Russia...

 

Décidemment, la guerre froide semble ne jamais vouloir se finir. Alors qu’il est plus qu’urgent de pacifier les relations internationales entre tous les pays, voilà que nos alliés américains cherchent encore et toujours un moyen de guerroyer officieusement avec la Russie de Vladimir Poutine.

 

Histoire de mettre les choses au point, oui, Poutine fait parfois preuve d’autoritarisme pour gérer son pays. La part conservatrice de la société russe détint parfois sur lui, et il fait tout pour se maintenir au pouvoir depuis les années 2000.

Mais, de quel droit pouvons-nous juger la gouvernance de Poutine ? Sommes-nous si parfaits pour pouvoir décider s’il a le droit de gouverner ou pas ?

Difficile de dire quand tout a commencé. Il est néanmoins plus dur encore de voir quand ces ineptes conflits vont se finir. Pour accélérer les choses, je souhaitais donc faire une mise au point, sur ces histoires aussi mal traitées par la droite et la gauche.

 

 D’abord, j’ai constaté qu’il était d’usage de considérer toutes sources médiatiques russes comme indignes de confiance. Elles ne seraient là que pour conforter la Russie dans ses positions. Ainsi, parmi les sources traitant de la guerre en Syrie, on voit clairement que seules les sources validées par l’OTAN et associés sont considérées comme fiables, quitte à occulter une part de la vérité. (Cf. dossier sur la Syrie)

Du côté d’une frange de la gauche, ces sources russes posent problèmes car constamment récupérées par des média dit « complotistes », et référencées par le Front National.

Du côté de la droite, on reste en général prudent avec ces sources, puisque de toute manière, la plupart des partis ont une position assez conventionnelle.

Pourtant, si les média traditionnels, surtout aux USA, mentent par omission ou en diffusant des jugements faussés, les média russes tels que Sputniknews ou Russia Today font beaucoup plus dans les louanges patriotes et la divulgation d’informations où seuls les points favorables à la Russie sont présents. Nombreux sont les rapports militaires et photos satellitaires par ex, à être relayés par l’intermédiaire de ces média. Peut-on imaginer que ceux-ci soient faux ? Pour quel intérêt ? Et surtout, pourquoi seuls les russes mentiraient dans leurs média ?

En vérité, il convient de juger de la probabilité de ces informations et d’en identifier les sources (civils, militaires, …) avant de les rejeter en bloc. La propagande a toujours concerné tous les camps mobilisés par la guerre.

 

Evoquer la Russie sans mentionner une seule fois le conflit ukrainien serait une erreur que je ne vais pas faire.

Je m’étais exprimé à ce sujet l’année dernière, mais un rappel est nécessaire. Ce conflit n’est pas uniquement une guerre de territoire entre la Russie (prétendument impérialiste) et l’Ukraine, bien au contraire.

Nous pouvons remonter jusqu’à la guerre froide pour comprendre les bases actuelles ; ainsi, il faut mentionner le don de la Crimée à l’Ukraine, sans que le parlement soviétique n’ait eu à approuver (et je doute qu’il l’aurait fait). Un état, certes grand, mais un état souverain, se retrouve ainsi dépossédé d’un territoire, et pas des moindres d’un point de vue économique.

Après ce don, la Crimée reste un territoire assez autonome par rapport aux autres régions ukrainiennes. La langue la plus parlée reste le russe, et la population est majoritairement russophile (et donc russophone).

Récemment, avant le conflit, les ukrainiens envisager la fin de l’enseignement du russe en Crimée, et songeait à un éloignement important de leur ancien allié russe, pour se tourner vers l’UE et l’OTAN. Cela fit suite au coup d’état qui expulsa le président ukrainien proche du Kremlin. Une révolution « populaire » certes, un président pas spécialement bon, certes, mais néanmoins un acte illégal, pour une révolution qui fut largement aidée par l’oligarchie mondiale (USA, …) qui y voyait là un atout pour affaiblir la Russie de Poutine.

Au cours du conflit, la Crimée fut donc rattachée à la Russie, suite à un référendum qu’il est possible de contester, mais dont les résultats (plus de 80%) sont plus que probables quand on sait que l’abstention était élevée du côté opposé au rattachement et quand on connait la russophilie de la Crimée. La rébellion s’organisait des deux côtés, et je dois avouer avoir toujours eu un ressentiment envers les rebelles pro-russes, surtout lors des crashs d’avions ukrainiens. Du côté ukrainien, la principale information à retenir est la présence massive de néonazis au sein des combattants pro-ukrainiens. Des milices comme Pravi Sektor feront parfois parler d’elles, mais étrangement, les principaux média européens éviteront d’aborder le sujet, notamment lorsque l’une de leurs pilotes fut capturée par les russes au grand dam de la communauté internationale. Il s’agissait donc d’une guerre aux torts partagés par les deux camps, la province du Donbass n’était pas une candidate légitime au rattachement à la Russie contrairement à la Crimée.

De ce conflit, la Russie sort affaiblie, et coupée d’une majorité de partenaires suite aux manigances de l’OTAN. La France pâtira sévèrement de cet embargo puisqu’elle dut annuler la vente d’un porte-avion (un milliard d’euro quand même) au mépris de toutes règles commerciales.

 

Actuellement, le fait qui me pousse à écrire sur la Russie reste naturellement les soupçons d’ingérence dans les élections américaines. Avant de revenir dessus, je pense que le moment est venu de fermer la parenthèse de ces élections désastreuses (que j’avais ouverte en Novembre). De mon point de vue, l’arrivée de Donald Trump n’a en rien aggravé la situation, contrairement à la potentielle élection de Mme Clinton. Ses sorties depuis les résultats sont parfois lucides, d’autres sont à l’image du personnage outrancier et sans scrupule qu’il demeure. Mais du côté des prises de paroles, celles de la direction du parti démocrate sont exécrables. Donald Trump admettait qu’il refuserait de reconnaitre les résultats des élections s’ils s’avéraient en sa défaveur. Aussitôt, des milliers de voix s’étaient élevées contre cette sortie visiblement antidémocratique. Pourtant, depuis les élections, ce sont bien les démocrates qui contestent les résultats, et tentent par tous les moyens de contourner la terrible vérité qui leur était assenée avec la victoire de Trump.  (Parenthèse refermée)

Nous sommes en Janvier, et les démocrates, via les organes exécutifs et les organes de renseignements, font tout pour retrouver leur aura. Visiblement, une énième accusation à l’encontre de la Russie semblait leur remonter le moral.

Ingérence. Un mot bien trop vague pour la réalité des choses. Les russes seraient donc impliquer dans le piratage informatique qui visait les démocrates, révélant les cadavres du placard oligarchique. Wikileaks, désormais considéré aussi fiable qu’un site d’informations russe par la pensée dominante, avait coopéré avec « l’ennemi » de l’Est, montrant que la défaite de Bernie Sanders n’était le fait que des magouilles démocrates (le parti n’aura jamais porté aussi mal son nom). Et ce sont ces actions qui s’apparenteraient à de l’ingérence ? S’ils avaient été honnêtes, ils auraient remercié les russes et Wikileaks pour service rendu à la nation ; pensez-vous, des preuves qu’un parti américain est impliqué dans une affaire de trucage, ça pourrait avoir une importance capitale, et remettre peut-être les services de renseignements us à leur place. Non, il s’agissait d’ingérences dont toute la campagne présidentielle aurait pâti. Certes, les renseignements divulgués ont prouvé que l’oligarchie était corrompue et manipulatrice, et cela a dû en décourager plus d’un d’aller voter Clinton. Mais au même titre que les casseroles trainées par les élus français, les casseroles américaines ont beau être révélées à un moment opportun, elles n’en demeurent pas moins réelles et problématiques. Bref, parler d’ingérence est risible, et je n’aborde pas là les nombreuses ingérences américaines, qui vont du soutien aux talibans à leur présence au gouvernement ukrainien.

 

Le principal problème de la Russie pour le reste du monde se résume évidemment à Vladimir Poutine. Tout le monde se permet des remarques quant à sa gestion de la Russie, témoignant d’un culot flagrant.

Il est évident qu’un dirigeant tel que Poutine ne pourrait décemment gouverner la France, surtout en raison d’un autoritarisme qui transparait parfois.

Lorsque j’étais plus jeune, encore au lycée, j’avais une pensée très manichéenne, et je condamnais sans cesse les dérives du Kremlin. Depuis, j’ai appris à relativiser. Le rôle des opposants politiques en Russie se limite effectivement à de la figuration. Mais Poutine est-il vraiment coupable de quoique ce soit dans ce cas de figure ? Ne faut-il pas envisager que l’opposition n’a rien de séduisant face à un parti qui défend mieux la souveraineté russe que quiconque ? (Il semblerait que le second parti du pays serait peu envisageable par ailleurs)

Le rôle de la Russie est l’un des plus importants dans le monde d’aujourd’hui, car il offre un contre-pouvoir au soft power américain, étant donné l’absence de volonté propre des autres pays de se démarquer de la pensée étasunienne, Chine mise à part. Sur le sol européen, personne n’est là pour défendre un projet ambitieux pour nos peuples, et les seules décisions qui n’émanent pas de la commission européenne (autant dire l’oligarchie) sont des décisions en provenance de nos « alliés » de l’Ouest. Il est donc nécessaire d’avoir un contre-pouvoir au niveau du continent européen, et vu notre transparence actuelle, seule la Russie peut maintenir ce pouvoir. Aussi, l’émergence puis l’élection d’un parti aussi américanophile que chez nous du côté russe serait une catastrophe en attendant une France plus forte et souveraine. La ligne défendue par Russie Unie en politique extérieure (à distinguer d’une politique intérieure conservatrice, correspondant aux attentes d’une part de la société russe, mais pas du tout aux miennes) est donc essentielle pour les relations internationales.

Certes, les moyens qu’il emploie pour s’assurer le pouvoir sont discutables. Nul doute qu’il pourrait se maintenir dans une élection, et ce, depuis son admirable reprise en main du pays après la catastrophe qu’était Boris Eltsine.  Il jouit d’une popularité remarquable en Russie, et pas uniquement à cause de potentielles pressions étatiques envers l’opposition. Alors oui, le régime est, sous quelques aspects, autoritaire. De là à le qualifier de dictature, il y a un pas que je ne franchirai pas. D’ailleurs, notre bonne oligarchie française permet-elle l’ascension d’une réelle opposition, contrairement à l’oligarchie russe ? J’en doute beaucoup. Nos autres alliés, pétromonarchies, USA, …sont-ils plus irréprochables  que la Russie de Poutine ? J’en doute aussi.

 

Ces nombreuses observations sur la Russie se veulent objectives, et j’espère que mon ressentiment à l’égard des politiques américaines  ne transparaitra pas trop.

Avec les conflits ukrainiens et syriens, les soupçons d’ingérence, tout cela semble confirmer mes précédentes réflexions sur une volonté affichée de prolonger la guerre froide, et surtout de créer un ennemi commun aux nations « démocrates » avec la Russie, afin de détourner l’attention des vrais problèmes (comme la persistance de cette oligarchie par exemple). On monte les gens contre les autres avec des conflits d’intérêts qui ne concernent que peu de personnes, mais tout le monde au final risque de trinquer.

 

Sur ce, passez une bonne année 2017.

 

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