le parti communiste russe s’y soit opposé à l’époque.

Tout ça pour dire dans un premier temps que personnifier ce conflit avec Poutine est une erreur.

 

Je ne suis pas ici pour encenser le pouvoir russe. D’ailleurs, sa politique intérieure ne me parle pas plus que ça. Je ne considère pas le pouvoir russe, et encore moins la Russie, comme un ennemi, en effet. Afin d’avancer honnêtement sur ce chemin, je tiens à admettre que je suis plutôt favorable à une Crimée russe, bien que je déplore la violence des séparatistes russes en leur temps. Ce soutien critique s’explique par mon intime conviction que la Crimée n’avait plus sa place en Ukraine. Le référendum qui s’est tenu, référendum à l’organisation illégale, ne rend pas plus caduc ses résultats. D’ailleurs, on rappellera qu’une enquête américaine indépendante a abouti aux mêmes conclusions, démontrant que les résultats du référendum apparaissaient cohérents avec la réalité des opinions des Criméens.

Je ne mets pas non plus mon veto à un Donbass russe, bien que je ne me sois moins renseigné sur cette situation précise. Il est quand même pertinent de rappeler à quel point la chute de l’URSS a été très mal dirigée, du moins aussi mal que l’a été la réconciliation des deux Allemagnes (mais ça c’est un autre sujet). Toujours est-il que la réalité russophone et russophile de certaines zones en Ukraine ne doit pas être balayée, notamment au regard des lois visant à réduire cette culture russe qui avaient tant provoqué de problèmes il y a dix ans.

 

Cela dit, j’ai beaucoup de choses à dire. D’abord, sur la perte d’humanité et de rationalité qui semble frapper nos chers observateurs médiatiques, et une partie de la population, ensuite sur la question militaire en France qui me semble très mal traitée.

 

I. La guerre en Ukraine peut-elle nous rendre cons ?

 

Depuis le début de la guerre, j’ai cette question qui me trotte dans la tête. Se prononcer sur la guerre en Ukraine dans les médias mainstream priverait-il les commentateurs d’une partie de leur organe cérébral ?

 

A/ Tout d’abord, il y a les adeptes du fantasme. Ceux qui imaginent un Poutine vieillissant, cancéreux et atteint de trente maladies différentes. Ceux-là même qui vont l’avancer comme un danger implacable. Bien sûr, il n’est pas exclu que Poutine tombe malade. Mais ces affirmations n’avaient pour intérêt unique que la poursuite d’un narratif, et pas celle de la vérité. Ce qui est plutôt dommage pour des journalistes.

 

B/ Le degré suivant, c’est celui qui perd tout sens de la réalité. À fréquence régulière, certains viennent annoncer la défaite prochaine de la Russie, la remontée incroyable de l’Ukraine, et la victoire de la démocratie et du monde libre sur les méchants. La vérité, c’est que c’est une guerre qui s’enlise, et qui tient encore grâce aux injections européennes et américaines. On fera remarquer que la Russie ne s’avoue toujours pas vaincue malgré le soutien occidental à la limite de la co-belligérance apporté à leur adversaire. Cela ne l’empêche pas de subir de plein fouet les affres d’un conflit qui s’éternise, certes. Il est d’ailleurs bien naïf de penser que la Russie survolerait cette guerre et qu’elle serait une franche réussite.

 

C/ Toujours dans la négation de la réalité, on atteint parfois le degré juste au-dessus avec la négation non seulement naïve, mais surtout dangereuse. Et c’est là qu’on aborde enfin un sujet important. Il existe un monde où la Russie déciderait d’arrêter la guerre, ruinée par les sanctions et abandonnée de tous. Mais ce monde-là n’existe certainement pas dans notre dimension à nous.

Tout d’abord, les sanctions étaient censées mettre la Russie à genou. Qu’il y ait eu des conséquences négatives sur l’économie russe est logique, mais à quel point ces conséquences ont-elles affecté l’économie russe dans son ensemble ? De même, quand on sait que les occidentaux consomment encore des hydrocarbures russes mais qui ont transité via des pays-tampons (à l’instar de l’Inde), peut-on encore se dire sérieusement que ces sanctions ont un quelconque intérêt ?

S’il ne s’agissait que de mener une guerre économique contre la Russie, à la limite, ces affirmations seraient aussi à reléguer au niveau du simple fantasme. Mais le problème, c’est qu’il y a des conséquences autrement plus négatives pour les pays européens. Les partenariats français avec la Russie en matière d’industrie n’étaient pas négligeables. La perte du marché russe aura fragilisé notre économie. Pendant ce temps-là chez eux, le seul problème qui les guette à terme apparaît être la pénurie de main d’œuvre : leur économie est florissante et le chômage au plus bas.

Il en est de même avec l’Allemagne, qui s’enfonce de plus en plus tête baissée dans le narratif atlantiste. Pour elle, les sanctions sont d’autant plus catastrophiques que leurs dirigeants semblent en auto-pilotage depuis le début. Elle a perdu ses liens commerciaux sur le gaz, notamment via le projet Nordstream. ce n’est pas négligeable. D’ailleurs, à quel niveau de soumission et de transparence faut-il en être réduit pour ne pas avoir osé lever le temps sur le sabotage de Nordstream, sabotage qui ne bénéficiait ni à l’Allemagne, ni à la Russie ? Sur ce sujet, la Suède estime ne pas pouvoir donner l’identité des responsables. Une affirmation très crédible, je laisserai en juger.

Puisque je suis taquin, je tiens à préciser que les livraisons de gaz américains en Europe sont en augmentation conséquente depuis 2022. Un hasard sans doute. Gageons que les prix nous seront aussi bénéficiables que les tarifs du gaz russe jadis.

 

D/ L’échelle au-dessus tend à confondre bêtise et apathie belliqueuse. En effet, il est intégré de longue date qu’une guerre fait de nombreuses victimes. Aussi ai-je toujours trouvé très déplacé le fait d’encourager la guerre en question.

D’un point de vue purement factuel, toutes considérations politiques mises de côté, combien de vies auraient été sauvées si aucun équipement n’avait été envoyé à l’Ukraine, la laissant régler ce conflit avec la Russie dans son coin ?

Dans ce cas de figure, il est peu probable que la guerre eut continué bien longtemps. L’armistice aurait été signé et des milliers de vies épargnées. Il aurait été pertinent alors d’envoyer des observateurs de l’ONU et des casques bleus encadrer le désengagement russe d’une grande partie du territoire ukrainien.

Retour à la réalité. À quoi aboutissent les envois incessants d’armements ? L’armée russe est parfois ralentie. Elle subit de grosses pertes, notamment sur sa marine. L’Ukraine n’est pas encore envahie, très bien. Mais jusqu’à quand ? Certaines prévisions semblent indiquer une offensive russe massive en 2024. Bloquée sur les champs de bataille, la Russie l’est moins dans sa reconstitution logistique. Alors que les réserves européennes se vident et mettront des années à être refaites (ce qui pousse certains à encore plus plaider pour la protection de l’OTAN), la guerre se prolonge et draine vies et économies.

 

E/ Toujours sur ce point, non content d’encourager la guerre actuelle, le personnel médiatique et politique a même la fâcheuse tendance à encourager les guerres futures. Il y a presque une excitation à l’idée que le continent entier pourrait sombrer dans une troisième guerre mondiale. Encore récemment, Olaf Scholz en Allemagne appelait à se préparer à une économie de guerre. Que dire sinon de tous ces pays qui réfléchissent à la question d’une conscription et d’une attaque sur leur territoire ?

Et au milieu de tout ça, certains semblent jubiler à l’idée que tout le continent sombre dans le chaos. Non content d’encourager la co-belligérance aux côtés de l’Ukraine, quitte à prolonger toujours plus l’enlisement du conflit, voilà qu’une invasion russe de toute l’Europe apparaît crédible – cela dans la même dimension où cette armée russe subirait de sévères défaites et montrerait de larges faiblesses. La Russie est désignée comme un ennemi de la France, les Anglais s’imaginent déjà attaqués. Je n’aurai rien à redire si de telles idées étaient développées dans des rapports militaires top secret. Anticiper reste la clé de la souveraineté en matière militaire. Mais ces fantasmes malsains d’une troisième guerre mondiale Russie contre le reste du monde (comprendre ici, l’occident) s’étalent au grand jour, dans un contexte éditorial qui ne fait aucun mystère de son agenda. Ce qui me mène à la dernière étape de connerie atteinte sur ce conflit.

 

F/ Le racisme anti-russe en France, qui n’avait pas particulièrement dérangé les bonnes âmes de ce pays, aurait dû me faire comprendre le niveau d’inhumanité et de cynisme auquel se livraient certains dans les médias. Le conflit Russie-Ukraine semble n’être devenu qu’un match de foot, avec ses supporters dans chaque camp. On espère pas la fin du match, ni même la victoire de l’équipe ukrainienne. On espère du spectacle, du sang. On veut que l’équipe russe morde la poussière, subisse une cruelle défaite. Et si l’équipe ukrainienne rechigne à jouer les prolongations, pas de problème, on les encouragera à se battre au-delà de leurs forces et de ce que leur santé leur permet. Des soldats russes sont tués par un drone ukrainien ? On partage la vidéo, rit de ce cruel destin et se félicite. Un navire russe coulé en mer noire ? Génial, encore du sang, incroyable. Voilà le divertissement actuel offert par ce conflit : des gens qui meurent dans le camp d’en face.

 

Observations

 

À quel moment avions-nous décidé que le monde entier serait une arène et que la vie humaine n’aurait plus de valeur au prétexte qu’elle appartiendrait au camp ennemi ? Bien sûr, l’armée russe a violé, tué et pillé en Ukraine. Les néonazis de Wagner n’ont pas fait mieux, sinon pire. Cela nous donnerait-il le droit, nous, français, de nous réjouir de la mort d’autres êtres humains dans un tel charnier ?

 

D’ailleurs, au nom de quoi devrions-nous prendre nécessairement et sans réserve le parti de l’Ukraine ? Peut-on même aujourd’hui soulever ne serait-ce que cette question ?

Avons-nous voté une guerre contre la Russie au parlement ? Les territoires attaqués sont-ils français ?

Les seuls débordements au-delà des frontières ukrainiennes, on les connaît, c’est le sabotage de Nordstream. Je réitère mes doutes sur l’idée que les Russes y avaient intérêt.

Je n’ai pas envie de prendre un autre camp que celui de la paix. Je ne suis pas ukrainien, aucun devoir moral ne me force à faire comme si les intérêts ukrainiens étaient les miens. Je ne suis pas russe non plus. Aucun devoir moral ne me force à soutenir Poutine dans toutes ses actions (et si j’étais russe, je n’aurais pas plus ce devoir).

 

Quel est notre intérêt en tant que français, sinon que la guerre s’arrête avec toute cette folie ?

Certes, il apparaît plutôt dans l’ordre des choses que l’Ukraine perde ce conflit, cède des territoires à la Russie et s’avoue vaincue. Mais à quel prix pour les Russes ? La guerre a été très dure pour eux aussi, ce n’est pas une victoire éclatante. Pourrait-il vouloir nous envahir une fois le continent stabilisé ? À mon sens, ce serait extrêmement peu probable. Seule la Transnistrie pourrait encore être convoitée par la Russie, mais l’intérêt de déplacer l’armée russe jusqu’à Brest me paraît bien minime en comparaison d’une pacification des relations Russie – Europe.

 

Par conséquent, il est temps que ce conflit cesse d’être autant passionné. Il est temps de retrouver une discussion rationnelle, dans laquelle des désaccords et points de vue contradictoires ont le droit d’émerger. L’unanimité et l’homogénéité n’ont jamais été une exigence s’agissant des sujets politiques. Or, il apparaît que de nos jours, ne serait-ce que remettre en question les dernières livraisons d’armes ferait de nous des agents payés par Poutine.

Cette fausse morale est d’autant plus hypocrite qu’elle se prolonge parallèlement à la persistance d’autres conflits meurtriers à travers le globe. Les guerres en Palestine et au Yémen sont sans doute les deux autres conflits les plus importants de ces dernières années. On notera que sur ces sujets, les commentateurs ont déjà fait preuve de plus de retenues envers l’Arabie saoudite ou le gouvernement de Netanyahu.

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Aparté au sujet de Navalny Le décès de Navalny est intervenu pendant la rédaction de ce billet. Encore une fois, sans surprise, le traitement de sa mort pendant son enfermement laisse à désirer dans les médias et parmi nos politiques. Chacun ira de sa petite phrase laudative, son hommage passionné. On notera celui de notre ministre des Affaires étrangères qui trouvera pertinent d’adresser ses condoléances au peuple russe, prouvant une fois encore que le ridicule ne tue pas.

Le décès en détention de Navalny est bien entendu fort regrettable. Ses conditions d’emprisonnement étaient à n’en pas douter peu acceptables. De là à le traiter comme un héros et principal opposant à Poutine, dans un pays où le véritable opposant électoralement relève plus du communiste russe ou du nationaliste exacerbé, bon… Et Assange dans tout ça ? On en parle ?

 

II. Et la guerre dans tout ça ?

 

C’est bien gentil de fantasmer sur une potentielle troisième guerre mondiale. Mais la France a-t-elle encore les moyens d’en rêver ou de l’anticiper ?

 

À titre personnel, j’ai du mal à trouver crédible l’idée d’une intrusion russe sur le territoire français. Par les airs, les pays de l’Est se feront une joie de descendre les avions étrangers, par la mer, nul doute que la Finlande saurait apprécier cette opportunité. Tout ça, en occultant l’hypothèse malheureuse d’une riposte nucléaire.

Par souci d’honnêteté intellectuelle, il faut reconnaître une certaine hostilité de la part de la Russie à notre égard. Étonnamment, celle-ci a débuté depuis le conflit ukrainien, les sanctions européennes et la fourniture d’armes à Zeliensky. Sans doute un hasard ?

Pour toutes autres analyses plus détaillées et plus poussées sur le sujet de la Russie et de la guerre, je ne peux que conseiller la parole de Georges Kuzmanovic, objectivement l’un des meilleurs spécialistes en géopolitique russe actuellement. Mon soutien à sa ligne politique est subjectif et assumé, mais en matière de conflit russo-ukrainien, je pense qu’il a su prouver sa pertinence.

 

Quelles capacités actuellement ?

 

Notre soumission au narratif atlantiste témoigne d’une faible confiance en nos capacités militaires. Pas étonnant, y a de quoi s’inquiéter. Nous ne pourrions même pas tenir une semaine de conflit en termes de réserve de munitions. Était-ce pertinent de le révéler, voilà encore une autre question à se poser.

Cela dit, la souveraineté militaire française est devenue une blague. Le fait que l’Union européenne pousse à nouveau pour une Europe de la défense devrait nous alerter : nous n’avons plus la volonté politique suffisante pour appuyer de potentielles aspirations souverainistes en matière militaire. Pire encore, voilà que le partage de nos ogives nucléaires revient aussi sur la table. N’ayons pas peur des mots, un Français qui viendrait à proposer cette folie serait sur la première liste des condamnés pour haute trahison.

Il est cocasse de voir à quel point un tel double discours sournois puisse cohabiter dans la bouche de certains : la France serait trop faible seule et devrait donc chercher des alliances, ce qui impliquerait de facto de devoir encore plus s’affaiblir par les partages d’armées et de technologies militaires. Bien sûr, nous possédons aussi des atouts, et pas uniquement notre capacité nucléaire. Notre armée reste l’une des plus puissantes et formées du monde. Nos canons automoteurs Caesar font la fierté de notre industrie grâce à la guerre en Ukraine, rare point positif à tirer de tout ça. Cependant, pouvoir revendiquer ça pour se prétendre prêt à la guerre, c’est faire preuve d’un sacré optimisme.

 

À mon sens, il convient d’envisager la guerre sous tous ses aspects stratégiques. Je parle ici en tant que citoyen intéressé par la géopolitique, modérément renseigné sur les questions militaires. Pour fonder l’avis à venir, je me repose donc plus sur la logique que sur un panel de connaissances techniques.

Ainsi, il conviendra de prendre en compte :

* l’enjeu humain : combien d’hommes ayant intégré l’armée de métier ?

* l’approvisionnement : combien de munitions et de pièces de rechange avons-nous à portée ?

* l’énergie : sommes-nous souverains en carburant et électricité pour mener notre guerre ?

* l’artillerie : quelle capacité avons-nous pour pilonner les lignes ennemies ?

* la maîtrise aérienne : dans quelle mesure pouvons-nous rester souverains sur notre ciel ?

* la présence maritime : quelle puissance avons-nous une fois en mer ?

* les télécommunications : quel réseau et quelle capacité de déploiement avons-nous ?

* la résilience : comment encaisserions-nous les chocs et comment nous relèverions-nous ?

* la reconstruction : avons-nous planifié l’après-conflit pour rester un pays qui fonctionne ?

* la diplomatie : pouvons-nous éviter les guerres par notre expertise diplomatique ?

 

Dix enjeux, autant de questions sinon plus. Face à ces enjeux, combien d’entre eux pourraient poser problème à la France ? Le bilan à mon sens est désastreux, sans être radicalement négatif pour autant.

Enjeu humain : l’armée a toujours recruté, nul doute qu’une augmentation ne serait pas de refus. Néanmoins, je ne pense pas que ce soit une situation dramatique pour autant. Une chose est sûre, il serait inconscient de ne jurer que par le personnel combattant, oubliant l’importance du personnel administratif dans le fonctionnement d’une armée efficace.

Approvisionnement : catastrophique. Nos réserves de munitions ont fortement diminué, notre industrie n’est pas encore taillée pour un tel enjeu. Cyniquement, nous pouvons supposer comme le fit Jérémy Ferrari et d’autres que s’agissant des pièces de rechange, nous avons tous les tanks immobilisés qui sont déjà présents.

Energie : notre production d’électricité fut un modèle jadis. Concernant le carburant, la France compte des groupes pétroliers et des réserves. Sans info supplémentaire, je ne peux pas me prononcer, mais je pense que ce n’est pas là qu’il y a un problème majeur.

Artillerie : la guerre en Ukraine aura montré qu’elle a toujours sa place dans les conflits modernes. Le parc actuel est plutôt misérable pour un pays de notre taille. Nous gagnerions à relancer une forte production de chars et de blindés adaptés aux territoires français. Nos canons Caesar restent une valeur sûre sur laquelle nous devons aussi compter.

La maîtrise aérienne : voilà un point où la France est à mon avis prête. Peut-être faut-il espérer une plus grande flotte de drones, mais s’agissant de l’armée de l’air, notre puissance est toujours là. Il existe cependant un bémol de taille, qui anticipera le point suivant : nous n’avons pas assez de portes-avions. Cela limite notre capacité de déploiement. Pays réputé pour ses hélicoptères, je pense de même qu’une meilleure capacité de déploiement apportée à l’aviation légère de l’armée de terre ne serait pas de trop.

La présence maritime : sur le papier, la marine française n’est pas dans un état catastrophique. Ce n’est pas un enjeu sur lequel nous avons un retard considérable. Pour autant, nous sommes la deuxième puissance maritime en termes de taille, grâce à nos territoires ultra-marins. De ce fait, nous pouvons largement mieux faire et développer une véritable économie autour de la marine de guerre. Stratégiquement, cela permettrait aussi de revaloriser les territoires d’outre-mer.

Les télécommunications : la France est une des meilleures armées du monde notamment sur ce domaine. Au-delà de la question d’une meilleure capacité de déploiement, nous sommes dans la cour des grands. Un conflit sur notre territoire ne pourrait pas nous être désavantageux sur ce terrain-là.

La résilience : vu la capacité de nos dirigeants à penser au long terme et à reposer sur l’OTAN et l’UE, notre capacité de résilience est à mon avis bien nulle au niveau macro. Cela dit, au niveau des populations, mon avis sera plus mitigé. Prévoir les comportements en cas d’évacuations est difficile, anticiper la mobilisation générale relève de la pure imagination. Je profite de cette question pour rappeler que mobiliser la population n’a aujourd’hui que peu d’intérêt stratégique s’il s’agit de l’envoyer au casse-pipe. Il est bien plus pertinent de l’employer pour faire tourner le pays et la logistique derrière les lignes de front. L’armée professionnelle constitue un bras armé efficace dont l’action conjointe avec une armée de conscrits serait potentiellement une source de ralentissement et de moindre efficacité. Je tiens beaucoup à cette question parce qu’elle semble totalement occultée. Beaucoup ne raisonnent que par le « mourir pour la France », un peu réducteur, naïf et source de fantasme.

La reconstruction : gouverner, c’est prévoir. Réussir à mettre en place des mesures suffisamment efficaces pour se relever d’un conflit doit donc aussi faire partie des objectifs. Sur cet aspect-là, difficile de se prononcer, mais les lacunes dans tous les secteurs de l’économie font que la France risquerait bien d’obtenir une situation moins avantageuse qu’après la seconde guerre mondiale. Travailler sur sa souveraineté passe aussi par trouver les moyens de la conserver lorsqu’on est à terre.

La diplomatie : il est impératif de savoir anticiper une situation de conflit. Mais la véritable priorité réside dans la construction d’une paix durable en Europe et dans le monde. La France n’en est plus capable depuis longtemps. Notre corps diplomatique a été détruit, une grande partie de la classe politicienne s’est désintéressée de la géopolitique, et notre soumission à l’OTAN nous empêche de nous émanciper du narratif atlantiste. La France peine à encore être une puissance qui compte, si bien que notre siège permanent au Conseil des Nations Unis ou notre arsenal nucléaire commence à faire des envieux, y compris chez des gens de chez nous.

Certains partis se sont fait une spécialité de plomber la capacité de la France à s’élever en alternative à la bipolarisation du monde. Faut-il rappeler les manœuvres des socialistes comme Hollande pendant la guerre en Irak, venus s’excuser auprès des Américains pour notre absence de bellicisme ? Faut-il dès lors s’étonner devant les propos d’un Glucksman, digne hériter ?

 

Telle est donc notre situation aujourd’hui : incapable d’être un exemple d’indépendance diplomatique, on en vient à appeler à demi-mot à se préparer à la guerre, sans avoir les moyens de cette triste ambition. L’armée française est une excellente armée, mais certains chiffres montrent bien que sur la durée, les difficultés rencontrées pourraient être insurmontables.

 

Les européistes appellent à la formation d’une armée européenne. Il en est bien sûr hors de question. Ce genre de question, que l’on avait sorti par la porte du temps de De Gaulle, entend revenir par la fenêtre que nos eurobéats français auront laissé ouverte. Mais ne nous y trompons pas : une armée européenne ne pourrait qu’être soumise à l’OTAN, l’Union européenne étant bien trop parasitée par l’atlantisme. Jamais l’UE n’essayera d’être une troisième voie alternative aux USA et à la Russie, il n’y a pas d’illusion à avoir là-dessus. La pertinence d’une armée unique reposant sur 27 états et autant d’intérêts politiques divergents est par ailleurs à remettre en cause. Ses conséquences aussi sont à anticiper : partage évident des capacités nucléaires, dissolution progressive des états dans un futur ogre européen, et naissance d’une chimère qui n’aura rien résolu.

 

Il est de bon ton de parler de monde libre et de démocratie. Parmi ceux qui en sont adeptes, beaucoup plaident pour une France de moins en moins indépendante diplomatiquement, qui concourent à la rendre faible militairement, et qui entendent faire rentrer le narratif atlantiste sans tolérer de discussions ou remises en question. Ces gens-là ignorent de quoi ils parlent. Leur monde libre est fantasmé, leur démocratie une illusion.

 

Oui, il faudra se battre. Mais pas contre les Russes, pas plus contre les Américains. Il faudra se battre POUR la France, pour son indépendance, pour la paix, et une fois que tout le monde aura compris, pour un avenir fait de coopérations équitable entre nations et de respects mutuels

Amour sacré de la patrie

 

Vous l’aurez compris depuis le temps, commenter l’actualité ne me tente plus beaucoup. Il faut dire qu’en une quinzaine de billets, j’ai eu l’occasion d’exposer une large partie de mes opinions sur diverses questions. Mais si la question du patriotisme a été abordée, je n’ai pas souvenir d’avoir développé un avis sur comment devait se manifester ce patriotisme. A l’occasion de la dernière lubie d’Eric Ciotti, à savoir l’installation de drapeaux français et européens et l’inscription du refrain de la Marseillaise dans les classes, c’est donc le moment pour revenir sur quelques points.

 

Avant de commencer, quelques détails à savoir: dans le cadre du projet de loi sur «l’école de la confiance» de monsieur Blanquer, le député Eric Ciotti a donc déposé un amendement visant à obliger chaque classe à se doter d’un drapeau français, d’un drapeau européen, et de phrases tirées du refrain de la Marseillais. Bien qu’en premier abord, cette mesure puisse paraître aller dans le sens du patriotisme et de l’école républicaine, je me dois de nuancer cela, et d’aborder le sujet fâcheux des coutumes patriotiques.

 

Le patriotisme d’apparence, tout dans le symbole et rien dans le fondement

 

Que ce soient les républicains ou les marcheurs, tous ont participé à la politique d’affaiblissement du pays, en bradant son patrimoine et ses entreprises. Sous Nicolas Sarkozy, qui avait eu l’indécence de parler racines et nation française, le patrimoine français appartenant à l’État avait ainsi été vendu à tour de bras, seule solution envisagée pour combler les déficits du pays.

La notion de patriotisme pour ces gens-là n’est donc comprise que partiellement. Si l’on s’intéresse exclusivement aux Républicains, à l’origine du texte, le patriotisme sert à rappeler les racines chrétiennes, les ancêtres gaulois ou de «race blanche», bref, il sert à se targuer d’être patriote. Quant aux marcheurs, je ne pense pas qu’ils aient voter pour un quelconque patriotisme d’ailleurs, les trois quarts d’entre eux se concentrant sur l’appartenance politique plus que sur le fond de l’idée en débat.

 

Bien entendu je ne suis pas légitime pour dire qui est assez patriote et qui ne l’est pas assez. Mais l’on peut se poser quelques questions.

Des questions d’ordre philosophique tout d’abord : être très conservateur et maintenir son pays dans une bulle drastiquement imperméable aux idées neuves par principe, n’est-ce pas affaiblir ce pays et donc ne pas être patriote ? Inversement, dire Amen à tous les délires progressistes par principe, justement parce qu’on estime que c’est dans l’ordre des choses de suivre le courant sans poser de questions, n’est-ce pas aussi une autre manière de s’effacer sur la scène internationale, et à terme, de mettre en danger son pays en le laissant à la merci des promesses technologiques les plus dangereuses ?

Des questions ensuite, d’ordre politique. Être en faveur d’un libre-échange débridé, est-ce faire preuve de patriotisme ? Laisser le patrimoine disparaître dans des intérêts privés et souvent étrangers, est-ce patriote ?

Si un parti ou un homme politique cède à l’une de ses tentations, alors son patriotisme n’aura de patriote que le nom.

 

Aussi, à ce titre, je préfère amplement quelqu’un qui lutte contre les délocalisations à un prétendu patriote de droite qui irait vendre son pays entier si cela rapportait de l’argent. François Ruffin a plus fait pour le patriotisme que Nicolas Sarkozy à mon sens.

 

 

 

Le patriotisme efficace, dans l’action et le respect

 

De ce fait, qu’aurait-il fallut faire au lieu de voter cet amendement, afin de redonner le goût de la république et de la France à la jeunesse de ce pays ?

 

Tout d’abord, si mettre un drapeau français dans chaque classe n’est pas une bonne idée (autant budgétaire que symbolique), rien n’empêche la présence d’un fanion français, autrement plus petit et plus discret. Si l’on veut rester dans le symbole, on peut aussi imaginer la présence d’un buste de Marianne dans les halls d’établissement, bien que financièrement parlant la priorité ne soit pas vraiment là.

Ensuite, la question de l’apprentissage de la Marseillaise ne doit pas être écarté. Non pas parce que c’est la Marseillaise (je reviendrai dessus par la suite) mais parce que c’est l’hymne national et qu’il est normal d’en exiger la connaissance. De là à inscrire ça sur les murs des classes, j’ai un doute.

 

La vraie priorité dans le domaine du civisme ne relève à mon avis pas de la symbolique, mais plutôt de la praticité républicaine. Axer les cours de civisme sur le besoin et le devoir d’aller voter (à condition d’avoir réformer le système électif, sinon je comprendrai aisément la faiblesse de tels propos), sur la nécessité pour un pays de garder une grande part de souveraineté et d’assurer sa place sur la scène internationale, et insister sur l’unité populaire que demande le patriotisme sont des mesures qui iraient dans ce sens. Cela peut sembler futile, mais régler le problème des incivilités et du respect mutuel pourrait tout à fait être une base de départ à la constitution d’un peuple uni, qui je le rappelle est une caractéristique qui doit être chère aux vrais patriotes.

 

Enfin, inculquer une vraie connaissance de l’histoire de France et du patrimoine national reste la pierre d’angle de l’édifice patriotique. Certains, qu’on pourra qualifier d’utilitaristes forcenés, restent convaincus que l’histoire n’est pas essentiel à quiconque se tournerait vers des études scientifiques ou commerciales. Mais l’éducation reste le facteur principal pour développer le patriotisme. Dans notre monde actuel, être patriote n’est pas toujours bien vu, surtout à gauche. Il suffit de voir les incessantes critiques des internationalistes envers Mélenchon et consort pour le constater. Se baser sur des éléments plus fédérateurs tels que l’histoire et le patrimoine historique est par conséquent une solution envisageable dans un premier temps.

 

Le patriotisme réaliste, avec lucidité et remise en question

 

En dépit de l’importance que revêt le patriotisme et ses symboles, rien n’empêche d’en faire une critique constructive.

Je ne parle pas d’une critique envers le fait d’être patriote, mais plutôt envers la manière de l’être.

J’ai déjà parlé du cas des faux patriotes, il reste encore quelques pistes.

 

Premièrement, il y a toujours le cas des nationalistes. Comme disait le général de Gaulle, « le patriotisme, c’est aimer son pays, le nationalisme, c’est détesté celui des autres », je ne peux qu’être d’accord avec cette citation. Dans un premier temps, le nationalisme ne sera pas préjudiciable au pays d’un point de vue purement fonctionnel, quoiqu’en dise les bien-pensants. La nation s’élèvera, très unie (parfois illusoirement s’il existe un racisme latent avec ce nationalisme) et pourra faire face à de nombreux problèmes. Mais viendra le moment où tout cela s’effondrera. En se considérant supérieur du fait de sa naissance par rapport à d’autres pays, on ne peut que sacrifier une part de sa légitimité internationale, ce qui finit toujours par retomber sur le pays nationaliste en question. Être patriote, c’est aussi être conscient de sa place au sein des autres pays du monde. La famille est une valeur importante. La patrie est une valeur importante. Alors l’humanité qui n’est qu’un ensemble de ces valeurs est toute aussi importante.

 

Ensuite, il convient d’autoriser la critique des symboles patriotiques. On peut aimer son pays et être en désaccord avec les symboles qui en constituent le corpus patriotique.

Certains sont peu sujets à la critique, parce qu’ils font notamment consensus. La figure de la Marianne peut ainsi être comprise comme cet esprit français de liberté, qui refuse de se faire marcher dessus. Mais d’autres sont plus litigieux.

 

A titre personnel, je n’ai aucun problème avec les couleurs du drapeau de France. Mais pour certains, ce dernier incarne le jacobinisme parisien. La fête nationale, date de la prise de la bastille, déplaira aussi tant que des royalistes subsisteront (et il y en a besoin dans notre paysage politique, je le pense sincèrement en tant que républicain.). Le candidat royaliste Robert de Prévoisin souhaitait ainsi faire de la bataille de Bouvines la fête nationale, une position qui peut se défendre mais pas par moi en tout cas (voir la critique du programme royaliste à ce sujet) ;

 

A mes yeux en effet, ce n’est pas urgent de changer de fête nationale. Mais dans un soucis de cohérence idéologique, qui passe aussi par le développement d’une symbolique forte, deux autres dates sont bien plus intéressantes que la commémoration d’une prise de la bastille, évènement un peu surestimé.

Tout d’abord, le 25 août, en référence à l’édiction de l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Le français est promu en tant que langue administrative à cette occasion. L’existence de la France en tant que nation dépend donc aussi de cette ordonnance. Hasard de l’histoire, Paris est libéré le 25 Août 1944. Coup double donc, et une symbolique puissante.

Deuxième solution, qui se retrouve en adéquation avec la première, le lendemain, le 26 août. Il s’agit en effet de l’adoption de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, oh combien symbolique, bien plus que la prise de la bastille en terme d’évènement révolutionnaire.

Une fête nationale qui commencerait le 25 et se finirait par un feu d’artifice le soir-même, aurait ainsi du sens, quitte à rendre uniquement le 26 Août férié, voir l’après-midi du 25. Bref, j’estime que cette fête-là serait plus légitime.

 

Enfin, reste la question épineuse de l’hymne national. Faut-il en changer ?

Pour moi, c’est non. Trouver un hymne pour un pays sous-entend trouver une œuvre musicale qui ait du sens, et une grande légitimité. Une tache ardue que le maintien de la Marseillaise nous permettrait d’éviter.

Cependant, les paroles de la Marseillaise sont discutables, essentiellement pour celles qu’on chante à chaque occasion. C’est avant tout l’aspect guerrier qui ressort du premier couplet, et c’est celui-là que j’aimerai écarter au profit d’autres couplets autrement plus représentatifs de l’esprit patriotique français :

 

Couplet 3:

Quoi! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers!
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers! (bis)
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient!
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées!

 

Couplet 4:

Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre!

 

Deux remarques à ce sujet, il faudrait un temps considérable pour faire intégrer le premier ou le deuxième couplet mentionné. C’est donc un travail de longue haleine pédagogique qui s’en suivrait. Aussi, le couplet 6 doit être maintenu, peut-être même en guise de premier couplet s’il fallait en enchaîner plusieurs. En temps de guerre, il serait même possible d’ajouter le couplet des enfants, très bien écrit au demeurant, mais il n’est pas nécessaire de songer à une telle issue.

 

 

Vous l’aurez compris, quand certains expriment le besoin de se déclarer patriote en permanence, c’est souvent un aveu de faiblesse, de tentation de céder aux lois de la mondialisation dérégulée. Être patriote, ce n’est pas tant se parer du drapeau français que comprendre les besoins du patriotisme et comment il s’applique. Cet amendement d’Eric Ciotti sonne d’ailleurs particulièrement faux, puisqu’il associe à ce symbole patriotique bleu-blanc-rouge le drapeau de l’Union Européenne, symbole de la dilution des nations et du mépris du patriotisme. Un peu de cohérence ne serait pas superflu quand il s’agit de restaurer l’école républicaine.

D’ailleurs, il faudrait peut-être avant tout restaurer littéralement les écoles. Dans cette période où les établissements sont en proie au délabrement et à l’abandon, c’est peut-être là la priorité.

Avis d’actualité : #9, qui défend encore la démocratie ?

 

Nous voilà donc dans une nouvelle année politique, qui je sens va être terriblement similaire à 2017. Comme à son habitude, Macron nous préparera quelques lois antisociales, quelques phrases méprisantes, et on trouvera encore assez de citoyens pour le défendre. Néanmoins, l’actualité me pousse surtout à revenir sur le déficit démocratique de nos sociétés, qui s’est fait remarquer de plus en plus ces dernières semaines.

 

Fake News et complotisme, on prend les mêmes et on recommence ?

J’ai débuté dans le blog politique en traitant de complotisme, pensant naïvement apporter une vision équilibrée et nuancée de la chose. Au fil des mois, je me suis vite rendu compte que les complots et manœuvres discrètes étaient de plus en plus nombreux, alors qu’augmentaient paradoxalement les condamnations d’un « conspirationnisme » jamais défini mais bien pratique pour étouffer les avis divergents.

Nous en venons donc au projet défendu par la Macronie consistant à lutter contre les Fake news au niveau étatique. Un projet qui coïncide avec l’émergence de Russia Today en France ; à vous de faire le lien. Ce projet demeure encore flou actuellement, mais connaissant la propension du pouvoir à imiter les scénarios d’Orwell, nul doute qu’on assistera à quelques dérives peu démocratiques.  

Les Fake News est un sujet dur à abordé. Si certaines sont vérifiables et donc réellement à condamner au titre de n’importe quel autre mensonge (en témoignera la récente affaire de Fake news lors de l’élection présidentielle), d’autres relèvent d’une analyse subjective, que nul ne devrait pouvoir qualifier de réalité ou de mensonge. Les campagnes mensongères des américains attrayant à leur interventionnisme démontrent aussi que la position majoritaire peut elle-même mentir, et qu’aucun média ne se risquerait à froisser ainsi le système.

Analyser le traitement d’une potentielle  « fake news » peut être ainsi intéressant pour en comprendre les dérives. Exemple avec la guerre en Irak : Colin Powell brandit une fiole à l’ONU, Saddam Hussein détiendrait des armes non conventionnelles. La fiole contenait en vérité de l’eau. Qui aurait été taxé de faiseur de Fake News à l’époque ? Celui qui affirmerait cette culpabilité de Saddam Hussein, ou celui qui affirmerait que les américains complotent pour justifier leur attaque intéressée de l’Irak à l’aide de mensonges diffusés internationalement ?

Russia Today et Spoutniks News sont des organes de presse liés à l’oligarchie russe. Et ? Combien de média pour combien d’oligarques chez nous ? La seule différence notable, c’est que ces média russes diffusent des reportages pro-russes, là où l’extrême-majorité des média est pro-américaine dans cette éternelle guerre froide. On en revient donc toujours au même sujet : l’acceptation de la contradiction.

 

Le temps de parole, éternelle victime de l’oligarchie

Un de mes sujets favoris depuis que j’exprime sur le net est probablement le temps de parole des différents courants de pensée et leurs candidats. Je passe sans doute pour un extrémiste du temps de parole, à vouloir que chaque candidat ait le même temps sans qu’aucun avis ne soit avantagé. On pourra dire ce qu’on veut, mais les passages à la télé ont beau jouir d’une popularité en perte de vitesse, ils ne demeurent pas moins influents pour une part de l’électorat.

De ce fait, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert l’énième projet de l’oligarchie contre la démocratie (son adversaire la plus fidèle je rappelle). D’après Marianne, et Capital et l’Huma confirmeront, la majorité envisagerait de modifier les lois électorales aux européennes afin d’obtenir un temps de parole proportionnel à la représentativité politique au parlement. Le drapeau européen au parlement national était déjà la preuve que Macron confond la Nation et l’Union dont elle fait partie, mais l’association d’une représentation politique nationale avec une représentation politique européenne est tout sauf une bonne idée. Les enjeux sont différents, les partis politiques à l’échelle européenne aussi.

Comme a pu démontrer le vote du CETA, la France est parfois unanime contre ses voisins européens. Mais de là à en déduire de l’utilité d’une même voix française pour le parlement européen, c’est commettre un déni de démocratie flagrant. Les lois électorales étaient déjà cruelles envers les « petits » candidats, avions-nous réellement besoin d’en rajouter ?

(A titre indicatif, la France insoumise verrait son temps de parole divisé par dix)

 

Balance ton porc et droit à être importuner, l’hystérisation des débats

Parlant de déni de démocratie, il serait intéressant pour finir d’associer les situations précédentes au débat récent du harcèlement et des violences sexuelles.

Je me tiens souvent éloigné des polémiques et j’essaye de traiter ce genre de sujets uniquement en débats. Mais à force, il me fallait prendre la parole à mon tour, afin de nuancer cette hystérisation qui se révèle très parlante sur l’état du débat politique en 2018.

Tout d’abord, Balance ton porc est révélateur d’une médiatisation de la société qui consiste à exposer ses problèmes devant le monde entier, avant de se tourner vers des gens compétents. Ma première conclusion sera donc : il existe des lois, il existe une justice. A elle de faire son travail. Si condamnation il y a, alors la personnalité y perdra des plumes et ce sera bien mérité. Mais jeter en pâture des personnalités du cinéma et de la télévision sans aucune autre preuve que des témoignages, c’est gâcher le travail de la justice et bafouer la présomption d’innocence. De même, il faut distinguer vie privée et vie publique. La suppression pure et simple de l’acteur Kevin Spacey du dernier film de Ridley Scott est absurde, même si je comprends la prudence. Nul doute que le réalisateur aurait vite vu les retombées négatives du scandale entourant l’acteur.

La suite au phénomène « BalanceTonPorc, c’est évidemment le débat féministe en France.  Je préviens tout de suite, j’ai beau être de gauche, je ne suis pas féministe, je suis égalitariste. Voir le débat tourner à la misandrie (essentiellement sur les réseaux sociaux, moins chez les personnalités dans les média) m’a fortement attristé. Entendre sur des plateaux, de même, des lycéens réclamant l’évocation des harcèlements sexuels en cours de biologie sur la sexualité m’a aussi interpelé. Ainsi, les harcèlements et les viols (à mettre sur deux plans différents) seraient un chapitre de l’éducation sexuelle de nos collégiens/Lycéens ? Je suis désolé, mais cela relève essentiellement d’un déficit d’éducation, qu’il s’agira de combler avec une meilleure action parentale et une meilleure éducation au civisme. Parce que le « manspreading », les propos déplacés et autres relèvent avant tout d’un manque de civisme, bien plus qu’un problème de perversion sexuelle qui serait majoritaire chez les hommes.

Le troisième acte de ce débat, c’est bien entendu la tribune du Monde sur la liberté d’importuner. Tribune un tant soit peu discutable, mélangeant au même titre que l’autre partie au débat les divers sujets abordés à l’occasion. Le tout n’est pas de se prononcer pour ou contre cette tribune, mais d’accepter la présence d’avis contraires. Souhaiter le pire à ces femmes parce qu’elles s’inscrivent en opposition au néo-féminisme, n’est-ce pas là un autre déni de démocratie, provenant de la gauche cette fois-ci ? Catherine Millet dans Quotidien est tout autant légitime pour parler de ces sujets que Caroline de Haas (que j’appréciais dans son engagement contre la loi travail, mais beaucoup moins dans ses prises de positions sociétales).

Sur Balance ton porc et la majorité des sujets abordés, je reviendrai au même Leitmotiv : il y a des lois, il y a une justice. La société, du temps où elle était patriarcale, a certes modelé les comportements des femmes, les conduisant aujourd’hui encore à refouler un viol ou une agression au lieu d’aller porter plainte. Mais cela évolue, et j’incite de tout mon cœur les témoins et victimes de tels actes à faire appel à la justice. Nul besoin d’inventer des lois pour le moment, appliquer les existantes sera déjà un grand pas.

 

Comme à son habitude, la classe politique entière sombre parfois dans le refus du débat démocratique, rien d’étonnant quand rien n’est fait pour donner goût à la politique et à la contradiction. Mais que ce soit l’extrême-gauche et son sectarisme ou la droite macroniste et ses rêves d’opposition muselée, la démocratie a encore beaucoup à craindre des positions politiques de chacun. Discuter calmement de sujets de société et d’économie, ce serait trop demandé ?

Conception politique: #1, Souveraineté et patriotisme

 

Parmi les nombreux formats de billet politique, celui-ci s’approche le plus de la philosophie politique. Il s’agira de réfléchir sur divers notions politiques essentielles à mes yeux. La première est donc la souveraineté, que je rattacherai au patriotisme pour des raisons évidentes. Etre patriote, c’est défendre la souveraineté de son pays et de sa nation. Les deux notions sont intimement liées.

 

Il existe plusieurs notions de souverainisme qui coexistent dans la pensée politique, c’est donc à chacun de déterminer ce qu’il considère comme essentiel à la défense de la souveraineté nationale.

 

Gestion des flux humains

Chaque pays possède un territoire, et donc des frontières. Le premier pilier du souverainisme consiste donc en une maitrise des entrées et sorties du territoire, ainsi que de la surface géographique de ce territoire. Dès cette catégorie, je peux déjà émettre une objection. En effet, nécessité faisant loi, cette souveraineté peut être modérée quant à l’accueil de réfugiés, un accueil régulé par les responsables d’une même zone géographique. La coopération est donc de mise, j’estime qu’on ne peut pas choisir seuls qui entrera dans ce cadre. Cela ne concerne pas l’immigration économique, qui elle, relève encore de la souveraineté territoriale.

La présence sur le sol national de ressortissants étrangers n’a pas à être empêchée. Néanmoins, la participation de ces derniers à des élections en tant que candidat ou électeur reste à la discrétion du pays. Interdire le droit de vote aux étrangers n’a rien de xénophobe ; voter est une responsabilité énorme liée à son pays et à sa nation. De par la résidence dans un lieu précis, un étranger (européen ou non) peut prendre part aux élections municipales en tant qu’électeur. Dans ce cas, la souveraineté de la Nation n’est pas concernée, puisque le maire n’a pas de responsabilité au niveau national. (On exclura les élections sénatoriales, qui sont idéalement modifiées dans mon système de pensée). Pour ma part, j’estime que le droit de vote des européens aux élections européennes peut se défendre, mais je n’y suis pas favorable, puisqu’il s’agit là d’une liaison entre le pays et l’UE.

 

La souveraineté territoriale passe aussi par une gestion des tarifs douaniers, et donc par un acte on ne peut plus patriotique, la défense des emplois français.

 

Made in France et patriotisme économique

Entre l’OMC et l’UE, difficile de trouver des partenaires du patriotisme économique. En cela, le libre-échange pur et dur est un obstacle à l’existence de nations souveraines.

Chaque Etat devrait avoir le droit de choisir les tarifs douaniers qu’il veut, et de les adapter à chaque pays. Cette question prend en compte les conditions sociales, la distance, et le respect des normes environnementales. Est-ce normal de devoir accepter avec un même tarif douanier un produit X polluant et un produit Y sain, au prétexte qu’il ne faut pas faire de traitement de faveur ?

Pour ma part, j’estime qu’au sein des territoires voisins, il faut déterminer une zone de coopération économique où les frais de douane seraient largement moins élevés. En effet, il arrive que des français travaillent là-bas, et niveau distance, on est loin de l’importation made in China.

La question de l’UE se pose évidemment. Dans l’Europe des Nations et des Coopérations que je souhaite, les frais de douane persisteraient au sein de la zone, mais dès lors qu’une harmonisation fiscale et sociale aura eu lieu, il sera possible de réduire fortement ces frais. Là encore, cela doit rester à la discrétion du pays. Il faut garder à l’esprit que l’Europe est vaste. Importer d’Autriche diffère d’une importation de Lettonie. Seule une taxe d’importation au sein de la zone UE peut être décidée en coopération avec les autres pays.

 

Entreprises et secteurs stratégiques

Suite directe au protectionnisme modéré décrit précédemment, le rapport entre les entreprises et l’Etat doit être défini dans une vision souverainiste aussi.

Tout d’abord, délocaliser une entreprise française à l’étranger concerne la souveraineté de la France. Les emplois supprimés, les abandons du secteur sur le territoire, sont autant de facteurs d’affaiblissement économique du pays. L’étatisme est un pan insoupçonné de la souveraineté selon moi, ce qui explique qu’en théorie, le libéralisme est incompatible avec le souverainisme. Le gouvernement doit pouvoir interdire ou décourager ces délocalisations pour protéger son économie.

Deuxièmement, l’état doit pouvoir participer majoritairement à plusieurs secteurs stratégiques. Que ce soit l’énergie ou l’armée, aucune entreprise étrangère ne devrait avoir un droit d’ingérence via leur statut d’actionnaire. A ce titre, une armée souveraine doit avoir un matériel exclusivement national. Autant dire que les transferts technologiques ne sont pas encouragés.

Le sort des autoroutes est probablement le plus parlant ; il s’agit là d’un véritable droit de passage payé aux chers 1% de l’oligarchie. Plus récemment, l’exemple d’Alstom démontre que la nationalisation de certaines entreprises serait bénéfique pour notre économie, au lieu de céder presque entièrement cette entreprise à des intérêts étrangers.

 

Souveraineté populaire

Et le peuple dans tout ça ? L’Etat aurait donc une mainmise sur plusieurs secteurs ; sa fonction publique serait forte…Tout cela laisse entendre que le souverainisme ne se préoccupe que de la puissance de l’Etat et de la nation. Mais n’oublions pas ma théorie du dualisme de l’action politique. Si l’Etat est fort, les exigences des citoyens envers lui se doivent d’être plus élevées. L’urbanisation écologique, la multiplication des transports publics, tout doit être fait pour montrer au citoyen qu’il ne paie pas des impôts juste pour engraisser quelques hauts-fonctionnaires.

D’un autre côté, le peuple est lui-même souverain au sein de l’Etat. Cela se traduit par deux considérations : la démocratie participative participe à la souveraineté du peuple, et la prise en compte de revendications régionales est un tenant du souverainisme. Inutile de revenir sur la première, mais la seconde mérite explication.

Traditionnellement, les partis souverainistes sont peu enclins à écouter des opinions régionales, estimant je suppose que la Nation « est une et indivisible » au sens strict. La charte des langues régionales a par exemple été combattue par les chevènementistes.

Pour autant, les divisions du pays en régions culturelles est un pilier de la souveraineté populaire. Il n’est pas question de céder à l’indépendantisme, bien entendu, mais il ne faut pas accorder non plus de mépris à la déconcentration des pouvoirs et aux revendications existentielles.

A travers l’officieux projet fédéraliste européen, nos régions subissent d’honteuses transformations, s’élargissant sans présenter de quelconques liens historiques. Ces derniers sont pourtant essentiels pour faire vivre la Nation.

 

 

Aparté sur le fédéralisme : Je ne suis pas un opposant au fédéralisme, mais que dans le cas où celui-ci apporte quelque chose. Dans le cadre de notre république, cela n’a pas beaucoup d’intérêt, en raison d’une certaine homogénéité des territoires et du peuple français. En Afrique, beaucoup de pays ont été fait avec pour seule base un découpage géographique. Afin d’intégrer les différentes ethnies et minorités, le fédéralisme est déjà beaucoup plus indiqué. Les envies de fédéralisme qui existent en Alsace par exemple s’expliquent par la proximité avec l’Allemagne, mais cela n’aurait pas plus d’intérêt qu’un sénat réellement concerné par les régions. Pour ce qui est du fédéralisme européen, rendez-vous dans le Conception politique n°2.

 

 

L’attitude vis-à-vis du libre-échange

La vision extrême du souverainisme, c’est l’isolationnisme. Il existe autant d’isolationnismes que de sujets politiques. Et si l’isolationnisme diplomatique est tout à fait acceptable, l’isolationnisme économique est beaucoup plus absurde.

Comment devrait donc composer le souverainisme avec la mondialisation ? Le libre-échange tel qu’il est vendu de nos jours est contraire aux intérêts de l’Etat souverain. Des traités tels que le CETA incarnent tout ce qu’il faut refuser pour conserver sa souveraineté. L’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui empiète aussi beaucoup sur cette souveraineté.

Il faut donc réfléchir aux relations que nous souhaitons avec chacun des pays de ce monde, parce que nous ne pouvons ignorer notre appartenance à une même planète. Pour cela, l’Europe des coopérations semble être l’exemple le plus parlant. C’est pourquoi je vous donne rendez-vous dans le Conception politique #2, qui traitera de l’Europe et de l’Union Européenne.

Avis d'actualité: #7, Philippot et le Front National

 

Depuis la semaine dernière, les tracas internes au Front National me poussaient à écrire un billet sur Florian Philippot ; personnalité iconique de ce parti ces dernières années. Voilà que l’actualité aujourd’hui me laisse penser qu’il est temps de lui dédier une courte réflexion…

 

Florian Philippot, le grand écart entre gauche et droite ?

Son parcours reste la chose la plus intéressante à étudier. Comment un militant chevènementiste, qui a par moment assisté à un meeting de Jean Luc Mélenchon (Source : Wikipédia), a-t-il pu rejoindre ce qui est traditionnellement considéré comme le parti le plus à l’opposé de la gauche ?

A l’instar de Natacha Polony, le parti chevènementiste comptait dans ses rangs les tenants d’une gauche institutionnelle plus pragmatique, moins virulente sur les questions sociétales que pour les questions de souveraineté. Cette gauche avait tout pour séduire le militant Philippot, convaincu très jeune par la cause souverainiste. Néanmoins, suite au traitement réservé envers les adversaires frontistes, il finit par se détacher progressivement des mouvements de gauche, rejoignant finalement Marine Le Pen, séduit par la nouvelle ligne du parti. Il apporta au FN son rejet de l’UE (ou de l’Europe ?) et sa passion des questions économiques. Avec lui, le parti d’extrême-droite devint cependant plus flou, puisqu’une ligne libérale-conservatrice persistait encore ; la même ligne qui fit tout pour le pousser à la démission.

Cet acte est selon moi une erreur stratégique, ce qui n’est pas pour me déplaire. En effet, la seule once de politique respectable présente au Front National demeurant la ligne Philippot (J’y reviendrai), le fait de s’en débarrasser prive le parti d’un excellent débatteur et d’un gage politique très important. Certains là-bas estiment que la défaite est due à Florian Philippot, mais il faudrait être aveugle pour faire cette analyse : au contraire, le parti n’a jamais aussi bien marché que lorsqu’il se préoccupait de tous les français, et non pas d’une petite catégorie extrêmement conservatrice et égoïste. De plus, face à la lamentable prestation de Marine Le Pen, l’aisance médiatique de son second permettait de rassurer le chaland sur les capacités politiques du parti.

 

La ligne Philippot, entre mystère et mauvaise foi

J’ai rarement été très critique à l’encontre de Florian Philippot, et à raison d’ailleurs : une ligne souverainiste, anti-UE, sociale, et plutôt pragmatique sur les questions sociétales ne me dérange pas ; se rapprochant de l’UPR par exemple. Certes, je suis moins catégorique sur la question européenne, mais je reconnais volontiers qu’un parti exclusivement acquis à la ligne Philippot m’aurait peut-être séduit en cas de force majeur (à savoir dans le cadre d’un second tour face à Macron par exemple). Si je remonte dans le temps, j’estime que mon regard sur lui a changé lors d’un débat avec Macron (Alors ministre de l’économie) dans Des Paroles et Des Actes. Je me suis alors rendu compte d’une chose étrange : un cadre du FN tenait des propos plus à gauche que ceux d’Emmanuel Macron. Une question alors me vint : pourquoi reste-t-il dans ce parti en tentant de le transformer, au lieu de le quitter et de fonder le sien ?

Un autre constat vint rapidement aussi ; Philippot est excellent acteur. Ainsi, pendant la campagne, il était chargé de faire croire à l’unité du Front National devant les média, pratiquant de manière abusive une mauvaise foi commune à celle de Dupont-Aignan. Sa loyauté sans borne envers Marine Le Pen reste incompréhensible aussi.

Je pense honnêtement que Philippot n’est pas quelqu’un de mauvais en soi, mais sa ligne ayant du mal à percer au début, il est probable qu’il profita du succès du FN pour se faire connaitre médiatiquement.

Reste enfin un problème d’ordre éthique : Philippot n’a jamais été très favorable à la ligne sociétale dure du parti, mais cohabite pourtant très bien avec les branches les moins fréquentables. Du moins, il a souvent enchainé les pirouettes pour éviter le sujet devant les journalistes. Différencier Philippot du FN traditionnel, c’est plutôt aisé. Mais le détacher totalement du parti (qu’il a contribué à dédiaboliser) serait peut-être un peu trop rapide, en dépit d’un gaullisme assez authentique qui pourrait lui être crédité.

 

Quel avenir pour Florian Philippot ?

Un gaulliste souverainiste égaré au Front National, parti d’origine libéral-conservateur, a de quoi donner du fil à retordre aux analystes politiques. Est-il encore de gauche ? De droite ?

Pour ma part, je le situerai quelque part entre le centre-gauche et la droite souverainiste, ce qui en fait quelqu’un de tout à fait fréquentable. Néanmoins, son passage au FN a été à double-tranchant. S’il a pu acquérir une certaine notoriété, il ne demeure pas moins marqué au fer rouge par cet ancien statut. Quand il proposait un café-débat avec les insoumis, ce fut une réponse cinglante qu’il reçut, à mon grand désarroi d’ailleurs. Je pense qu’il faut être ouvert au dialogue avec Florian Philippot. En dépit des défauts que j’ai laissé transparaitre plus tôt, je pense qu’une ligne souverainiste avec les Patriotes, les chevènementistes et l’UPR pourrait de temps en temps s’associer avec les insoumis pour défendre les intérêts de la France, au-delà des querelles partisanes qui ont pu les diviser.

Néanmoins, la réalité est beaucoup moins vendeuse. Il y a fort à parier qu’il poursuive sa route avec Les Patriotes, sans succès électoral majeur pour des raisons évidentes, et sans possibilité de rédemption pour son passé litigieux. Tant pis ; à défaut d’avoir un allié occasionnel, il reste toujours un débatteur intéressant à écouter.

Avis d’actualité : #5, tracas politiciens français, fracas géopolitique mondial

 

 Quasiment à l’arrêt depuis la présidentielle, sans doute occupé par mon projet R21 et peut-être guidé par l’envie de marquer une pause, je ne peux pas m’empêcher cependant de réagir à l’actualité dense de ces dernières semaines. Que ce soient nos petites affaires politiques ou les actes criminels des ségrégations et des attentats, petit condensé de mes avis sur une fin de printemps fort mouvementée.

 

Macron au paradis…

Dès lors qu’il a remporté l’élection haut la main (pour des raisons indépendantes de l’attrait de son programme), Emmanuel Macron s’est senti investi d’une mission divine ; du moins, c’est ce que certains média semblent avoir compris. Ils sont nombreux désormais à participer au concours de celui qui aura le plus gros superlatif pour encenser le messie. Désormais, notre « leader du monde libre » serait le nouveau De Gaulle. Un De Gaulle prêt à vendre les intérêts du pays aux plus offrants, certes.

D’un côté, il faut reconnaitre qu’il a bien la stature d’un présidentiable. Contrôlant efficacement toutes dérives ministérielles possibles à l’aide du méconnu Edouard Philippe (lobbyiste chez Areva), Macron semble prêt à gouverner le pays pendant cinq ans. Hélas, j’ai bien peur que parmi les critères attribués à cette tâche, le respect des intérêts du peuple et de la souveraineté n’en fassent pas parti.

Parlant d’intérêt, on pourra aussi évoquer une presse qui se met à relayer soudainement les affaires le concernant. Certaines vierges effarouchées découvrent ainsi que le conflit d’intérêt, à mes yeux, pire encore que la corruption, n’est pas une pratique bannie sous une république prétendument moralisée. Pourront en témoigner Richard Ferrand, et d’autres avant lui. Mais parmi les affaires qui commencent à éclore, seul l’humour noir du président choque vraiment. Propos tenu en off, les phrases au sujet des comoriens sont reprises partout, alors que ce trait d’esprit n’est en rien condamnable au vu du contexte. (Dans un discours, il en aurait été autrement). Comme toujours, les polémiques sont chassées par la porte et reviennent par la fenêtre.

 

Mélenchon au pilori.

Presque persuadé que le Mélenchon Bashing sera au programme des JO de Paris (je m’avance un peu) tant il est devenu sport national, je ne pouvais pas l’ignorer délibérément. Non pas pour défendre mon ex-candidat, mais pour défendre la nuance et la raison.  

Il est vrai que le principal défaut de Jean Luc Mélenchon reste sa capacité à monter sur ses grands chevaux, devenant bien trop grandiloquent au risque d’en froisser certains. Mais il est temps d’arrêter les mauvais procès. L’affaire Rémi Fraisse avait défrayée la chronique il y a des années de cela, et j’ai souvent pensée qu’au vue des zones d’ombres persistants avec les années, il était peu aisé de se prononcer sur de tels faits. Les qualificatifs adressés à monsieur Cazeneuve (insupportable depuis la présidentielle) étaient à ce sujet disproportionnés, mais pas condamnables dans le fond, surtout au vu du contexte (Meeting enflammé). En effet, la grenade qui a servi n’aurait pas dû être en service pour des raisons de sécurité. Si le ministère de l’intérieur de monsieur Cazeneuve en avait tenu compte, il en aurait été autrement. Qu’il ait commandité un assassinat reste litigieux, mais les décisions du ministère et ce qui en relève, dont l’usage de cette grenade, sont sous la responsabilité du ministre, qui n’a pas à se contenter de prendre les lauriers en cas de réussite.

Ce même Cazeneuve, après l’annonce innocente d’un procès pour diffamation, prouve par la suite qu’il est un fin connaisseur en la matière, surtout vis-à-vis de Mélenchon. S’associant honteusement à Jaurès, il ne peut s’empêcher de condamner une nouvelle fois le non-soutien de son adversaire à monsieur Macron avant le second tour.

Ce refus insoumis de tourner la veste en aura égaré plus d’un, principalement au sein de l’émission On n’est pas couché, qui chaque semaine trouve un moyen d’enfoncer le clou au sujet du « monsieur aigri » de la présidentielle.

Enfin, histoire de rajouter une brique au mur du ridicule, Patrick Menucci vexé comme un pou par la candidature de monsieur Mélenchon, choisit de l’attaquer sur des termes pourtant pas polémiques. Décidemment, il faudrait être sourd pour ne pas comprendre la colère de l’ancien candidat.

 

Kadyrov le tyran, Trump l’inconscient

Le cas de la Tchétchénie est extrêmement compliqué à aborder. Véritable zone à conflit depuis des années (c’est un euphémisme), il s’agit là d’un voisin encombrant pour la Russie. Russie qui crut bon de mettre à la tête du pays Ramzan Kadyrov, espérant sans doute contrôler l’une des deux franges islamistes majoritaires en Tchétchénie. Placer un tyran au pouvoir n’a rien d’unique, il s’agit là d’une action très courante hélas. Mais étant donné le conservatisme religieux qui entoure ce pays, composer avec Kadyrov était peut-être une nécessité. Est-ce un prétexte pour ignorer ses exactions ? Non, bien évidemment.

Si les faits sont avérés (parce que dans ces zones-là, on ne peut être sûr ni de l’ampleur, ni de la véracité des faits avancés), ils sont profondément condamnables. Pour rappel, la discrimination violente envers des personnes en raison de leur sexualité est absolument écœurante. Dans les branches extrémistes des religions, il s’agit d’un comportement malheureusement habituel, mais lorsque cela arrive à hauteur d’un pays, c’est déjà moins courant. Le despotisme de Kadyrov n’est plus à démontrer, mais toute la lumière doit être faite sur cette affaire, quitte à sanctionner sévèrement pour s’assurer de la fin de cette barbarie. Quant à Vladimir Poutine, bien naïf celui qui croit qu’il a les moyens de faire pression sur un islamiste lorsqu’il est à la tête d’un voisin peu apprécié, et ultrareligieux de surcroît.

 

Dans une moindre mesure, je profite de ce paragraphe sur la cruauté d’un homme pour évoquer l’inconscience d’un autre. Trump est hélas un cliché de l’américain moyen, individualiste jusqu’au bout et peu concerné par le sort de la planète. Serait-ce le fruit d’une éducation en deçà des capacités intellectuelles humaines, ou simplement celui d’un manque d’empathie flagrant, mais toujours est-il que son retrait de la COP21 (conférence aussi symbolique que peu utile) relève de la bêtise la plus crasse. Cet accord n’avait rien d’extraordinaire, je l’ai toujours dit, mais le quitter alors que son pays est un des plus mauvais élèves dans le domaine écologique, c’est une provocation qui ne peut rester impunie.

 

La lassitude de l’analyse quotidienne

Pour finir cette revue de l’actualité, je n’ai pas d’autre choix que d’évoquer les attentats, nombreux ces derniers temps. C’est terrible, mais le sentiment que je ressens se rapproche de ma réaction lors des explosions hebdomadaires en Irak ou en Afghanistan.  Je finis par m’en lasser. Les discours inconscients de certains qui nous demande de nous habituer à cela n’ont aucun effet sur moi, mais le fait que ce soit toujours et encore la même situation finit par agir sur les gens. Il y a encore des victimes, il y a encore des terroristes, et il y a encore des gens pour récupérer cela de manière indélicate (Nadine Morano par exemple, experte en la matière). Il devient urgent d’agir, parce qu’en dehors des actions d’apparences qui consistent à vanter les mérites d’un état d’urgence bien peu efficace chez nous, ou à défendre le modèle communautariste anglo-saxon chez nos voisins, rien n’est vraiment fait pour agir à la racine de ce mal. Pour qu’une personne en vienne à tuer des compatriotes (les terroristes venus avec les vagues migratoires demeurant minoritaires, n’en déplaise à l’extrême-droite), il faut bien qu’un processus psychologique se mette en place. Pourquoi personne n’axe-t-il pas déjà ne serait-ce que la moitié de sa politique antiterroriste là-dessus ? Est-ce si compliqué de développer une unité assez forte au sein d’un pays pour qu’aucun citoyen n’en veuille à la terre entière ? Il ne s’agit pas de vanter un communisme aux bienfaits illusoires, mais simplement de prôner l’unité nationale, unité mise à mal par les communautarismes qui se développent de chaque côté de la manche, par exemple.

Bref, condoléances aux familles des victimes, mais je prie naïvement pour que ce soit la dernière fois, comme à chaque fois.

Le temps d’un mandat, 5 réflexions sur la présidentielle : #5, la Vème république face au dépôt de bilan

 

Ça alors, mais quelle surprise : Emmanuel Macron, promu par les média depuis un an et ayant reçu le secours du vote barrage, réussit à se faire élire président de la république par moins de la moitié des électeurs.

Que dire de plus ? Finalement, au lieu d’un vote pur, j’ai préféré que mon bulletin soit à la hauteur de cette élection : nul. Mes mains sont ainsi propres, et je serai libre comme l’air lorsqu’il s’agira de critiquer le nouveau président de la république. Aucun remord donc ; il est temps de passer au bilan.

 

I. Hollande remet les couverts après 5ans de disette

 

A la base, j’avais prévu un bilan complet du mandat de François Hollande, mais finalement, y a-t-il besoin de gaspiller autant de temps pour décrire l’évidence ?

François Hollande a été catastrophique, mais il reste toujours un grand mystère ? Qui était-il au final ? Quelqu’un de mollasson peut-être, mais une voix dans ma tête maintient qu’il est plus probable que cet ancien énarque ait tout simplement récité sa leçon, avec le soutien d’un Valls plus royaliste que le roi, autoritaire et sans honneur. Jean Marc Ayrault était peu utile, mais lui au moins agissait de manière moins agressive.

Le mariage pour tous fut une sombre farce, divisant les français alors qu’il suffisait d’employer là le 49.3 à bon escient. Ce leurre permit de conforter dans l’opinion publique que la gauche était désormais incarnée par Hollande et sa clique.

Vinrent ensuite de nombreuses lois en faveur du néolibéralisme, dont Macron fut le porte-étendard.

Quid de la lutte contre les dérives de la finance ? Quid de l’amélioration des acquis sociaux ? Quid de la paix dans le monde ? Quid de l’écologie (la Cop21 fut une vaste blague) ?

Le mandat 2012-2017 n’aura servi à rien, si ce n’est à prouver l’inconscience du monde politique actuel, et le développement du panurgisme, qui tel un virus, put se propager de manière critique pour maintenir le système en place.

 

II. le système électoral démontre son inefficacité

 

Plus de 45 millions d’électeurs potentiels, mais la démocratie est-elle sortie renforcée de ce scrutin ?

A 600000 voix près, Jean Luc Mélenchon passait. Les résultats ont été très serrés, ne l’oublions pas. Pour Fillon, c’était encore moins important, c’est dire l’absurdité de la chose. Parce qu’au regard d’un pays de 65 millions d’habitants, les différences au sein du quatuor de tête ne représentent presque rien

Le vote blanc, nul, et l’abstention ont atteint de nouveaux sommets. Ne voit-on pas ici que le système électoral actuel n’est plus satisfaisant ? A cela, on constate encore et toujours que l’argent facilite grandement la victoire, et qu’avoir les média de son côté facilité grandement la tâche. La reconstruction de notre démocratie prendra donc du temps.

Aussi, la reconnaissance du vote blanc, le scrutin proportionnel pour le parlement et le jugement majoritaire pour la présidentielle me semble être la meilleure des solutions, à défaut de trouver mieux.

La démocratie ne fonctionne enfin que lorsque les électeurs sont politisés et disposent de suffisamment de recul. Fini donc les média donneurs d’ordres et de conseils subjectifs, et l’éducation politique déplorable des futurs votants. Comme j’ai toujours dis, on est libre de voter, mais lorsqu’il s’agit d’un vote en connaissance de cause.

 

III. le futur se rie de nous un pied dans la tombe

 

Le but de cette élection, c’est de trouver un président capable d’entrainer la France en avant ; capable de protéger notre souveraineté et défendre l’unité du peuple français dans le respect des règles de vivre-ensemble. Il s’agit aussi de faire perdurer notre économie en assurant un cadre de vie décent aux travailleurs.

Macron, désormais 8ème président de la Vème république hélas, ne pourra correspondre que très peu à ce portrait utopique ci-dessus. Nous avons échappé à la division certes, mais la France n’est pas encore prête pour les enjeux de demain, si les enjeux d’aujourd’hui la dépassent déjà. Inutile d’espérer une économie respectueuse de ses acteurs, une politique démocratique, une souveraineté respectée. L’union européenne risque de prendre un tournant encore plus déplorable d’ici peu, et la France ne pèsera pas plus qu’avec Hollande, si ce n’est que le président français ne sera plus l’un des cadavres à enterrer, mais bien l’un des fossoyeurs.

La seule perdante de cette élection, c’est la France. Et la porte vers le futur restera probablement close pour les cinq ans à venir…

Le temps d’un mandat, 5 réflexions sur la présidentielle : #4, Front républicain et implosions politiques (réflexions avant le second tour)

 

Les suites de ce premier tour tant attendu, hormis un désastreux second tour, relèvent du domaine des suppositions ; néanmoins, il est possible de tirer des conclusions sur la reconfiguration du paysage politique, et sur notre pseudo-démocratie qui subit toujours autant la pratique de l’exercice politique.

 

I. l’Union européenne, vainqueur et perdante à la fois

 

Lors de cette élection, la moitié des électeurs ont choisi de donner leur voix à des candidats eurosceptiques. Peu l’ont relevé, mais il s’agit là de quelque chose de très parlant.

En effet, si le premier arrivé (de peu de voix au final) était le candidat européiste par définition ; promoteur d’un système où l’UE doit aller encore plus loin au mépris des intérêts nationaux ; il ne faut pas oublier que Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon sont tous deux des opposants aux dérives européennes.

De manière générale, l’Europe aura été bien trop présente selon moi dans les débats politiques, et bien trop sacralisée. Aucun débat de fond n’a pu avoir lieu, mais lorsqu’il s’agissait d’aborder ce sujet, c’était rapidement caricatural ; j’ai une position modérée là-dessus, plutôt dans le compromis mais avec beaucoup de mépris pour ce qu’est devenue cette union européenne. Aussi ai-je beaucoup regretté que seul le repli sur soi soit présenté comme alternative à cela, comme si cette union était devenue inévitable sous sa forme actuelle.

 

Avec la mainmise de l’UE sur le résultat du second tour – il suffit de voir les cris de joie lors de l’annonce des deux finalistes – on comprend aisément que cette dernière fait partie des vainqueurs. Néanmoins, à l’instar d’Emmanuel Macron, incarnation du système mais moins populaire qu’il ne pense, l’Union Européenne est un vainqueur d’apparence. En effet, les eurosceptiques ont gagné la bataille des idées à défaut d’avoir gagné celle de la présidentielle. Il serait temps de se remettre en question non ?

 

II. Dupont-Aignan, le symbole d’une droite qui se cherche

 

L’annonce de Nicolas Dupont-Aignan qui a déclaré rallier Marine Le Pen a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur l’élection. Pourtant, c’était une possibilité bien plus prévisible qu’un choix en faveur d’Emmanuel Macron. A-t-il eu raison pour autant ? Oui et non.

Le programme de Debout la France est bien plus poussé que celui du FN, leurs antécédents moins problématiques, leurs prises de positions moins portées sur la division, mais ce mouvement demeure conservateur et souverainiste, deux raisons suffisantes pour se prononcer en faveur du Front National. C’est néanmoins un mauvais calcul politique, mais la politique doit être une affaire d’honnêteté et non pas un jeu ; il aurait mieux fait de garder ce choix pour lui, mais le fait qu’il se prononce pour une alliance avec le Front National démontre un certain courage et une certaine indépendance. Si quelques commentateurs y voient une soumission, moi j’y vois un pari fou mais empreint de conviction. D’un point de vue personnel, je déplore évidemment ce vote, mais qui suis-je pour interdire à un conservateur souverainiste d’appeler à voter pour un semblable, bien que moins fréquentable ? Debout la France aurait dû être le Front National présentable ; il s’est malheureusement fait doubler par le parti de la famille Le Pen en terme d’électeurs, c’est comme ça.

 

Néanmoins, ce choix symbolise surtout la seule bonne action à imputer à Macron : la recomposition honnête de la droite. Sachant qu’une partie des électeurs de Fillon voteront aussi FN, la frange conservatrice souverainiste forme un bloc que l’on cessera de confondre avec la frange conservatrice libéral incarnée par l’ancien ministre de Sarkozy. Dire que ce dernier appelait NDA à le rejoindre ! Bien naïf celui qui pense qu’une alliance doit se jouer sur la proximité sociétale. L’orientation politique dépend avant tout d’une vision économique. Et il est clair que celle de Dupont-Aignan diffère de celle de Fillon et Macron.

Cet appel au vote FN, certes regrettable encore une fois, (d’un candidat, qui je le crois peut encore se réclamer du gaullisme quant à son programme), est un acte d’honnêteté ; Mais les résultats de cette action sont parlant quant aux dérives des pratiques politiques actuelles, ce qui m’amène à une dernière réflexion :

 

III. Le front républicain, la Vème république en sursis

 

Aussitôt le second tour lancé, voilà que le front républicain revient toquer à la porte. Difficile d’y échapper, presque tous les média en font la promotion, et leur subjectivité ne fait aucun doute. D’un point de vue purement démocratique pourtant, ce front républicain est une absurdité. Ainsi, les français devraient attendre l’avis des média et des grands partis pour savoir quoi faire le jour du 7 mai ? Cette pratique est fort déplorable, et lorsque l’arrière-garde du système s’empresse de défendre ce front prétendument républicain, c’est pour nier le peu de démocratie qu’il nous reste. Ceux qui, comme moi, annoncent voter blanc, se retrouvent pointés du doigt et tenus pour responsable du score du Front National. Bernard Cazeneuve, premier ministre plus transparent que Jean-Marc Ayrault, enjoignit ainsi monsieur Mélenchon de se prononcer en faveur d’Emmanuel Macron.

 

Devrait-on comprendre que monsieur Macron ne pourrait rassembler la moitié des électeurs en France ? Est-ce réellement la faute aux abstentionnistes et blancs-votants ? Nous sommes en démocratie, et le vote est une affaire de conviction. Si un candidat n’arrive pas à convaincre une majorité, c’est que ce candidat ne pourra diriger la France qu’en satisfaisant une minorité.

Il est donc temps de comprendre que le véritable problème vient de notre système d’élection, et je pense pencher de plus en plus en faveur d’une élection avec jugement majoritaire.

Pour revenir sur « l’affaire » Dupont-Aignan, j’estime que les insultes qui l’ont visé, sont, au même titre que les insultes à l’encontre de Jean Luc Mélenchon dans ONPC (Cf. https://youtu.be/Nn9krumqEkg?t=21m19s), des insultes à l’encontre de ce qu’il nous reste de la démocratie ; si le programme du Front National est potentiellement dangereux pour celle-ci, les attitudes des soutiens à monsieur Macron ne font pas figures de sainteté.

Face à de tels comportements, comment cautionner cette farce électorale et le système qui l’organise ?

L’échiquier politique en 2017

 

               L’année dernière, j’avais développé une réflexion sur l’échiquier politique, alors en recomposition. Maintenant que la deuxième phase de recomposition est en route (après le doute, le déclin), il est temps de faire une mise à jour.

J’avais à la base organisé cet échiquier sous forme de croix directionnelle, avec gauche, droite, avant et arrière ; ces deux dernières notions étant purement subjectives et déterminaient alors quels partis pourraient tirer la France vers le haut. Mais cela est bien trop complexe, et perd de son intérêt assez rapidement. Je reviendrai donc sur un échiquier traditionnel basé sur les deux concepts majoritaires en politique : l’économie et le sociétal.              

 

L’intérêt de cette réflexion n’est pas tant de situer tous les partis, ce qui pour les plus médiatisés est plutôt aisé, mais de localiser droite et gauche sur ce référentiel, et de développer ma vision de l’échiquier.

 

La persistance d’un clivage

Contrairement à ce qu’avancent certains en politique, le clivage gauche-droite existe encore, et se doit d’exister, du fait de sa dépendance aux clivages souverainisme/libéralisme économique et conservatisme/libéralisme sociétal. La négation de ces réalités traduit souvent une volonté de faire revivre le TINA de Mme Thatcher. Cette théorie, que j’appellerai survol des clivages, maintient que le clivage gauche-droite serait dépassé, la gauche ayant fini par rejoindre la droite sur le plan économique. Ceci est très dangereux de tous les points de vue, et démontre une erreur de compréhension des réalités politiques. En effet, depuis les années 80, en se tournant vers le centre-droit, le parti socialiste trahit ses idéaux, et installe une confusion pour les analystes de tout bord. Mais ce n’est pas parce que la gangrène néolibérale a gagné le parti socialiste que cette maladie économique fait l’unanimité et dissipe les clivages de cette nature. Affirmer le TINA, c’est nier les aspirations à un monde meilleur que l’on retrouvera chez beaucoup d’électeurs.

Néanmoins, on pourra effectivement survoler le clivage gauche-droite en proposant des projets non sectaires. Des partis de gauche ou de droite peuvent tout à fait mobiliser plusieurs électorats pour reconstituer l’unité du pays. Cela peut se faire sur des sujets de société tout comme sur des politiques économiques. D’où l’importance des deux clivages initiaux.

 

Souveraineté, libéralisme, conservatisme

Une autre erreur lorsque l’on parle de l’échiquier politique, c’est d’opposer progressistes et conservateurs sur tous les sujets, même politique. L’idée de progrès dans le domaine sociétal est à nuancer (la marchandisation du corps humain, progrès ?) mais traduit généralement la réalité des choses. Cependant, lorsqu’il s’agit de définir une ligne économique, peut-on vraiment affirmer que le souverainisme est un conservatisme et la mondialisation à outrance un progrès ?

Les vrais termes à utiliser sont donc les suivants : en économie, on trouvera les souverainistes (au sens large) et les libéraux, ces deux termes englobant des variations (néolibéralisme) et des paradoxes (altermondialisme) qui permettent de définir les bords politiques. A ce clivage économique se rajoute donc une division sociétale : le conservatisme (plus ou moins prononcé) et le libéralisme sociétal (plus ou moins prononcé ici aussi).

Les relations entre les différents courants s’organisent donc sur la base de ces clivages. En effet, quelle différence y a-t-il entre un programme « Les Républicains » et celui d’Emmanuel Macron, si ce n’est une plus grande ouverture sociétale pour ce dernier ? De même, si les programmes économiques du NPA et de Mélenchon sont assez similaires dans les questions de fond, leur approche des sujets de société est différente, et si on rajoute la gauche de Chevènement, ça devient encore plus compliqué. D’où l’utilité de l’échiquier politique d’ailleurs, qui permet d’apercevoir les différentes associations d’idées.

 

L’approche économique comme identité politique

Puisqu’il existe deux clivages, on pourrait admettre qu’il existerait deux classifications gauche/droite, l’une basée sur l’approche sociétale, l’autre sur l’approche économique. Mais si cette dernière est selon moi valide, la première demeure peu fiable. En effet, celle-ci dépend beaucoup de la tradition familiale et impacte toutes les générations d’une part, et il existe une multitude d’avis différents sur les questions sociétales : on peut être pour le mariage universel mais opposé à la GPA, pour la légalisation du cannabis et pour une laïcité plus stricte, …difficile d’identifier des lignes claires. Inversement, l’approche économique est beaucoup plus simple à catégoriser. On pourra distinguer le souverainisme, le libéralisme, le néolibéralisme (qui lui englobe souvent une pensée sociétale libérale), …Il est plus aisé de différencier les acteurs politiques, extrêmes mis à part. (J’y reviendrai)

A travers le prisme économique, il est aussi possible de prouver que le parti démocrate américain n’est majoritairement pas le parti de gauche que l’on prétend nous vendre, au prétexte que les républicains seraient de droite. C’est bien pour ça que ce clivage gauche-droite peut être remis en question : le libéralisme sociétal se couplant parfois avec le libéralisme économique, il est parfois tentant d’associer plusieurs partis économiquement différents sur la base d’un refus partagé du conservatisme sociétal. Mais c’est une erreur, qui, comme rappelé plus tôt, peut conduire à une uniformisation économique de l’espace politique.

 

L’exception du centre et des extrêmes

Au final, si l’on arrive à distinguer gauche et droite, le centre reste un mystère. De mon point de vue, le vrai centre n’existe pas, car il serait tenté de céder à tous les compromis et donc se trouverait assez peu efficace en termes de prise de décision. On se contentera donc de deux nuances, centre-gauche et centre-droit. Le centre-gauche caractériserait ainsi les souverainistes les moins ouverts sur les sujets sociétaux (pas forcément conservateurs), souvent plus concernés par les questions de sécurité, alors que le centre-droit qualifierait les libéraux économiques et sociétaux, ce qu’on assimilera vite aux néo-libéraux, le courant majoritaire dans l’oligarchie actuelle. On comprend vite pourquoi Macron est rapproché de la gauche, alors qu’il correspond justement à l’archétype du politicien de centre-droit.

Restent encore les paradoxes des extrêmes. Dans le cas de l’extrême-droite, celui-ci est dû au fait que plusieurs électorats sont visés, d’où un protectionnisme parfois couplé à du libéralisme comme chez Donald Trump. C’est illogique, mais assez vendeur. En effet, si l’on souhaite protéger l’économie du pays avec du protectionnisme, pourquoi alors favoriser le libéralisme économique au sein du pays ? Un tel système ne peut marcher, et si les aspirations libérales du Front National prennent le dessus dans le cas de l’accès au pouvoir pour Marine Le Pen, Florian Philippot (transfuge de la gauche souverainiste) se trouvera bien embarrassé.

[Concernant Dupont-Aignan, il n'a pas un fond d'extrême-droite, mais il est souvent tenté d'aller piocher dans ce secteur, afin de ramener les électeurs partis au FN. C'est assez déplorable, car il a les moyens d'incarner une doctrine gaulliste quand il se montre lucide.]

Pour l’extrême-gauche, le paradoxe provient du libéralisme sociétal très poussé, qui détint sur l’économie et refuse le souverainisme au motif de l’internationalisme. Finalement, si les droits des travailleurs priment, la méconnaissance de mécanismes propres à chaque pays maintient une concurrence déloyale qui conduirait à des défaillances dans le système social alors en œuvre. Dans le cas de l’anarchisme, le libéralisme économique est même de mise, cette idéologie pensant (naïvement, il faut le dire) que chacun est capable de se passer d’état.

Il est amusant de mentionner un autre paradoxe, celui de la défense active des droits des femmes couplé à une défense active du port du voile (même le plus poussé). Mais cela est un autre sujet.

 

Une nouvelle manière d’envisager l’influence des partis et mouvements politiques

Avec cet échiquier, on constate assez rapidement que les clivages et différences sont nombreux au sein de la classe politique. Pour maintenir l’unité du pays, il est évident que ces divergences compliquent les choses. Pourtant, elles sont nécessaires, c’est une évidence même.

Néanmoins, je pense que les partis et mouvements doivent acquérir une nouvelle place dans la vie politique. Présentant des candidats porteurs d’un programme, ils ne doivent cependant pas maintenir cette position de rivalité coûte de coûte. Lorsqu’un gouvernement de centre-droit (Valls par ex) veut faire voter une loi néolibérale, on arrive à une situation où (heureusement me direz-vous) les partis de droite néolibéral votent contre. C’est immature et malhonnête. Comme je le pense toujours, la politique n’est pas un jeu. Si les idées sur tel sujet de A et B convergent, alors A et B devraient voter de manière identique.

C’est à ce titre que je souhaite une diminution de l’importance des groupes parlementaires à l’assemblée. En effet, en affirmant les clivages politiques au point de vue institutionnel, on arrive à une situation contre-productive. De même, l’introduction du scrutin proportionnel est nécessaire pour véritablement clarifier le débat politique. Tout cela participerait à un exercice honnête de la démocratie, et le clivage politique ne serait là que pour définir sa pensée politique sur le long terme.

 

                 Les clivages politiques sont inévitables en démocratie (et même en dictature), mais ceux-ci ne doivent pas nuire à l’exercice politique. A ce titre, il convient de les identifier clairement, et de reconnaitre les points de convergence entre les différentes idéologies économiques et sociétales. Le vote à l’Assemblée a pour but de déterminer ce qui conduira l’avenir de la nation. Les querelles de partis, lorsqu’elles se font le témoin de la politique spectacle, sont des handicaps pour l’exercice du pouvoir. Si les divergences d’opinions et le clivage gauche-droite doivent persister, c’est avant tout pour clarifier l’échiquier politique, et renforcer la démocratie.

Echiquier politique

(le carré gris sur l'image délimite l'existence d'une zone où mes idées pourraient cohabiter avec un peu de compromis (mais rien qu'un peu))

 

Analyse de programme : #7/8, Poutou et Arthaud

 

On arrive dans notre analyse des programmes sur la partie extrême gauche de l’échiquier politique. Parce que oui, messieurs les journalistes, les seuls candidats à pouvoir briguer cette nomination sont ces deux-là.

Le fait de regrouper leur programme ne relève pas du mépris bien entendu, il s’agit juste d’aider à distinguer ces deux trublions aux engagements certains et convaincants.

Je n’ai pas beaucoup d’opinions sur eux, leur faible médiatisation n’aidant pas, mais je les trouve tous les deux intéressants en interview. Néanmoins, ils sont à mes yeux trop radicaux, et l’attitude du NPA face au communautarisme est parfois décevante. Bref, il était temps de tirer tout cela au clair.

Je me retrouve dans l’impossibilité de déterminer leur présidentiabilité, sachant qu’eux même reconnaissent être présent avant tout pour porter des idées plus que pour diriger un pays (et c’est tout à leur honneur).

 

1. Slogans 

 

Pour Poutou, il s’agit de « Nos vies, pas leurs profits », et Arthaud, « faire entendre le camp des travailleurs ». Des slogans forts et porteurs d’idées certes, mais pas à la hauteur d’une présidentielle. Le premier installe un clivage dans la société, tandis que le second limite grandement l’électorat.

 

2. Programme

 

La mesure phare commune à ces deux candidats consiste en l’interdiction des licenciements ; mesure amplement commentée. Je la trouve assez belle sur le papier, mais dans la réalité, je me demande comment cela pourrait être mis en place. Cela est possible et même envisageable pour les entreprises avec bénéfices importants, mais ça reste floue.

Autre mesure identique, la création d’emplois dans le service public. J’y suis évidemment favorable, surtout pour les secteurs vitaux.

Le Smic est réévalué à 1700€ (NPA) et 1800€ (LO), et une hausse de 300€ de tous les salaires est souhaitée. Si ces sommes permettent de vivre dignement, leur financement (surtout la hausse des salaires) demeure peu précis. Mais j’adhère à cela.

 

A. Nathalie Arthaud

 

Le programme se divisant en propositions et positions ; il sera donc question de juger les positions exprimées.

 

1° monde de l’entreprise

 

N. Arthaud prône une expropriation des entreprises des 20 plus riches du pays. C’est direct et très radical, c’est sûr. J’ai beaucoup de mal avec cette idée, bien trop confiscatoire. Néanmoins, le développement de coopératives ouvrières est souhaitable.

Le refus du système, on peut le dire, honteux, de l’actionnariat tel qu’il se présente actuellement, est une position à laquelle j’adhère.

L’expropriation des banques est par contre une mesure à laquelle je ne m’oppose pas ; la nationalisation, du moins des banques de prêt, entre tout à fait dans mes idées.

 

2° Protectionnisme

 

Lutte ouvrière est fortement opposé au protectionnisme, estimant que cela détruirait les emplois créés par des entreprises étrangères. C’est une erreur selon moi, car c’est oublier la création d’emplois provoquée, et l’adaptation de ce protectionnisme aux entreprises installées en France. (En effet, si Toyota crée des emplois en France, pourquoi une hausse du prix des importations serait plus élevée ? C’est absurde.)

De même, la souveraineté de la France est selon eux un faux problème, qui correspond à nouveau à l’exploitation des bourgeois capitalistes. Je dois avouer avoir du mal à adhérer à ces positionnements. C’est à mon avis minimiser le problème de la confiscation européenne de notre souveraineté.

 

3° violence et oppression

 

On enchaine rapidement sur une diatribe envers les forces de l’ordre, caractéristique des partis d’extrême gauche mais toujours absurde et contre-productive. L’affaire Théo, sur laquelle il conviendrait de prendre en compte l’intégralité des éléments de l’enquête, sert de prétexte à l’habituelle critique virulente de cet état policier. Si les dérives sont bien là, il conviendrait de reconnaitre le rôle républicain des forces de l’ordre, lorsque celles-ci ne fautent pas.

La lutte pour les droits des femmes est légitime ; je préfère la lutte pour l’égalité, mais soit.

 

4° immigration

 

Je pense retrouver ce positionnement au NPA, Nathalie Arthaud souhaite un accueil sans limite des migrants.

Si les conditions de migrations sont très bien identifiées, un accueil inconditionnel officiellement affirmé est assez flou. Bien sûr qu’on aurait les moyens financiers, mais pour la place, je doute qu’il soit possible de le faire pour tous.

De toute manière, il faut avant tout éviter l’appauvrissement des pays originaires des migrants, sinon l’occident représentera une forme de domination officieuse à l’encontre de ces pays.

 

5° terrorisme

 

Leurs positionnements au sujet du terrorisme produit une réflexion personnelle mitigée pour moi.

En effet, si les guerres occidentales ont pu aider à la croissance du terrorisme, il ne faudrait pas non plus occulter la violence des dérives religieuses lorsque la religion devient politique, et l’absence d’éducation convenable lorsqu’il s’agit de jeunes français perdus.

Bien évidemment, le système dans son ensemble a sa responsabilité dans cette affaire.

 

6° écologie

 

La partie écologie, assez conventionnelle par rapport aux autres programmes de gauche, est tout à fait acceptable. Pas besoin d’y revenir.

 

7° critique des autres candidats

 

Je ne parle pas beaucoup des appréciations et clivages entre candidats, mais que l’on l’inclut ces jugements de valeurs dans un programme, c’est moyen, déjà qu’il s’agit de doser cela correctement dans sa campagne. Arthaud trouve quand même le moyen de critiquer Mélenchon parce qu’il défend les intérêts de la France.

 

B. Philippe Poutou

 

1° économie et internationalisme

 

Le CDI se retrouve fortement valorisé, ce qui est assez concevable.

La retraite oscille entre 60 et 55 ans pour les boulots les plus pénibles, ce qui correspond à un idéal proche du mien.

 

Sans trop m’étonner, le NPA rejette le patriotisme économique. On appréciera néanmoins le rejet des traités de libre-échange. Mais l’idéal du « monde sans frontière » ne parle vraiment pas au républicain que je suis.

 

2° éducation et santé

 

L’université sans sélection sera sans doute un de mes combats, je soutiens cet engagement.

Sur les différentes pratiques de pédagogie, je n’ai pour l’instant que peu réfléchi à la question, et j’estime que certaines personnalités (Polony, …) sont plus qualifiées pour se prononcer.

L’accès gratuit aux soins se défend évidemment, et la création d’emploi est une nécessité dans ce secteur.

 

3° Logement et transports

 

La réquisition des logements vides est une bonne idée, et la construction de logements supplémentaires rejoint mes ambitieuses politiques d’urbanisation (envisagées depuis longtemps dans mes programmes potentiels)

Une autre idée à saluer, c’est la renationalisation des autoroutes, un des combats que je partage sans doute le plus. Enfin, la réduction de la place occupée par la voiture est aussi louable.

 

4° Ecologie et agriculture

 

Comme Arthaud, le programme est ici classique, mais plus précis, comme une lutte contre l’obsolescence programmée qui est remarquable. On notera aussi une remise en cause du système de publicité, à laquelle j’adhère assez.

Enfin, l’accès à l’eau facilité par sa transformation en service public est tout à fait bienvenu.

L’usage des produits chimiques dans l’agriculture est interdit, ce qui est une bonne chose, au même titre que le fait de privilégier circuits courts et bio.

 

5° Medias et culture

 

Un sujet peu évoqué par lutte ouvrière ; La lutte contre l’oligarchie médiatique est évidemment mentionnée, et parmi les projets culturels, on retiendra avec attention la suppression de la loi Hadopi et la réflexion sur les moyens de subsistance des artistes. Bref, assez satisfaisant là-dessus.

 

6° vie en société et sécurité

 

Les positionnements sociétaux sont peu concrets dans le programme, mais si je me fie aux doctrines du NPA depuis les années 2000, il me semble qu’ils soient très (voir trop) libéraux sur ces questions. On retiendra quand même le droit de vote des étrangers à toute élection, ce qui pour la présidentielle et les législatives me dérange assez.

Pour la défense du droit des femmes, je suis assez en accord, sauf avec un point : « l’abrogation des lois stigmatisant les femmes musulmanes ». On comprendra donc aisément leur vision de la laïcité et leur tolérance, rien d’étonnant, à la burqa et autre dérives machistes. (Ce qui est paradoxal). Cette vision se retrouvera aussi avec l’abrogation des lois anti voiles au lycée.

 

La partie sécurité est sans surprise similaire à lutte ouvrière. Si le démantèlement des BAC est tout à fait convenable (je reste mitigé, mais le raisonnement se tient), le désarmement de la police est bien trop dangereux ; il vaudrait mieux s’assurer de recruter des bons policiers.

 

Leur opposition à un service civique au nom du rejet de l’embrigadement est quant à elle assez ridicule selon moi.

 

7° démocratie et état

 

Je n’ai rien contre la radicalité, mais là, on frôle l’anarchie (c’est leur droit).

Pêle-mêle sont défendus la suppression de la présidence de la république, du Sénat, …Je crois qu’en 2012, le conseil constitutionnel était aussi concerné.

On appréciera aussi la mention du « coup d’état » du Général de Gaulle, ce à quoi je pourrais répondre que nécessité fait parfois loi.

 

3. Conclusion

 

Nous avons là deux programmes qu’il était assez judicieux de comparer. Tous deux situés à l’extrême-gauche, aux frontières entre le communisme et l’anarchisme, ces programmes me laissent assez dubitatifs. Bien trop naïfs sur les sujets sociétaux (le NPA va quand même jusqu’à insister sur la défense du communautarisme), parfois absent sur de grands domaines (quid de la culture, Mme Arthaud ?), il parait clair que j’aurai bien du mal à voter pour eux. Avant de conclure définitivement cette analyse, voici le tableau traditionnel :

 

Mme Arthaud :

 

Penser l’Europe

2,5/5

Réorganiser le travail et l’emploi

3,5/5

Une sécurité assurée

1/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

2,5/5

Une réforme culturelle ambitieuse

0,5/5

Penser le défi écologique

4/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

2,5/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

0,5/5

Penser les relations internationales

3/5

Niveau d’absence de danger pour la France

4/5

 

Total : 23,5/50

 

M. Poutou :

 

Penser l’Europe

3/5

Réorganiser le travail et l’emploi

3,5/5

Une sécurité assurée

1/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

2,5/5

Une réforme culturelle ambitieuse

3,5/5

Penser le défi écologique

4/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

2,5/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

0,5/5

Penser les relations internationales

3/5

Niveau d’absence de danger pour la France

3,5/5

 

Total : 26,5/50

 

On pourra constater que je suis plus proche du NPA malgré sa passion pour le délitement de la nation à travers le risque d’anarchie et le développement du communautarisme. Lutte Ouvrière avec son impasse sur la culture séduit donc moins. On appréciera leur engagement contre la finance et pour l’écologie. Mais dans les deux cas, ces partis n’auraient de réels intérêts que s’ils étaient des syndicats. Quand un programme de parti reproche à certains de lutter pour les intérêts de la France, c’est que ce programme ne peut pas prétendre gouverner un pays. Lutte ouvrière, et dans une moindre mesure, le Nouveau Parti Anticapitaliste, devraient se cantonner à ce rôle syndical car leur électorat est trop fermé par leur sectarisme et leur envie de faire perdurer une lutte des classes. En effet, si cette dernière existe, ce n’est pas une raison pour la maintenir en conservant la division de la société française.

 

critique basée sur les fichiers suivants:

projet LOfaire-entendre-le-camp-des-travailleurs-1702.pdf (1.89 Mo)

Projet NPAprogrammepoutou-2017-web-0.pdf (1.71 Mo)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avis d’actualité : #3, Macron en marche vers la transparence ?

 

Comme promis dans mon analyse de programme, voici un petit retour sur Emmanuel Macron, en espérant que ce soit la dernière fois que je parle de lui dans ces billets. Qu’en pensez d’une manière générale ? Qui le finance ? Où sont rangées ses casseroles à lui ? Tant de questions qui méritent des réponses ; et je tenterai de les donner.

 

Qui est-il ?

Une question bien étrange vous pensez ? Pourtant, elle mérite un éclaircissement important.

Une couverture de Libération ressassait récemment la théorie du vote utile, en affirmant que les électeurs de gauche faisaient face à un dilemme : voter un candidat de gauche radical (Mélenchon ou Hamon) ou choisir celui qui aurait la chance de battre madame Le Pen, à savoir monsieur Macron. Pour moi, la question ne se pose pas. Tant qu’un candidat obtient moins de 26% à mon étude de programme, il y a peu de chance que je vote pour lui face à Marine Le Pen. Eventuellement François Asselineau, mais ça reste une exception. Le vote utile est une vaste blague, ce n’est pas le sujet, mais il nous mène à la première question : Où situer Macron sur l’échiquier ?

Une légende affirme qu’il ne serait ni à gauche, ni à droite. Mais c’est faux ; le seul moyen de ne pas être situé sur l’échiquier, c’est d’être une éponge qui s’imprègne  de toutes les idées politiques, ou alors d’être une enveloppe dénuée de toute prise de décision politique. Est-ce le cas de « notre ami » ? En apparence, oui ; une éponge sans doute charismatique, mais une éponge quand même. Mais ce serait négliger l’ombre du néolibéralisme qui plane sur lui, et qu’il aurait bien du mal à cacher. Certes, côté questions de société, il est ouvert, et on serait tenté de le mettre à gauche ; mais par ses idées économiques, il est de droite. C’est pourquoi Macron est de centre-droit, tout simplement.

Qui est-il nécessite aussi un éclaircissement sur son parcours professionnel, une piqure de rappel. Macron a d’abord été inspecteur des finances, puis a travaillé chez Rothschild. Mais avant d’affirmer qu’il n’était que banquier, je préfère être honnête : assistant gérant chez Rothschild, ce n’est pas que Banquier. C’est banquier, avec des revenus astronomiques et un carnet d’adresse conséquents en plus.

Conclusion : Nous avons affaire à un ex-cadre de Rothschild portant un projet néo libéral de centre-droit.

 

Par qui est-il soutenu ?

Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les média en parlaient autant ?

Monsieur Macron a beaucoup d’amis, et certaines amitiés sont fort utiles en campagne présidentielle. Si Du côté de Pierre Gattaz, le soutien n’est pas assuré (manque de garantie, il semblerait), le monde de l’entreprise est cependant bien représenté. On comptera ainsi le fondateur d’Axa et de l’institut Montaigne Claude Bébéar, de même que le directeur de ce même institut, Laurent Bigorgne. Cet institut libéral, ce « think thank » comme on dit dans les media, saura sans aucun doute guider monsieur Macron dans ses décisions économiques, étant donné qu’en Marche a été hébergé dans leurs locaux... A noter que Macron et Bigorgne ont tous deux été invités à Bilderberg. Un autre Think Thank que j’ai déjà évoqué, Terra Nova, compterait aussi parmi les contacts d’Emmanuel, si l’on se fie à l’amitié liant son directeur (Thierry Pech) avec le candidat.

Cette énumération ne répond cependant toujours pas à la question de départ ; c’est là qu’entre en jeux plusieurs multimillionnaires. Xavier Niel, propriétaire de Free (Et ancien administrateur de réseau voltaire pour l’anecdote), Pierre Bergé (proche de Terra Nova) et Mathieu Pigasse (Proche de Dominique Strauss-Kahn) sont tous trois copropriétaires du groupe Le Monde et du Nouvel Obs. Qui soutiennent-ils plus ou moins officiellement ? Emmanuel Macron. A cette occasion, on pourra remettre en cause l’objectivité du Decodex du Monde, surtout concernant les critiques envers Macron (monsieur Olivier Berruyer, auteur d’une enquête que j’ai consulté pour cet article, en a fait les frais). On pourra ensuite évoquer Patrick Drahi. Cet homme d’affaires, passé maitre dans l’art de magouiller avec l’argent et les rachats d’entreprises, est propriétaire (actionnaire, c’est pareil) d’Altice, dont dépendent SFR, Libération, BfmTv, RMC et l’Express.  Autre caractéristique : c’est un soutien de Macron. Pour finir avec Altice, on rappellera que Bernard Mourad, patron d’Altice media groupe, a quitté son poste pour la campagne d’En marche. Enfin, il semblerait que Bolloré fasse aussi parti de cette fine équipe. (Possesseur de Vivendi, Canal+, …)

Toujours dans les soutiens, on notera ceux (voir l’engagement) des multimillionnaires Françoise Holder et Bernard Arnaud. (Eventuellement Alexandre Bompart, mais il s’agit là de rumeurs). Et dans cette veine, on mentionnera aussi le soutien d’Alain Minc, économiste et président de la SANEF, société d’autoroute, et celui de Jacques Attali, qu’on ne présentera plus.

Conclusion : monsieur Macron a des contacts nombreux dans les média et dans les entreprises, ce qui soulève un problème important : celui des conflits d’intérêts…

Macronéconomie

Agit-il vraiment dans l’intérêt du pays ?

Lorsqu’on brigue un mandat présidentiel, il est assez logique d’avoir un certain égo. Néanmoins, celui-ci ne doit pas éclipser la lutte pour servir les intérêts du pays. Monsieur Macron peut-il prétendre agir dans ce sens ? Visiblement, la moralisation de la vie politique ne s‘applique qu’aux autres…

Par où commencer du coup ? Je serais tenté d’aborder de plein fouet la question des autoroutes. L’une des erreurs économiques les plus honteuses de cette république aura sans doute été de privatiser les autoroutes. Immoral et scandaleux, cette décision trouve écho à chaque renouvellement de contrat, comme celui qui a eu lieu sous la houlette de monsieur Macron. Parmi les sociétés d’autoroute, on retiendra Vinci et Sanef, toutes deux possédées par des amis plus ou moins proches de Macron. La teneur du contrat n’est hélas pas connue, mais il est évident que le soutien de ces industriels pour sa campagne n’est pas désintéressé.

Autre bien public, autre privatisation : voici venir l’affaire Toulouse Blagnac, un aéroport bradé à des intérêts étrangers, avec comme acteur de cette mascarade, un certain Emmanuel M. Officiellement, il n’y a jamais eu privatisation, mais les faits démontrent le contraire, d’autant plus que les principaux actionnaires (et officieusement dirigeants) de cet aéroport se sont servis allègrement dans les caisses.

Enfin, dernier exemple dans le volet privatisation/ rachats, Alstom. La branche énergie de cette entreprise qui faisait notre fierté a été vendue à General Electric à cause de Macron. Arnaud Montebourg s’y était opposé avec un décret, mais dès le remaniement, le nouveau ministre de l’économie s’était empressé de vendre pour satisfaire l’oligarchie. Une vente qui causa une grande perte à la France, et qui entraina à la fois des gains importants pour la direction d’Alstom et des licenciements pour des centaines d’employés de la firme.

Pour conclure cette partie, on pourra penser à une énième situation de conflit d’intérêt, la présence de Jean Jacques Mourad au sein de la campagne de Macron. En plus d’être le frère d’un certain Bernard cité plus haut, il est surtout un employé bien placé chez les laboratoires Servier (Si, vous savez, le Médiator…). Sachant qu’il occupait jusqu’à sa démission (pour une fois, il y a eu des résultats) la fonction de conseiller santé pour la campagne, cela démontre encore une fois que les amitiés et contacts de monsieur Macron sont pour lui un atout assez particulier au regard des intérêts du pays.

Conclusion : en plus des conflits d’intérêts déjà mentionnés précédemment, il est évident que sa passion pour les privatisations et la braderie de fleurons nationaux à l’étranger font de lui un candidat peu soucieux de l’avenir de la Nation.

 

Est-il concerné par des scandales financiers, lui aussi ?

              Fillon puis Le Pen ont démontré avec succès que la malhonnêteté est loin d’être éradiquée au sein de la classe politique. Une apparition alors dans les média : Saint Emmanuel aux mains immaculées…Lui au moins n’a rien fait de mal. Vous pensez ? Les affaires le concernant sont nombreuses, sans doute trop pour que les grands média s’y intéressent. Quand le docteur Macron plaide en faveur de la lutte contre la corruption, Mister Emmanuel incarne le cliché du politicien corrompu et magouilleur. Il aime l’argent et ne s’en cache pas, mais ce n’est pas pour autant qu’il se montre transparent sur la question.

Pour ce paragraphe, je ne cache pas que ma principale source aura été l’enquête d’Olivier Berruyer, comme précisé dans la seconde partie. Afin d’éviter la paraphrase, je vais récapituler pour faire simple.

Tout d’abord, Macron s’est considérablement enrichi avec son passage chez Rothschild. Sur quelques années, le voilà à toucher le gros lot avec plus de 2 millions de gain en tant qu’associé-gérant pour la plus grosse part ; ce qui fit de lui un millionnaire précoce au regard de sa carrière ; une carrière plus fructueuse que certains patrons de grands groupes si on compare en terme d’années. Ce que devinrent ces millions, nul ne le sut. Sous-estimant pendant un temps son patrimoine (d’où sa défense d’un droit à l’erreur dans son programme je suppose), Macron présente actuellement des comptes étonnement vides. Sur trois ans, l’ancien ministre aurait donc dépensé un smic par jour…Si on entre dans le domaine des suppositions, on pourra affirmer que Macron pratique simplement l’optimisation, voir l’exil fiscal. Une autre solution consisterait à affirmer que tous ses millions sont passés dans la maison de sa femme. En effet, Emmanuel n’a plus son appartement (vendu à un prix inférieur au prix d’achat, ce qui laisse ici aussi penser à une combine), n’a presque plus de biens…Bref, ses explications sont confuses et peu précises. Il n’empêche que plus de 2 millions d’euro sont toujours dans la nature, et l’enquête ouverte suite à la demande d’Anticor n’aura rien changé.

Si on continue dans l’enquête fort utile de monsieur Berruyer, on pourra insister sur les affaires douteuses entourant cet appartement, pour lequel les sommes engagées ont été astronomiques au regard de ses revenus d’alors.

Si on quitte ce domaine et que l’on approche de celui des soupçons émis ici et là, on pourra trouver d’autres éléments à charge contre Macron, des éléments sur lesquels il est impossible de se prononcer avec certitude. Pêle-mêle, Emmanuel M. est soupçonné de s’être fortement enrichi lors du rachat de Pfizer par Nestlé, la commission touchée par Rothschild alors qu’il y était s’élevant à de très hauts niveaux ; il est soupçonné d’avoir bénéficié d’avantages en usant de son pouvoir élyséen pour favoriser divers entreprises lors de rachats (on pensera aux exemples précédents par exemple), ce qui constituerait un délit de corruption ; on l’accuse aussi d’avoir été rémunéré à la fois par Rothschild et à la fois par l’Elysée au début de sa carrière dans les sphères du pouvoir. Enfin, je ne reviendrai pas sur un membre de sa campagne rémunéré par le Parlement et sur l’affaire à Las Vegas, médiatisée pendant quelques jours.

Emmanuel Macron est loin d’être honnête, et mes accusations (sans fondements sûrs et certains) ne sont pas dénuées de clairvoyance ; s’il s’agissait que d’une mauvaise gestion d’argent, cela remettrait cependant en cause sa capacité à gérer un pays entier…

Les démentis et affirmations de son entourage quant au brouillard entourant ces questionnements sont et ont été largement insuffisants bien entendus ; dire « ce n’est pas vrai » ne suffit pas à dédouaner un candidat, au même titrer qu’une absence de preuves n’équivaut pas à une preuve d’absence.

Conclusion : derrière son sourire se cache un homme visiblement très astucieux, assez pour le laver de tout soupçon. Pourtant, que ce soit la gestion obscure de son patrimoine ou les conditions floues de certaines tractations, il parait clair qu’il n’est pas de côté des politiciens les plus honnêtes.

 

Faudrait-il voter pour lui ?

Non, ni au premier ni au second. Mais vous faites ce que vous voulez, ça n'engage que moi...

 

 

 

 

 

 

 

 

Analyse de programme : #6, Emmanuel Macron

 

Après des mois d’attentes insupportables, les journaux hantés par son visage jovial et son sourire people, le programme d’Emmanuel Macron est enfin disponible. Voici une nouvelle étape dans la campagne, où nos journaux seront désormais…hantés par son visage jovial et son sourire people… (On ne change pas une équipe qui gagne)

L’heure est donc venue d’étudier le programme de cet ancien inconnu, mais surtout ancien banquier et tout ce qui va avec…

Que penser de cet ex-ministre de l’économie donc ? Pas que du bien, voir rien de bien d’ailleurs pour ma part. Je pars avec une vision très subjective, vision que j’expliquerai en détail dans un futur billet que je m’étais promis de ne pourtant pas faire.

Aidé par son amitié avec les patrons de groupes médiatiques, Emmanuel a de quoi être satisfait question traitement de faveur, quitte à déroger aux règles électorales réformées récemment (cf. étude de la loi d’Avril 2016) ; nouveau venu en misant tout sur l’apparence, il ne m’inspire pas confiance ; à son programme de me prouver le contraire.

Question échiquier politique, on est sur du centre-droit, contrairement à ce que laissent entendre les journalistes. Et pour sa présidentiabilité :

présidentiabilité

 

1° Slogan

 

Difficile de le trouver. Serait-ce « en Marche » comme le nom de son parti ? SI c’est le cas, c’est terriblement efficace quand il s’agit d’attirer les foules naïves. « Retrouver notre esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle » ? Dans ce cas, c’est pompeux et trop large. A vrai dire, s’il fallait trouver un slogan, je dirai plus « Macron président » car c’est uniquement ce qui transparait au premier regard…

 

2° Programme

 

A° « bien vivre de son travail et inventer de nouvelles protections »

 

Un titre amusant tant les lois Macron et El-Khomri restent dans les esprits…

On trouve tout d’abord une réduction des cotisations. Dommage qu’il n’explique pas à quoi servent ces cotisations…Une fois deux points similaires passés, nous voilà au premier point litigieux : « l’insuffisance des efforts de recherche d’emplois ou le refus d’offres raisonnables entraineront la suspension des allocations » Quelles sont les offres raisonnables ? Mystère, mais nul doute que cela s’oriente vers une dictature de l’emploi, où il faudra bosser coûte que coûte, sans prendre en compte les conséquences derrière.

On s’oriente ensuite vers une « modernisation » des espaces agricoles. Pour rappel, OGM et productivismes sont des « modernisations » agricoles…Méfiance donc.

 

B° « Libérer le travail et l’esprit d’entreprise »

 

Ou comment faire de l’œil aux start-up et aux petits entrepreneurs…

Je n’évoquerai pas la suppression du RSI, pour l’instant je n’ai pas les compétences nécessaires pour en juger.

Nouvelle baisse des cotisations sociales envisagées, rien d’étonnant. On poursuit ensuite avec une remise en cause des fondamentaux du travail, puisque un accord majoritaire ou référendum d’entreprise pourra changer l’organisation du travail ou les horaires. Absurde aux vues du partage souhaitable du temps de travail, mais bon, on parle de Macron…Néanmoins, faire figurer sur internet les règlementations est une bonne idée.

Pour clore cette partie, petite citation : « notre pays n’aime pas toujours la réussite ». Ce à quoi je répondrai « notre pays n’aime pas les gains disproportionnés qui résultent de la réussite ou de celle du précédent »

 

C° « inventer un nouveau modèle de croissance »

 

Va –t-il parler d’écologie ? On notera qu’il veut surmonter « le poids des lobbies », ce qui est hypocrite lorsqu’on sait d’où il vient et quelles ont été ses actions…

On y trouve une baisse des impôts sur les sociétés à 25%, ce qui fait de cette mesure une mesure commune avec Jean Luc Mélenchon (pour l’anecdote).

La volonté d’améliorer les logements est appréciable, moi-même je suis favorable à un plan de rénovation ambitieux.

L’introduction du bio et des règles locavores dans les cantines est bien, mais on sent qu’il ne se mouille pas trop, avec 50% des produits sur 5 ans.

Le reste des mesures est un ensemble de propositions vagues sans grand intérêt. L’encouragement presque pathologique à la concurrence viendra conclure cette partie.

 

D° « les mêmes règles pour tous »

 

Le système envisagé pour les retraites est un système de retraite par point, ce qui donne des situations financières instables pour les futurs retraités.

On a ensuite une affirmation de la lutte pour l’égalité homme-femme, rien à redire. On trouve aussi un volet étonnant sur la taxation des groupes d’internet et la lutte contre la fraude fiscale. Venant de sa part, je dois avouer qu’il me surprend. Enfin, la modération des travailleurs détachés est une idée peu originale mais bonne cependant.

 

E° «un état qui protège »

 

La création de 10000 postes de policiers et gendarmes est appréciable ; néanmoins, appelons un chat un chat : la police de sécurité quotidienne, c’est un terme plus ronflant pour police de proximité. Je salut cependant la mesure.

L’interdiction de fréquentation de lieux des délits pour les acteurs de ces derniers est une idée qui se défend ; je suis assez partagé sur la question.

Quelques lieux communs sont à noter ; comme souvent, les candidats demandent des mesures déjà en place (sanctions des incivilités). La modernisation de l’armée est la bienvenue ; la création de 5000 garde-côtes européens sans doute aussi. Néanmoins, je me permets de douter de l’affirmation comme quoi la sécurité serait la première de nos libertés ; surtout venant d’un ministre dont le gouvernement a très mal géré l’équilibre sécurité-liberté…

 

F° « les mêmes chances pour tous nos enfants »

 

L’interdiction des téléphones portables en primaire et sixième (dans les enceintes) est une idée originale (de mon temps, on y pensait même pas en primaire au passage) mais délicate à traiter ; de mon point de vue, lorsqu’il s’agit du collège, c’est à lui de gérer cela.

Les moyens mis en ZEP semblent bien en apparence, mais est-ce vraiment un problème réglable comme cela ; je suis divisé là-dessus.

Le retour de l’enseignement gréco-latin est à souligner avec soulagement.

Il propose une réforme du bac ; c’est son droit ; mais les idées avancées sont selon moi mauvaises car peu efficaces : quatre matières uniquement validées par examen final. Le reste dépendrait donc du niveau du lycée.

De même, l’autonomie accordée aux universités n’est pas une bonne chose, entrainant déséquilibres divers et variés.

La construction de logements pour les jeunes est évoquée, mais pas le financement. Enfin, deux mesures qui partent d’une bonne intention : l’ouverture élargie des bibliothèques et un chèque culture de 500€. En effet, c’est discutable pour l’un vis-à-vis des salariés et pour l’autre vis-à-vis du financement. Il semblerait que la région est plus à même de satisfaire ce genre d’innovations culturelles.

 

G° « fier d’être français, exigence et bienveillance »

 

(Un titre un peu long)

Une mesure que je trouve bienvenue mais qui ne fera pas que des heureux : un enseignement de culture religieuse (à peu près), ce qui se rattache à ce qu’on trouve en Alsace-Moselle. Très bonne idée pour encourager la modération religieuse et la tolérance.

Le démantèlement de certaines associations religieuses est envisagé ; s’il s’agit d’organismes comme le Collectif contre l’Islamophobie ou le PIR, j’y suis très favorable.

Sur les réfugiés, la condition de la maitrise de la langue française est bien, mais ça manque de nuances entre immigrés économiques et réfugiés politiques.

Enfin, la lutte contre la discrimination ne me parait pas efficace ; l’intention y est mais risque d’être sans effet.

 

H° « une Europe protectrice et à la hauteur de nos économies »

 

Venant de la part de quelqu’un plus que favorable au CETA, je me permets de douter…

Sachant que Macron est un européiste convaincu, cette partie est à prendre avec des pincettes. De manière générale, l’idée d’un marché unique revient souvent ; inutile d’y revenir.

Néanmoins, il prône une Europe de la défense, à laquelle je reste opposé tant les circonstances et les attitudes belliqueuses de l’UE demeurent préoccupantes. (Conflit avec la Russie notamment)

Enfin, il propose de donner la parole au peuple, ce qui au regard de ses prises de position, me fait doucement rigoler ; entre autre, favorable à une absence de dialogues pour le CETA. On sent poindre un projet européen dans son programme, que les états membres ne pourront pas « bloquer » comme précisé dans la dernière mesure.

 

I° « faire plus pour ceux qui ont moins »

 

On dénombre tout d’abord de légères hausses pour le minimum vieillesse et l’allocation adulte handicapé. Cela s’accompagne d’une meilleure prise en charge des montures et prothèses à la fin du quinquennat, ce qui manque cruellement de détail pour le coup.

La création d’un service sanitaire part d’une bonne intention, mais je trouve cela superflu.

Un plan d’investissement santé est mentionné, mais sans plus de détails.

 

J° « Rendre la vie plus facile aux français »

 

Ça sent l’ensemble de mesures juste prévues pour faire vendre un programme…

Et on commence fort avec un droit à l’erreur, adoucissant les peines pour des fautes commises au sein de l’entreprise ou dans la vie de tous les jours ; cela pose problème à terme, puisque cela pourrait s’étendre à des domaines plus litigieux…

On saluera la numérisation de l’administration, mais en rappelant que pour beaucoup, le déplacement reste en vigueur comme seul moyen ; d’ailleurs, le contact humain est aussi souhaitable.

Questions normes, la France se calquerait sur l’UE, ce qui laisse la porte ouverte à tout et n’importe quoi.

Les pouvoirs publics dépendraient d’un rapport de qualité basé sur la satisfaction des citoyens, ce qui permettrait là aussi des dérives ; on pourrait imaginer des parents n’éduquant pas leurs enfants se retourner contre l’école lorsque celle-ci refuse de jouer le rôle des parents.

Enfin, la modification de certains jugements va dans le sens d’un « tout-au-numérique » qui pourrait nous jouer un mauvais tour…(Décision rendue en ligne ??)

 

K° « une démocratie rénovée »

 

Fort amusant de le voir parler démocratie lorsqu’il bénéficie autant de la corruption morale des média de masse…Cette hypocrisie se retrouve lorsqu’il veut combattre les conflits d’intérêts, lui qui a favorisé ses amis de la finance pendant ses fonctions élyséennes…

Les objectifs de moralisations sont sinon les bienvenus, évidemment. Le respect de la parité (tout dépend de la manière dont c’est fait) est inscrit, mais il me semble que ce soit déjà le cas en principe.

Mesure à pointer du doigt, la procédure d’urgence deviendrait la norme pour les textes législatifs, ce qui pose problème d’un point de vue démocratique, car diminue la discussion en accélérant le processus.

Enfin, on notera qu’il ne se mouille pas trop sur l’aspect référendaire de la démocratie ; laissant place à quelques suggestions sans grande conviction.

 

L° « les territoires qui font notre France »

 

L’exonération de la taxe d’habitation avait fait parlé d’elle, je préfère prévenir que c’est une mesure « populiste » (si on se base sur l’usage de ce mot dans les média), destinée à attirer des électeurs, mais qu’elle est inconsciente et dénuée de solution financière du point de vue des communes.

La fibre sur tout le territoire, pourquoi pas, si les financements le permettent évidemment.

La réduction du mille-feuille administratif, par contre, me pose problème comme toujours.

Le programme entretient le flou au niveau politique de transport, je préfère donc prévenir que la SNCF sera peut-être privatisée au cours de ce mandat, et qu’il y sera évidemment favorable. (Déduction personnelle)

Le plan de transition agricole est aussi peu développée, présentant des idées générales qui peuvent tout aussi bien favoriser l’agriculture productiviste que bio…

Enfin, un paragraphe sur l’Outre-mer clôt cette partie, mais sans grande mesure concrète à mes yeux.

 

M° Ajout aux regards des détails donnés

 

Etant donné le manque de détails sur certaines mesures, je parlerai ici de ce qui est envisagé mais non disponible sur la plaquette :

 

120000 postes de fonctionnaires seront supprimés, essentiellement fonctionnaires d’état et territoriaux ; peu précis donc mais rien de surprenant. (Et je n’y suis pas favorable)

 

L’ISF ne touchera plus les actions et autres titres, et la création d’un autre impôt pour pallier à ce manque à gagner ne me dit rien qui vaille ; visiblement, la politique fiscale ne sera pas assez en défaveur de ce genre de spéculations…

 

3° Conclusion

 

Un programme dense, mais paradoxalement pas assez précis. Plus que jamais les positions et antécédents d’un candidat auront été nécessaires pour comprendre la ligne directrice du programme.

Avant tout chose, on pourra noter un pan culturel assez étonnant de la part d’un néolibéral, et il en est de même pour la partie écologie, qui demeure cependant peu ambitieuse.

En général, la plupart des mesures annoncées sont prévues pour plaire avant d’être exécutées comme l’exonération de taxe d’habitation. On notera aussi que le chiffrement reste vague, ce qui est assez « gonflé » si je puis dire, lorsque l’on attend autant de temps avant de sortir son programme.

Enfin, l’état se trouve parfois mis à l’écart, rien d’étonnant, et les conséquences financières de certaines idées sont éclipsées (baisse des cotisations, …) Si tous les sujets ont été traités, on remarquera que le domaine de l’entreprise ressort essentiellement du programme ; encore une fois rien d’étrange ici. Mais cela conduit toujours aux mêmes conclusions : moins d’état, plus d’initiatives personnelles, ce qui a mes yeux diminue la cohérence et l’unité de la république. Avant de passer au tableau, je déplorerai aussi la faiblesse des réformes institutionnelles, hormis les habituelles diminutions d’élus et la soi-disant lutte en faveur de l’honnêteté des élus.

 

 

Penser l’Europe

2,5/5

Réorganiser le travail et l’emploi

2,5/5

Une sécurité assurée

3/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

2,5/5

Une réforme culturelle ambitieuse

3/5

Penser le défi écologique

3/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

0/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

2,5/5

Penser les relations internationales

2/5

Niveau d’absence de danger pour la France

4/5

 

Total : 25/ 50

 

Pour conclure, on pourra constater plusieurs points à retenir du programme d’Emmanuel Macron : Si le volet économique semble plus « soft » qu’il ne promettait de l’être, il ne faut pas oublier que monsieur Macron est l’un des investigateurs des lois Macron et El-Khomri. Il ne faut pas oublier non plus que les exigences européennes sont tout à fait satisfaites dans ce programme, ce qui en plus d’être inquiétant pour notre souveraineté, laisse entendre qu’il y a des objectifs officieux derrière chaque mesure. On pourra aussi rappeler qu’il est très favorable au CETA et aux privatisations nombreuses. (Cars Macron, …) Bref, rien d’étonnant de manière générale, et une belle démonstration de social-néolibéralisme, qui ne me pousse pas  à voter pour lui, que ce soit au premier ou au second tour.

 

 

 

 

 

Avis d’actualité : #2, Parti socialiste ou parti sénile ?

 

Dès les premiers mois du mandat de François Hollande, on savait que le Parti socialiste, déjà bien malade avec sa conversion au social-libéralisme, allait subir de grands changements. 

Aujourd’hui, il est au bord de l’implosion, car la voiture veut aller à droite, mais le chauffeur à gauche…

 

Un mépris de la réalité

Je n’étais pas encore né que Mitterrand trahissait déjà l’idéal de gauche en passant au néolibéralisme, avec notamment une vague de privatisation fort déplorable. Certains diront que le libéralisme a toujours été de gauche, mais si c’est encore le cas pour le libéralisme sociétal (parfois presque libertarisme) le libéralisme économique n’a selon moi jamais concerné ce qui pourrait s’apparenter à une idéologie de gauche. J’y reviendrais dans mon analyse actualisée de l’échiquier politique.

Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, beaucoup espéraient qu’il y ait enfin une politique de gauche, une vraie. Hélas, c’était sans compter la faiblesse du premier gouvernement, qui laissa vite place aux gouvernements Valls, incarnant la gauche « moderne » dans toute sa splendeur. Au sein de l’exécutif et dans le parlement, seuls les frondeurs au PS tentaient mollement de faire revenir une vraie pensée de gauche au sein de ce parti censé être l’un des deux majeurs du pays.

Opérant ainsi un fantastique revirement politique, le PS, désormais explicitement rattaché à l’oligarchie pour ceux qui en doutaient avant, met en œuvre une politique économique sans originalité, guidée par l’UE et la pensée néolibérale. Mais le peuple français, du moins ceux dont le cœur penche réellement à gauche, ne veut pas de cette politique. Peu importes, l’aile Valls du PS continue.

Nous voici désormais aux primaires du Parti socialiste. Convaincus que leur pensée social-libéral séduit, le parti fait tout pour que Hollande, puis Valls, l’emporte ; ou du moins, considèrent que la victoire est déjà là pour eux. Ecartant au préalable quelques candidats (Faudot, Filoche, …) et intégrant l’ovni Benhamias pour discréditer tous les candidats peu connus, les voici sûr d’eux et impatient d’affronter Marine le Pen au second tour de la présidentielle. Hors, Hamon sort finalement vainqueur. Représentant l’aile gauche du PS (voir partie II) est donc candidat à la présidentielle ; le PS semble retrouver ses lettres de noblesse.

Comme les règles de la primaire l’indiquaient, les autres candidats devaient se mettre derrière celui qui aurait été choisi.  Cela valait pour Hamon, Montebourg, mais aussi Valls et De Rugy.

 

Et pourtant, De Rugy rejoint Macron, sacrifiant son honneur politique pour prouver qu’il n’avait pas compris ce qu’était la gauche. Et voilà qu’une partie du PS se met à critiquer benoit Hamon. Est-ce ainsi que l’on soutient son candidat ? Jean-Marie Le Guen déplorait ainsi la manifestation d’une gauche « radicalisée » quand Valls critiquait l’attitude « écolo-gauchiste » de Benoit Hamon, regrettant que ses actions à lui aient été oubliées. Bref, l’aile droite du PS n’a rien compris à la gauche, et persiste dans sa bulle, persuadés que seul le pseudo socialisme –réformisme pourra incarner la gauche et mener le pays.

 

Une négation de la reconfiguration du paysage politique

La frange Valls du parti socialiste ne comprend donc pas ce qu’est la gauche, mais les frondeurs du Ps, eux, ne comprennent pas qu’il serait temps de quitter un bateau depuis trop longtemps à la dérive.

Ce problème de compréhension s’est posé dès l’usage du 49.3 par un gouvernement en perte de vitesse. Une motion de censure aurait pu tout faire basculer, entrainant la fin du mandat en plein chaos politique. Mais les frondeurs du PS n’en ont pas voulu, préférant avouer leur impuissance. Il faut dire qu’à ce moment, Bruno le Roux exhortait tous les députés de rentrer dans le rang sous peine d’exclusion.

La seconde erreur d’appréciation eu lieu pendant la primaire PS. En effet, quand on réfléchit bien, cette primaire ne pouvait être vouée qu’à l’échec : comment voulez-vous rassembler deux politiques opposées en une élection, au prétexte qu’une illusoire cohésion naitrait derrière un unique leader ? A ce moment, puisque la partie droitière du Ps était persuadée de représenter le PS dans son intégralité, les frondeurs auraient dû déjà réfléchir à une alliance de la vraie gauche ; mais j’y reviens.

Le troisième évènement décisif pour les socialistes qui tentaient de ramener le PS à gauche aura été le CETA. Tous ont voté contre, mais le Parti socialiste entier s’est abstenu quant à la tenue d’un référendum, au prétexte que c’était un compromis satisfaisant pour l’entièreté du parti. Là encore, on assiste à un aveu d’impuissance ; devant composer avec tout et son contraire, les voilà à choisir l’inefficacité et la paralysie.

 

Ce qui nous amène à aujourd’hui. Un débat s’est élevé, sans doute au détriment des idées de fond, pour savoir qui pourrait représenter la gauche aux élections. Une question que l’on pourrait se poser si nos deux principaux candidats de gauche n’étaient pas Mélenchon et Hamon. Je ne compte pas m’éterniser dessus, mais pour faire simple, l’un a un programme longuement réfléchi depuis un an, l’autre est une personnalité désignée pour représenter un parti, disposant d’un programme récent, tronqué après la primaire, et fortement inspiré de celui de Mélenchon (mon côté méfiant me pousserait à suivre l’avis de N. Polony, qui considère qu’Hamon n’est là que pour porter préjudice à la France Insoumise).

Lorsque l’on regarde ses informations, on peut en conclure que la logique mettrait Jean Luc Mélenchon en avant, fort de sa campagne dense et efficace (regard subjectif évidemment). Néanmoins, d’autres estiment que la Primaire, qui rappelons-le n’est pas représentative de quoique ce soit, confère à Benoit Hamon le droit de présenter seul un projet pour la gauche.

Une question aurait dû se poser depuis bien longtemps : Pourquoi la frange gauche du PS ne rejoint-elle pas la France Insoumise ?  

 

Assumer ses convictions

Au sein d’un parti, il est possible qu’il y ait des différends. C’est même une évidence. Mais lorsque ces différents sont importants au point qu’un des camps basculent dans l’opposition, il est temps de se demander si le parti ne devrait pas scinder en deux.

Lorsque Jean Pierre Chevènement, déçu du Mitterrandisme, décida de quitter le PS pour former le MRC, une bonne décision fut prise ce jour-là. Lorsque la ligne économique est variée au point où l’on se demande si le parti est de gauche ou de droite, il semble évident qu’un schisme doit arriver. Alors pourquoi Hamon n’a-t-il pas le courage d’assumer ses positions ? Puisque le Parti socialiste semble décider à rester dans cette frange droitière de la gauche (ce qui est un bel oxymore au passage), aux vrais socialistes de rejoindre la France Insoumise, et à EELV de faire de même d’ailleurs.

En effet, si la question de l’Europe pose problème entre les deux candidats, ils sont à peu près d’accord sur le reste. Et la question européenne sera de toute manière traitée par référendum, donc hors du mouvement.

Les moins « radicaux » (j’aurai tendance à appeler ça les plus indécis) pourraient s’y retrouver de toute manière, puisque les idées de fond sont partagées. Et dans un monde où la France se fait marcher sur les pieds, il faut de toute manière beaucoup d’obstination et de persévérance, donc la question d’une gauche radicale ou pas ne se pose pas.

 

Aujourd’hui, l’échiquier politique se renouvelle, et les vieux partis n’y survivront sans doute pas. La restructuration de l’espace politique sonne pourtant comme une évidence pour moi, que j’aborderai largement dans ma nouvelle perception de l’échiquier politique :

  • La frange droite du PS, Valls et autres apparatchiks, n’ont qu’à rejoindre Macron, qui de toute manière incarne assez bien la ligne social-libéral du PS actuel.
  • La frange gauche du PS rejoint la France Insoumise, en même temps qu’EELV.

On arriverait ainsi à une représentation honnête, avec une division du Ps entre gauche et centre-droit.

 

Bref, je ne suis pas du genre à m’attacher à des partis, préférant garder une certaine indépendance. Mais si ceux-ci doivent exister, il serait bon d’éviter une situation comme actuellement, où certains tentent de réanimer le cadavre du PS qui a fait son temps. Il serait donc temps de passer à autre chose. Le roi est mort, vive le roi ! disait-on à l’époque. Il paraitrait que la cinquième république est un régime à tendance monarchiste, peut-être que l’adage pourrait aussi y trouver sens de nos jours…

Et ça continue encore et encore...

 

« Le changement c’est maintenant. » annonçait un jour un futur candidat à la présidentielle. Malheureusement, ce candidat disparut sans crier gare la veille de la prise de pouvoir.

A-t-on vu le changement ? Oui, écrit sur des bouts de papier. Et après cinq ans de dérives, où sommes-nous ? visiblement, le simple fait d’avoir évoqué le changement semble avoir entrainé une persistance dans l’erreur et la continuité dans l’incapacité politique. Ça continue encore et encore chantait Cabrel. Si seulement il avait pu se tromper ce jour-là.

 

Depuis les guerres mondiales, la propagande s’imposa peu à peu comme une arme cynique et lâche ; Aussi en tant de paix serions-nous en position de s’y opposer. Pourtant, les média continuent leur course à la malhonnêteté. On sort des phrases du contexte, on y développe des thèses soi-disant communément admises, et on fait la part belle au mépris en oubliant toute règle déontologique et toute diversité politique. Et derrière, un système qui en profite ; après tout, il faut que les gens soient endormis pour que la petite souris vienne chercher son butin.

On parle de libertés journalistiques, au même titre que l’ORTF était indépendante pendant ses belles années. Les média n’ont-ils pas retenu les leçons du passé ?

 

Toujours dans la partie médiatique, comment ne pas oublier nos amis les sondages ? Omniprésents depuis des années, ils en deviennent insupportables, essentiellement sur la manière dont ils sont tournés. Faire un sondage, je le sais, est quelque chose d’ardue. Mais visiblement, jouer avec les résultats ou influencer l’opinion publique est chose plus aisée.

Guidant les gens vers le bipartisme (ou tripartisme), les sondages restent une arme efficace pour vider le choix politique de tout son souffle démocratique. On joue les devins pour le deuxième tour en préparant les citoyens au vote utile, et on continue comme si de rien n’était.

Pourtant, les sondages ne brillent pas par leur fiabilité ; à moins qu’ils ne proviennent d’une dimension où Hillary Clinton est présidente des USA et où Nicolas Sarkozy et Manuel Valls se disputent le second tour de la présidentielle française. Peu fiables, manipulés, et pourtant référence politique et thermomètre pour le printemps à venir. Nombreux sont pourtant ceux qui souhaitaient la fin des sondages à l’approche des élections, comme avait pu le laisser entendre monsieur Alexandre Astier il y a quelques années.

 

Si on choisit de rester dans le domaine des élections présidentielles, on pourra trouver d’autres exemples à ces trous de mémoire politiques. Ainsi, la dictature de l’image fait son bout de chemin, dissimulant (avec beaucoup de difficultés) le vide qu’elle est censée remplacer. Emmanuel Macron, toujours autant populaire si on en croit ces sondages, devient ainsi le favori qu’était Juppé il y a quelques mois. Ses positions ? Aussi floues que possible, sauf pour le CETA où il s’est dit pour. Il aura enfin été honnête.

La popularité de Macron n’est pas qu’une légende hélas. Il faut dire qu’il fait vendre avec sa jeunesse et son discours d’apparence hors-parti. Mais pas avec son programme, puisqu’il n’en a point pour l’instant. Une seule certitude pour moi, difficile d’y voir un futur président capable de défendre les intérêts de la nation. Mais depuis tant de décennies de roublardises, comment des gens peuvent encore se faire abuser par les discours lissés et les apparences trompeuses ?

 

Parallèlement, les problèmes de vanité d’Emmanuel Macron trouvent écho chez la cécité des principaux leaders de gauche, si tenté qu’EELV soit considéré comme tel malgré sa transparence malheureuse.

Après les résultats de la primaire du Parti socialiste, remportée par un cadre du Ps plus qu’influencé par Jean-Luc Mélenchon (du moins c’est ce qu’il laisse transparaitre), une alliance entre partis dit de gauche (on effectuera au préalable une ablation de l’hémisphère droit du Parti socialiste) est envisagée.  Yannick Jadot, Benoit Hamon et Mélenchon seraient en effet capable de mobiliser un électorat assez important pour accéder au second tour. Mais qui pour représenter le mouvement ? A cette question, chacun se désigne ; en cela rien de surprenant. Mais la seule différence, c’est que le programme de la France insoumise est prêt depuis bien trop longtemps pour qu’il dût s’écarter devant monsieur Hamon. Bref, voilà que des bêtes querelles et la faiblesse des frondeurs du Ps deviennent un poids mort pour la gauche toute entière. Pour une fois que plusieurs forces politiques ont un programme similaire, elles devraient s’allier au lieu de jouer les aveugles ; mais la seule chose que l’on voit, c’est un remake de 2002 au second tour ; un remake auquel je refuse d’assister et de prendre part. Si au second tour, je pourrai voter Hamon à défaut de Mélenchon, je refuserai cependant de laisser la place à l’opportuniste Macron, à l’hypocrite Le Pen ou au profiteur Fillon. Et il en sera de même pour beaucoup de français. Encore une fois, les choses se répètent, comme si au même titre que l’économie, la politique connaissait une progression en cycle. Un cycle qui se rapproche de plus en plus d’un cercle vicieux.

 

Enfin, pour clore cet état des lieux en ce qui concernent la répétition des bêtises politiques, j’aimerai rappeler un fait : l’extrême-droite, qui semble beaucoup plus préoccuper les politiciens que la situation économique de la France, n’est pas une fatalité. C’est un avertissement. Un avertissement que nous sommes incapables d’écouter.

Hillary Clinton, en bon fantôme du social-libéralisme rétrograde, pensait bien faire en écartant l’honnête Bernie Sanders. La colère antisystème grandissante a poussé beaucoup de monde vers Trump, qui comme l’extrême droite en général, représente toujours à tort l’antisystème. Si Sanders avait été à la place de Clinton, les USA auraient un président beaucoup plus gérable actuellement.

En France, on se dirige vers la même situation et on ne s’en inquiète même pas. Il semble possible en effet que Macron se présente devant Marine le Pen au second tour, puisque la caste du système fait tout pour préparer le terrain, quitte à occulter ses liens douteux avec la finance. Et Macron face à Le Pen, c’est un risque que beaucoup n’aimeraient pas avoir à prendre. Dans ce cas précis, la chute du jeune premier semble tout à fait envisageable. Et comme pour Trump, on râlera pendant trois mois sur la « démocratie », on fera tout pour faire annuler l’élection, et on jettera à nouveau les raisons de la montée du Fn aux oubliettes. Et c’est reparti pour un tour. (Je ferais sans doute une courte uchronie sur la potentielle victoire de Marine Le Pen) 

 

De même, toujours dans le rapport entre bêtise et montée de l’extrême droite, on pourra toucher deux mots de la ratification du CETA par le parlement européen, au mépris de toute règle démocratique, si tenté que l’UE considère encore qu’elle dût en appliquer un jour. Cet accord a une portée provisoire, ce qui entraine son application peu importe l’avis des pays concernés, et ce jusqu’à la décision de chacun. Peut-être qu’un référendum aura lieu, ou peut-être que le parlement devra se prononcer sur sa ratification par la France. Mais les citoyens, majoritairement opposés à cela, n’auront sans doute pas leur mot à dire.

Et on arrive toujours au même problème : le mépris envers le peuple entraine toujours la haine à l’égard de certaines élites, une haine instrumentalisée par l’extrême droite, qui la généralise au point de créer des électeurs repliés sur eux-mêmes. Si  le peuple était plus écouté lorsqu’il en va de son intérêt, peut-être que l’on sortira enfin de ce cercle vicieux, qui consiste à persister dans le même système et dans la même façon de penser pour faire face à l’extrême droite qui n’a pas grand-chose à envier à ce système qu’elle prétend combattre.

 

 

Comme le dit la citation latine, l’erreur est humaine, mais la persévérance est diabolique. Si par persévérance, on entend ici persévérance dans l’erreur, alors je crois que notre oligarchie revêt un caractère démoniaque par moment. Elle prend plaisir à toujours suivre le même chemin, droit dans ses bottes, quand bien même la remise en cause de son fonctionnement est assez importante pour se dire que, peut-être, « il serait temps de changer ». L’Histoire se répète, c’est d’ailleurs pour cela aussi que son enseignement est essentiel, mais visiblement, beaucoup ont oublié cet aspect-là. Encore une fois, les dangers tels que le terrorisme ou la montée d’une extrême droite que l’on pourra assimiler à une coquille vide mais épineuse sont symptomatiques des dérives de l’oligarchie, mais cette dernière ne voit rien venir, ou laisse l’eau couler sous les ponts pour se bâtir toujours plus forte sur le malheur d’autrui.

 

Le changement fait peur. Il devrait au contraire apporter l’espoir.

Mensonges politiciens et vocabulaire pernicieux, la malhonnêteté dans toute sa splendeur

Afin de rajouter ma pierre à l’édifice de la critique des mensonges en politique, débutée par Marianne la semaine passée, j’ai souhaité dresser un état des lieux de la malhonnêteté chez nous et ailleurs.

Je serai bien naïf de présenter la malhonnêteté comme un mal exclusif au 21ème siècle. Celle-ci semble être indissociable de l’être humain, que ce soit par l’usage d’arguments fallacieux justifiant des condamnations à mort ou par une réappropriation de faits historiques arrangé pour expliquer tel acte. Mais si à travers la corruption et le trafic d’influence, cette malhonnêteté semble évidente, il est bon de rappeler aussi le pouvoir des mots, qui contribue grandement aux manipulations du système, et tout autant dénué d’honnêteté.

 

Récemment, le trucage des primaires de la belle alliance a démontré qu’aucun parti n’était à l’abri de la triche électorale. Pour rappel, le Conseil Constitutionnel avait fermé les yeux sur certains aspects de la campagne présidentielle de 1995 qui témoignaient d’un financement fort litigieux pour monsieur Balladur. La campagne d’un certain Nicolas S. en 2007 avait bénéficié de son côté de financements libyens comme ont pu le confirmer des responsables libyens. A vous de le rattacher à la campagne française en Libye si cela vous chante…

Du côté de l’UMP toujours, on pourra rappeler les nombreuses casseroles des Balkany, qui malgré la présomption d’innocence, sont à mes yeux un exemple flagrant de malhonnêteté.

On pourrait ensuite penser que la gauche, ou du moins les partis qui s’en réclament, sont plutôt épargnés par ces tracas. Même si cela pourrait s’expliquer par leur absence courante des sphères du pouvoir, nul doute qu’en creusant un peu, on trouvera de quoi remplir des articles entiers. La désastreuse gestion de cette désastreuse primaire le démontre aujourd’hui, avec une volonté de mentir sur les chiffres pour conforter l’opinion avec un apparent succès pour cette primaire, ce qui est évidemment faux. Si la volonté d’exclure Manuel Valls est bien là, on se rapproche plus d’un petit million de participants qu’autre chose.

 

Dans un milieu un peu moins politisé mais tout autant corrompu, le monde de la finance et des grandes entreprises aurait bien du mal à montrer patte blanche. L’affaire Tapie, qui défrayera la chronique jusqu’à survivre à ses protagonistes sans que l’on en trouve le fin mot, nous montre bien que malgré l’action de la justice, force est de constater que certains bénéficient d’une impunité que d’autres convoitent à juste titre. Alors qu’un citoyen accueille des réfugiés et se voit lourdement sanctionné, une citoyenne est reconnue coupable de négligence, et on s’arrêtera là, parce qu’il n’y aura pas plus de conséquences. Une négligence avec cinq zéros certes, mais lorsque l’on travaille dans un des organismes les moins aptes à représenter la grandeur humaine, il est bien dur de se voir sanctionné justement.

Je pourrai aussi m’étendre longuement sur l’évasion fiscale de grandes entreprises, qui réalisent des bénéfices faramineux dans des paradis fiscaux mais de grandes pertes en France. On voit ici que « l’assistanat » qui concerne « bon nombre » de nos chômeurs fait pâle figure à côté de cette lâcheté financière à grande échelle.

 

Enfin, il est intéressant de démontrer qu’il ne suffit pas de plaider la transparence pour être honnête. Si monsieur Fillon n’avait pas eu de cesse de rappeler sa probité contrairement à d’autres, peut-être que cette tradition des emplois fictifs ne lui serait pas tombé dessus avec autant de violence. Il continue de clamer son innocence, certes, mais avec des propos incohérents qui ne laissent aucun doute à ce sujet.

Néanmoins, je suis étonné que l’autre chevalier (faussement) blanc de la politique, à savoir le Front National, ait échappé à l’opprobre populaire quant à son actualité financière. Pour rappel, ils doivent actuellement une somme importante au Parlement européen, pour des fraudes qui semblaient pourtant inconnues de ce parti si exemplaire…  

Dernier exemple, et pas des moindres, monsieur Macron, s’il semble éloigné de ce système de corruption, demeure entouré de soupçons importants quant au financement de sa campagne (sachant que ses soutiens sont souvent de généreux millionnaires, cela n’a rien de surprenant)

 

En guise d’introduction pour le vocabulaire mensonger, je pense qu’un rappel du mensonge le plus dangereux de la Vème république est ici nécessaire.

Ce mensonge, c’est la justification du mépris des promesses électorales. Monsieur Hollande, qui ne doit sa place que grâce à la maladresse de monsieur Strauss-Kahn, avait un programme à l’origine. Difficile de s’en rappeler. Il voulait lutter contre la finance il me semble. Il était de gauche il me semble aussi…Bref, voilà de biens gros mensonges, qui pourtant sont justifiés par la raison suivante : il n’y avait pas d’autres choix ! Une fois au pouvoir, la « réalité » des choses s’imposerait, et tout programme « irréaliste » (comprenez ici non-conventionnels et souvent de gauche) doit s’effacer pour laisser place à l’efficacité de notre bon vieux système néolibéral.

C’est une malhonnêteté gorgée de mépris. Reflet du « TINA » de la catastrophe britannique Thatcher, ce mode de pensée est dangereux. Il légitime à terme la fin de toute démocratie ; à quoi bon voter puisqu’un seul programme est « applicable » ? L’oligarchie dans toute sa splendeur.

 

Ainsi, les mots ont un pouvoir, et dans notre cas, un pouvoir de nuisance.

Dans un futur peut être proche, j’envisage d’écrire un dictionnaire pour décrypter le langage oligarchique ; considérer ceci comme un préambule.

L’usage de termes tels que « réalisme », « utopie » et autres renvoie souvent à un sentiment d’efficacité politique. Mais dans ce cas précis, le réalisme témoigne d’œillères facilement repérables. Un programme est qualifié d’utopique s’il a le malheur d’apporter l’espoir et une vision ambitieuse pour notre futur, souvent à long terme. Mais en quoi un programme efficace sur le plan strictement financier à court terme, peut-il se targuer d’être réaliste ? Il n’englobe qu’une partie de la réalité, un aspect mécanique et dénué d’humanité. Parler de réalisme est un mensonge. Et évoquer l’utopie en tant que programme méprisable l’est tout autant.

 

Un autre élément de langage mériterait que l’on s’y attarde, c’est le qualificatif d’extrême gauche. Aux yeux de la pensée générale, l’extrême gauche renvoie au chaos, à la révolution violente et à l’anarchie. On pense au communisme, soi-disant auteur de millions de mort (il faudrait parler de Stalinisme, non pas de communisme) à Chavez, Cuba (où les pauvres ont un toit, une éducation et l’accès à la santé) mais rien de bien positif. Parmi ces clichés, certains sont proches de la réalité ; le NPA, allié provisoire du communautarisme et du PIR, provoquerait ainsi par sa naïveté un morcellement de la république. Mais de manière générale, le terme « extrême-gauche » est simplement le synonyme de désastre, quand celui de gauche renvoi uniquement  à l’absence de réalisme. Il fut un temps, mais cela se trouve légèrement réduit, Jean-Luc Mélenchon était perçu comme un extrémiste de gauche. Lorsque l’on compare son programme avec d’autres à gauche, on se rend pourtant vite compte que ce n’est pas le cas. Inversement, on associe automatiquement Manuel Valls à gauche, alors que le PS gouvernemental n’avait de gauche que son attachement au mariage pour tous (belle excuse par la suite). Macron se retrouve aussi dans ce cas. (J’y reviendrai). On associe donc le désastre de ce quinquennat à toute la gauche, ce qui décrédibilise pas mal de partis. Telle une malédiction, les partis de gauche se retrouvent ainsi poursuivis par un bilan qu’ils n’ont pas souhaité.

 

L’exception Macron introduit de son côté l’usage dévoyé du champ lexical de la modernité. « Progressisme », « gauche moderne », tout est prétexte pour glorifier le néolibéralisme qui s’ancrerait dans notre siècle. Puisque la droite ne fait plus vendre, autant essayer de vendre une branche dissidente de la gauche, qui ne vivrait plus dans le passé. Les idées de programme social et de loisirs sont fondues dans un mélange de politiques pseudo-vieillissantes, qui devrait rester au 20ème siècle. Ne compte désormais plus que la déstructuration et l’individualisation de la société, qui sont pourtant des idées remontant au moyen-âge. Cette « modernisation » passe aussi par la réduction de la part démocratique de l’oligarchie (Cf. loi Urvoas), ce qui associé au TINA semble en dire long sur les intentions de l’oligarchie : la démocratie est une idée d’un autre temps.

 

Enfin, dernier point sur le mauvais usage des termes, le vocabulaire journalistique. Deux exemples ici, concernant chacun un des dirigeants les plus controversés actuellement.

En Russie, une loi, portée par un député femme (cela a son importance) et s’inscrivant dans la tradition conservatrice de la société russe, dépénaliserait les violences domestiques. Traduction telle qu’elle est perçue par la société : la Russie (et donc Poutine, ne soyons pas naïf) autorise les violences domestiques.

Pourtant, si on creuse un peu, on se rend compte que la loi sanctionne uniquement moins sévèrement les parents auteurs de violence au sein de leur foyer. Les précédentes lois, plus sévères qu’en France il me semble, ont donc été « adoucies ». Il est évident que cette loi témoigne d’idées conservatrices, mais moins qu’elles n’y paraissent.

Autre pays, autre cas, les actions de monsieur Trump. Je vais rapidement passé sur les manifestations contre des résultats démocratiques (qui n’ont rien de légitime). Cet homme, que l’on peut aisément critiquer sur de nombreux aspects, fait l’objet de la plus grande campagne de « bashing » qui m’ait été donné de voir, loin devant celle qui visait François Hollande à son investiture. Je trouve cela exécrable, car si un homme politique peut être critiqué pour ses idées, il n’est pas question pour autant de contester son élection si elle a lieu dans les règles. Bref. A la surprise générale, il début l’application de ses promesses, ce qui surprend évidemment bon nombre de gens dans le monde, la classe politique n’adoptant que rarement ce comportement. Et c’est là que l’usage des termes devient mensonger. Il suspend l’aide financière à l’IVG, le voilà accusé de supprimer le droit à l’IVG. (Ce décret ne demeure pas moins honteux, certes). Plus récemment, il interdit l’accès au territoire américain aux musulmans de pays en lien avec le terrorisme (excepté l’Arabie Saoudite étrangement), et cela se transforme rapidement en « Trump interdit l’accès aux USA aux musulmans » ce qui ne signifie pas la même chose. La mesure ici citée, si elle demeure absurde et méprisable, suit néanmoins une certaine logique, illustrant un raccourci communément fait par un grand nombre de gens. Mais un musulman d’Europe devrait, pour l’instant, pouvoir entrer aux USA.

Il s’agit là d’une relecture de l’information par les média, qui à travers le prisme de la subjectivité, répandent une actualité déformée et donc malhonnête.

 

Lorsque l’on évoque le manque d’honnêteté actuellement, la classe politique est la première concernée, marquée par tellement d’affaires de corruption et de magouilles financières que l’on pourrait trouver la malhonnêteté comme composante de son ADN. Les grandes entreprises ne sont pas en reste non plus, et je n’ai pas abordé ici le Lobbying des grandes industries, auquel s’ajoute souvent la corruption de politiques européens (Exemple, messieurs Barroso ou Juncker). Enfin, à travers les média et le commentaire politique (Monsieur Fillon classant ainsi à tort le Front National à gauche), l’oligarchie répand un mauvais usage des termes pour satisfaire ses ambitions, quitte à se mentir à soi-même. La dernière mode à cet effet, c’est de se déclarer antisystème. Manuel Valls serai antisystème, Macron de même, même Marine le Pen. Ce serait amusant à constater, si seulement personne ne tombait dans le panneau. Mais les pouvoirs de persuasion sont tels qu’une manipulation est vite arrivée.

Les mots ont leur importance, les actes aussi. A l’approche d’une présidentielle qui s’annonce aussi catastrophique que celle des USA, il est plus qu’urgent d’insister sur ces aspects de la politique.

 

 

Complotistes absolus et gauche anti-complotisme, les idiots utiles de l’oligarchie

 

Il y a environ un an, je publiais un de mes premiers articles, traitant des erreurs comportementales vis-à-vis du complotisme, que ce soit ceux qui en voient partout ou ceux qui en voient nulle part.

Aujourd’hui, ma position reste inchangée, mais j’ai plus de vécu pour en parler, aussi je me permets de mettre à jour cet article, renommé à l’occasion.

 

Le trio gagnant du complotisme, trois boucs émissaires

 

Histoire d’être bien au point sur le terme, ce que moi j’appelle complotiste est une définition bien précise. Ce n’est pas seulement quelqu’un qui voit des complots ci et là, à la limite, il fait et pense ce qu’il veut ; non, un complotiste pour moi rajoute une dimension arrogante à ses propos, en se positionnant comme détenteur de l’unique vérité et considérant les autres comme des moutons. Or, s’il est possible qu’il ait raison sur certains sujets (j’y reviendrai), force est de constater que cette méthode est contre-productive, et qu’il convient de qualifier les autres de naïfs qu’une fois leur entêtement avéré. (Sur des sujets qui valent le coup d’être débattus).

 

J’ai personnellement identifié trois figures associées de manière récurrente aux potentiels complots. Tout d’abord, Les francs-maçons.

Je ne cache pas ma passion pour l’ésotérisme. Parler de francs-maçons m’a toujours tenu à cœur. Pour rappel, il s’agit d’une organisation secrète (dans le sens où ses actes ne sont pas publics) œuvrant pour le développement et le progrès de l’humanité. S’il s’agit réellement de ces objectifs de vie, le danger n’est pas de ce côté. Pourtant, nombreux ont été les gens à se lancer dans une chasse aux sorcières, tels les nazis et les vichystes pendant la seconde guerre mondiale, pour en finir avec le grand complot des loges. Associés à tort à un laïcisme acharné, à la limite de l’anticléricalisme, ils sont pointés du doigt dès qu’il s’agit de parler politique, et cela me désole. L’exemple le plus frappant reste Jean-Luc Mélenchon. Difficile d’ignorer le soutien que je lui apporte, un soutien cependant modéré et qui ne doit pas vous empêcher de vous renseigner par vous-même. Bref, beaucoup de ses détracteurs trouvent comme défaut à JLM son appartenance à une loge maçonnique. Cela est purement risible pour deux raisons ; il n’a jamais été très impliqué dans la Franc-maçonnerie, et son appartenance ne conditionne que faiblement son programme politique.

En effet, nombreux sont les hommes politiques à être franc-maçon, comme une bonne moitié du gouvernement Valls (lui le premier, et bien plus assidu que monsieur Mélenchon) ou encore Gilbert Collard. On constate ainsi une diversité d’opinions politiques, qui pourtant convergeraient toutes vers les loges maçonniques d’Orient et d’Occident ? Cela nous amène à deux conclusions : ou la défense d’idéologies différentes n’est qu’une façade, ou l’influence de la franc-maçonnerie est à relativiser. De mon point de vue, c’est clairement du côté de la seconde option que je me pencherai. En effet, je vois la franc-maçonnerie comme un simple club de lecture : trois hommes, qu’on nommera George, Benjamin et Wolfgang, sont des amateurs de lecture. Par des contacts, ils sont amenés à rejoindre un club de lecture. Pourtant, George préfère la lecture politique alors que Benjamin est plus porté sur les sciences, et Wolfgang la musique. Un jour, une bibliothèque prestigieuse propose trois places pour s’inscrire. Le club suggèrera alors George, Benjamin et Wolfgang. En dehors de l’apparent pistonnage, qui se pratique en effet par la franc-maçonnerie dans une moindre mesure, ce que démontre cet exemple reste surtout qu’un intérêt commun entre plusieurs personnes ne peut pas pour autant témoigner d’une convergence d’opinions. La place qu’occupe la franc-maçonnerie, essentiellement la loge du Grand Orient de France, dans la vie politique française, se cantonne selon moi à du pistonnage comme on en voit partout, et à une logique simple à comprendre : puisque les objectifs premiers de la franc-maçonnerie relèvent du futur de l’humanité, il est normal que leurs membres soient amenés à faire de la politique (et inversement). Après, si l’on se base sur les agissements de francs-maçons comme Manuel Valls, on peut constater que certains ont largement dévoyé les objectifs qui devaient être les leurs.

 

Les seconds choux gras des complotistes sont sans doute les sionistes. Par ce terme à l’utilisation volontairement floue sont désignés les partisans de la création d’un état d’Israël, et plus particulièrement du lobby sioniste, qui manipulerait les états pour que leur Terre promise leur soit enfin acquise.

La question israélienne est délicate. Ici aussi, plusieurs avis sur la question sont courants, et pour ma part, si les israéliens ont droit à un état, les palestiniens aussi, et de manière beaucoup plus légitime. Depuis la restructuration du Moyen-Orient par les britanniques et les occidentaux en général, c’est un bazar complet que cette zone du monde, et l’Etat d’Israël, parasité par des extrémistes religieux ou politiques (le Likoud et cette calamité diplomatique qu’est Benjamin Netanyahou) se met souvent tout le monde à dos (et lorsqu’il s’agit d’une énième expansion en Jordanie, la critique est amplement justifiée). Il existe donc un lobby, essentiellement aux Etats-Unis, qui défend coûte que coûte l’expansionnisme (certains petits malins remarqueront la proximité des termes) d’Israël. Une théorie courante veut que depuis bien longtemps, ces sionistes tireraient les ficelles du monde. Les théories abjectes du négationnisme, auxquelles je n’accorderai pas une seule once de respect, ne doivent pas effacer la surenchère dans les commémorations de l’holocauste, qui instaure un déséquilibre dans le souvenir. Cette échelle informelle du génocide, où l’holocauste est premier, aurait poussé les états à céder aux exigences d’Israël. S’il est vrai que la shoah a accélérée le processus de création d’un état d’Israël,  celle-ci n’est pas pour autant un canular monté de toute pièce. Mais ajoutez à cela l’omniprésence des juifs dans les milieux financiers (pour raison historique et religieuse), et vous obtenez la théorie classique du sioniste et de ses marionnettes politiciennes.

Pire encore, cette obnubilation pour les sionistes, qui ne valent pas mieux que n’importe quel lobby, conduira à une assimilation de l’antisionisme à l’antijudaïsme, tous les juifs étant vus comme des sionistes convaincus. Ce dangereux parallèle étant propagé par des pro-palestiniens souvent fan de l’intouchable Dieudonné, on peut imaginer la popularité de ces thèses au sein des milieux populaires, ce qui, on ne va pas se mentir, contribue à l’image négative de ces banlieues.

 

Enfin, il existe aussi un troisième sujet récurrent parmi les thèses complotistes, qui prête souvent à rire, alors qu’il devrait plus faire réfléchir. Je parle ici (et c’est une nouveauté par rapport au billet de l’année dernière) des aliens.

Que ce soit en délires nés sur le web ou avec des thèses issues de l’imagination populaire, les complots à base d’extraterrestres ne manquent pas, mais demeurent souvent les plus improbables, comme les classiques reptiliens par exemple. Mais ici, ce troisième chou gras montre l’une des limites de la lutte contre le complotisme. Puisque les personnes citant les aliens à toutes les sauces étant décrédibilisées (parfois à raison), tout sujet traitant des aliens est donc immédiatement classé comme risible. La question intéressante de la vie extra-terrestre, qui en ne se résumant pas à des humanoïdes verdâtres, prouve que la présence d’aliens décrits comme des humains est peu probable, puisque la vie extra-terrestre est plus logiquement microbienne. La théorie des anciens astronautes est tout à fait passionnante, à tel point que même moi, pourtant affilié à la chrétienté, je ne puis m’empêcher de l’imaginer comme potentielle vérité. Enfin, l’exploration spatiale a aussi son lot de discrédit, rapidement passée dans le domaine de la science-fiction futile dès qu’il s’agit d’aborder la terraformation de Mars par exemple. En cela, Jacques Cheminade (encore lui) est prisé par les antis complotistes, qui voient en lui la quintessence de ce contre quoi ils luttent, alors que seule une petite partie de ses positions relève plus du complotiste que du pragmatisme géopolitique. Bref, voir des aliens partout porte surtout préjudice aux uniques cas où il serait effectivement question d’extraterrestres.

Ces discrédits observés sur des sujets divers et variés me conduisent donc  à aborder le cas délicat de la lutte contre le complotisme.

 

La lutte contre le complotisme, ou le triomphe du manichéisme

 

Après un an d’activisme sur les réseaux sociaux, à répandre mes idées en toute impunité, j’ai fini par me rendre compte qu’une frange de la gauche, qu’on va appeler la gauche naïve, combat ardemment le complotisme, quitte à confirmer les versions officielles provenant d’une oligarchie contre laquelle ils veulent pourtant lutter. En effet, si ceux qui voient des complots partout handicapent le débat, par leur position souvent violente avec ceux qui ne pensent pas comme eux, l’extrême inverse fait de même, et c’est même plus dérangeant encore. Visiblement, les propos nuancés sur la géopolitique restent une science inaccessible au plus grand nombre.

 

Faisant écho à mon article précédent sur la Russie, ces sites majoritairement sont situés entre la gauche et l’extrême gauche, et parmi leurs fixettes quotidiennes, on trouve les quelques sites « de mauvaise réputation »  comme Boulevard Voltaire, RT, et j’en passe. Evidemment, ces sites sont à visiter avec une extrême précaution, surtout que la réputation de Thierry Meyssan n’est pas totalement usurpée. Pourtant, peut-on considérer que les sites « officiels » disent toujours la vérité ? Quand dans une émission grand public, sur la tranche horaire de 20H, un économiste réputé (mais surtout à la solde du système) raconte des mensonges pour discréditer un candidat, on peut se poser la question de la légitimité de ces média pour raconter la vérité. (C’était dans des paroles et des actes l’année dernière).

C’est pourquoi il importe selon moi de savoir faire un choix, et ne pas considérer les sites blacklistés comme des pestiférés. Un article sur le trafic de pétrole entre Daesh et la Turquie, peut-on espérer le trouver sur les média officiels ? Un point de vue russe sur le conflit syrien peut-il être relayé par les grands média ? Le système actuel fait en sorte qu’il n’y ait qu’un seul point de vue, et bien que ces sites sombrent parfois dans la catégorie des complotistes, ils sont nécessaires tant que les média ne seront pas aussi libres qu’ils prétendent l’être.

 

Cette pseudo-lutte pour la vérité devient plus dérangeante lorsqu’un véritable manichéisme s’installe. S’appuyant sur des propos complotistes, ils empêchent toutes réflexions sur le sujet. Le 11 Septembre illustre assez bien cela. Si l’effondrement des tours et les avions sont réels, peut-on pour autant nier le rôle prépondérant de la Cia et de l’Arabie Saoudite ?

Il convient donc de relativiser, essentiellement lorsqu’il s’agit de questions internationales.

Ainsi, si Daesh n’a pas été créé de toute pièce par les américains, l’invasion de l’Irak par ces derniers et un soutien indirect à toutes rébellions islamistes dans la région pourrait tout à fait passer pour la cause principale de la naissance de ce groupe, ce que je pense d’ailleurs. N’oublions pas que la radicalisation d’Al-Baghdadi s’est passée dans les camps irakiens.

De même, le sujet syrien divise profondément la gauche avec cette question de complot, puisque soutenir un pragmatisme en politique internationale revient souvent pour les autres à soutenir le régime ; et évoquer des faits que les média occidentaux occultent reviendrait donc à relayer des fausses informations. Je l’ai déjà plusieurs fois évoqué, mais cette vision en noir et blanc, un défaut que partagent pourtant les vrais complotistes, est plus que dangereuse pour la compréhension des rapports géopolitiques.

Discréditer Jacques Cheminade (toujours lui) au prétexte qu’il ait pu tenir des propos complotistes est aussi un comportement courant ; et le fait que des petits candidats soient toujours assimilés au bouffon du village a sans doute un rapport direct avec ça. Cheminade donc, a tenu un moment des propos sur des banques condamnées pour blanchiment d’argent de la drogue, banques en lien avec la famille royale. Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà qu’il est accusé de tenir la reine d’Angleterre pour responsable de trafics de drogue…Le cantonnant dans ce rôle de dissident jovial et à côté de la plaque, tout le volet social et financier de son programme, pourtant satisfaisant pour la gauche, est jeté à la trappe.

Enfin plus récemment, la nomination du neveu de John F. Kennedy à la tête d’une commission sur les vaccins aux USA a rappelé que Robert Kennedy était avant tout un opposant virulent aux vaccins tels qu’ils sont vendus actuellement. Ce qui pour la gauche anti-complotiste devient rapidement « Robert Kennedy, conspirationniste bien connu pour son opposition aux vaccins ». (Ou du moins, ça s’en rapproche). Mais en quoi est-ce un mal de se méfier de l’industrie pharmaceutique, qui avec son lobby peut tout prouver au niveau scientifique en sa faveur ? La lutte contre les complotistes vire visiblement à un maccarthysme insupportable, teinté de naïveté.

 

La victoire de l’oligarchie

 

Je parle beaucoup, et je ne suis pas le seul, d’une oligarchie comme source principale de nos maux. Certains y verront un bouc émissaire, mais c’est pourtant un constat facile à faire.

Chaque année, des évènements comme le forum de Davos rassemblent les principaux acteurs politiques et économiques de ce monde. Chaque année aussi, la commission européenne détermine quelle sera notre politique économique. Enfin, à travers des opinions voulues comme incontestables, objectives, et communes, on assiste à une uniformisation de la pensée. Je ne souhaite pas m’étaler là-dessus, je pense que le dernier livre de Natasha Polony le fait beaucoup mieux et en plus détaillé.

Une oligarchie presque mondiale, guidée par un néolibéralisme presque divinisé, semble donc tenir les rênes. Nos gouvernements y ont prêté allégeance, sans doute parce que tout est fait pour que seule une caste politique remporte la bataille du pouvoir (cf billet sur la démocratie)

Ces propos que je tiens sont qualifiés, si on suit la logique, de complotistes. Le gouvernement lui-même avait créé un outil informatique capable de juger si un potentiel complot était crédible ou pas. Mais pour autant, sont-ils faux ? Une même politique économique qui profite à une minorité, une population abrutie par un appauvrissement culturel et par son infantilisation, tout cela ne témoigne-t-il pas de la mise en œuvre de moyens importants pour façonner le monde à l’image du néolibéralisme ? Pour arriver à ces fins, tous les moyens sont bons. On manipule l’opinion avec des journalistes méprisant leur déontologie, on fait des coups d’états sans songer aux conséquences derrière, et on va jusqu’à traiter avec des fanatiques religieux (à l’extrémisme exacerbé au préalable) pour maintenir sa domination. Ce système existe, je n’invente rien, et son but n’a rien d’extraordinaire, il se résume uniquement à l’assouvissement des pulsions cupides et mégalomanes de certains.

Bien sûr, ces propos sont impossibles à prouver. Quelle personnalité politique irait confirmer cela ? Mais absence de preuve n’équivaut pas à preuve d’absence.

En cela, les deux positions extrêmes vis-à-vis de ces appréciations dissidentes de la réalité sont tenues par des idiots utiles du système. Les uns jettent le discrédit sur tout en propageant des inepties teintées de morceaux de réalité, et les autres restent dans leur vision manichéenne, où, bien que cette oligarchie existe, le meilleur moyen de lutter contre elle demeure la lutte contre l’extrême-droite, le complotisme, et Vladimir Poutine. Beau programme. Pendant que certains accusent Obama d’être un reptilien et d’autres pointent du doigt des divergences des versions officielles, l’oligarchie se réjouit, car personne n’ira la remettre en cause. C’est d’ailleurs à ça que sert l’outil du gouvernement (on te manipule), qui par son titre prémonitoire et réaliste, laisse entendre que les complots existent, mais qu’il est peu probable que l’on en trouve.

 

Défendre le pragmatisme géopolitique, la lutte contre l’oligarchie néolibérale et contre l’uniformisation du monde devrait être un combat partagé par tous ; au lieu de cela, on s’arrête à l’opprobre jetée sur tel site ou sur la première théorie vaseuse qui passe. Lorsque les gens voient le monde en blanc et noir, moi je le vois gris. C’est ça, être lucide.

Russia...

 

Décidemment, la guerre froide semble ne jamais vouloir se finir. Alors qu’il est plus qu’urgent de pacifier les relations internationales entre tous les pays, voilà que nos alliés américains cherchent encore et toujours un moyen de guerroyer officieusement avec la Russie de Vladimir Poutine.

 

Histoire de mettre les choses au point, oui, Poutine fait parfois preuve d’autoritarisme pour gérer son pays. La part conservatrice de la société russe détint parfois sur lui, et il fait tout pour se maintenir au pouvoir depuis les années 2000.

Mais, de quel droit pouvons-nous juger la gouvernance de Poutine ? Sommes-nous si parfaits pour pouvoir décider s’il a le droit de gouverner ou pas ?

Difficile de dire quand tout a commencé. Il est néanmoins plus dur encore de voir quand ces ineptes conflits vont se finir. Pour accélérer les choses, je souhaitais donc faire une mise au point, sur ces histoires aussi mal traitées par la droite et la gauche.

 

 D’abord, j’ai constaté qu’il était d’usage de considérer toutes sources médiatiques russes comme indignes de confiance. Elles ne seraient là que pour conforter la Russie dans ses positions. Ainsi, parmi les sources traitant de la guerre en Syrie, on voit clairement que seules les sources validées par l’OTAN et associés sont considérées comme fiables, quitte à occulter une part de la vérité. (Cf. dossier sur la Syrie)

Du côté d’une frange de la gauche, ces sources russes posent problèmes car constamment récupérées par des média dit « complotistes », et référencées par le Front National.

Du côté de la droite, on reste en général prudent avec ces sources, puisque de toute manière, la plupart des partis ont une position assez conventionnelle.

Pourtant, si les média traditionnels, surtout aux USA, mentent par omission ou en diffusant des jugements faussés, les média russes tels que Sputniknews ou Russia Today font beaucoup plus dans les louanges patriotes et la divulgation d’informations où seuls les points favorables à la Russie sont présents. Nombreux sont les rapports militaires et photos satellitaires par ex, à être relayés par l’intermédiaire de ces média. Peut-on imaginer que ceux-ci soient faux ? Pour quel intérêt ? Et surtout, pourquoi seuls les russes mentiraient dans leurs média ?

En vérité, il convient de juger de la probabilité de ces informations et d’en identifier les sources (civils, militaires, …) avant de les rejeter en bloc. La propagande a toujours concerné tous les camps mobilisés par la guerre.

 

Evoquer la Russie sans mentionner une seule fois le conflit ukrainien serait une erreur que je ne vais pas faire.

Je m’étais exprimé à ce sujet l’année dernière, mais un rappel est nécessaire. Ce conflit n’est pas uniquement une guerre de territoire entre la Russie (prétendument impérialiste) et l’Ukraine, bien au contraire.

Nous pouvons remonter jusqu’à la guerre froide pour comprendre les bases actuelles ; ainsi, il faut mentionner le don de la Crimée à l’Ukraine, sans que le parlement soviétique n’ait eu à approuver (et je doute qu’il l’aurait fait). Un état, certes grand, mais un état souverain, se retrouve ainsi dépossédé d’un territoire, et pas des moindres d’un point de vue économique.

Après ce don, la Crimée reste un territoire assez autonome par rapport aux autres régions ukrainiennes. La langue la plus parlée reste le russe, et la population est majoritairement russophile (et donc russophone).

Récemment, avant le conflit, les ukrainiens envisager la fin de l’enseignement du russe en Crimée, et songeait à un éloignement important de leur ancien allié russe, pour se tourner vers l’UE et l’OTAN. Cela fit suite au coup d’état qui expulsa le président ukrainien proche du Kremlin. Une révolution « populaire » certes, un président pas spécialement bon, certes, mais néanmoins un acte illégal, pour une révolution qui fut largement aidée par l’oligarchie mondiale (USA, …) qui y voyait là un atout pour affaiblir la Russie de Poutine.

Au cours du conflit, la Crimée fut donc rattachée à la Russie, suite à un référendum qu’il est possible de contester, mais dont les résultats (plus de 80%) sont plus que probables quand on sait que l’abstention était élevée du côté opposé au rattachement et quand on connait la russophilie de la Crimée. La rébellion s’organisait des deux côtés, et je dois avouer avoir toujours eu un ressentiment envers les rebelles pro-russes, surtout lors des crashs d’avions ukrainiens. Du côté ukrainien, la principale information à retenir est la présence massive de néonazis au sein des combattants pro-ukrainiens. Des milices comme Pravi Sektor feront parfois parler d’elles, mais étrangement, les principaux média européens éviteront d’aborder le sujet, notamment lorsque l’une de leurs pilotes fut capturée par les russes au grand dam de la communauté internationale. Il s’agissait donc d’une guerre aux torts partagés par les deux camps, la province du Donbass n’était pas une candidate légitime au rattachement à la Russie contrairement à la Crimée.

De ce conflit, la Russie sort affaiblie, et coupée d’une majorité de partenaires suite aux manigances de l’OTAN. La France pâtira sévèrement de cet embargo puisqu’elle dut annuler la vente d’un porte-avion (un milliard d’euro quand même) au mépris de toutes règles commerciales.

 

Actuellement, le fait qui me pousse à écrire sur la Russie reste naturellement les soupçons d’ingérence dans les élections américaines. Avant de revenir dessus, je pense que le moment est venu de fermer la parenthèse de ces élections désastreuses (que j’avais ouverte en Novembre). De mon point de vue, l’arrivée de Donald Trump n’a en rien aggravé la situation, contrairement à la potentielle élection de Mme Clinton. Ses sorties depuis les résultats sont parfois lucides, d’autres sont à l’image du personnage outrancier et sans scrupule qu’il demeure. Mais du côté des prises de paroles, celles de la direction du parti démocrate sont exécrables. Donald Trump admettait qu’il refuserait de reconnaitre les résultats des élections s’ils s’avéraient en sa défaveur. Aussitôt, des milliers de voix s’étaient élevées contre cette sortie visiblement antidémocratique. Pourtant, depuis les élections, ce sont bien les démocrates qui contestent les résultats, et tentent par tous les moyens de contourner la terrible vérité qui leur était assenée avec la victoire de Trump.  (Parenthèse refermée)

Nous sommes en Janvier, et les démocrates, via les organes exécutifs et les organes de renseignements, font tout pour retrouver leur aura. Visiblement, une énième accusation à l’encontre de la Russie semblait leur remonter le moral.

Ingérence. Un mot bien trop vague pour la réalité des choses. Les russes seraient donc impliquer dans le piratage informatique qui visait les démocrates, révélant les cadavres du placard oligarchique. Wikileaks, désormais considéré aussi fiable qu’un site d’informations russe par la pensée dominante, avait coopéré avec « l’ennemi » de l’Est, montrant que la défaite de Bernie Sanders n’était le fait que des magouilles démocrates (le parti n’aura jamais porté aussi mal son nom). Et ce sont ces actions qui s’apparenteraient à de l’ingérence ? S’ils avaient été honnêtes, ils auraient remercié les russes et Wikileaks pour service rendu à la nation ; pensez-vous, des preuves qu’un parti américain est impliqué dans une affaire de trucage, ça pourrait avoir une importance capitale, et remettre peut-être les services de renseignements us à leur place. Non, il s’agissait d’ingérences dont toute la campagne présidentielle aurait pâti. Certes, les renseignements divulgués ont prouvé que l’oligarchie était corrompue et manipulatrice, et cela a dû en décourager plus d’un d’aller voter Clinton. Mais au même titre que les casseroles trainées par les élus français, les casseroles américaines ont beau être révélées à un moment opportun, elles n’en demeurent pas moins réelles et problématiques. Bref, parler d’ingérence est risible, et je n’aborde pas là les nombreuses ingérences américaines, qui vont du soutien aux talibans à leur présence au gouvernement ukrainien.

 

Le principal problème de la Russie pour le reste du monde se résume évidemment à Vladimir Poutine. Tout le monde se permet des remarques quant à sa gestion de la Russie, témoignant d’un culot flagrant.

Il est évident qu’un dirigeant tel que Poutine ne pourrait décemment gouverner la France, surtout en raison d’un autoritarisme qui transparait parfois.

Lorsque j’étais plus jeune, encore au lycée, j’avais une pensée très manichéenne, et je condamnais sans cesse les dérives du Kremlin. Depuis, j’ai appris à relativiser. Le rôle des opposants politiques en Russie se limite effectivement à de la figuration. Mais Poutine est-il vraiment coupable de quoique ce soit dans ce cas de figure ? Ne faut-il pas envisager que l’opposition n’a rien de séduisant face à un parti qui défend mieux la souveraineté russe que quiconque ? (Il semblerait que le second parti du pays serait peu envisageable par ailleurs)

Le rôle de la Russie est l’un des plus importants dans le monde d’aujourd’hui, car il offre un contre-pouvoir au soft power américain, étant donné l’absence de volonté propre des autres pays de se démarquer de la pensée étasunienne, Chine mise à part. Sur le sol européen, personne n’est là pour défendre un projet ambitieux pour nos peuples, et les seules décisions qui n’émanent pas de la commission européenne (autant dire l’oligarchie) sont des décisions en provenance de nos « alliés » de l’Ouest. Il est donc nécessaire d’avoir un contre-pouvoir au niveau du continent européen, et vu notre transparence actuelle, seule la Russie peut maintenir ce pouvoir. Aussi, l’émergence puis l’élection d’un parti aussi américanophile que chez nous du côté russe serait une catastrophe en attendant une France plus forte et souveraine. La ligne défendue par Russie Unie en politique extérieure (à distinguer d’une politique intérieure conservatrice, correspondant aux attentes d’une part de la société russe, mais pas du tout aux miennes) est donc essentielle pour les relations internationales.

Certes, les moyens qu’il emploie pour s’assurer le pouvoir sont discutables. Nul doute qu’il pourrait se maintenir dans une élection, et ce, depuis son admirable reprise en main du pays après la catastrophe qu’était Boris Eltsine.  Il jouit d’une popularité remarquable en Russie, et pas uniquement à cause de potentielles pressions étatiques envers l’opposition. Alors oui, le régime est, sous quelques aspects, autoritaire. De là à le qualifier de dictature, il y a un pas que je ne franchirai pas. D’ailleurs, notre bonne oligarchie française permet-elle l’ascension d’une réelle opposition, contrairement à l’oligarchie russe ? J’en doute beaucoup. Nos autres alliés, pétromonarchies, USA, …sont-ils plus irréprochables  que la Russie de Poutine ? J’en doute aussi.

 

Ces nombreuses observations sur la Russie se veulent objectives, et j’espère que mon ressentiment à l’égard des politiques américaines  ne transparaitra pas trop.

Avec les conflits ukrainiens et syriens, les soupçons d’ingérence, tout cela semble confirmer mes précédentes réflexions sur une volonté affichée de prolonger la guerre froide, et surtout de créer un ennemi commun aux nations « démocrates » avec la Russie, afin de détourner l’attention des vrais problèmes (comme la persistance de cette oligarchie par exemple). On monte les gens contre les autres avec des conflits d’intérêts qui ne concernent que peu de personnes, mais tout le monde au final risque de trinquer.

 

Sur ce, passez une bonne année 2017.

Syrie, Alep: Intérêts et faux-semblants

 

Outré par l’intervention manichéenne de Raphaël Glucksmann dans Quotidien (Yann Barthès), émission que j’apprécie particulièrement quand elle est libre dans son expression, mais moins quand elle suit la doxa habituelle,  j’ai décidé de développer un petit dossier sur la Syrie, afin d’en finir avec la ligne floue défendue par la coalition, une ligne contestable et parfois assimilable à de la propagande indigne. Tentant de récupérer un maximum de sources, tâche difficile vu l’état des média actuellement, je vous présente donc ce petit condensé de la guerre en Syrie.

A retrouver sur le site dans un dossier spécial:

syrie-alep-interets-et-faux-semblants

 

bonne lecture, et partagez le autour de vous

Front national et front républicain

  • Par
  • Le 09/12/2016

 

J’ai longtemps hésité avant de traiter ce sujet –peur d’être redondant, pas assez d’idées variées-, mais même si je l’ai vaguement évoqué dans mon échiquier politique, je pense que le moment est venu de traiter du Front National.

Cette réflexion sera bien entendue complétée par l’analyse de programme à venir avant 2017 je l’espère.

 

Pour l’anecdote, il y a des années de ça, lorsque j’avais au lycée mon « TPE » à faire, j’avais déjà parlé du FN, mais j’étais alors moins mature en politique, et j’avais une vision assez basique.

Et finalement, je me rends compte que je suis loin d’être le seul à l’avoir eu cette vision, surtout quand je vois la manière dont on traite ce parti.

Il va sans dire que je mettrai un point d’honneur à ne jamais voter Front National, mais pour autant, il serait temps de rappeler quelques points.

 

Non, les votants Fn ne sont pas tous des fascistes en puissance

 

Une légende urbaine voudrait que tous les votants FN soient des racistes xénophobes. Légende amplement propagée au sein de la gauche hélas. Hélas car c’est être bien peu lucide que de catégoriser des votants (occupant une part importante, même s’il faut relativiser, dans la société française) sous une seule étiquette.

On a pu le voir ces dernières semaines, les policiers sont en colère et manifestent. Apparaissent alors des articles soulignant la forte proportion de policiers qui votent pour le Front National. Mais c’est plutôt une évidence ! Ils sont fréquemment opposés à une seule réalité, celles des quartiers où règnent le manque d’éducation et la violence. La justice ne suit plus, l’état les épuise, que voulez-vous qu’ils pensent ?

De même, le vote ouvrier est très orienté vers le FN. Mais le fait que l’Union Européenne empiète souvent sur notre souveraineté, et les dérives de la mondialisation, ne peuvent-ils pas expliquer ce vote ?

Enfin, les enseignants, confrontés à cette même misère sociale, assistent aussi à une dégradation des conditions d’enseignements.

Je pourrai aussi évoquer Natacha Polony, qui rappelait, à raison, que la défense exclusive des « minorités » au détriment de la majorité et de l’égalité, conduit potentiellement à un vote de replis sur soi.

 

A tout cela se rajoutent effectivement les frontistes purs et durs, partisans d’une bigoterie rétrograde ou de théories de droite dures (Grand remplacement, ...)

 

 

 

Avec tous ces facteurs, le vote FN se rapproche plus d’un vote contestataire que d’un vote militant. Le FN l'a bien compris, en se positionnant comme un parti anti système et rassembleur. (Je n’ai rien contre les partis rassembleurs, au contraire)

 

Non, le Front National n’est pas anti système

 

Ils aimeraient bien se placer en tant que défenseur du peuple face au système, mais cela n’est qu’une façade.

En témoigne le vote sur le secret des affaires, dénoncé par l’humoriste Nicole Ferroni si je me rappelle bien.

Fn et système

Comment peut-on se déclarer autant anti système alors que l’on vote avec et pour le système ?

Je pourrai aussi émettre quelques doutes sur les idées économiques du Front National, qui semblent pas si anti libérales que cela. En cherchant bien, ils se sont avérés dépourvus de toute animosité quant à Mme Thatcher par exemple…J’approfondirai sans doute cela dans leur analyse de programme

Enfin, Marine le Pen est issue d’une famille très aisée, châtelaine de surcroît, cela ne témoigne pas d’une vie moyenne et proche du peuple.

La ligne souverainiste défendue par la branche Philippot quant à elle, rappelle juste que monsieur Philippot était un chevènementiste avant d’aller de manière opportune là où les média se focalisaient.

Le protectionnisme défendu par le parti, de toute manière, est défendue contre l’immigration plus que contre la concurrence déloyale. (Même s’il faut leur reconnaitre une opposition à la mondialisation, bien que guidée par cette opposition à la migration humaine)

 

Non, partager des positions proches du Front National ne fait pas de vous un frontiste.

 

J’étais personnellement en faveur du mariage pour tous, néanmoins opposé à la GPA (j’y reviendrai un jour). Il semble aussi que cette GPA soit refusée par le Front National. Peut-on faire le parallèle ? Non.

Je me suis souvent prononcé sur les dérives des religions, tout particulièrement sur l’Islam, qui gagnerait à voir ses pratiquants les plus rigoristes s’adapter à la république française, dont ils ont souvent la nationalité par ailleurs.

J’ai aussi appelé à une intégration des personnes issues de l’immigration, tout comme je demanderai à des français de respecter la République.

J’apporte fréquemment mon soutien aux forces de l’ordre, avant tout mal utilisées par le gouvernement (mais pas exempt de tout défaut).

J’affirme ensuite que la chrétienté fait partie des nombreuses racines de la France.

Enfin, sans être « Poutinophile », je défends souvent le respect de la Russie en tant que nation souveraine.

 

Suis-je pourtant un adhérent du Front National ? J’en doute fort, et me prêter ces qualificatifs-là serait faire preuve de diffamation.

Les idées du Fn sont pourtant proches de ces positions ; mais jamais je ne pourrai me reconnaitre dans un tel parti.

 

Assumez vos idées. Tant qu’elles ne se traduisent pas par la haine de l’autre, vous avez votre liberté de pensée, et pour adhérer à un parti, il faut plus que ces sujets. Il faut avoir la conviction que ce parti peut gérer un pays ou même une ville, avec leur programme.

 

Non, le Front National ne détermine pas votre vote

 

Ah, la crainte du Front National…Ça devient ridicule. 

On ne cherche plus qui a le meilleur programme, mais qui pourra « battre » Marine le Pen au second tour. Cela explique par exemple les votes de certains socialistes aux primaires de la droite, qui avaient besoin d’un candidat pour qui voter face au Fn.

On parle de vote républicain, alors que le Front national est autant républicain que l’UMP ou le PS.

Au final, la lutte contre le Fn confisque la démocratie pour mieux la préserver, ou du moins, pour faire croire qu’il s’agit de la préserver.

En 2002, on a beaucoup reproché à Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira la défaite de Lionel Jospin, qui aurait conduit à la présence FN au second tour. Pourtant, c’était la faute au parti socialiste, qui s’était alors droitisé depuis deux décennies. Au second tour, tout le monde a voté Chirac. Et Dix ans plus tard, on imagine faire de même. Mais ce n’est pas la même situation.

Monsieur Chirac avait quelque chose de respectable qu’aucun cadre de l’UMP ne possède actuellement. Le RPR de l’époque n’est pas l’UMP d’aujourd’hui. Les restants du gaullisme, désormais partagés entre Debout la France, le Mouvement Républicain et Citoyen et Solidarité et Progrès, n’a rien à voir avec le néolibéralisme de l’oligarchie actuelle.

Aussi le vote pour le moins pire ne peut plus fonctionner.

 

Lors d’élections municipales, il est d’utilité publique de voter contre le Fn au second tour. Là, c’est justifiable, car certains maires de droite ne sont pas si catastrophiques que cela. Il en est de même avec les élections régionales ; avant la réforme territoriale, monsieur Richert, président de la région Alsace, ne m’était pas si antipathique.

Mais l’élection présidentielle est d’une toute autre nature. Il s’agit d’élire un programme qui guidera la France pour un mandat. (Même si actuellement, ce sont plutôt les élections européennes qui ont ce rôle).

Peut-on envisager une supériorité du programme UMP au Front National ? Vraiment ?

Le candidat du parti socialiste, s’il s’agit de son aile gauche, mérite un vote face au Front National. Mais Valls ou Hollande (ou Macron) n’ont rien d’attractif comme substitut au vent proposé par Marine Le Pen.

 

Le système entier doit changer. Perpétuer une illusoire tradition républicaine en votant pour le parti qui est en face du Front National ne fait que prolonger le cercle vicieux, si cet autre parti est intégré dans le système à la manière de l’UMPS.

Au second tour, si il s’agit d’un duel UMP/ Aile droite du PS face au Front National, je voterai blanc.

Parce que tous les déçus du système, en n’accordant leur vote à aucun des deux candidats, affirment leur opposition à l’oligarchie, et diminue la légitimité déjà faible du prochain président.

Un président sans légitimité transmettra sans doute cette caractéristique au suivant, et ainsi de suite jusqu’au jour où le système entier sera considéré comme illégitime.

On a toujours le choix. Faites le vôtre, mais ne laissez pas les média vous l’imposez.

 

Le front national est un parti comme les autres, juste un peu moins ouvert (comme l’UMP au final), ce qui doit conduire à un traitement identique aux autres.

De même, les idées politiques vont et va, et le Fn n’ayant rien de pestiférés (à l’inverse du Parti national libéral par exemple, qui est réellement un parti d’extrême droite), il se peut que certaines opinions se rapprochent des leurs.

 

Le seul tort en politique, c’est d’être contre la république (en tant qu'idée, pas système politique) et sa souveraineté. Et sur ce point, tous les partis du système se valent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du rapport de la loi Urvoas sur la modernisation de l’élection présidentielle avec la constitution

 

A retrouver aussi dans le corpus de réflexion sur la constitution, dans les pages Opinions de mon site, ici

 

Comme on peut le remarquer dans le texte attaché à cette annexe, la loi Urvoas sur la modernisation de l’élection présidentielle est profondément contraire à la constitution, en plus d’être une insulte aux valeurs démocratiques de la république. D’un point de vue subjectif, le terme « modernisation » aurait dû mettre la puce à l’oreille de chacun, puisque ce terme est depuis longtemps parasité par sa définition officieuse : modernisation, le fait de changer quelque chose afin de l’adapter aux normes souhaitées par l’oligarchie, tout en enrobant ce changement d’illusoire progrès.

(Nul besoin du texte correspondant à l’annexe pour comprendre ce qui va suivre)

 

Tout d’abord, pour mieux cerner le paradoxe de la situation, je rappelle que Jean-Jacques Urvoas, en plus de remplacer Mme Taubira (qui était sans aucun doute favorable à une vraie pluralité des candidats, puisqu’elle l’a été en 2002), était le président de la commission des lois constitutionnelles au sein de l’Assemblée Nationale…Il est donc désormais garde des sceaux, ce qui me pousse à considérer monsieur Urvoas comme un juriste confirmé.

 

Deuxième point qu’il me faut traiter avant d’attaquer le sujet, c’est la faible présence de cette loi dans l’espace public et médiatique. Face à ce qui pourrait s’apparenter à la fois à de l’égoïsme (les grands journaux ne prennent pas parti pour des petits candidats, donc ne sont pas concernés) et à de la censure (Si les français avaient été informés, d’une manière claire et sans un obscur vocabulaire juridique, on peut tabler sur des manifestations d’ampleur ; du moins je l’espère), on ne peut que regretter cette persistance de l’oligarchie dans la méprise de l’information honnête aux citoyens. Un mensonge par omission reste un mensonge. Le traitement réservé à cette actualité juridique aurait dû suivre un traitement plus important.

 

Bien, il est temps de s’attaquer au cœur du sujet, principalement à deux articles.

 

I. Article 3

 

Au fur et à mesure de la réception des présentations, le Conseil constitutionnel rend publics, au moins deux fois par semaine, le nom et la qualité des citoyens qui ont valablement présenté des candidats à l'élection présidentielle. […] Huit jours au moins avant le premier tour de scrutin, le Conseil constitutionnel rend publics le nom et la qualité des citoyens qui ont valablement proposé les candidats.

 

Il est difficile de trouver une quelconque règle dans la constitution qui parle de signatures des maires (ce à quoi l’article fait référence), mais que ce soit une déclaration d’opinion en matière d’élections ou une approbation apportée à quelqu’un, le suffrage correspond autant que la signature à ces qualificatifs. (Provenant de la définition de suffrage du Larousse). Ainsi, on peut mettre cette partie de la loi en parallèle avec l’article 3 de la Constitution :

 

« Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret. »

 

Ainsi, la signature des maires devenant publique, ce qui peut donc s’apparenter à un scrutin n’est plus secret. Concrètement, mise à part un usage des termes qui empêchent clairement de qualifier ce texte d’inconstitutionnel, il l’est bel et bien si on va au-delà des mots.

Pourquoi de telles phrases me direz-vous, ce à quoi je ferai remarquer que si les maires sont tenus de rendre publique les signatures qu’ils ont apporté, la pression de l’oligarchie ne sera que plus forte, et le filtrage des candidats, que plus important et radical.

 

II. Article 4

 

[…] A compter de la publication de la liste des candidats et jusqu'à la veille du début de la campagne, les éditeurs de services de communication audiovisuelle respectent, sous le contrôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel, le principe d'équité en ce qui concerne la reproduction et les commentaires des déclarations et écrits des candidats et la présentation de leur personne.

Dans l'exercice de cette mission de contrôle, le Conseil supérieur de l'audiovisuel tient compte :

 

1° De la représentativité des candidats, appréciée, en particulier, en fonction des résultats obtenus aux plus récentes élections par les candidats ou par les partis et groupements politiques qui les soutiennent et en fonction des indications de sondages d'opinion ;

 

2° De la contribution de chaque candidat à l'animation du débat électoral. […]

 

A cet article 4, on peut immédiatement associer un autre article 4, celui de la Constitution :

 

« Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.  […] La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. »

 

Effectivement, l’influence des (grands) partis n’est que renforcée avec cette loi. Le respect de la souveraineté nationale semble bien peu respecté, mais ce n’est pas le sujet.

Non, ce qui est intéressant, c’est le fait que l’article de la Constitution défende la participation équitable des partis et l’expression pluraliste des opinions.

La loi de monsieur Urvoas parle aussi d’équité, mais elle base celle-ci sur les résultats précédents, ce qui va clairement à l’encontre du pluralisme d’opinions (puisque ce sont toujours les mêmes qui persistent dans les média), et sur les sondages, données aléatoires qui sont loin de pouvoir prétendre à une objectivité parfaite, et à toute fonction électorale. La participation équitable n’est donc pas respectée dans les faits, bien que le texte, par sa partie officielle, suive les termes de la constitution.

Tout cela, uniquement pour maintenir un cheptel de partis dans la partie visible des média.

 

III. La décision du conseil constitutionnel

 

Cette loi a subi un contrôle constitutionnel à priori le 6 Avril 2016.

Parmi les passages de cette décision, voici le septième grief :

 

7. Considérant que l'article 3 complète le paragraphe I de l'article 3 de la loi du 6 novembre 1962 pour imposer au Conseil constitutionnel de rendre public, au fur et à mesure de la réception des présentations et au moins deux fois par semaine, le nom et la qualité des citoyens qui ont valablement présenté des candidats à l'élection du Président de la République ; […] ; qu'il prévoit enfin, comme l'avait recommandé le Conseil constitutionnel dans ses observations, que le Conseil rend publics le nom et la qualité de l'ensemble des citoyens qui ont valablement proposé les candidats ; que ces dispositions ne sont pas contraires à la Constitution

 

En résulte donc que la publicité des signatures n’a rien d’inconstitutionnel, ce qui est vrai uniquement en apparence, alors que le conseil pouvait tout à fait interpréter les dispositions de cette loi de manière à les qualifier d’inconstitutionnelles. Néanmoins, on constate que le conseil lui-même est partisan de cette publicité des signatures. Pour l’objectivité, on repassera.

 

Voici maintenant les griefs 9, 10, 13 et 14 (C’est long et complexe, vous m’en voyez désolé)

 

9. Considérant que les premier à quatrième alinéas de ce paragraphe I bis déterminent les règles applicables pendant la période allant de la publication de la liste des candidats jusqu'à la veille du début de la campagne « officielle », comme l'avait recommandé le Conseil constitutionnel dans ses observations ; […] ; que les deuxième à quatrième alinéas confient au conseil supérieur de l'audiovisuel le soin de veiller au respect de ce principe par les éditeurs de services de communication audiovisuelle en fonction, d'une part, du critère de « la représentativité des candidats » et, d'autre part, du critère de « la contribution de chaque candidat à l'animation du débat électoral » ; que le troisième alinéa précise que le critère de la représentativité des candidats s'apprécie « en particulier, en fonction des résultats obtenus aux plus récentes élections par les candidats ou par les partis et groupements politiques qui les soutiennent et en fonction des indications de sondages d'opinion » […] ; qu'il prévoit que les éditeurs de services de communication audiovisuelle respectent, sous le contrôle du conseil supérieur de l'audiovisuel, le principe d'égalité ; […]

 

10. Considérant, en premier lieu, qu'aux termes du troisième alinéa de l'article 4 de la Constitution : « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation » ; que le principe du pluralisme des courants d'idées et d'opinions est un fondement de la démocratie ;

 

13. Considérant qu'en prévoyant l'application du principe d'équité au traitement audiovisuel des candidats à l'élection du Président de la République pendant la période allant de la publication de la liste des candidats jusqu'à la veille du début de la campagne « officielle », le législateur organique a, d'une part, entendu favoriser, dans l'intérêt des citoyens, la clarté du débat électoral ; […] que, compte tenu de ces évolutions, en adoptant les dispositions de l'article 4 de la loi organique, le législateur a opéré une conciliation qui n'est pas manifestement déséquilibrée entre les exigences constitutionnelles de pluralisme des courants d'idées et d'opinions et de liberté de communication

 

14. Considérant, en deuxième lieu, que, d'une part, les dispositions de l'article 4 de la loi organique prévoient une égalité de traitement audiovisuel des candidats à l'élection du Président de la République à compter du début de la campagne « officielle » ; que, d'autre part, en prévoyant l'application d'un principe d'équité pendant la période allant de la publication de la liste des candidats jusqu'à la veille du début de la campagne « officielle », ces dispositions permettent que soient traités différemment des candidats qui sont à ce titre dans la même situation ; que cette différence de traitement, justifiée par le motif d'intérêt général de clarté du débat électoral, est en rapport direct avec l'objet de la loi, qui est de prendre en compte l'importance relative des candidats dans le débat public ; qu'il résulte de ce qui précède que l'article 4 ne méconnaît pas le principe d'égalité devant le suffrage qui découle de l'article 3 de la Constitution et de l'article 6 de la Déclaration de 1789 ;

 

Bon, pour résumé, rien de tout cela ne va à l’encontre de la constitution, alors même qu’il est reconnu une différence de traitement entre les candidats. Visiblement, il y a quelque chose qui m’échappe.

 

IV. « clarté du débat électoral »

 

L’argument discutable qui fut servi pour défendre cette loi était souvent proche des termes utilisés par le conseil constitutionnel : clarifier le débat électoral.

Ainsi, sous prétexte de clarté, on peut se permettre quelques entorses à la démocratie, que le traitement de l’élection présidentielle de 2012 par les média préparait déjà. En effet, et j’ai déjà utilisé cet exemple, vous souvenez vous du Monde qui avait diffusé une liste excluant l’un des candidats ?

La décision du conseil constitutionnel m’a surpris, d’autant plus que l’inconstitutionnalité de cette loi de par ses articles 3 et 4 me semblait évidente. Mais je me suis souvenu que l’on parle du conseil constitutionnel, ce même conseil qui avait fermé les yeux sur les fraudes de la campagne de monsieur Balladur en 1995.

 

V. Quels conséquences?

 

Les français se plaignent, à juste de titre, du manque de renouvellement de la classe politique.

Le fait de demander 500 signatures d’élus pour déterminer qui pourra se présenter est déjà une aberration en soi, puisque des élus choisissent, en fonction de leurs affinités politiques, qui les français pourront élire. Les petites candidatures, présentant souvent des projets diversifiés et uniques en leur genre (On pourra penser au programme bonapartiste, qui fera l’objet d’une étude d’ici Janvier ; d’autres ont déjà fait l’objet de mentions de ma part) étaient déjà désavantagés, cela le sera encore plus pour les élections futures par la publicité des signatures.

Enfin, l’inégalité entre les présences médiatiques de chacun était déjà admise les autres années, elle est cette fois-ci encouragée par le Conseil Constitutionnel et par la loi de monsieur Urvoas.

Les candidats qui auront la meilleure visibilité seront donc les plus prisés d’après les sondages et d’après les précédents résultats. On entre ainsi dans un cercle vicieux, puisque ces candidats seront encore plus prisés de par leur visibilité, et auront plus de visibilité aux prochaines élections. C’est une preuve tangible de confiscation de la démocratie par l’oligarchie, et le Conseil Constitutionnel n’a pas été capable de voir cela.

A noter que cette inégalité prendrait fin lors de la campagne officielle. Mais cela ne change pas grand-chose, dans le fond, le fait d’établir une différenciation entre candidats, ne serait-ce que pour quelques semaines, démontre déjà un certain irrespect envers les principes de démocratie.

 

Bref.

Le manque d’objectivité clair de ce Conseil est déplorable, et la promulgation de cette loi, sans doute aidée par les compétences constitutionnelles de monsieur Urvoas, a donc pu se faire au mépris de la Constitution, et avec l’aval du Conseil chargé de protéger cette dernière.

Il est urgent d’agir.