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Gilets jaunes et colère rouge

Dans la bande-dessinée « La présidente », les auteurs y présentent une France en colère face à l’accès au pouvoir de Marine le Pen, à la tête d’un gouvernement autoritaire. La coalition qui en sort vainqueur à la fin, c’est un duo Macron-Taubira. Il est donc amusant de voir le renversement de situation correspondant à la réalité, avec Macron en dirigeant autoritaire et Le Pen appelant à manifester. Du moins, ce serait amusant si la situation n’était pas aussi grave.

 

Macron, que j’ai souvent appelé par ironie (un peu immature je conviens) Emmanuel premier, semble surpris de l’ampleur du mouvement des gilets jaunes. Pourtant, à la jouer comme un roi, probablement plus proche d’un Louis XVI déconnecté des réalités sous l’influence de quelques uns, que d’un autre monarque absolu, il fallait s’attendre à une révolution, ou à ce qui s’y apparente en notre 21ème siècle. Même certains du camp Macron, comme Alain Minc, le prédisaient en juillet : « Les inégalités engendrées par le système de marché accroissent le risque d’un spasme sociétal, d’une révolte dont la forme est imprévisible ». Une analyse fort juste, malgré la situation cocasse de cet oligarque, président du conseil d’administration de la SANEF et partisan d’un abandon de souveraineté au profit de l’UE. En soit, un pyromane qui prévient qu’il va y avoir des flammes.

Dans cette question des gilets jaunes, tout est marqué par l’hypocrisie, une hypocrisie qui mérite un développement à elle toute seule. Puis, derrière, le fond des revendications : les taxes. Sujet oh combien complexe, mais au sujet duquel il est possible d’avoir un avis nuancé.

 

I. Championnat de France de l’hypocrisie

 

Forage en Guyane, aucune remise en cause du libre-échange, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui restent les éléments les plus polluants en comparaison au peuple « lambda »...Y a pas à dire, les macronistes sont de grands écolos.

La hausse du prix du carburant était présentée comme une mesure écologique, et donc impossible à remettre en cause d’un point de vue moral. Dans la théorie, une action en faveur de l’écologie qui soit applicable et qui ne soit pas en opposition au reste de sa ligne politique est une action que l’on pourrait difficilement contredire sur le plan moral : condamner cette action se ferait dans l’incompréhension la plus totale, et ce serait assez justifié. Dans la pratique, cette action n’est pas applicable, et entre en contradiction avec la ligne économique du gouvernement. De la poudre aux yeux en fin de compte. Histoire de ne pas changer…

J’en ai vu des élus macronistes vendre ce projet en accusant leurs adversaires de ne pas se préoccuper de l’écologie. A eux seuls, ils ont redéfini la notion d’hypocrisie. Ou peut-être croyaient-ils simplement les fables de Macron et Philippe, qui sait ?

 

Cependant, la république en Marche n’a pas le monopole dans ce domaine. Les républicains et frontistes se sont empressés de défendre le mouvement. Évidemment, le ras-le-bol fiscal, ils le comprennent. Les premiers n’ont eu de cesse via l’UMP d’agir en faveur du déséquilibre fiscal actuel, et les seconds ont toujours entretenu le flou autour de ce sujet. A ni l’un, ni l’autre, je pourrai accorder ma confiance pour qu’ils agissent dans le bon sens. Mais plus que la question fiscale, c’est surtout la défense des mouvements sociaux qui me laisse pantois, lorsqu’on sait à quel point les manifs organisées par les syndicats ou la gauche provoquaient chez eux le désintérêt, voir le mépris. Peut-être qu’ils ont enfin compris le malaise social en France, ou peut-être qu’ils se contentent juste de récupérer quelques voix à droite à gauche. Lorsque l’université de Tolbiac était occupée au Printemps, la même Marine le Pen qui défend les blocages ne tenait pas vraiment le même discours. Pourtant, le fond des revendications était à peu près le même : on ne peut plus continuer dans cette voie.

 

Enfin, à l’extrême-gauche aussi les hypocrites étaient de sortie. Complaisants depuis toujours avec les Black Blocs, casseurs professionnels débarquant à la moindre manif, certains militants s’acharnent pourtant contre les gilets jaunes depuis le début. De même, ils n’hésitent pas à amalgamer gilet jaune et extrême-droite alors qu’ils sont les premiers à ne pas crier à l’amalgame dans bon nombre de situations où l’humain serait tenté par des rapprochements un peu facile.

Il est vrai que le mouvement des gilets jaunes a de quoi en hérisser certains à l’extrême-gauche : anti-syndicat, hostiles aux politiciens, composé de petits patrons, de français ruraux réputés conservateurs, on peut imaginer qu’ils y voient là une sérieuse concurrence à leurs revendications anarchistes et un peu naïves. Quelle surprise en effet : une révolte générale des travailleurs, basée essentiellement sur les questions économiques, attire plus de monde que des revendications internationalistes teintées de progressisme sociétal et d’un discours économique inaudible.

François Ruffin, Jean Lassalle, sont autant de figures politiques méprisés par cette frange de la gauche et considérées avec respect (la plupart du temps) par les gilets jaunes.

Aux yeux de quelques illuminés de l’extrême-gauche antifa, nous aurions affaire à un mouvement « proto-fasciste » et « poujadiste ». Le reducto ad fascistum, un grand classique de cette décennie. L’accusation de poujadisme est cependant à nuancer : le poujadisme en tant que mouvement corporatiste qui défendrait les classes moyennes est une notion qui s’applique sans problème ici. Quel est le mal à défendre les petits artisans, les commerçants ? Mais le poujadisme péjoratif, celui qui sous-entend une organisation violente, nécessairement d’extrême-droite, n’a pas lieu d’être : certains manifestants le sont, tout comme d’autres sont antifas, et d’autres encore des apolitiques qui se contentent de montrer leur colère.

D’ailleurs, c’est surtout sur cette colère que j’aimerai me prononcer.

 

II. Les taxes, entre instrumentalisation et injustices

 

Depuis le début, on entend beaucoup parler de cette hausse du prix du diesel, et plus généralement du carburant, pour faire avancer la cause écologique. Puisqu’on a vu qu’il n’en était rien, à quoi cette hausse indirecte de la taxation des français sert-elle ? La réponse est simple. Macron fait constamment des cadeaux aux « riches », supprime l’ISF, maintient des mesures à sens unique uniquement en faveur des 1 % qui assureront la réélection de son camp à travers leurs moyens financiers (ou sa reconversion une fois son mandat enfin fini). Les recettes de l’État sont donc diminuées, et c’est bête quand on sait que la France est heureusement un pays encore guidé par une fibre sociale au sein de ses institutions. Notre service public, auquel je suis très attaché, doit être financé (en attendant sa suppression en 2020 je suppose, si j’ai bien cerné le personnage). Puisque les 1 % détenant des millions sont intouchables, il faut donc frapper ceux qui ne peuvent pas se défendre en inventant des prétextes bidons ou en fraudant.

En effet, il n’existe actuellement que très peu d’alternatives au diesel et à l’essence. Les voitures électriques, dont je suis un fervent partisan, restent encore polluantes par leur consommation d’une électricité loin d’être verte, et de toute manière inaccessible pour une bonne part de la classe moyenne. Le bio-éthanol n’est pas vraiment développé non plus. D’ici dix-quinze ans, quand les efforts technologiques auront porté leurs fruits, et que des alternatives seront accessibles, alors il sera temps de taxer. Taxer non pas le diesel ou l’essence, mais les véhicules eux-même, puisque leur achat ne sera pas justifié. Actuellement, quand on sait que les avions et bateaux polluent bien plus alors qu’aucune hausse de taxe ne vient les affecter, on ne peut qu’être en colère face à cette injustice, du même ressort que les conseils écologiques donnés à mauvais escient aux particuliers pour éviter que les gros pollueurs n’aient à porter le poids de leur culpabilité.

 

Cette colère contre la taxation injuste ne date pas d’hier, mais elle tend à se confondre avec l’incompréhension générale face au concept d’impôt. Nos élites ont toujours présenté les impôts sur le revenu des plus riches comme un frein à l’embauche et à l’investissement. N’allez pas me faire croire pourtant qu’un million de plus dans la poche d’un actionnaire ira enrichir le pays grâce à son investissement dans un compte bancaire. Mais c’est comme ça que les choses sont présentées. Dans un but démagogique et populiste (le vrai populisme, celui qui se traduit par la transcription des doléances populaires à travers des mesurettes fumeuses destinées à satisfaire le plus grand nombre), les impôts payés par les classes moyennes sont aussi présentés comme des choses horribles. On supprime la taxe d’habitation, on promet de réduire tel impôt, etc. Dans les faits, c’est vrai, l’action de donner de l’argent et de ne plus pouvoir en jouir n’est plaisante pour personne. Mais rouler sur des routes en bon état, profiter d’un service public à la hauteur, d’un système de santé, est largement appréciable par rapport au don d’une part de son argent à l’État ou aux collectivités. Nos élites l’ont jamais présenté comme tel, parce qu’elles ignorent l’intérêt général. Payer des impôts, c’est participer à la satisfaction de l’intérêt général. Dans notre monde individualiste, ceux-ci ont toujours été présentés comme une atteinte personnelle.

Je ne dis pas que le système d’impôts actuels est juste. Si l’on prend en compte la TVA qui est un impôt indirect très mal utilisé (on pourrait imaginer par exemple un impôt qui servirait à orienter les achats des français, en taxant surtout des substituts nocifs à des produits plus sains et souvent locaux par exemple), il est vrai que le français moyen est souvent écrasé sous les taxes, alors que cela pourrait être évitable. Un impôt plus progressif (La France Insoumise proposait quatorze tranches par exemple) serait une solution plus adaptée ; le tout mériterait de toute manière un vrai dossier poussé que je serai incapable de produire avec mes connaissances actuelles sur le sujet.

 

Le ras-le-bol fiscal, au-delà de l’instrumentalisation politique relevée plus haut, fait aussi l’objet d’une instrumentalisation économique. Beaucoup ont saisi l’occasion pour sous-entendre que le mouvement des gilets jaunes s’opposait aux services publics à la française, que ces revendications correspondaient à l’idéal libéral pourtant décrié, et ainsi de suite. Lorsque les parties de l’élite, LR en tête, prend la défense des gilets jaunes, je ne peux m’empêcher de songer à la fixation qu’ils font sur les impôts et les dépenses utiles des français (L’exigence de gratuité des transports en commun dans un réseau en perpétuelle expansion par exemple), mais surtout sur ceux qui touchent ces 1 % qui s’empressent de toute façon de frauder à la moindre occasion. (C’est bien connu, la fraude aux allocations, c’est mal, la fraude au fisc, c’est normal).

Je ne dis pas qu’aucun gilet jaune ne partage l’idéal libéral. Mais je pense que cette colère est avant tout un cri du cœur pour la majorité qui y adhère. Le jugement qui est fait est fait sur la forme : le paiement. Le fond, l’idéologie politique qui guiderait ce paiement ou son refus n’est pas la priorité ici.

 

III. Une colère justifiée mais à canaliser

 

Au bout de deux pages et demi, il est temps que j’exprime mon jugement sur les gilets jaunes. Comme j’ai pu le sous-entendre auparavant, je comprends leur colère. L’injustice majeure qui réside dans une taxation touchant les classes moyennes et épargnant les plus riches est réelle, et il est normal pour n’importe qui de s’en émouvoir. De même, le pays depuis 2017 subit des changements profonds de la part du mouvement macroniste, des changements qui sont perçus à juste titre comme mauvais et accompagnés de faits du même acabit. On brade des industries à l’étranger, on fait des déclarations méprisantes et arrogantes, on reçoit des cadeaux fiscaux le lundi pour se faire taxer derrière le mardi...La France, ce n’est pas qu’un nom sur une carte, c’est une nation, un pays, qui compte des habitants. Par tradition culturelle, la révolte contre le mépris du pouvoir en place est ancré en chaque français. Le consumérisme et l’individualisme avait réussi à enterrer cette qualité, mais il semblerait que cela ne suffise plus. Les gilets jaunes, c’est cette France qui subit Macron alors qu’elle ignorait jusqu’au jour de l’élection quel serait le bon choix. Cette France qui ne sait pas vers qui se tourner, cette France qui en a marre tout simplement.

Néanmoins, il est bon d’émettre quelques bémols.

 

Tout d’abord, j’aurai aimé, dans l’idéal, que cette France se révolte plus tôt, pour des sujets à la symbolique aussi forte, mais aux impacts plus grands. Contre le Tafta par exemple, contre n’importe quelle loi travail à l’esprit ultracapitaliste et néolibéral. Mais cela aurait été utopique, et il aurait fallu une nation bien plus politisée. Pas évident avec les pouvoirs en place qui s’arrangent toujours pour diminuer l’éducation politique de ses concitoyens.

Deuxièmement, je comprends les critiques à l’encontre des partis traditionnels, mais il est normal que certains prennent fait et cause pour le camp des gilets jaunes. De quoi aurait eu l’air la France Insoumise, qui prône une partie de ce qui est prôné depuis des semaines, en refusant de se joindre au mouvement social ?

Toujours dans le cadre politique du mouvement, certains ont demandé la venue du général De Villiers à la tête du gouvernement. Depuis de Gaulle, la venue d’un homme providentiel fait rêver. On espère que quelqu’un puisse enfin redonner l’espoir aux français et les libérer de ce sentiment défaitiste qui pèse sur eux. Mais ce sont les évènements qui font les hommes providentiels, on en créé pas de toute pièce. On ne sait rien des opinions politiques et économiques du général De Villiers. Il a sans doute un sens de l’honneur que Macron n’a pas, son intervention lors de la polémique où il s’est fait connaître avait du sens et je l’avais défendu. Néanmoins, rien ne garantit qu’il soit la solution. Sur les questions de souveraineté, j’aurai tendance à faire confiance à des gens qui étaient prêt à donner leur vie pour le pays. Socialement parlant, je serai incapable de deviner ce qui l’anime.

 

Enfin, j’ai toujours été contre la violence lorsqu’elle est inutile. Brûler des voitures de gens qui n’ont rien demandé, c’est contre-productif. Saccager l’arc de Triomphe (était-ce réellement des gilets jaunes?), cela a autant de sens que d’abîmer des statues sous la révolution française. On est là dans l’expression la plus simple du ressentiment, et c’est triste. La colère peut au contraire mener à des mouvements à la stratégie très efficace. S’attaquer à des symboles du système comme les péages qui constituent un droit de passage payé aux plus riches, c’est une bonne chose. Faire des blocages devant l’Elysée, cela a du sens. D’après ce que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux (à prendre avec des pincettes), le comportement de certains, minoritaires si j’en crois mon expérience, n’avait rien de fraternel alors même qu’ils se plaignaient à raison de l’irrespect de la devise française. Les médias et le pouvoir n’attendent que cela pour décrédibiliser le mouvement ; ce serait bête de devenir le cliché de gilet jaune que conspue notre élite.

 

 

En conclusion, j’apporte donc mon soutien modéré au mouvement des gilets jaunes : je suis guidé par une ligne politique sociale et étatiste, je soutiendrai donc toute contestation qui irait dans ce sens. Mais je sais très bien que certains gilets jaunes exigent effectivement un droit à polluer, et seront les premiers à refuser les alternatives lorsqu’elles se présenteront réellement. Je sais que certains sont des militants frontistes purs et durs ; d’autres des libéraux opposés au principe d’impôt et cantonnant l’état au domaine régalien le plus strict. Ils constituent chacun une part de ce mouvement des gilets jaunes. Si ceux qui partagent mon opinion peuvent faire fléchir le mouvement vers cette ligne de justice sociale digne du CNR, alors je me fiche bien de savoir qui manifeste aux côtés de qui. La politique, c’est aussi convaincre.

L’essentiel pour le moment, c’est que Macron subisse un revers aux européennes. L’international libéral-capitaliste a assez mené la danse, il est temps qu’il s’arrête. (n’en déplaise à certains macronistes qui souhaitent encore plus de perte de souveraineté française au profit de l’UE). Parce que cette situation désastreuse, c’est pas seulement Macron, c’est tout un système. Il faut se saisir de cette occasion pour y mettre un terme.

Fiche de lecture #2: Le révolutionnaire, l'expert et le geek (Gaspard Koenig)

  • Par
  • Le 13/05/2018

 

A la question « qui est Gaspard Koenig », vous aurez en général la même réponse : un jeune philosophe plutôt libéral. Moi, j’ajouterai extrêmement libéral, et en tout point de vue. Depuis son passage dans On n’est pas couché d’il y a quelques semaines, j’ai voulu en savoir plus sur ce jeune premier aux premiers abords plutôt prétentieux.

A même pas quarante ans, Koenig rencontre un succès médiatique plutôt impressionnant à chaque sortie d’ouvrage, c’est qu’il en a écrit pas mal le bougre. Mais le fait le plus important reste encore la création du lobby « Génération libre » en 2013, tourné vers le jacobinisme et le libéralisme.

Pour décrire son ouvrage, le terme pamphlet en faveur du libéralisme est bien plus parlant. Soyons direct voyons : il s’agit uniquement d’un ouvrage destiné à faire miroiter les bienfaits d’un total-libéralisme.

 

I. Chapitres introductifs, dissertation de philo ?

 

L’introduction du livre est plutôt intéressante, mais c’est légion dans le monde de l’essai politico-philosophique. Ainsi, chose surprenante, Gaspard Koenig déplore l’usage intensif des chiffres au détriment de la pensée. Une infime lueur d’espoir s’allume devant cette affirmation à contre-courant des libéraux actuels, mais c’est pour mieux s’éteindre ensuite face au refus clair du protectionnisme et des barrières (ce qui n’est point une surprise)

La conception du libéralisme selon Koenig semble paradoxale aux premiers abords, lorsqu’on observe les faits actuels. Il pense en effet que celui-ci défend la nécessité d’une régulation éclairée en opposition à la loi de la jungle incarnée par l’arbitraire royal et les « protections discrétionnaires ». L’histoire de l’ancien régime pourrait lui donner raison, tant les rois ont usé de leurs pouvoirs pour satisfaire une ambition personnelle et non pas l’intérêt du pays, ce qui en faisait donc effectivement une jungle. Mais en aucun cas le libéralisme ne peut se présenter comme l’exact opposé pour moi. C’est juste un changement de souverain autoritaire. Voir une phrase comme « Ce n’est pas la lutte du fort contre le faible, mais l’inverse : la possibilité donnée au faible de venir défier le fort »* me fait légèrement sourire. La possibilité existe, mais oh combien faussée !

Parmi les affirmations qui suivront, certaines seront néanmoins tout à fait vrai, comme le fait qu’un droit de vote ne garantit point une société libre, ou encore que le vrai combat reste encore étatiste/libéral au lieu de gauche/droite.*

 

On arrive ensuite à la partie la plus proche d’une dissertation, où s’enchainent, un peu trop, des citations de philosophes et de multiples références. Il citera ainsi Benjamin Constant pour remettre en cause la décision majoritaire (sa logique de méfiance envers le vote se trouve ainsi poussée très loin). A cette occasion, on découvre la lubie première de Gaspard Koenig, l’autonomie. Un terme qui veut dire tout et n’importe quoi, que l’auteur assimile visiblement au seul but qui en vaille la peine. On découvre aussi son terme concurrent, l’hétéronomie, qui devrait remplacer les « inégalités ». Mais la manière dont le tout est emmené laisse présager une dérive individualiste des plus égoïstes, bien qu’encore une fois peu surprenante.

Il en vient ainsi à citer une phrase de Thatcher sans y porter de critique, ce qui équivaut à l’accepter et peut-être la partager : « personne ne peut être contraint d’appartenir à un groupe qu’il n’a pas choisi, quand bien même ce groupe est essentiel à l’exercice de sa liberté »*. Je ne fais là qu’une supposition, mais cela revient à inciter au communautarisme et au repli sur soi, une vraie plaie pour la société en soi. L’individualisme que je crois deviner à travers ses phrases apparait plus clairement lorsqu’il présente ce « désir d’autonomie » comme « la seule valeur auto justifiable dans un monde dépourvu de transcendance ».*

 

Parmi les autres points à retenir de ce premier pan, le corporatisme en prend un coup. J’ignore encore si ce concept est une bonne ou une mauvaise idée, mais j’envisage de l’étudier sérieusement. Dur donc de se prononcer. La fin d’un corporatisme serait un gage de liberté économique selon lui…A voir.

Les citations se font de plus en plus nombreuses, avec entre autre un soutien aux idées de Le Chapelier (« père fondateur » si l’on écoutait ce cher Koenig), politicien qui prônait la fin du corporatisme, mais aussi des partis politiques, et qui affirmait que « la communauté enferme et corrompt ». On voit le genre de la maison.*

 

II. Le vif du sujet, un libéralisme exacerbé

 

La seconde partie que je délimiterai dans son œuvre se fait plus claire sur le libéralisme qu’il espère, teinté de jacobinisme. Ainsi, pourquoi ne pas avoir des « régions sans conseil régional et des villages sans maire » ? (La réponse parait pourtant évidente). On fermera les yeux sur son envie de faire un « feu de joie des innombrables […] ordres, syndicats », mais peut-être moins sur son absence d’inquiétude au sujet de « l’apathie sociale dénoncée par Durkheim »* (Citation de Guizot mais dénuée de critique et donc partagée sauf preuve contraire)

Je relève certes un avis sur l’éducation plutôt intelligent, misant sur la fonction émancipatrice. Mais l’on retombe quelques pages plus loin dans des phrases typiquement libérales. Je m’excuse pour la longueur de la citation, mais il est bien des fois de ne point tronquer les phrases : Le même individualisme qui justifie la fin des privilèges ou la liberté d’expression doit permettre à l’entrepreneur d’évoluer dans un univers affranchis des rentes […] et autres protections artificielles, dont les tarifs douaniers ne sont qu’un exemple particulièrement saillant. Y a-t-il vraiment besoin d’un commentaire ? (histoire de remettre en contexte, cela faisait suite à une référence à une pétition pour le libre-échange datant de 1834*)

 

D’autres phrases s’avèrent être des marronniers du libéral traditionnel. En témoigneront ces deux extraits : « Le libre-échange, c’est la possibilité pour le petit, le nouveau, le créatif, de faire concurrence aux puissances établies » ; « la protection des uns, c’est toujours l’exclusion des autres et l’appauvrissement de tous »

On voit ici l’incapacité du libéral à se projeter dans la réalité, incapable de décoller de ses théories. Faire concurrence est un fait, mais le faire avec succès en est un autre que peu atteignent. De même, l’appauvrissement de tous n’a jamais été vérifié, à moins que l’on considère cela d’un point de vue uniquement mathématique (auquel cas oui, les ultra-millionnaires sont appauvris de quelques centaines de milliers d’euros)

Dans le même genre, on notera le fait que la concession privée (au sujet des chemins de fer et de la loi de 1842) est « une solution ingénieuse de la délégation du service public »…Hem.

 

Gaspard Koenig partage aussi une autre caractéristique du libéral moyen : il est persuadé que le libéralisme n’est pas en œuvre dans ce pays (à travers le néolibéralisme, j’entends). Le jacobinisme libéral aurait perdu la bataille idéologique du libre-échange…Lorsqu’on voit la logique qui guidait la réforme des régions de 2015, date à laquelle sortait ce livre, cela s’avère plutôt faux.

 

Après un tacle sur la sécurité sociale* (une gigantesque assurance privée mal gérée et déficitaire), nous arrivons à la partie humoristique du livre. Comment appelleriez-vous sinon le fait de citer un sondage fallacieux commandité par son propre lobby ? Oui, vous avez bien lu : D’après un sondage, les français plébisciteraient le libéralisme. Du moins, ils ont coché « oui » quand on leur demandait s’ils aimaient l’initiative, l’autonomie, le mérite ou la modernité. Et encore une fois, ce sondage (présenté avec des pincettes l’air de rien) a été commandé par Génération Libre, le lobby de notre ami ci-présent. Je vous invite d’ailleurs à lire l’analyse approfondie que j’avais écrite si ce n’est déjà fait.

Dans le même genre de conclusion à l’emporte-pièce, « le succès de Leboncoin prouve l’appétence des français pour le marché ». Je trouve cela d’une mauvaise foi déplacée.

 

Histoire de nous prouver encore une fois de quel bord il se situe, Gaspard Koenig nous explique que le gouvernement ne devrait pas être jugé sur le vivre-ensemble (« ou toute autre finalité collective »*) mais uniquement sur sa « capacité à faire émerger l’individu ». Il est évident depuis le début du livre qu’il ne pourrait survivre en territoire communiste, mais cela tourne à l’obsession…Plus inquiétante est son injonction à l’état jacobin de briser sans état d’âme une quelconque réforme évoquée alors*. Le libéralisme rencontrerait-il des limites ?

 

Nouvelle idée ensuite : taxer le non-usage. La mesure est certes originale, voyez plutôt :

« On pourrait gagner autant qu’on peut s’approprier. Mais ce qui reste, ce qui est stocké dans des appartements vides, de l’épargne dormant ou des terrains en friche, serait soumis à un taux d’imposition important et fortement progressif. […] le niveau de taxation ne dépendrait donc plus de la richesse mais de la capacité à absorber ses possessions pour son propre usage. Autrement dit, l’Etat, censé garantir l’autonomie, n’a de droit que sur ce qui la nie. »

Mais son originalité ne l’empêche pas d’être très absurde, et d’en faire une appropriation douteuse de l’impôt. On ne connait pas les modalités exactes de cette idée saugrenue, mais je pense qu’il est peu probable que ce soit des mesures justes, morales, et dans le sens de l’intérêt général.

 

Viennent ensuite des attaques contre les collectivités territoriales en France, encore une fois rien de surprenant, surtout de la part d’un jacobin. Gaspard Koenig propose une division géométrique des territoires et une réduction du nombre de communes, ce qui n’est pas sans rappeler le livre d’A. Verdier analysé précédemment. D’ailleurs, la France selon lui contient « 36000 communes muées en 36000 […] havres de népotisme. ». Après avoir annoncé la couleur, il précisera son intention de « repousser le politique le plus loin possible pour mieux autonomiser le local. » L’autonomie, encore et toujours. S’ensuit un tacle sur la figure du maire*, bien que ce soit une volonté purement administrative qui sacrifie l’identité culturelle des villages à travers la fusion des communes.

Si je saute quelques passages, je trouve cependant une analyse juste sur la confiscation des législatives par le bipartisme. Evidemment, il contrebalance cela très rapidement par le souhait d’une suppression des circonscriptions.

Enfin, il plaide aussi pour la centralité législative, voir la fin des ministres et des partis…On arrive là à des pensées bien radicales bien qu’il soit légitime de réfléchir sur ces questions.

 

Pour clore ce paragraphe, le mieux reste encore quelques saillies libérales que je n’ai pas encore citées. Dans le désordre, nous avons l’idée qu’il faille privatiser les valeurs, à savoir empêcher la loi d’interférer dans la morale (l’introduction de cette idée était néanmoins appréciable en reconnaissant le manque d’urgence d’une privatisation des entreprises publiques). Le cannabis ou la prostitution restent ensuite des sujets traités avec laxisme, et le vivre-ensemble trahirait selon lui « une coexistence indifférente et méprisante » (Au royaume de l’individualisme, rien d’étonnant). Il renchérira en suggérant de faire « campagne pour vanter nos traditions et condamner celles des autres. […] soyons les prosélytes de nos propres vies »

 

III. Planisme et parallèles insidieux

 

La partie suivante de son livre est essentiellement une analyse des rapports entre le planisme et le régime pétainiste. Il enchaine ensuite sur les traces qui en restent. Inutile de dire que j’ai beaucoup appris dans ce chapitre, mais que les propos les plus politisés m’ont parfois semblé ou malhonnêtes ou extrêmement libéraux (ou les deux).

 

Le planisme, comme toute action concrète de l’état, est beaucoup décrié dans cette partie. Il serait mené par des experts, qui effectueraient des choix à la place de l’individu. Certes, dans le fond, c’était le cas sous l’Etat Français. Mais on comprend que le planisme de manière générale est définie par son passé politique. Les reproches qui lui sont fait sont parfois incompréhensibles pour l’étatiste que je suis : « On y trouve l’idée d’orienter les activités individuelles et collectives dans les directions les plus favorables » (oui, mais encore ?), « substitution au capitalisme libéral par organisation collective » (c’est sûr que cela peut poser problème à certains…) ou encore « L’état deviendrait « bouclier protégeant et recouvrant l’ensemble de la société » (Mais n’est-ce pas là aussi le but d’un état-providence ?)

Le traitement du planisme se fait de manière peu honnête par la suite, en comparant volontairement le planisme de Pétain à celui de l’après-guerre. La comparaison n’est pas anodine : s’il est légitime car historique, nul doute qu’un tel comparatif n’a pour objectif que d’assimiler planisme à Pétainisme (et donc disqualifier le planisme d’après-guerre). J’extrapole peut-être me direz-vous ? C’est vrai, mais le souvenir des comparaisons FN-France Insoumise m’est resté en travers de la gorge…

 

De nombreuses actions post-seconde guerre mondiale sont ainsi taclées : la carte d’identité devient un « instrument de fichage hautement contestable »*, la retraite par répartition est associée à une pyramide de Ponzi (association malhonnête, car en théorie, il y a aura toujours quelqu’un pour payer les retraites), la planification immobilière serait la cause de l’architecture « inhumaine » des banlieues et un frein à l’investissement privé (pas nécessairement),…L’ENA en prend aussi pour son grade, ce qui ne me déplait pas, mais la création d’un tel établissement pouvait à la base donner quelque chose de potable. Il critique aussi l’interventionnisme culturel et son exception française ; j’aurai aimé des propos plus nuancés car il est vrai que ce genre de politique n’est pas toujours bien mené.

La période après-guerre est l’occasion aussi pour Gaspard Koenig de critiquer l’étatisme plus que le planisme qui y est lié, et de sur-réagir à des affirmations pourtant logiques, tel que le fait que les nationalisations soient un moyen de contrôler l’activité économique (Présenté comme un « aveu » de De Gaulle, ce fait est pourtant tout ce qu’il y a de normal et n’a rien d’honteux, tant qu’on n’effectue pas un contrôle complet)

 

Gaspard le libéral se réveille en pleine forme lorsqu’il aborde les soi-disant manque de liberté dans le pays, tel que l’obligation du port de la ceinture de sécurité*, la fin du lancer de nain* (on est nostalgique ?), l’installation de détecteurs de fumée obligatoire dans les maisons, des barrières dans les piscines…Lui admet que l’individu libre est cible d’un danger, mais visiblement, cela ne l’émeut pas plus que cela…

La présence de l’état auprès des entrepreneurs est quant à elle qualifié de mafia, au moment où le planisme (que je n’entends pas défendre dans son intégralité) encaisse de nouvelles attaques. Ce manque de finesse est encore plus flagrant lorsqu’il s’en prend à nouveaux au système de retraite : les retraités s’enrichiraient considérablement, et les états les auraient volontairement aidés lors de la crise de 2008 en faisant payer les actifs. Affirmations délirantes mais oh combien partagées dans les hautes sphères…A ce sujet, je ne peux que conseiller le livre de Jean Jacques Chavigné et Gérard Filoche, Une vraie retraite à 60 ans, c’est possible, aux éditions Jean Claude Gawsewitch, qui éclaire ce sujet épineux toujours d’actualité.

 

Cette partie se conclue entre autre par un hommage rendu à sa génération, faite de gens capables de « devenir son propre employeur, seul façon d’assouvir sa soif d’autonomie », mais il traite aussi de la dette (passage que je n’aborderai pas pour incompétence) et fait quelques propositions comme la suppression du statut de la fonction publique et des prohibitions fondées « sur les comportements de l’individu par lui-même » (Cannabis, etc…)

 

IV. Un regard plutôt intelligent sur le numérique, mais venu sur le tard

 

Ce chapitre-là est plutôt particulier dans le livre, puisqu’il tranche radicalement avec les précédents. Non pas parce qu’il ne contient que des raisonnements intelligents, c’est tout à fait faux, mais il a le mérite de rappeler une situation peu connue ; les dystopies rendues possibles par la révolution numérique. Le tout reste parfois traité de manière naïve, comme on pourra le voir rapidement.

 

Tout d’abord, la société de « l’application » signifierait la fin de la « tyrannie du salariat ». C’est absolument faux ; être son propre patron peut provoquer une autre forme de tyrannie, c’est évident.

Il expose ensuite des potentiels changements sociétaux : des vêtements renvoyés en plateformes et échangés au lieu d’être lavé, pas de financement des bibliothèques publiques (Google books, numérisation), plus de patrouilles de police (Application dédiée avec Citizen cop) ou encore la fin des universités publics en raison des cours en ligne accessibles à tous.

 

Des idées sont émises sur le même plan, sans qu’on sache s’il y est favorable ou s’il y met un véto : l’impôt deviendrait uniquement volontaire, basé sur des sommes allouées par les citoyens à divers projets. De même, le vote deviendrait digital, et on pourrait songer à une fin du vote qui serait remplacer par des algorithmes prévus pour rendre les politiques les moins déplaisantes possibles. Je vous passe les idées les plus dignes d’un film de SF, mais globalement, le futur décrit fait peur de mon point de vue.

Heureusement, tout ceci est partiellement remis en cause : la liberté si chère aux libéraux comme Koenig serait en danger à cause de ces dérives. C’est un point sur lequel je suis en accord, bien que l’autonomie ne soit pas ma première préoccupation face à de tels changements.

Néanmoins, je ne comprends pas trop cet attachement à l’Homme au vu des idées émises sur les chapitres précédents, et encore moins son attachement à l’individualisme : lui-même se demande si le projet de l’individualisme ne serait pas « le devenir-schizophrène de la société, la cohabitation des riens, l’alignement immaculé des corps sans organe ». (Il a tout à fait raison de se poser cette question)

 

Naïvement, il espère cependant concilier son libéralisme autonomiste et la révolution numérique : « Si l’on parvient à insérer la séduisante promesse du sur-mesure qui nous vient de Californie dans le cadre de l’état de droit, nous pourrions être à l’aube d’une ère de liberté, d’indépendance et de créativité sans précédent. L’aube d’un nouvel humanisme »

Lorsqu’on voit ses réflexions autour du sujet, on se demande pourquoi persiste-t-il sur ce chemin. J’aime beaucoup la phrase qu’il dit au passage : « Sous les apparences du cool, la Tech recèle une potentialité totalitaire extrême » C’est tout à fait vrai, et l’on poursuit donc sur cette lancée en demi-teinte parfois très satisfaisante. On comptera aussi la suggestion d’un rétablissement du droit de propriété intellectuelle. (Bien qu’encore une fois très paradoxal par rapport au libéralisme)

 

Ce dernier chapitre est donc plutôt une réussite, bien qu’il faille parfois se faire violence et attendre patiemment le moment où il nous explique l’intérêt de limiter ces dérives qu’il semblait pourtant cautionner. Ce n’est pas non plus une partie intégralement lucide, mais il fallait le souligner.

 

 

Alors, que peut-on en penser ?

Gaspard Koenig est un philosophe extrêmement libéral, vous l’aurez compris. Il a une crainte très forte de l’état et de son potentiel autoritarisme, au point où l’on se demande s’il ne soutiendrait pas l’anarchie malgré lui. L’autonomie est un thème qui lui est cher, sans doute trop, mais permet de cerner le personnage : pour lui, l’individualisme est une fin en soi, et le désir de liberté en devient presque maladif. Il reste un chapitre très intéressant sur la révolution numérique, où sont finalement démontrées les limites du libéralisme. Mais le tout est conclu par des phrases similaires à celles du début du livre, assez décevantes quand on voit les réflexions intelligentes qui précédaient. Ainsi, je vous laisse méditer sur la phrase suivante, présente dans les dernières pages de son livre : « Nul besoin que l’état soit patriote pour aimer sa patrie. L’Etat pourra être européen ; peut-être un jour mondial […] »

 

 

 

*Citations et affirmations basées sur les pages suivantes du livre : 2, 32, 55, 57, 64, 76, 85, 93, 96, 103, 110, 132, 153, 155, 169

Conception politique: #3, L’Etat, la liberté et l’intérêt général

 

Avancer contre vents et marées en politique est une expérience qui demande une importante confiance en ses idées. Autant dire à quel point je reste attaché à l’étatisme, doctrine politique souvent peu comprise, et redoutée comme la peste. Dans notre monde actuel, le libéralisme semble être une évidence. Après tout, il n’y pas d’alternative comme disait l’autre. Pour les politisés du monde anglo-saxon, l’appréciation est encore pire :

Aux Etats-Unis, la liberté a été érigée en unique principe de vie, expliquant sans problème la culture de l’individualisme qui sévit là-bas. Si on écoutait les libéraux de ces pays (Le Royaume-Uni, l’Australie, …) la seule alternative au libéralisme dans ce microcosme demeurerait le communisme, alternative qu’il serait évidemment judicieux de rejeter au regard de l’échec de l’URSS. Le monde selon eux se partagerait donc encore entre le libéralisme capitaliste et le communisme, doctrine que beaucoup pensent avoir vu à l’œuvre sous Staline ou Mao.

 

Ce raisonnement binaire a participé au fil des années au développement du Maccarthysme, qui mine de rien était une doctrine très étatiste dans sa manière de gérer les opinions politiques divergentes. Mais pire encore, cette opposition de mauvaise foi permit rapidement de discréditer les étatistes de tout bord. La droite est ramenée au fascisme, alors pourquoi ne pas ramener la gauche au communisme après tout ? Les décennies passent, les gaulliste de comptoir (comprenez les républicains qui n’ont rien compris au gaullisme) crachent sur l’étatisme qui était pourtant l’apanage du CNR, la droite en général réprime l’anarchie tout en faisant sa promotion au niveau économique, et les socialistes cèdent aux sirènes libérales. Comment voulez-vous défendre alors l’étatisme souverainiste qui caractérise mon idéologie politique, lorsque cette bataille semble perdue d’avance ?

C’est pourtant ce que je fais depuis deux ans, et ce que je vais faire dans les lignes qui suivent.

 

 

La défense de l’intérêt général et populaire, court état des lieux

 Pour défendre un mode de pensée politique, il faut en général définir son utilité. Qu’apporte donc l’étatisme, l’interventionnisme d’état ? (attention, le terme interventionniste renvoit à l'interventionnisme économique)

A cette question, les libéraux avanceront qu’ils n’apportent qu’une irruption de l’Etat dans le marché économique, censé se réguler de lui-même. Moi, j’avancerai que l’interventionnisme permet tout simplement à l’Etat d’accomplir sa mission : défendre l’intérêt général, et l’intérêt national qui en découle.

L’intérêt général, de par l’interventionnisme, voit ses nombreuses composantes assurées. Ainsi, on songera aux domaines de l’éducation et de la santé en priorité : l’école est publique, donc accessible à tous sans condition de moyen. L’hôpital est public, donc accessible à tous de la même manière, et la sécurité sociale, dieu merci, nous épargne les sommes faramineuses que demandent les dépenses de santé à l’étranger. En effet, il suffit de se poser une question très simple ; aimerions nous nous endetter sur dix ans pour payer l’université  à l’ainé, tout en ouvrant un autre emprunt pour soigner la jambe cassée du cadet ?

Dans le domaine du travail, la présence de l’état est encore plus remise en question, alors qu’elle devrait être encore plus nécessaire avec la mondialisation. En effet, avec la concurrence de pays sans droit des travailleurs aussi développé que chez nous, certaines entreprises (les moins à plaindre financièrement parlant en général) sont tentées par un traitement des salariés des plus discutables. Sans Etat pour s’assurer de bonnes conditions de travail, le salarié aura tôt fait de se retrouver avec les mêmes droits qu’un travailleur textile en Asie de l’Est.

 

Toujours sur la question économique, les mesures protectionnistes sont celles qui peinent aujourd’hui à être appliquées, quitte à les qualifier d’actes de guerre économique (Par monsieur Le Maire par exemple la semaine dernière). Pourtant, vouloir sauvegarder l’emploi sur son propre territoire est une action des plus logiques, et c’est même recommandé. Ce protectionnisme apparait aux premiers abords comme barrière à tout échange commercial, hors, ce n’est pas une nécessité. Rien n’empêche un pays de commercer avec un autre en dépit des taxes douanières. Il faut en effet prendre en compte l’existence de savoir-faire nationaux, qui s’exportent sans problème puisque présentant un caractère unique et non concurrencé.  Afin de favoriser des échanges de ce type, les mesures protectionnistes peuvent d’ailleurs être sélectives (sauf dans le cadre actuel des traités hélas) et épargner les produits introuvables au sein du pays. (Nourriture étrangère spécifique par exemple)

L’écologie enfin est aussi un domaine où l’Etat peut jouer un rôle important par la taxation écologique de produits importés de très loin sans réel besoin, essentiellement pour ceux qui transiteraient par des voies routières. Le domaine écologique est d’ailleurs très proche de la sécurité intérieure et extérieure, ce qui en ferait un domaine régalien au même titre que l’armée ou la justice

 

 

Toutes les actions présentées précédemment sont des évidences pour quiconque se préoccupe de la place de l‘Etat dans nos sociétés mondialisées. Mais ce rappel était nécessaire. Il permet de remettre dans l’esprit des gens que la disparition de l’Etat dans ces secteurs serait un échec. Une seule mesure libérale appliquée à la place, et ce sont les conditions de vie des populations qui se voient négativement impactées.

Alors que certains proposent d’aller plus loin dans la privatisation et le recul de l’état (revendiquant ainsi malgré eux les débuts caractérisés de l’anarchie), j’envisage l’inverse et avance quelques mesures qui me semblent intelligent d’appliquer dans les années à venir

 

Nationalisations et protectionnisme, la feuille de route que redoute la mondialisation

Alors que certains secteurs sont dieu merci épargnés par la fin de l’état-providence, d’autres restent encore à conquérir.

Le premier et pas des moindres perd du terrain depuis que nos voisins anglo-saxons ont franchi le pas sous les noires années du Thatchérisme. Le secteur ferroviaire est en effet en grand danger, et comme le rappelait Olivier Besancenot sur une chaine publique la semaine dernière, ce danger ne date pas d’hier. Tout est fait pour faire passer ce domaine sous propriété d’entreprises sans scrupules, privant ainsi le domaine public d’une nouvelle voie de communication après la perte des autoroutes. Qui dit fin du caractère public des services ferroviaires dit par exemple impossibilité pour l’état de développer une politique d’intégration du territoire. Peut-être pouvons-nous aussi craindre des obstacles au développement du ferroutage.

Ainsi, pour remédier à ce problème, et dans le cas où ces secteurs seraient renationalisés, il faudrait constitutionnaliser le caractère public des voies de circulation. (Et au passage faire de même avec les ports, les aéroports et autres terminaux de ce genre)

 

Le deuxième secteur que j’aimerai voir pris en charge par l’état serait le développement sain de la jeunesse, et pas uniquement avec l’école. En effet, et c’est d’actualité, la question des écrans reflète assez bien le déficit éducationnel dans les générations actuelles de parents. A l’issue de débats sur les réseaux sociaux (là où j’ai paradoxalement commencé sur internet), il est effarant de constater la haute permissivité de certains, qui considèrent que mettre un enfant devant la télé à cinq ans, c’est ne pas l’isoler du monde…Ne parlons pas non plus des écoliers du primaire qui fréquentent déjà Facebook et YouTube. Les conséquences de ces actions ne sont pas nécessairement désastreuses, mais la probabilité qu’elles influencent négativement le développement de ces futurs adolescents n’est pas à négliger. En restant sur les écrans, difficile aussi d’ignorer le problème posé par la télé-réalité, sa suppression incarnant un de mes chevaux de bataille. Que la chaine proposant le plus ce genre de contenus soit la plus regardée par les jeunes n’est pas une surprise, et c’est d’autant plus alarmant. A ces problèmes se couplent les problèmes traditionnels que traversent les parents et leurs enfants, dont l’abandon psychologique reste le plus problématique.

Les prérogatives nécessaires à l’octroi d’une bonne éducation doivent être décidées prudemment. L’Etat ne doit pas pouvoir manipuler son peuple à coup de propagandes et d’éducations fascisantes. Mais des contrôles d’aptitudes à la parentalité effectués à plusieurs étapes de la vie de l’enfant peuvent déjà faire beaucoup pour cette éducation en perdition. De même, le CSA pourrait sévir à l’encontre des programmes médiatiques, et ce même sur YouTube. Finalement, bien que l’idée d’imposer cela à l’échelle nationale me dérange un peu, je pense que l’interdiction des portables au collège n’est pas un mal.

 

L’intérêt général se verrait donc mieux défendu avec ces deux exemples, mais l’intérêt du pays peut aussi se voir servit par une meilleure approche des secteurs stratégiques.

Ainsi, notre armée se retrouve équipée de matériel étranger, notre informatique dépend de Google, et cela nous place à la merci de n’importe quel espionnage. Plusieurs mesures pourraient être envisagées.

Tout d’abord, il faudrait développer une industrie de défense exclusivement française. Et cela concernerait les armements et les véhicules. L’Etat peut ici intervenir à plusieurs degrés : si la création d’une marque industrielle nationalisée dédiée à ce secteur peut effrayer certains, l’existence d’un marché public réservé aux marques françaises (qui construisent en France) peut être déjà un bon début. Le domaine informatique ensuite est plus facile à administrer, en raison de la qualité de nos ingénieurs dans les domaines concernés. Cela ira d’un moteur de recherche, d’un système d’exploitation, à des téléphones sécurisés dédiés aux services de l’Etat. Pourquoi ne pas d’ailleurs en profiter pour investir dans Dailymotion, qui serait provisoirement nationalisé le temps de son développement ?

 

 

Certes, ces mesures comme celles déjà existantes sont des aberrations pour le libéral de base, et pourrait même faire fuir le citoyen moins politisé devant de tels irruptions étatiques. Mais pourtant, elles vont dans le bon sens et permettent à l’Etat-providence d’agir en faveur de son peuple et de se donner les moyens d’exister efficacement.

 

Une avancée de l’Etat synonyme de développement moral, sociétal et économique

Si l’Etat se trouve de plus en plus omniprésent, comment encore gagner de l’argent ? se demanderaient probablement certains. Ne sombrons-nous pas dans un communisme de bas-étage ? se diraient d’autres. Mais rien de tout cela n’est rationnellement envisageable. Ce n’est pas parce que des limites existent que la liberté a disparu. D’ailleurs, celle-ci n’a de sens que lorsqu’elle est confrontée à des limites.

Pour les questions de l’école et de l’hôpital, l’idée d’en faire des entreprises à but lucratif est impensable. Il existe certes des écoles privées et des cliniques privées. Leur utilité peut-être avérée actuellement, car l’un apporte une éducation scolaire de meilleure qualité (j’y ai effectué mon secondaire, je peux en témoigner) et l’autre des soins accompagnés de moyens plus importants. Mais il persiste un problème : seuls ceux qui ont l’argent  peuvent bénéficier de ces établissements. A ce sujet, un status quo reste la meilleure solution en attendant d’améliorer considérablement les établissements publics. Ce qui reste un privilège de classe doit tôt ou tard disparaitre, mais ce serait provoquer des débats qui ne doivent pas encore avoir lieu.

 

Nos salariés qui se voient protégés par l’Etat des dérives capitalistes, voir les chômeurs qui se voient aider en attendant de trouver un travail, peut poser problèmes à des partisans de la fin de l’Etat-providence. Mais si l’unique but de ces gens, en théorie, est de gagner de l’argent, les actions de l’Etat ne sont pas des obstacles. Premièrement, c’est un constat, les entreprises qui délocalisent sont celles qui ont en général des résultats financiers prometteurs, contrairement à des PME qu’on prétend avantagées par les délocalisations. La fin de ces délocalisations n’est donc pas une source d’appauvrissement. Deuxièmement, le développement d’une industrie qui protège le salarié et qui reste en France réduirait le taux de chômage et permettrait des conditions de vie dignes, ce qui aurait pour résultat une hausse de la consommation (plus sans doute que de l’épargne) et donc des rentrées d’argent dans les entreprises. Peut-être que les actionnaires verraient leurs parts légèrement baisser, mais s’en plaindre relève d’un égoïsme pur et simple (d’ailleurs, puisque je suis partisan d’un actionnariat salarié, la question ne se pose pas). Enfin, de meilleurs conditions de travail permettent une meilleure productivité, un meilleur enthousiasme, et pourraient pacifier les rapports entre patronat et syndicat.

Se présente aussi l’idée fausse selon laquelle le protectionnisme reviendrait à se couper du monde. Il affaiblirait les états qui verraient une baisse des exportations et une hausse du prix des importations. Si la seconde est plutôt logique, elle est biaisée en ce que de nombreux pays pratiquent déjà le protectionnisme. Quant à la baisse des exportations, c’est oublier que le côté unique de nombreux savoir-faire permet de maintenir ces exportations. Si un fruit d’un pays X ne peut être produit chez nous, le taxer pour protéger notre industrie est absurde. Le raisonnement s’applique donc dans des secteurs stratégiques où la France produit déjà des produits susceptibles d’être concurrencés. Inévitablement, ces derniers auront plus de succès face aux rivaux taxés, ce qui permettrait du profit. Nulle question donc d’appauvrir les entreprises et l’Etat.

Les derniers thèmes sujets à nationalisation et étatisme relèvent enfin plus de la réflexion morale qu’économique. Mais s’il s’agit de parler uniquement argent, la nationalisation de toutes les voies de circulation reviendrait moins chère aux usagers, et ne provoquerait aucun appauvrissement conséquent à des entreprises qui, de manière générale, sont loin d’être des PME. On présente ces dernières comme grandes perdantes de l’étatisme et du protectionnisme, mais ce sont en général les grandes firmes qui remportent les marchés concernés, ce qui montre bien l’hypocrisie de ces détracteurs.

 

 

Auteur de grands projets de développement et d’un encadrement sain d’une société saine, l’Etat interventionniste idéal, par ses prérogatives, offre une vie plus stable au peuple dont il a la protection. Maitre de son destin économique et de son espace public utilisable par tous, il n’empêche pas l’enrichissement mais limite celui-ci à l’enrichissement moralement acceptable. Le salarié, le fonctionnaire, le citoyen, chacun peut s’épanouir sous une politique étatiste. Le tout est d’avoir un gouvernement guidé uniquement par l’intérêt général, qui puisse encadrer la vie du pays de manière à le faire prospérer de manière durable.

 

 

L’échiquier politique en 2017

 

               L’année dernière, j’avais développé une réflexion sur l’échiquier politique, alors en recomposition. Maintenant que la deuxième phase de recomposition est en route (après le doute, le déclin), il est temps de faire une mise à jour.

J’avais à la base organisé cet échiquier sous forme de croix directionnelle, avec gauche, droite, avant et arrière ; ces deux dernières notions étant purement subjectives et déterminaient alors quels partis pourraient tirer la France vers le haut. Mais cela est bien trop complexe, et perd de son intérêt assez rapidement. Je reviendrai donc sur un échiquier traditionnel basé sur les deux concepts majoritaires en politique : l’économie et le sociétal.              

 

L’intérêt de cette réflexion n’est pas tant de situer tous les partis, ce qui pour les plus médiatisés est plutôt aisé, mais de localiser droite et gauche sur ce référentiel, et de développer ma vision de l’échiquier.

 

La persistance d’un clivage

Contrairement à ce qu’avancent certains en politique, le clivage gauche-droite existe encore, et se doit d’exister, du fait de sa dépendance aux clivages souverainisme/libéralisme économique et conservatisme/libéralisme sociétal. La négation de ces réalités traduit souvent une volonté de faire revivre le TINA de Mme Thatcher. Cette théorie, que j’appellerai survol des clivages, maintient que le clivage gauche-droite serait dépassé, la gauche ayant fini par rejoindre la droite sur le plan économique. Ceci est très dangereux de tous les points de vue, et démontre une erreur de compréhension des réalités politiques. En effet, depuis les années 80, en se tournant vers le centre-droit, le parti socialiste trahit ses idéaux, et installe une confusion pour les analystes de tout bord. Mais ce n’est pas parce que la gangrène néolibérale a gagné le parti socialiste que cette maladie économique fait l’unanimité et dissipe les clivages de cette nature. Affirmer le TINA, c’est nier les aspirations à un monde meilleur que l’on retrouvera chez beaucoup d’électeurs.

Néanmoins, on pourra effectivement survoler le clivage gauche-droite en proposant des projets non sectaires. Des partis de gauche ou de droite peuvent tout à fait mobiliser plusieurs électorats pour reconstituer l’unité du pays. Cela peut se faire sur des sujets de société tout comme sur des politiques économiques. D’où l’importance des deux clivages initiaux.

 

Souveraineté, libéralisme, conservatisme

Une autre erreur lorsque l’on parle de l’échiquier politique, c’est d’opposer progressistes et conservateurs sur tous les sujets, même politique. L’idée de progrès dans le domaine sociétal est à nuancer (la marchandisation du corps humain, progrès ?) mais traduit généralement la réalité des choses. Cependant, lorsqu’il s’agit de définir une ligne économique, peut-on vraiment affirmer que le souverainisme est un conservatisme et la mondialisation à outrance un progrès ?

Les vrais termes à utiliser sont donc les suivants : en économie, on trouvera les souverainistes (au sens large) et les libéraux, ces deux termes englobant des variations (néolibéralisme) et des paradoxes (altermondialisme) qui permettent de définir les bords politiques. A ce clivage économique se rajoute donc une division sociétale : le conservatisme (plus ou moins prononcé) et le libéralisme sociétal (plus ou moins prononcé ici aussi).

Les relations entre les différents courants s’organisent donc sur la base de ces clivages. En effet, quelle différence y a-t-il entre un programme « Les Républicains » et celui d’Emmanuel Macron, si ce n’est une plus grande ouverture sociétale pour ce dernier ? De même, si les programmes économiques du NPA et de Mélenchon sont assez similaires dans les questions de fond, leur approche des sujets de société est différente, et si on rajoute la gauche de Chevènement, ça devient encore plus compliqué. D’où l’utilité de l’échiquier politique d’ailleurs, qui permet d’apercevoir les différentes associations d’idées.

 

L’approche économique comme identité politique

Puisqu’il existe deux clivages, on pourrait admettre qu’il existerait deux classifications gauche/droite, l’une basée sur l’approche sociétale, l’autre sur l’approche économique. Mais si cette dernière est selon moi valide, la première demeure peu fiable. En effet, celle-ci dépend beaucoup de la tradition familiale et impacte toutes les générations d’une part, et il existe une multitude d’avis différents sur les questions sociétales : on peut être pour le mariage universel mais opposé à la GPA, pour la légalisation du cannabis et pour une laïcité plus stricte, …difficile d’identifier des lignes claires. Inversement, l’approche économique est beaucoup plus simple à catégoriser. On pourra distinguer le souverainisme, le libéralisme, le néolibéralisme (qui lui englobe souvent une pensée sociétale libérale), …Il est plus aisé de différencier les acteurs politiques, extrêmes mis à part. (J’y reviendrai)

A travers le prisme économique, il est aussi possible de prouver que le parti démocrate américain n’est majoritairement pas le parti de gauche que l’on prétend nous vendre, au prétexte que les républicains seraient de droite. C’est bien pour ça que ce clivage gauche-droite peut être remis en question : le libéralisme sociétal se couplant parfois avec le libéralisme économique, il est parfois tentant d’associer plusieurs partis économiquement différents sur la base d’un refus partagé du conservatisme sociétal. Mais c’est une erreur, qui, comme rappelé plus tôt, peut conduire à une uniformisation économique de l’espace politique.

 

L’exception du centre et des extrêmes

Au final, si l’on arrive à distinguer gauche et droite, le centre reste un mystère. De mon point de vue, le vrai centre n’existe pas, car il serait tenté de céder à tous les compromis et donc se trouverait assez peu efficace en termes de prise de décision. On se contentera donc de deux nuances, centre-gauche et centre-droit. Le centre-gauche caractériserait ainsi les souverainistes les moins ouverts sur les sujets sociétaux (pas forcément conservateurs), souvent plus concernés par les questions de sécurité, alors que le centre-droit qualifierait les libéraux économiques et sociétaux, ce qu’on assimilera vite aux néo-libéraux, le courant majoritaire dans l’oligarchie actuelle. On comprend vite pourquoi Macron est rapproché de la gauche, alors qu’il correspond justement à l’archétype du politicien de centre-droit.

Restent encore les paradoxes des extrêmes. Dans le cas de l’extrême-droite, celui-ci est dû au fait que plusieurs électorats sont visés, d’où un protectionnisme parfois couplé à du libéralisme comme chez Donald Trump. C’est illogique, mais assez vendeur. En effet, si l’on souhaite protéger l’économie du pays avec du protectionnisme, pourquoi alors favoriser le libéralisme économique au sein du pays ? Un tel système ne peut marcher, et si les aspirations libérales du Front National prennent le dessus dans le cas de l’accès au pouvoir pour Marine Le Pen, Florian Philippot (transfuge de la gauche souverainiste) se trouvera bien embarrassé.

[Concernant Dupont-Aignan, il n'a pas un fond d'extrême-droite, mais il est souvent tenté d'aller piocher dans ce secteur, afin de ramener les électeurs partis au FN. C'est assez déplorable, car il a les moyens d'incarner une doctrine gaulliste quand il se montre lucide.]

Pour l’extrême-gauche, le paradoxe provient du libéralisme sociétal très poussé, qui détint sur l’économie et refuse le souverainisme au motif de l’internationalisme. Finalement, si les droits des travailleurs priment, la méconnaissance de mécanismes propres à chaque pays maintient une concurrence déloyale qui conduirait à des défaillances dans le système social alors en œuvre. Dans le cas de l’anarchisme, le libéralisme économique est même de mise, cette idéologie pensant (naïvement, il faut le dire) que chacun est capable de se passer d’état.

Il est amusant de mentionner un autre paradoxe, celui de la défense active des droits des femmes couplé à une défense active du port du voile (même le plus poussé). Mais cela est un autre sujet.

 

Une nouvelle manière d’envisager l’influence des partis et mouvements politiques

Avec cet échiquier, on constate assez rapidement que les clivages et différences sont nombreux au sein de la classe politique. Pour maintenir l’unité du pays, il est évident que ces divergences compliquent les choses. Pourtant, elles sont nécessaires, c’est une évidence même.

Néanmoins, je pense que les partis et mouvements doivent acquérir une nouvelle place dans la vie politique. Présentant des candidats porteurs d’un programme, ils ne doivent cependant pas maintenir cette position de rivalité coûte de coûte. Lorsqu’un gouvernement de centre-droit (Valls par ex) veut faire voter une loi néolibérale, on arrive à une situation où (heureusement me direz-vous) les partis de droite néolibéral votent contre. C’est immature et malhonnête. Comme je le pense toujours, la politique n’est pas un jeu. Si les idées sur tel sujet de A et B convergent, alors A et B devraient voter de manière identique.

C’est à ce titre que je souhaite une diminution de l’importance des groupes parlementaires à l’assemblée. En effet, en affirmant les clivages politiques au point de vue institutionnel, on arrive à une situation contre-productive. De même, l’introduction du scrutin proportionnel est nécessaire pour véritablement clarifier le débat politique. Tout cela participerait à un exercice honnête de la démocratie, et le clivage politique ne serait là que pour définir sa pensée politique sur le long terme.

 

                 Les clivages politiques sont inévitables en démocratie (et même en dictature), mais ceux-ci ne doivent pas nuire à l’exercice politique. A ce titre, il convient de les identifier clairement, et de reconnaitre les points de convergence entre les différentes idéologies économiques et sociétales. Le vote à l’Assemblée a pour but de déterminer ce qui conduira l’avenir de la nation. Les querelles de partis, lorsqu’elles se font le témoin de la politique spectacle, sont des handicaps pour l’exercice du pouvoir. Si les divergences d’opinions et le clivage gauche-droite doivent persister, c’est avant tout pour clarifier l’échiquier politique, et renforcer la démocratie.

Echiquier politique

(le carré gris sur l'image délimite l'existence d'une zone où mes idées pourraient cohabiter avec un peu de compromis (mais rien qu'un peu))

 

Analyse de programme : #6, Emmanuel Macron

 

Après des mois d’attentes insupportables, les journaux hantés par son visage jovial et son sourire people, le programme d’Emmanuel Macron est enfin disponible. Voici une nouvelle étape dans la campagne, où nos journaux seront désormais…hantés par son visage jovial et son sourire people… (On ne change pas une équipe qui gagne)

L’heure est donc venue d’étudier le programme de cet ancien inconnu, mais surtout ancien banquier et tout ce qui va avec…

Que penser de cet ex-ministre de l’économie donc ? Pas que du bien, voir rien de bien d’ailleurs pour ma part. Je pars avec une vision très subjective, vision que j’expliquerai en détail dans un futur billet que je m’étais promis de ne pourtant pas faire.

Aidé par son amitié avec les patrons de groupes médiatiques, Emmanuel a de quoi être satisfait question traitement de faveur, quitte à déroger aux règles électorales réformées récemment (cf. étude de la loi d’Avril 2016) ; nouveau venu en misant tout sur l’apparence, il ne m’inspire pas confiance ; à son programme de me prouver le contraire.

Question échiquier politique, on est sur du centre-droit, contrairement à ce que laissent entendre les journalistes. Et pour sa présidentiabilité :

présidentiabilité

 

1° Slogan

 

Difficile de le trouver. Serait-ce « en Marche » comme le nom de son parti ? SI c’est le cas, c’est terriblement efficace quand il s’agit d’attirer les foules naïves. « Retrouver notre esprit de conquête pour bâtir une France nouvelle » ? Dans ce cas, c’est pompeux et trop large. A vrai dire, s’il fallait trouver un slogan, je dirai plus « Macron président » car c’est uniquement ce qui transparait au premier regard…

 

2° Programme

 

A° « bien vivre de son travail et inventer de nouvelles protections »

 

Un titre amusant tant les lois Macron et El-Khomri restent dans les esprits…

On trouve tout d’abord une réduction des cotisations. Dommage qu’il n’explique pas à quoi servent ces cotisations…Une fois deux points similaires passés, nous voilà au premier point litigieux : « l’insuffisance des efforts de recherche d’emplois ou le refus d’offres raisonnables entraineront la suspension des allocations » Quelles sont les offres raisonnables ? Mystère, mais nul doute que cela s’oriente vers une dictature de l’emploi, où il faudra bosser coûte que coûte, sans prendre en compte les conséquences derrière.

On s’oriente ensuite vers une « modernisation » des espaces agricoles. Pour rappel, OGM et productivismes sont des « modernisations » agricoles…Méfiance donc.

 

B° « Libérer le travail et l’esprit d’entreprise »

 

Ou comment faire de l’œil aux start-up et aux petits entrepreneurs…

Je n’évoquerai pas la suppression du RSI, pour l’instant je n’ai pas les compétences nécessaires pour en juger.

Nouvelle baisse des cotisations sociales envisagées, rien d’étonnant. On poursuit ensuite avec une remise en cause des fondamentaux du travail, puisque un accord majoritaire ou référendum d’entreprise pourra changer l’organisation du travail ou les horaires. Absurde aux vues du partage souhaitable du temps de travail, mais bon, on parle de Macron…Néanmoins, faire figurer sur internet les règlementations est une bonne idée.

Pour clore cette partie, petite citation : « notre pays n’aime pas toujours la réussite ». Ce à quoi je répondrai « notre pays n’aime pas les gains disproportionnés qui résultent de la réussite ou de celle du précédent »

 

C° « inventer un nouveau modèle de croissance »

 

Va –t-il parler d’écologie ? On notera qu’il veut surmonter « le poids des lobbies », ce qui est hypocrite lorsqu’on sait d’où il vient et quelles ont été ses actions…

On y trouve une baisse des impôts sur les sociétés à 25%, ce qui fait de cette mesure une mesure commune avec Jean Luc Mélenchon (pour l’anecdote).

La volonté d’améliorer les logements est appréciable, moi-même je suis favorable à un plan de rénovation ambitieux.

L’introduction du bio et des règles locavores dans les cantines est bien, mais on sent qu’il ne se mouille pas trop, avec 50% des produits sur 5 ans.

Le reste des mesures est un ensemble de propositions vagues sans grand intérêt. L’encouragement presque pathologique à la concurrence viendra conclure cette partie.

 

D° « les mêmes règles pour tous »

 

Le système envisagé pour les retraites est un système de retraite par point, ce qui donne des situations financières instables pour les futurs retraités.

On a ensuite une affirmation de la lutte pour l’égalité homme-femme, rien à redire. On trouve aussi un volet étonnant sur la taxation des groupes d’internet et la lutte contre la fraude fiscale. Venant de sa part, je dois avouer qu’il me surprend. Enfin, la modération des travailleurs détachés est une idée peu originale mais bonne cependant.

 

E° «un état qui protège »

 

La création de 10000 postes de policiers et gendarmes est appréciable ; néanmoins, appelons un chat un chat : la police de sécurité quotidienne, c’est un terme plus ronflant pour police de proximité. Je salut cependant la mesure.

L’interdiction de fréquentation de lieux des délits pour les acteurs de ces derniers est une idée qui se défend ; je suis assez partagé sur la question.

Quelques lieux communs sont à noter ; comme souvent, les candidats demandent des mesures déjà en place (sanctions des incivilités). La modernisation de l’armée est la bienvenue ; la création de 5000 garde-côtes européens sans doute aussi. Néanmoins, je me permets de douter de l’affirmation comme quoi la sécurité serait la première de nos libertés ; surtout venant d’un ministre dont le gouvernement a très mal géré l’équilibre sécurité-liberté…

 

F° « les mêmes chances pour tous nos enfants »

 

L’interdiction des téléphones portables en primaire et sixième (dans les enceintes) est une idée originale (de mon temps, on y pensait même pas en primaire au passage) mais délicate à traiter ; de mon point de vue, lorsqu’il s’agit du collège, c’est à lui de gérer cela.

Les moyens mis en ZEP semblent bien en apparence, mais est-ce vraiment un problème réglable comme cela ; je suis divisé là-dessus.

Le retour de l’enseignement gréco-latin est à souligner avec soulagement.

Il propose une réforme du bac ; c’est son droit ; mais les idées avancées sont selon moi mauvaises car peu efficaces : quatre matières uniquement validées par examen final. Le reste dépendrait donc du niveau du lycée.

De même, l’autonomie accordée aux universités n’est pas une bonne chose, entrainant déséquilibres divers et variés.

La construction de logements pour les jeunes est évoquée, mais pas le financement. Enfin, deux mesures qui partent d’une bonne intention : l’ouverture élargie des bibliothèques et un chèque culture de 500€. En effet, c’est discutable pour l’un vis-à-vis des salariés et pour l’autre vis-à-vis du financement. Il semblerait que la région est plus à même de satisfaire ce genre d’innovations culturelles.

 

G° « fier d’être français, exigence et bienveillance »

 

(Un titre un peu long)

Une mesure que je trouve bienvenue mais qui ne fera pas que des heureux : un enseignement de culture religieuse (à peu près), ce qui se rattache à ce qu’on trouve en Alsace-Moselle. Très bonne idée pour encourager la modération religieuse et la tolérance.

Le démantèlement de certaines associations religieuses est envisagé ; s’il s’agit d’organismes comme le Collectif contre l’Islamophobie ou le PIR, j’y suis très favorable.

Sur les réfugiés, la condition de la maitrise de la langue française est bien, mais ça manque de nuances entre immigrés économiques et réfugiés politiques.

Enfin, la lutte contre la discrimination ne me parait pas efficace ; l’intention y est mais risque d’être sans effet.

 

H° « une Europe protectrice et à la hauteur de nos économies »

 

Venant de la part de quelqu’un plus que favorable au CETA, je me permets de douter…

Sachant que Macron est un européiste convaincu, cette partie est à prendre avec des pincettes. De manière générale, l’idée d’un marché unique revient souvent ; inutile d’y revenir.

Néanmoins, il prône une Europe de la défense, à laquelle je reste opposé tant les circonstances et les attitudes belliqueuses de l’UE demeurent préoccupantes. (Conflit avec la Russie notamment)

Enfin, il propose de donner la parole au peuple, ce qui au regard de ses prises de position, me fait doucement rigoler ; entre autre, favorable à une absence de dialogues pour le CETA. On sent poindre un projet européen dans son programme, que les états membres ne pourront pas « bloquer » comme précisé dans la dernière mesure.

 

I° « faire plus pour ceux qui ont moins »

 

On dénombre tout d’abord de légères hausses pour le minimum vieillesse et l’allocation adulte handicapé. Cela s’accompagne d’une meilleure prise en charge des montures et prothèses à la fin du quinquennat, ce qui manque cruellement de détail pour le coup.

La création d’un service sanitaire part d’une bonne intention, mais je trouve cela superflu.

Un plan d’investissement santé est mentionné, mais sans plus de détails.

 

J° « Rendre la vie plus facile aux français »

 

Ça sent l’ensemble de mesures juste prévues pour faire vendre un programme…

Et on commence fort avec un droit à l’erreur, adoucissant les peines pour des fautes commises au sein de l’entreprise ou dans la vie de tous les jours ; cela pose problème à terme, puisque cela pourrait s’étendre à des domaines plus litigieux…

On saluera la numérisation de l’administration, mais en rappelant que pour beaucoup, le déplacement reste en vigueur comme seul moyen ; d’ailleurs, le contact humain est aussi souhaitable.

Questions normes, la France se calquerait sur l’UE, ce qui laisse la porte ouverte à tout et n’importe quoi.

Les pouvoirs publics dépendraient d’un rapport de qualité basé sur la satisfaction des citoyens, ce qui permettrait là aussi des dérives ; on pourrait imaginer des parents n’éduquant pas leurs enfants se retourner contre l’école lorsque celle-ci refuse de jouer le rôle des parents.

Enfin, la modification de certains jugements va dans le sens d’un « tout-au-numérique » qui pourrait nous jouer un mauvais tour…(Décision rendue en ligne ??)

 

K° « une démocratie rénovée »

 

Fort amusant de le voir parler démocratie lorsqu’il bénéficie autant de la corruption morale des média de masse…Cette hypocrisie se retrouve lorsqu’il veut combattre les conflits d’intérêts, lui qui a favorisé ses amis de la finance pendant ses fonctions élyséennes…

Les objectifs de moralisations sont sinon les bienvenus, évidemment. Le respect de la parité (tout dépend de la manière dont c’est fait) est inscrit, mais il me semble que ce soit déjà le cas en principe.

Mesure à pointer du doigt, la procédure d’urgence deviendrait la norme pour les textes législatifs, ce qui pose problème d’un point de vue démocratique, car diminue la discussion en accélérant le processus.

Enfin, on notera qu’il ne se mouille pas trop sur l’aspect référendaire de la démocratie ; laissant place à quelques suggestions sans grande conviction.

 

L° « les territoires qui font notre France »

 

L’exonération de la taxe d’habitation avait fait parlé d’elle, je préfère prévenir que c’est une mesure « populiste » (si on se base sur l’usage de ce mot dans les média), destinée à attirer des électeurs, mais qu’elle est inconsciente et dénuée de solution financière du point de vue des communes.

La fibre sur tout le territoire, pourquoi pas, si les financements le permettent évidemment.

La réduction du mille-feuille administratif, par contre, me pose problème comme toujours.

Le programme entretient le flou au niveau politique de transport, je préfère donc prévenir que la SNCF sera peut-être privatisée au cours de ce mandat, et qu’il y sera évidemment favorable. (Déduction personnelle)

Le plan de transition agricole est aussi peu développée, présentant des idées générales qui peuvent tout aussi bien favoriser l’agriculture productiviste que bio…

Enfin, un paragraphe sur l’Outre-mer clôt cette partie, mais sans grande mesure concrète à mes yeux.

 

M° Ajout aux regards des détails donnés

 

Etant donné le manque de détails sur certaines mesures, je parlerai ici de ce qui est envisagé mais non disponible sur la plaquette :

 

120000 postes de fonctionnaires seront supprimés, essentiellement fonctionnaires d’état et territoriaux ; peu précis donc mais rien de surprenant. (Et je n’y suis pas favorable)

 

L’ISF ne touchera plus les actions et autres titres, et la création d’un autre impôt pour pallier à ce manque à gagner ne me dit rien qui vaille ; visiblement, la politique fiscale ne sera pas assez en défaveur de ce genre de spéculations…

 

3° Conclusion

 

Un programme dense, mais paradoxalement pas assez précis. Plus que jamais les positions et antécédents d’un candidat auront été nécessaires pour comprendre la ligne directrice du programme.

Avant tout chose, on pourra noter un pan culturel assez étonnant de la part d’un néolibéral, et il en est de même pour la partie écologie, qui demeure cependant peu ambitieuse.

En général, la plupart des mesures annoncées sont prévues pour plaire avant d’être exécutées comme l’exonération de taxe d’habitation. On notera aussi que le chiffrement reste vague, ce qui est assez « gonflé » si je puis dire, lorsque l’on attend autant de temps avant de sortir son programme.

Enfin, l’état se trouve parfois mis à l’écart, rien d’étonnant, et les conséquences financières de certaines idées sont éclipsées (baisse des cotisations, …) Si tous les sujets ont été traités, on remarquera que le domaine de l’entreprise ressort essentiellement du programme ; encore une fois rien d’étrange ici. Mais cela conduit toujours aux mêmes conclusions : moins d’état, plus d’initiatives personnelles, ce qui a mes yeux diminue la cohérence et l’unité de la république. Avant de passer au tableau, je déplorerai aussi la faiblesse des réformes institutionnelles, hormis les habituelles diminutions d’élus et la soi-disant lutte en faveur de l’honnêteté des élus.

 

 

Penser l’Europe

2,5/5

Réorganiser le travail et l’emploi

2,5/5

Une sécurité assurée

3/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

2,5/5

Une réforme culturelle ambitieuse

3/5

Penser le défi écologique

3/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

0/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

2,5/5

Penser les relations internationales

2/5

Niveau d’absence de danger pour la France

4/5

 

Total : 25/ 50

 

Pour conclure, on pourra constater plusieurs points à retenir du programme d’Emmanuel Macron : Si le volet économique semble plus « soft » qu’il ne promettait de l’être, il ne faut pas oublier que monsieur Macron est l’un des investigateurs des lois Macron et El-Khomri. Il ne faut pas oublier non plus que les exigences européennes sont tout à fait satisfaites dans ce programme, ce qui en plus d’être inquiétant pour notre souveraineté, laisse entendre qu’il y a des objectifs officieux derrière chaque mesure. On pourra aussi rappeler qu’il est très favorable au CETA et aux privatisations nombreuses. (Cars Macron, …) Bref, rien d’étonnant de manière générale, et une belle démonstration de social-néolibéralisme, qui ne me pousse pas  à voter pour lui, que ce soit au premier ou au second tour.

 

 

 

 

 

Avis d’actualité : #2, Parti socialiste ou parti sénile ?

 

Dès les premiers mois du mandat de François Hollande, on savait que le Parti socialiste, déjà bien malade avec sa conversion au social-libéralisme, allait subir de grands changements. 

Aujourd’hui, il est au bord de l’implosion, car la voiture veut aller à droite, mais le chauffeur à gauche…

 

Un mépris de la réalité

Je n’étais pas encore né que Mitterrand trahissait déjà l’idéal de gauche en passant au néolibéralisme, avec notamment une vague de privatisation fort déplorable. Certains diront que le libéralisme a toujours été de gauche, mais si c’est encore le cas pour le libéralisme sociétal (parfois presque libertarisme) le libéralisme économique n’a selon moi jamais concerné ce qui pourrait s’apparenter à une idéologie de gauche. J’y reviendrais dans mon analyse actualisée de l’échiquier politique.

Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, beaucoup espéraient qu’il y ait enfin une politique de gauche, une vraie. Hélas, c’était sans compter la faiblesse du premier gouvernement, qui laissa vite place aux gouvernements Valls, incarnant la gauche « moderne » dans toute sa splendeur. Au sein de l’exécutif et dans le parlement, seuls les frondeurs au PS tentaient mollement de faire revenir une vraie pensée de gauche au sein de ce parti censé être l’un des deux majeurs du pays.

Opérant ainsi un fantastique revirement politique, le PS, désormais explicitement rattaché à l’oligarchie pour ceux qui en doutaient avant, met en œuvre une politique économique sans originalité, guidée par l’UE et la pensée néolibérale. Mais le peuple français, du moins ceux dont le cœur penche réellement à gauche, ne veut pas de cette politique. Peu importes, l’aile Valls du PS continue.

Nous voici désormais aux primaires du Parti socialiste. Convaincus que leur pensée social-libéral séduit, le parti fait tout pour que Hollande, puis Valls, l’emporte ; ou du moins, considèrent que la victoire est déjà là pour eux. Ecartant au préalable quelques candidats (Faudot, Filoche, …) et intégrant l’ovni Benhamias pour discréditer tous les candidats peu connus, les voici sûr d’eux et impatient d’affronter Marine le Pen au second tour de la présidentielle. Hors, Hamon sort finalement vainqueur. Représentant l’aile gauche du PS (voir partie II) est donc candidat à la présidentielle ; le PS semble retrouver ses lettres de noblesse.

Comme les règles de la primaire l’indiquaient, les autres candidats devaient se mettre derrière celui qui aurait été choisi.  Cela valait pour Hamon, Montebourg, mais aussi Valls et De Rugy.

 

Et pourtant, De Rugy rejoint Macron, sacrifiant son honneur politique pour prouver qu’il n’avait pas compris ce qu’était la gauche. Et voilà qu’une partie du PS se met à critiquer benoit Hamon. Est-ce ainsi que l’on soutient son candidat ? Jean-Marie Le Guen déplorait ainsi la manifestation d’une gauche « radicalisée » quand Valls critiquait l’attitude « écolo-gauchiste » de Benoit Hamon, regrettant que ses actions à lui aient été oubliées. Bref, l’aile droite du PS n’a rien compris à la gauche, et persiste dans sa bulle, persuadés que seul le pseudo socialisme –réformisme pourra incarner la gauche et mener le pays.

 

Une négation de la reconfiguration du paysage politique

La frange Valls du parti socialiste ne comprend donc pas ce qu’est la gauche, mais les frondeurs du Ps, eux, ne comprennent pas qu’il serait temps de quitter un bateau depuis trop longtemps à la dérive.

Ce problème de compréhension s’est posé dès l’usage du 49.3 par un gouvernement en perte de vitesse. Une motion de censure aurait pu tout faire basculer, entrainant la fin du mandat en plein chaos politique. Mais les frondeurs du PS n’en ont pas voulu, préférant avouer leur impuissance. Il faut dire qu’à ce moment, Bruno le Roux exhortait tous les députés de rentrer dans le rang sous peine d’exclusion.

La seconde erreur d’appréciation eu lieu pendant la primaire PS. En effet, quand on réfléchit bien, cette primaire ne pouvait être vouée qu’à l’échec : comment voulez-vous rassembler deux politiques opposées en une élection, au prétexte qu’une illusoire cohésion naitrait derrière un unique leader ? A ce moment, puisque la partie droitière du Ps était persuadée de représenter le PS dans son intégralité, les frondeurs auraient dû déjà réfléchir à une alliance de la vraie gauche ; mais j’y reviens.

Le troisième évènement décisif pour les socialistes qui tentaient de ramener le PS à gauche aura été le CETA. Tous ont voté contre, mais le Parti socialiste entier s’est abstenu quant à la tenue d’un référendum, au prétexte que c’était un compromis satisfaisant pour l’entièreté du parti. Là encore, on assiste à un aveu d’impuissance ; devant composer avec tout et son contraire, les voilà à choisir l’inefficacité et la paralysie.

 

Ce qui nous amène à aujourd’hui. Un débat s’est élevé, sans doute au détriment des idées de fond, pour savoir qui pourrait représenter la gauche aux élections. Une question que l’on pourrait se poser si nos deux principaux candidats de gauche n’étaient pas Mélenchon et Hamon. Je ne compte pas m’éterniser dessus, mais pour faire simple, l’un a un programme longuement réfléchi depuis un an, l’autre est une personnalité désignée pour représenter un parti, disposant d’un programme récent, tronqué après la primaire, et fortement inspiré de celui de Mélenchon (mon côté méfiant me pousserait à suivre l’avis de N. Polony, qui considère qu’Hamon n’est là que pour porter préjudice à la France Insoumise).

Lorsque l’on regarde ses informations, on peut en conclure que la logique mettrait Jean Luc Mélenchon en avant, fort de sa campagne dense et efficace (regard subjectif évidemment). Néanmoins, d’autres estiment que la Primaire, qui rappelons-le n’est pas représentative de quoique ce soit, confère à Benoit Hamon le droit de présenter seul un projet pour la gauche.

Une question aurait dû se poser depuis bien longtemps : Pourquoi la frange gauche du PS ne rejoint-elle pas la France Insoumise ?  

 

Assumer ses convictions

Au sein d’un parti, il est possible qu’il y ait des différends. C’est même une évidence. Mais lorsque ces différents sont importants au point qu’un des camps basculent dans l’opposition, il est temps de se demander si le parti ne devrait pas scinder en deux.

Lorsque Jean Pierre Chevènement, déçu du Mitterrandisme, décida de quitter le PS pour former le MRC, une bonne décision fut prise ce jour-là. Lorsque la ligne économique est variée au point où l’on se demande si le parti est de gauche ou de droite, il semble évident qu’un schisme doit arriver. Alors pourquoi Hamon n’a-t-il pas le courage d’assumer ses positions ? Puisque le Parti socialiste semble décider à rester dans cette frange droitière de la gauche (ce qui est un bel oxymore au passage), aux vrais socialistes de rejoindre la France Insoumise, et à EELV de faire de même d’ailleurs.

En effet, si la question de l’Europe pose problème entre les deux candidats, ils sont à peu près d’accord sur le reste. Et la question européenne sera de toute manière traitée par référendum, donc hors du mouvement.

Les moins « radicaux » (j’aurai tendance à appeler ça les plus indécis) pourraient s’y retrouver de toute manière, puisque les idées de fond sont partagées. Et dans un monde où la France se fait marcher sur les pieds, il faut de toute manière beaucoup d’obstination et de persévérance, donc la question d’une gauche radicale ou pas ne se pose pas.

 

Aujourd’hui, l’échiquier politique se renouvelle, et les vieux partis n’y survivront sans doute pas. La restructuration de l’espace politique sonne pourtant comme une évidence pour moi, que j’aborderai largement dans ma nouvelle perception de l’échiquier politique :

  • La frange droite du PS, Valls et autres apparatchiks, n’ont qu’à rejoindre Macron, qui de toute manière incarne assez bien la ligne social-libéral du PS actuel.
  • La frange gauche du PS rejoint la France Insoumise, en même temps qu’EELV.

On arriverait ainsi à une représentation honnête, avec une division du Ps entre gauche et centre-droit.

 

Bref, je ne suis pas du genre à m’attacher à des partis, préférant garder une certaine indépendance. Mais si ceux-ci doivent exister, il serait bon d’éviter une situation comme actuellement, où certains tentent de réanimer le cadavre du PS qui a fait son temps. Il serait donc temps de passer à autre chose. Le roi est mort, vive le roi ! disait-on à l’époque. Il paraitrait que la cinquième république est un régime à tendance monarchiste, peut-être que l’adage pourrait aussi y trouver sens de nos jours…

Et ça continue encore et encore...

 

« Le changement c’est maintenant. » annonçait un jour un futur candidat à la présidentielle. Malheureusement, ce candidat disparut sans crier gare la veille de la prise de pouvoir.

A-t-on vu le changement ? Oui, écrit sur des bouts de papier. Et après cinq ans de dérives, où sommes-nous ? visiblement, le simple fait d’avoir évoqué le changement semble avoir entrainé une persistance dans l’erreur et la continuité dans l’incapacité politique. Ça continue encore et encore chantait Cabrel. Si seulement il avait pu se tromper ce jour-là.

 

Depuis les guerres mondiales, la propagande s’imposa peu à peu comme une arme cynique et lâche ; Aussi en tant de paix serions-nous en position de s’y opposer. Pourtant, les média continuent leur course à la malhonnêteté. On sort des phrases du contexte, on y développe des thèses soi-disant communément admises, et on fait la part belle au mépris en oubliant toute règle déontologique et toute diversité politique. Et derrière, un système qui en profite ; après tout, il faut que les gens soient endormis pour que la petite souris vienne chercher son butin.

On parle de libertés journalistiques, au même titre que l’ORTF était indépendante pendant ses belles années. Les média n’ont-ils pas retenu les leçons du passé ?

 

Toujours dans la partie médiatique, comment ne pas oublier nos amis les sondages ? Omniprésents depuis des années, ils en deviennent insupportables, essentiellement sur la manière dont ils sont tournés. Faire un sondage, je le sais, est quelque chose d’ardue. Mais visiblement, jouer avec les résultats ou influencer l’opinion publique est chose plus aisée.

Guidant les gens vers le bipartisme (ou tripartisme), les sondages restent une arme efficace pour vider le choix politique de tout son souffle démocratique. On joue les devins pour le deuxième tour en préparant les citoyens au vote utile, et on continue comme si de rien n’était.

Pourtant, les sondages ne brillent pas par leur fiabilité ; à moins qu’ils ne proviennent d’une dimension où Hillary Clinton est présidente des USA et où Nicolas Sarkozy et Manuel Valls se disputent le second tour de la présidentielle française. Peu fiables, manipulés, et pourtant référence politique et thermomètre pour le printemps à venir. Nombreux sont pourtant ceux qui souhaitaient la fin des sondages à l’approche des élections, comme avait pu le laisser entendre monsieur Alexandre Astier il y a quelques années.

 

Si on choisit de rester dans le domaine des élections présidentielles, on pourra trouver d’autres exemples à ces trous de mémoire politiques. Ainsi, la dictature de l’image fait son bout de chemin, dissimulant (avec beaucoup de difficultés) le vide qu’elle est censée remplacer. Emmanuel Macron, toujours autant populaire si on en croit ces sondages, devient ainsi le favori qu’était Juppé il y a quelques mois. Ses positions ? Aussi floues que possible, sauf pour le CETA où il s’est dit pour. Il aura enfin été honnête.

La popularité de Macron n’est pas qu’une légende hélas. Il faut dire qu’il fait vendre avec sa jeunesse et son discours d’apparence hors-parti. Mais pas avec son programme, puisqu’il n’en a point pour l’instant. Une seule certitude pour moi, difficile d’y voir un futur président capable de défendre les intérêts de la nation. Mais depuis tant de décennies de roublardises, comment des gens peuvent encore se faire abuser par les discours lissés et les apparences trompeuses ?

 

Parallèlement, les problèmes de vanité d’Emmanuel Macron trouvent écho chez la cécité des principaux leaders de gauche, si tenté qu’EELV soit considéré comme tel malgré sa transparence malheureuse.

Après les résultats de la primaire du Parti socialiste, remportée par un cadre du Ps plus qu’influencé par Jean-Luc Mélenchon (du moins c’est ce qu’il laisse transparaitre), une alliance entre partis dit de gauche (on effectuera au préalable une ablation de l’hémisphère droit du Parti socialiste) est envisagée.  Yannick Jadot, Benoit Hamon et Mélenchon seraient en effet capable de mobiliser un électorat assez important pour accéder au second tour. Mais qui pour représenter le mouvement ? A cette question, chacun se désigne ; en cela rien de surprenant. Mais la seule différence, c’est que le programme de la France insoumise est prêt depuis bien trop longtemps pour qu’il dût s’écarter devant monsieur Hamon. Bref, voilà que des bêtes querelles et la faiblesse des frondeurs du Ps deviennent un poids mort pour la gauche toute entière. Pour une fois que plusieurs forces politiques ont un programme similaire, elles devraient s’allier au lieu de jouer les aveugles ; mais la seule chose que l’on voit, c’est un remake de 2002 au second tour ; un remake auquel je refuse d’assister et de prendre part. Si au second tour, je pourrai voter Hamon à défaut de Mélenchon, je refuserai cependant de laisser la place à l’opportuniste Macron, à l’hypocrite Le Pen ou au profiteur Fillon. Et il en sera de même pour beaucoup de français. Encore une fois, les choses se répètent, comme si au même titre que l’économie, la politique connaissait une progression en cycle. Un cycle qui se rapproche de plus en plus d’un cercle vicieux.

 

Enfin, pour clore cet état des lieux en ce qui concernent la répétition des bêtises politiques, j’aimerai rappeler un fait : l’extrême-droite, qui semble beaucoup plus préoccuper les politiciens que la situation économique de la France, n’est pas une fatalité. C’est un avertissement. Un avertissement que nous sommes incapables d’écouter.

Hillary Clinton, en bon fantôme du social-libéralisme rétrograde, pensait bien faire en écartant l’honnête Bernie Sanders. La colère antisystème grandissante a poussé beaucoup de monde vers Trump, qui comme l’extrême droite en général, représente toujours à tort l’antisystème. Si Sanders avait été à la place de Clinton, les USA auraient un président beaucoup plus gérable actuellement.

En France, on se dirige vers la même situation et on ne s’en inquiète même pas. Il semble possible en effet que Macron se présente devant Marine le Pen au second tour, puisque la caste du système fait tout pour préparer le terrain, quitte à occulter ses liens douteux avec la finance. Et Macron face à Le Pen, c’est un risque que beaucoup n’aimeraient pas avoir à prendre. Dans ce cas précis, la chute du jeune premier semble tout à fait envisageable. Et comme pour Trump, on râlera pendant trois mois sur la « démocratie », on fera tout pour faire annuler l’élection, et on jettera à nouveau les raisons de la montée du Fn aux oubliettes. Et c’est reparti pour un tour. (Je ferais sans doute une courte uchronie sur la potentielle victoire de Marine Le Pen) 

 

De même, toujours dans le rapport entre bêtise et montée de l’extrême droite, on pourra toucher deux mots de la ratification du CETA par le parlement européen, au mépris de toute règle démocratique, si tenté que l’UE considère encore qu’elle dût en appliquer un jour. Cet accord a une portée provisoire, ce qui entraine son application peu importe l’avis des pays concernés, et ce jusqu’à la décision de chacun. Peut-être qu’un référendum aura lieu, ou peut-être que le parlement devra se prononcer sur sa ratification par la France. Mais les citoyens, majoritairement opposés à cela, n’auront sans doute pas leur mot à dire.

Et on arrive toujours au même problème : le mépris envers le peuple entraine toujours la haine à l’égard de certaines élites, une haine instrumentalisée par l’extrême droite, qui la généralise au point de créer des électeurs repliés sur eux-mêmes. Si  le peuple était plus écouté lorsqu’il en va de son intérêt, peut-être que l’on sortira enfin de ce cercle vicieux, qui consiste à persister dans le même système et dans la même façon de penser pour faire face à l’extrême droite qui n’a pas grand-chose à envier à ce système qu’elle prétend combattre.

 

 

Comme le dit la citation latine, l’erreur est humaine, mais la persévérance est diabolique. Si par persévérance, on entend ici persévérance dans l’erreur, alors je crois que notre oligarchie revêt un caractère démoniaque par moment. Elle prend plaisir à toujours suivre le même chemin, droit dans ses bottes, quand bien même la remise en cause de son fonctionnement est assez importante pour se dire que, peut-être, « il serait temps de changer ». L’Histoire se répète, c’est d’ailleurs pour cela aussi que son enseignement est essentiel, mais visiblement, beaucoup ont oublié cet aspect-là. Encore une fois, les dangers tels que le terrorisme ou la montée d’une extrême droite que l’on pourra assimiler à une coquille vide mais épineuse sont symptomatiques des dérives de l’oligarchie, mais cette dernière ne voit rien venir, ou laisse l’eau couler sous les ponts pour se bâtir toujours plus forte sur le malheur d’autrui.

 

Le changement fait peur. Il devrait au contraire apporter l’espoir.

La dualité de l’action politique, théorie de l’équilibre politique

 

Il m’est arrivé à de nombreuses reprises de développer des pans de mon programme fictif, mais jamais de m’éterniser sur les moyens que j’aurai mis en œuvre. Voici donc une théorie politique personnelle à laquelle j’ai fini par arriver : la dualité de l’action politique. (Faisant suite à ma théorie sur la république et celle sur les pompiers pyromanes de la politique)

 

Personnellement, en raison de mon attachement à la réflexion personnelle, j’ai toujours eu du mal avec les thèses d’auteurs économiques ou politiques. Certains auteurs (Polony, Chevènement) trouvent souvent grâce à mes yeux, et il est inutile de préciser que les écrits de Mélenchon sont pour moi très intéressants. Mais pour autant, je préfère bâtir mes propres raisonnements, qui feront sans doute involontairement écho à des thèses déjà défendues.

 

Aperçus et introduction

Pour expliquer ce que j’entends par dualité, les exemples seront légions. Le premier qui me vient à l’esprit est sans doute l’éducation de la jeunesse.

Le rôle des parents est de préparer leur enfant au monde dans lequel il devra évoluer indépendant. Cependant, force est de constater qu’en terme d’éducation, les résultats sont décevants. Les enseignants, sont logiquement débordés, ayant à faire face à un déficit de bonne conduite frôlant la catastrophe.

En matière d’éducation, il est donc nécessaire qu’il y ait deux actions en parallèle. Une action parentale, qui inculquerait un comportement exemplaire et adapté à la vie en société, et une action étatique, qui sanctionnerait les manquements à ces devoirs, s’introduisant provisoirement dans la gestion de l’éducation via des inspecteurs sociaux. Dans ce cas précis, il n’est pas question que l’état dirige de bout en bout la manière dont l’enfant doit être éduqué, mais devra uniquement s’assurer qu’une éducation de base ait été transmise.

Autre exemple, assez lié au final, celui de la gestion des banlieues paupérisées. Ici aussi, deux actions, menées toutes les deux par l’Etat. D’un côté, une intégration irréprochable de ces banlieues, trop souvent mises à l’écart. Cv anonyme, aménagements urbains, fin des discriminations (positives ou négatives), …Et parallèlement, une justice forte mais juste, avec la possibilité d’usage de l’appareil étatique répressif. Ainsi, si l’état s’arrange pour que ces banlieues soient mieux intégrées, celles-ci doivent en retour suivre la loi, et cesser de jouir d’une impunité comme on en retrouve dans certains quartiers. On peut observer ici un des principes de cette théorie : un contrat tacite et officieux, avec une action de l’état conditionnée par une action des individus.

Enfin, dernier exemple pour la route, l’écologie : si le consommateur doit tout faire pour garantir le respect de la nature, c’est à l’Etat d’assurer le gros des efforts, en sanctionnant les entreprises les plus pollueuses.

 

Fondements

La fonction première de cette dualité de l’action politique, c’est de structurer le rôle de l’Etat et son rapport avec le peuple dont il dépend. En effet, cette dualité assure un équilibre à la manière de gouverner un pays. Puisqu’il est possible, en général, de constater un facteur étatique et un facteur populaire, l’absence d’actions d’une part et l’autre de la balance conduirait à un déséquilibre. Ces déséquilibres ont déjà eu lieu par le passé et même encore de nos jours. Au 18ème siècle par exemple, le facteur populaire étant principalement absent des décisions politiques, il n’est donc pas étonnant qu’une part de la masse populaire, la moins dévouée à la monarchie, entraine par sa révolte une révolution institutionnelle et un changement de rapport de force. (Ce qui pendant des années ne fera que se répéter). Inversement, les actes de Napoléon I et Louis-Napoléon avaient beau être teintés d’autoritarisme, le peuple était inclus dans le processus politique, que ce soit pour l’image ou par sa position dans les préoccupations du pouvoir. Ceci pourrait donc expliquer pourquoi ces régimes-là n’ont pas chuté du fait de révoltes populaires.

Le déséquilibre de la balance de l’action politique devient de nos jours de plus en plus durs à contrôler, en raison d’une politique depuis trop longtemps tournée vers le côté oligarchique, qui tend à remplacer le pouvoir légitime dans ses fonctions. Paradoxalement, en dépit des aspirations démocratiques toujours plus nombreuses, le côté non populaire de la balance continue de peser, si bien qu’un renversement total pourrait très bien arriver un jour (au point que cela conduise à l’anarchie)

La dualité de l’action politique explique aussi pourquoi il est nécessaire d’appliquer une égalité de traitement avec le peuple. Ni un régime en faveur de minorités, ni une exclusion de ces minorités, ne pourrait conduire à un équilibre de la balance, car il y aurait toute une part laissée pour compte. En effet, si le peuple doit rester hétérogène, un traitement de même nature pour ce peuple créerait des déséquilibres aussi. Cela n’influe cependant en rien aux politiques de cas par cas, qui ne créent pas plusieurs masses, mais qui traitent chaque « atome » de la masse populaire d’une façon logique et juste.

Enfin, dernière observation, l’infantilisation et la manipulation de la masse populaire ne peut pas conduire à un équilibre éternel. Il ne s’agit que d’une illusion, qui laisse penser que l’Etat ne serait présent que d’un seul côté, alors qu’il maitrise les deux. Mais sur le long terme, l’illusion s’estompe. Et la chute n’est que plus dure. Un exemple ici serait le port de l’uniforme, censé gommer les différences et une potentielle lutte des classes plus ou moins aisées. Il s’agit selon moi d’une infantilisation de l’individu, qui serait incapable de mettre fin à ces luttes infantiles. L’Etat remplacerait la volonté de l’individu, en imposant le port de l’uniforme à l’école, mais la volonté de différenciation persiste. Ici aussi, la balance est déséquilibrée. Dans ce cas, l’Etat, à travers les sanctions disciplinaires de l’école et la lutte pour les changements de mentalité dans la société, a tout à fait les moyens d’agir correctement.

 

Mise à l’œuvre de ces principes

Comme j’ai pu en faire la démonstration, les exemples sont très nombreux. Afin d’aller plus loin, en voici d’autres qui peuvent témoigner de l’utilité de ce principe.

Cette théorie explique pourquoi le libéralisme ne peut pas marcher, que ce soit un libéralisme pur. (Où la partie populaire prendrait le dessus sur la partie étatique) ou le néolibéralisme actuel (où l’Etat favorise le déséquilibre en faveur du peuple).

De même, elle explique pourquoi une oligarchie est mauvaise pour cet équilibre, au même titre qu’un faible renouvellement des classes politiques. En effet, l’Etat, alors caractérisé par cette oligarchie, rend statique les deux parties de la balance. Il n’y a aucun déplacement entre les deux « plateaux », et l’oligarchie, tandis qu’elle agit toujours plus au détriment de la partie populaire, perd le sens des réalités, car elle est coupée de l’autre plateau.

Enfin, cette théorie impose une synergie entre l’Etat et le peuple. Dérivant du peuple, le pouvoir étatique semble en effet coupé de son ancien plateau. Mais s’il est amené à adopter une position supérieure à la partie populaire, il ne doit pas pour autant se différencier au point de n’avoir plus aucun point commun avec l’autre masse, ce qui rendrait la balance inutile.

Il est intéressant de voir qu’en dehors de questions morales à reconsidérer, une monarchie éclairée ne constituerait pas un déséquilibre si le peuple était en sa faveur, et réciproquement pour les actions du monarque.

 

Bon, je me doute bien que je n’ai pas été très clair, cette théorie demeure au stade de la réflexion, mais guidera sans doute ma vision du pouvoir étatique vis-à-vis du peuple.

Pour étayer cette thèse, voici donc quelques schémas :

 

Equilibre politique

Mensonges politiciens et vocabulaire pernicieux, la malhonnêteté dans toute sa splendeur

Afin de rajouter ma pierre à l’édifice de la critique des mensonges en politique, débutée par Marianne la semaine passée, j’ai souhaité dresser un état des lieux de la malhonnêteté chez nous et ailleurs.

Je serai bien naïf de présenter la malhonnêteté comme un mal exclusif au 21ème siècle. Celle-ci semble être indissociable de l’être humain, que ce soit par l’usage d’arguments fallacieux justifiant des condamnations à mort ou par une réappropriation de faits historiques arrangé pour expliquer tel acte. Mais si à travers la corruption et le trafic d’influence, cette malhonnêteté semble évidente, il est bon de rappeler aussi le pouvoir des mots, qui contribue grandement aux manipulations du système, et tout autant dénué d’honnêteté.

 

Récemment, le trucage des primaires de la belle alliance a démontré qu’aucun parti n’était à l’abri de la triche électorale. Pour rappel, le Conseil Constitutionnel avait fermé les yeux sur certains aspects de la campagne présidentielle de 1995 qui témoignaient d’un financement fort litigieux pour monsieur Balladur. La campagne d’un certain Nicolas S. en 2007 avait bénéficié de son côté de financements libyens comme ont pu le confirmer des responsables libyens. A vous de le rattacher à la campagne française en Libye si cela vous chante…

Du côté de l’UMP toujours, on pourra rappeler les nombreuses casseroles des Balkany, qui malgré la présomption d’innocence, sont à mes yeux un exemple flagrant de malhonnêteté.

On pourrait ensuite penser que la gauche, ou du moins les partis qui s’en réclament, sont plutôt épargnés par ces tracas. Même si cela pourrait s’expliquer par leur absence courante des sphères du pouvoir, nul doute qu’en creusant un peu, on trouvera de quoi remplir des articles entiers. La désastreuse gestion de cette désastreuse primaire le démontre aujourd’hui, avec une volonté de mentir sur les chiffres pour conforter l’opinion avec un apparent succès pour cette primaire, ce qui est évidemment faux. Si la volonté d’exclure Manuel Valls est bien là, on se rapproche plus d’un petit million de participants qu’autre chose.

 

Dans un milieu un peu moins politisé mais tout autant corrompu, le monde de la finance et des grandes entreprises aurait bien du mal à montrer patte blanche. L’affaire Tapie, qui défrayera la chronique jusqu’à survivre à ses protagonistes sans que l’on en trouve le fin mot, nous montre bien que malgré l’action de la justice, force est de constater que certains bénéficient d’une impunité que d’autres convoitent à juste titre. Alors qu’un citoyen accueille des réfugiés et se voit lourdement sanctionné, une citoyenne est reconnue coupable de négligence, et on s’arrêtera là, parce qu’il n’y aura pas plus de conséquences. Une négligence avec cinq zéros certes, mais lorsque l’on travaille dans un des organismes les moins aptes à représenter la grandeur humaine, il est bien dur de se voir sanctionné justement.

Je pourrai aussi m’étendre longuement sur l’évasion fiscale de grandes entreprises, qui réalisent des bénéfices faramineux dans des paradis fiscaux mais de grandes pertes en France. On voit ici que « l’assistanat » qui concerne « bon nombre » de nos chômeurs fait pâle figure à côté de cette lâcheté financière à grande échelle.

 

Enfin, il est intéressant de démontrer qu’il ne suffit pas de plaider la transparence pour être honnête. Si monsieur Fillon n’avait pas eu de cesse de rappeler sa probité contrairement à d’autres, peut-être que cette tradition des emplois fictifs ne lui serait pas tombé dessus avec autant de violence. Il continue de clamer son innocence, certes, mais avec des propos incohérents qui ne laissent aucun doute à ce sujet.

Néanmoins, je suis étonné que l’autre chevalier (faussement) blanc de la politique, à savoir le Front National, ait échappé à l’opprobre populaire quant à son actualité financière. Pour rappel, ils doivent actuellement une somme importante au Parlement européen, pour des fraudes qui semblaient pourtant inconnues de ce parti si exemplaire…  

Dernier exemple, et pas des moindres, monsieur Macron, s’il semble éloigné de ce système de corruption, demeure entouré de soupçons importants quant au financement de sa campagne (sachant que ses soutiens sont souvent de généreux millionnaires, cela n’a rien de surprenant)

 

En guise d’introduction pour le vocabulaire mensonger, je pense qu’un rappel du mensonge le plus dangereux de la Vème république est ici nécessaire.

Ce mensonge, c’est la justification du mépris des promesses électorales. Monsieur Hollande, qui ne doit sa place que grâce à la maladresse de monsieur Strauss-Kahn, avait un programme à l’origine. Difficile de s’en rappeler. Il voulait lutter contre la finance il me semble. Il était de gauche il me semble aussi…Bref, voilà de biens gros mensonges, qui pourtant sont justifiés par la raison suivante : il n’y avait pas d’autres choix ! Une fois au pouvoir, la « réalité » des choses s’imposerait, et tout programme « irréaliste » (comprenez ici non-conventionnels et souvent de gauche) doit s’effacer pour laisser place à l’efficacité de notre bon vieux système néolibéral.

C’est une malhonnêteté gorgée de mépris. Reflet du « TINA » de la catastrophe britannique Thatcher, ce mode de pensée est dangereux. Il légitime à terme la fin de toute démocratie ; à quoi bon voter puisqu’un seul programme est « applicable » ? L’oligarchie dans toute sa splendeur.

 

Ainsi, les mots ont un pouvoir, et dans notre cas, un pouvoir de nuisance.

Dans un futur peut être proche, j’envisage d’écrire un dictionnaire pour décrypter le langage oligarchique ; considérer ceci comme un préambule.

L’usage de termes tels que « réalisme », « utopie » et autres renvoie souvent à un sentiment d’efficacité politique. Mais dans ce cas précis, le réalisme témoigne d’œillères facilement repérables. Un programme est qualifié d’utopique s’il a le malheur d’apporter l’espoir et une vision ambitieuse pour notre futur, souvent à long terme. Mais en quoi un programme efficace sur le plan strictement financier à court terme, peut-il se targuer d’être réaliste ? Il n’englobe qu’une partie de la réalité, un aspect mécanique et dénué d’humanité. Parler de réalisme est un mensonge. Et évoquer l’utopie en tant que programme méprisable l’est tout autant.

 

Un autre élément de langage mériterait que l’on s’y attarde, c’est le qualificatif d’extrême gauche. Aux yeux de la pensée générale, l’extrême gauche renvoie au chaos, à la révolution violente et à l’anarchie. On pense au communisme, soi-disant auteur de millions de mort (il faudrait parler de Stalinisme, non pas de communisme) à Chavez, Cuba (où les pauvres ont un toit, une éducation et l’accès à la santé) mais rien de bien positif. Parmi ces clichés, certains sont proches de la réalité ; le NPA, allié provisoire du communautarisme et du PIR, provoquerait ainsi par sa naïveté un morcellement de la république. Mais de manière générale, le terme « extrême-gauche » est simplement le synonyme de désastre, quand celui de gauche renvoi uniquement  à l’absence de réalisme. Il fut un temps, mais cela se trouve légèrement réduit, Jean-Luc Mélenchon était perçu comme un extrémiste de gauche. Lorsque l’on compare son programme avec d’autres à gauche, on se rend pourtant vite compte que ce n’est pas le cas. Inversement, on associe automatiquement Manuel Valls à gauche, alors que le PS gouvernemental n’avait de gauche que son attachement au mariage pour tous (belle excuse par la suite). Macron se retrouve aussi dans ce cas. (J’y reviendrai). On associe donc le désastre de ce quinquennat à toute la gauche, ce qui décrédibilise pas mal de partis. Telle une malédiction, les partis de gauche se retrouvent ainsi poursuivis par un bilan qu’ils n’ont pas souhaité.

 

L’exception Macron introduit de son côté l’usage dévoyé du champ lexical de la modernité. « Progressisme », « gauche moderne », tout est prétexte pour glorifier le néolibéralisme qui s’ancrerait dans notre siècle. Puisque la droite ne fait plus vendre, autant essayer de vendre une branche dissidente de la gauche, qui ne vivrait plus dans le passé. Les idées de programme social et de loisirs sont fondues dans un mélange de politiques pseudo-vieillissantes, qui devrait rester au 20ème siècle. Ne compte désormais plus que la déstructuration et l’individualisation de la société, qui sont pourtant des idées remontant au moyen-âge. Cette « modernisation » passe aussi par la réduction de la part démocratique de l’oligarchie (Cf. loi Urvoas), ce qui associé au TINA semble en dire long sur les intentions de l’oligarchie : la démocratie est une idée d’un autre temps.

 

Enfin, dernier point sur le mauvais usage des termes, le vocabulaire journalistique. Deux exemples ici, concernant chacun un des dirigeants les plus controversés actuellement.

En Russie, une loi, portée par un député femme (cela a son importance) et s’inscrivant dans la tradition conservatrice de la société russe, dépénaliserait les violences domestiques. Traduction telle qu’elle est perçue par la société : la Russie (et donc Poutine, ne soyons pas naïf) autorise les violences domestiques.

Pourtant, si on creuse un peu, on se rend compte que la loi sanctionne uniquement moins sévèrement les parents auteurs de violence au sein de leur foyer. Les précédentes lois, plus sévères qu’en France il me semble, ont donc été « adoucies ». Il est évident que cette loi témoigne d’idées conservatrices, mais moins qu’elles n’y paraissent.

Autre pays, autre cas, les actions de monsieur Trump. Je vais rapidement passé sur les manifestations contre des résultats démocratiques (qui n’ont rien de légitime). Cet homme, que l’on peut aisément critiquer sur de nombreux aspects, fait l’objet de la plus grande campagne de « bashing » qui m’ait été donné de voir, loin devant celle qui visait François Hollande à son investiture. Je trouve cela exécrable, car si un homme politique peut être critiqué pour ses idées, il n’est pas question pour autant de contester son élection si elle a lieu dans les règles. Bref. A la surprise générale, il début l’application de ses promesses, ce qui surprend évidemment bon nombre de gens dans le monde, la classe politique n’adoptant que rarement ce comportement. Et c’est là que l’usage des termes devient mensonger. Il suspend l’aide financière à l’IVG, le voilà accusé de supprimer le droit à l’IVG. (Ce décret ne demeure pas moins honteux, certes). Plus récemment, il interdit l’accès au territoire américain aux musulmans de pays en lien avec le terrorisme (excepté l’Arabie Saoudite étrangement), et cela se transforme rapidement en « Trump interdit l’accès aux USA aux musulmans » ce qui ne signifie pas la même chose. La mesure ici citée, si elle demeure absurde et méprisable, suit néanmoins une certaine logique, illustrant un raccourci communément fait par un grand nombre de gens. Mais un musulman d’Europe devrait, pour l’instant, pouvoir entrer aux USA.

Il s’agit là d’une relecture de l’information par les média, qui à travers le prisme de la subjectivité, répandent une actualité déformée et donc malhonnête.

 

Lorsque l’on évoque le manque d’honnêteté actuellement, la classe politique est la première concernée, marquée par tellement d’affaires de corruption et de magouilles financières que l’on pourrait trouver la malhonnêteté comme composante de son ADN. Les grandes entreprises ne sont pas en reste non plus, et je n’ai pas abordé ici le Lobbying des grandes industries, auquel s’ajoute souvent la corruption de politiques européens (Exemple, messieurs Barroso ou Juncker). Enfin, à travers les média et le commentaire politique (Monsieur Fillon classant ainsi à tort le Front National à gauche), l’oligarchie répand un mauvais usage des termes pour satisfaire ses ambitions, quitte à se mentir à soi-même. La dernière mode à cet effet, c’est de se déclarer antisystème. Manuel Valls serai antisystème, Macron de même, même Marine le Pen. Ce serait amusant à constater, si seulement personne ne tombait dans le panneau. Mais les pouvoirs de persuasion sont tels qu’une manipulation est vite arrivée.

Les mots ont leur importance, les actes aussi. A l’approche d’une présidentielle qui s’annonce aussi catastrophique que celle des USA, il est plus qu’urgent d’insister sur ces aspects de la politique.

 

 

Complotistes absolus et gauche anti-complotisme, les idiots utiles de l’oligarchie

 

Il y a environ un an, je publiais un de mes premiers articles, traitant des erreurs comportementales vis-à-vis du complotisme, que ce soit ceux qui en voient partout ou ceux qui en voient nulle part.

Aujourd’hui, ma position reste inchangée, mais j’ai plus de vécu pour en parler, aussi je me permets de mettre à jour cet article, renommé à l’occasion.

 

Le trio gagnant du complotisme, trois boucs émissaires

 

Histoire d’être bien au point sur le terme, ce que moi j’appelle complotiste est une définition bien précise. Ce n’est pas seulement quelqu’un qui voit des complots ci et là, à la limite, il fait et pense ce qu’il veut ; non, un complotiste pour moi rajoute une dimension arrogante à ses propos, en se positionnant comme détenteur de l’unique vérité et considérant les autres comme des moutons. Or, s’il est possible qu’il ait raison sur certains sujets (j’y reviendrai), force est de constater que cette méthode est contre-productive, et qu’il convient de qualifier les autres de naïfs qu’une fois leur entêtement avéré. (Sur des sujets qui valent le coup d’être débattus).

 

J’ai personnellement identifié trois figures associées de manière récurrente aux potentiels complots. Tout d’abord, Les francs-maçons.

Je ne cache pas ma passion pour l’ésotérisme. Parler de francs-maçons m’a toujours tenu à cœur. Pour rappel, il s’agit d’une organisation secrète (dans le sens où ses actes ne sont pas publics) œuvrant pour le développement et le progrès de l’humanité. S’il s’agit réellement de ces objectifs de vie, le danger n’est pas de ce côté. Pourtant, nombreux ont été les gens à se lancer dans une chasse aux sorcières, tels les nazis et les vichystes pendant la seconde guerre mondiale, pour en finir avec le grand complot des loges. Associés à tort à un laïcisme acharné, à la limite de l’anticléricalisme, ils sont pointés du doigt dès qu’il s’agit de parler politique, et cela me désole. L’exemple le plus frappant reste Jean-Luc Mélenchon. Difficile d’ignorer le soutien que je lui apporte, un soutien cependant modéré et qui ne doit pas vous empêcher de vous renseigner par vous-même. Bref, beaucoup de ses détracteurs trouvent comme défaut à JLM son appartenance à une loge maçonnique. Cela est purement risible pour deux raisons ; il n’a jamais été très impliqué dans la Franc-maçonnerie, et son appartenance ne conditionne que faiblement son programme politique.

En effet, nombreux sont les hommes politiques à être franc-maçon, comme une bonne moitié du gouvernement Valls (lui le premier, et bien plus assidu que monsieur Mélenchon) ou encore Gilbert Collard. On constate ainsi une diversité d’opinions politiques, qui pourtant convergeraient toutes vers les loges maçonniques d’Orient et d’Occident ? Cela nous amène à deux conclusions : ou la défense d’idéologies différentes n’est qu’une façade, ou l’influence de la franc-maçonnerie est à relativiser. De mon point de vue, c’est clairement du côté de la seconde option que je me pencherai. En effet, je vois la franc-maçonnerie comme un simple club de lecture : trois hommes, qu’on nommera George, Benjamin et Wolfgang, sont des amateurs de lecture. Par des contacts, ils sont amenés à rejoindre un club de lecture. Pourtant, George préfère la lecture politique alors que Benjamin est plus porté sur les sciences, et Wolfgang la musique. Un jour, une bibliothèque prestigieuse propose trois places pour s’inscrire. Le club suggèrera alors George, Benjamin et Wolfgang. En dehors de l’apparent pistonnage, qui se pratique en effet par la franc-maçonnerie dans une moindre mesure, ce que démontre cet exemple reste surtout qu’un intérêt commun entre plusieurs personnes ne peut pas pour autant témoigner d’une convergence d’opinions. La place qu’occupe la franc-maçonnerie, essentiellement la loge du Grand Orient de France, dans la vie politique française, se cantonne selon moi à du pistonnage comme on en voit partout, et à une logique simple à comprendre : puisque les objectifs premiers de la franc-maçonnerie relèvent du futur de l’humanité, il est normal que leurs membres soient amenés à faire de la politique (et inversement). Après, si l’on se base sur les agissements de francs-maçons comme Manuel Valls, on peut constater que certains ont largement dévoyé les objectifs qui devaient être les leurs.

 

Les seconds choux gras des complotistes sont sans doute les sionistes. Par ce terme à l’utilisation volontairement floue sont désignés les partisans de la création d’un état d’Israël, et plus particulièrement du lobby sioniste, qui manipulerait les états pour que leur Terre promise leur soit enfin acquise.

La question israélienne est délicate. Ici aussi, plusieurs avis sur la question sont courants, et pour ma part, si les israéliens ont droit à un état, les palestiniens aussi, et de manière beaucoup plus légitime. Depuis la restructuration du Moyen-Orient par les britanniques et les occidentaux en général, c’est un bazar complet que cette zone du monde, et l’Etat d’Israël, parasité par des extrémistes religieux ou politiques (le Likoud et cette calamité diplomatique qu’est Benjamin Netanyahou) se met souvent tout le monde à dos (et lorsqu’il s’agit d’une énième expansion en Jordanie, la critique est amplement justifiée). Il existe donc un lobby, essentiellement aux Etats-Unis, qui défend coûte que coûte l’expansionnisme (certains petits malins remarqueront la proximité des termes) d’Israël. Une théorie courante veut que depuis bien longtemps, ces sionistes tireraient les ficelles du monde. Les théories abjectes du négationnisme, auxquelles je n’accorderai pas une seule once de respect, ne doivent pas effacer la surenchère dans les commémorations de l’holocauste, qui instaure un déséquilibre dans le souvenir. Cette échelle informelle du génocide, où l’holocauste est premier, aurait poussé les états à céder aux exigences d’Israël. S’il est vrai que la shoah a accélérée le processus de création d’un état d’Israël,  celle-ci n’est pas pour autant un canular monté de toute pièce. Mais ajoutez à cela l’omniprésence des juifs dans les milieux financiers (pour raison historique et religieuse), et vous obtenez la théorie classique du sioniste et de ses marionnettes politiciennes.

Pire encore, cette obnubilation pour les sionistes, qui ne valent pas mieux que n’importe quel lobby, conduira à une assimilation de l’antisionisme à l’antijudaïsme, tous les juifs étant vus comme des sionistes convaincus. Ce dangereux parallèle étant propagé par des pro-palestiniens souvent fan de l’intouchable Dieudonné, on peut imaginer la popularité de ces thèses au sein des milieux populaires, ce qui, on ne va pas se mentir, contribue à l’image négative de ces banlieues.

 

Enfin, il existe aussi un troisième sujet récurrent parmi les thèses complotistes, qui prête souvent à rire, alors qu’il devrait plus faire réfléchir. Je parle ici (et c’est une nouveauté par rapport au billet de l’année dernière) des aliens.

Que ce soit en délires nés sur le web ou avec des thèses issues de l’imagination populaire, les complots à base d’extraterrestres ne manquent pas, mais demeurent souvent les plus improbables, comme les classiques reptiliens par exemple. Mais ici, ce troisième chou gras montre l’une des limites de la lutte contre le complotisme. Puisque les personnes citant les aliens à toutes les sauces étant décrédibilisées (parfois à raison), tout sujet traitant des aliens est donc immédiatement classé comme risible. La question intéressante de la vie extra-terrestre, qui en ne se résumant pas à des humanoïdes verdâtres, prouve que la présence d’aliens décrits comme des humains est peu probable, puisque la vie extra-terrestre est plus logiquement microbienne. La théorie des anciens astronautes est tout à fait passionnante, à tel point que même moi, pourtant affilié à la chrétienté, je ne puis m’empêcher de l’imaginer comme potentielle vérité. Enfin, l’exploration spatiale a aussi son lot de discrédit, rapidement passée dans le domaine de la science-fiction futile dès qu’il s’agit d’aborder la terraformation de Mars par exemple. En cela, Jacques Cheminade (encore lui) est prisé par les antis complotistes, qui voient en lui la quintessence de ce contre quoi ils luttent, alors que seule une petite partie de ses positions relève plus du complotiste que du pragmatisme géopolitique. Bref, voir des aliens partout porte surtout préjudice aux uniques cas où il serait effectivement question d’extraterrestres.

Ces discrédits observés sur des sujets divers et variés me conduisent donc  à aborder le cas délicat de la lutte contre le complotisme.

 

La lutte contre le complotisme, ou le triomphe du manichéisme

 

Après un an d’activisme sur les réseaux sociaux, à répandre mes idées en toute impunité, j’ai fini par me rendre compte qu’une frange de la gauche, qu’on va appeler la gauche naïve, combat ardemment le complotisme, quitte à confirmer les versions officielles provenant d’une oligarchie contre laquelle ils veulent pourtant lutter. En effet, si ceux qui voient des complots partout handicapent le débat, par leur position souvent violente avec ceux qui ne pensent pas comme eux, l’extrême inverse fait de même, et c’est même plus dérangeant encore. Visiblement, les propos nuancés sur la géopolitique restent une science inaccessible au plus grand nombre.

 

Faisant écho à mon article précédent sur la Russie, ces sites majoritairement sont situés entre la gauche et l’extrême gauche, et parmi leurs fixettes quotidiennes, on trouve les quelques sites « de mauvaise réputation »  comme Boulevard Voltaire, RT, et j’en passe. Evidemment, ces sites sont à visiter avec une extrême précaution, surtout que la réputation de Thierry Meyssan n’est pas totalement usurpée. Pourtant, peut-on considérer que les sites « officiels » disent toujours la vérité ? Quand dans une émission grand public, sur la tranche horaire de 20H, un économiste réputé (mais surtout à la solde du système) raconte des mensonges pour discréditer un candidat, on peut se poser la question de la légitimité de ces média pour raconter la vérité. (C’était dans des paroles et des actes l’année dernière).

C’est pourquoi il importe selon moi de savoir faire un choix, et ne pas considérer les sites blacklistés comme des pestiférés. Un article sur le trafic de pétrole entre Daesh et la Turquie, peut-on espérer le trouver sur les média officiels ? Un point de vue russe sur le conflit syrien peut-il être relayé par les grands média ? Le système actuel fait en sorte qu’il n’y ait qu’un seul point de vue, et bien que ces sites sombrent parfois dans la catégorie des complotistes, ils sont nécessaires tant que les média ne seront pas aussi libres qu’ils prétendent l’être.

 

Cette pseudo-lutte pour la vérité devient plus dérangeante lorsqu’un véritable manichéisme s’installe. S’appuyant sur des propos complotistes, ils empêchent toutes réflexions sur le sujet. Le 11 Septembre illustre assez bien cela. Si l’effondrement des tours et les avions sont réels, peut-on pour autant nier le rôle prépondérant de la Cia et de l’Arabie Saoudite ?

Il convient donc de relativiser, essentiellement lorsqu’il s’agit de questions internationales.

Ainsi, si Daesh n’a pas été créé de toute pièce par les américains, l’invasion de l’Irak par ces derniers et un soutien indirect à toutes rébellions islamistes dans la région pourrait tout à fait passer pour la cause principale de la naissance de ce groupe, ce que je pense d’ailleurs. N’oublions pas que la radicalisation d’Al-Baghdadi s’est passée dans les camps irakiens.

De même, le sujet syrien divise profondément la gauche avec cette question de complot, puisque soutenir un pragmatisme en politique internationale revient souvent pour les autres à soutenir le régime ; et évoquer des faits que les média occidentaux occultent reviendrait donc à relayer des fausses informations. Je l’ai déjà plusieurs fois évoqué, mais cette vision en noir et blanc, un défaut que partagent pourtant les vrais complotistes, est plus que dangereuse pour la compréhension des rapports géopolitiques.

Discréditer Jacques Cheminade (toujours lui) au prétexte qu’il ait pu tenir des propos complotistes est aussi un comportement courant ; et le fait que des petits candidats soient toujours assimilés au bouffon du village a sans doute un rapport direct avec ça. Cheminade donc, a tenu un moment des propos sur des banques condamnées pour blanchiment d’argent de la drogue, banques en lien avec la famille royale. Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà qu’il est accusé de tenir la reine d’Angleterre pour responsable de trafics de drogue…Le cantonnant dans ce rôle de dissident jovial et à côté de la plaque, tout le volet social et financier de son programme, pourtant satisfaisant pour la gauche, est jeté à la trappe.

Enfin plus récemment, la nomination du neveu de John F. Kennedy à la tête d’une commission sur les vaccins aux USA a rappelé que Robert Kennedy était avant tout un opposant virulent aux vaccins tels qu’ils sont vendus actuellement. Ce qui pour la gauche anti-complotiste devient rapidement « Robert Kennedy, conspirationniste bien connu pour son opposition aux vaccins ». (Ou du moins, ça s’en rapproche). Mais en quoi est-ce un mal de se méfier de l’industrie pharmaceutique, qui avec son lobby peut tout prouver au niveau scientifique en sa faveur ? La lutte contre les complotistes vire visiblement à un maccarthysme insupportable, teinté de naïveté.

 

La victoire de l’oligarchie

 

Je parle beaucoup, et je ne suis pas le seul, d’une oligarchie comme source principale de nos maux. Certains y verront un bouc émissaire, mais c’est pourtant un constat facile à faire.

Chaque année, des évènements comme le forum de Davos rassemblent les principaux acteurs politiques et économiques de ce monde. Chaque année aussi, la commission européenne détermine quelle sera notre politique économique. Enfin, à travers des opinions voulues comme incontestables, objectives, et communes, on assiste à une uniformisation de la pensée. Je ne souhaite pas m’étaler là-dessus, je pense que le dernier livre de Natasha Polony le fait beaucoup mieux et en plus détaillé.

Une oligarchie presque mondiale, guidée par un néolibéralisme presque divinisé, semble donc tenir les rênes. Nos gouvernements y ont prêté allégeance, sans doute parce que tout est fait pour que seule une caste politique remporte la bataille du pouvoir (cf billet sur la démocratie)

Ces propos que je tiens sont qualifiés, si on suit la logique, de complotistes. Le gouvernement lui-même avait créé un outil informatique capable de juger si un potentiel complot était crédible ou pas. Mais pour autant, sont-ils faux ? Une même politique économique qui profite à une minorité, une population abrutie par un appauvrissement culturel et par son infantilisation, tout cela ne témoigne-t-il pas de la mise en œuvre de moyens importants pour façonner le monde à l’image du néolibéralisme ? Pour arriver à ces fins, tous les moyens sont bons. On manipule l’opinion avec des journalistes méprisant leur déontologie, on fait des coups d’états sans songer aux conséquences derrière, et on va jusqu’à traiter avec des fanatiques religieux (à l’extrémisme exacerbé au préalable) pour maintenir sa domination. Ce système existe, je n’invente rien, et son but n’a rien d’extraordinaire, il se résume uniquement à l’assouvissement des pulsions cupides et mégalomanes de certains.

Bien sûr, ces propos sont impossibles à prouver. Quelle personnalité politique irait confirmer cela ? Mais absence de preuve n’équivaut pas à preuve d’absence.

En cela, les deux positions extrêmes vis-à-vis de ces appréciations dissidentes de la réalité sont tenues par des idiots utiles du système. Les uns jettent le discrédit sur tout en propageant des inepties teintées de morceaux de réalité, et les autres restent dans leur vision manichéenne, où, bien que cette oligarchie existe, le meilleur moyen de lutter contre elle demeure la lutte contre l’extrême-droite, le complotisme, et Vladimir Poutine. Beau programme. Pendant que certains accusent Obama d’être un reptilien et d’autres pointent du doigt des divergences des versions officielles, l’oligarchie se réjouit, car personne n’ira la remettre en cause. C’est d’ailleurs à ça que sert l’outil du gouvernement (on te manipule), qui par son titre prémonitoire et réaliste, laisse entendre que les complots existent, mais qu’il est peu probable que l’on en trouve.

 

Défendre le pragmatisme géopolitique, la lutte contre l’oligarchie néolibérale et contre l’uniformisation du monde devrait être un combat partagé par tous ; au lieu de cela, on s’arrête à l’opprobre jetée sur tel site ou sur la première théorie vaseuse qui passe. Lorsque les gens voient le monde en blanc et noir, moi je le vois gris. C’est ça, être lucide.

Démocratie: république, contre-pouvoirs et média

  • Par
  • Le 21/10/2016

 

La France est une démocratie. A ce titre, elle défend les droits de l’homme à travers le monde, et nous même n’avons pas à nous plaindre, car c’est pire ailleurs.

Vous n’êtes pas d’accord avec ces phrases ? Moi non plus.

Non, la France n’est pas une démocratie. Je pourrai simplement affirmer que nous sommes en oligarchie, mais je suis bien obligé d’avancer des arguments. Je séparerai cette réflexion en deux parties, avec tout d’abord le rapport de l’état actuellement à la démocratie, puis le rapport conflictuel des média avec la démocratie. (Oui, ça fait dissertation, mais pour une fois que j’organise un peu tout ça…)

 

Tout d’abord, le meilleur exemple d’atteinte à la démocratie n’est pas le 49.3 (j’y reviendrai), mais plutôt la réforme territoriale. Celle-ci est assez mal passée dans plusieurs régions, et cela se comprend assez bien. Une entité décide qu’un beau jour, vous ne vous nommez plus A, mais B ; Elle décide aussi de fusionner votre ville avec la ville voisine, quand bien même celle-ci a une manière de fonctionner différente, et un historique différent. Seriez-vous d’accord ? Certes, l’idée peut vous séduire, mais pour autant, le fait de le faire sans votre accord vous séduit-il autant ?

Cette réforme était une surprise vis-à-vis du programme présidentiel (encore une me direz-vous). Ainsi, le refus de cette réforme était légitime, puisque nous n’avions pas voté pour en votant pour François Hollande. Ensuite, quand bien même l’existence de cette réforme dans le programme serait avérée, pouvions-nous pour autant oublier tout concept de souveraineté populaire ? La réforme des régions a fait l’objet d’une procédure au niveau européen il me semble, mais cela n’a pas donné suite évidemment (sans raison valable) Ainsi, cette réforme témoigne d’un profond mépris pour la souveraineté populaire et envers la démocratie, par le refus d’un référendum qui avait ici toute sa place.

 

Ensuite, ce pourquoi j’étais partagé par le remplacement de Mme Taubira par Monsieur Urvoas : Loi ordinaire et loi organique du 25 avril 2016 de modernisation des règles applicables aux élections et à l’élection présidentielle. A travers ces termes pompeux se cache une des mesures les plus dangereuses pour la démocratie qu’on puisse trouver en 2016.

La règle des 500 signatures était déjà de base une règle litigieuse. Pourquoi des maires, élus de partis politiques, avaient la possibilité de choisir qui pourrait se présenter ou non à l’élection présidentielle ? Cela instaurer déjà un certain élitisme qui n’empêcha pas l’émergence de « petits » candidats mais cela était déjà regrettable. Et voilà que la signature du maire se doit d’être publique. Cela pose ainsi problème puisque le maire coure le risque d’être influencé par son parti ou par l’opinion publique.

De même, l’assemblée nationale a aussi accepté d’interdire l’égalité de temps de parole en remplaçant cela par une équité, qui créé donc un cercle vicieux, seuls ceux dont les résultats ont eu de l’importance dans une élection peuvent prétendre à un temps de parole juste. Cette mesure renforce ainsi les partis traditionnels, mieux représentés.

 

On peut enfin aborder l’usage du 49.3, et non pas son existence. L’article 49.3 est autorisé dans la constitution, ce qui en fait quelque chose de légal. Pour autant cette utilisation dans le contexte présent n’était pas légitime. Nous avons un gouvernement reniant son appartenance à des idéaux politiques. Sa loi est ainsi impopulaire au sein de son propre camp à l’assemblée, ce qui pousse le gouvernement à forcer le passage. En effet, autant il est possible de voter contre le gouvernement, autant voter son remplacement demande plus de réflexion et est beaucoup plus important. Jouant de l’incapacité du parlement à se tenir à ses engagements électoraux tout en intégrant la fronde au Ps, le gouvernement a ainsi bafoué la démocratie sans pitié ni regard critique. Au passage, le 49.3 aurait pu être utilisé de manière légitime à une seule reprise sous le mandat Hollande, à savoir pour faire passer le mariage pour tous (uniquement le mariage) mesure qui promeut l'égalité, principe constitutionnel. (Selon moi; je ne m'opposerai cependant pas à la supression de cet article, ou à un durcissement de ses conditions d'utilisation)

A ce titre, je pourrai donc compléter ce paragraphe avec une précision sur le rôle complice des partis avec la destruction de la démocratie. Le PS démontre en effet, grâce à l’accomplissement de son revirement débuté vers les années 80, qu’il a les capacités de brouiller toute la compréhension politique, en abandonnant les idéaux de gauche pour se plier au libéralisme d’état. Face à ça, les députés sont obligés de voter en faveur du gouvernement, quand bien même cela irait à l’encontre des intérêts de ceux qui les ont élus. (Cf. réforme territoriale justement) L’opposition joue elle de son côté un rôle hypocrite, puisque en dépit de lois allant dans leurs sens, les « républicains » ont refusé de voter en faveur du gouvernement.

 

Nous avons ainsi un système entier dédié au contrôle de la vie politique, sans qu’un contre-pouvoir puisse agir de manière concrète. Les exemples ci-dessus illustrent parfaitement ce qu’on pourrait qualifier d’atteinte à la démocratie. Mais que serait l’oligarchie sans l’absence de contre-pouvoirs ?

 

La deuxième source qui illustre cette absence de démocratie se révèle être au final les média. Liberté de la presse ? Ecran de fumée. Objectivité ? On repassera. Enfin, les contre-pouvoirs sur les réseaux sociaux participent eux-aussi à leur manière à la diminution de la démocratie, via un système de censure bien-pensante qui décrédibilise tout combat.

 

Quelques milliardaires détiennent la plupart des journaux. C’est un fait. Ainsi, il est peu probable que le Figaro critique Dassault Aviation puisque le patron du groupe possédant le Figaro n’est autre que monsieur Dassault. De même, je doute que Bolloré soit très ouvert à la diversité d’opinions sur ses chaines de télévision. Un dernier exemple : Patrick Drahi, qui s’endette, fait circuler une tonne d’argent immatériel, juste dans le but de se bâtir un empire dans les média. Face à ces faits, peut-on parler de média libres ? Oui, Marianne est libre. Oui, alternatives économiques est libre. Mais pour ces quelques exemples, combien de média soumis à l’oligarchie ?

 

Ensuite, il est temps d’aborder ici l’affaire Cheminade. J’en avais parlé lors de la lecture de son programme, voici donc un résumé de cette affaire. Lors de la campagne de la présidentielle de 1995, Jacques Cheminade est candidat. Déjà à cette époque, on pourra noter que les média s’acharnaient sur lui, le taxant d’antisémitisme et ne faisait presque aucune allusion à son programme lors des interviews. Suffit de rechercher Cheminade 1995 sur YouTube pour en avoir la preuve en image. Ses comptes de campagnes sont ensuite invalidés pour une raison futile (contrairement à ceux de Balladur), ce qui le plongera dans une situation financière délicate. Le conseil constitutionnel reconnait avoir « merdé » sur ce dossier, mais toujours est-il que l’état lui-même ne voulait pas de ce candidat. Mais pour revenir aux média, les faits remontent à la campagne de 2012, où un Jean-Michel apathie ébahie découvre les 500 signatures de Cheminade, et affirme haut et fort son inutilité. Parallèlement, Le Monde présenta 9 candidats sur 10 dans son dossier spécial candidats, et oublia volontairement Cheminade, éclipsant ainsi un des candidats de la visibilité offerte par la notoriété du journal. On pourra aussi rappeler les nombreuses fois où son programme était méprisé ouvertement lors des interviews, voir dénigré et moqué comme dans son passage sur la chaine parlementaire. (Disponible sur YouTube, déconseillé à tous ceux qui n’aiment pas les procès). Bref, le cas Cheminade démontre deux choses : la connivence des média avec le système en place, et le mépris officiel pour tous les petits candidats. Qui par exemple aura entendu parler de François Asselineau, l’autre Cheminade (je parlerai de lui dans le mois qui suit, et pas qu’en bien) dans les média ? Et les autres « petits » candidats ? Pourriez-vous les citer ?

 

Enfin, à tous ces média officiels se rajoutent les indépendants sur Facebook (comme moi au final) ou sur YouTube. C’est ici que la liberté a encore un minimum de place, bien que YouTube souhaiterai ardemment réduire celle-ci via ses règles d’utilisation. Et je dois admettre être un consommateur important de ce média alternatif. Mais s’il en ressort des réflexions politiques poussées et très intéressantes, on peut aussi constater l’émergence d’un schéma de pensée qu’on pourrait qualifier de « bien-pensant » (ce terme est à utiliser avec des pincettes). Je faisais la critique du système actuel, plutôt porté à droite politiquement parlant ; à cela s’ajoute donc les dérives de la gauche de la gauche. Leurs intentions sont souvent louables. Mais la manière dont ils le font beaucoup moins. Le meilleur reste ainsi les luttes contre le FN, qui interdisent la pluralité d’opinions, et la défense de « minorités » qui inclut la limitation de l’humour (entre autre). Tout cela ne contribue pas à la démocratie qu’il faudrait pourtant défendre.  

Peut-on d’ailleurs qualifier cette communauté de vidéastes engagé de contre-pouvoir ? Qu’à moitié seulement, puisqu’ils n’ont pas les moyens d’être entendus. Ainsi, le collectif on vaut mieux que ça s’était fortement engagé contre la loi travail, mais pour autant, le mouvement n’a pas pesé sur la décision finale (au même titre que n’importe quel opposant à cette loi)

Bref, ces derniers paragraphes démontrent que le système n’est pas le seul à diminuer la démocratie, bien qu’il en soit le principal ennemi.

 

Conclusion, la France n’est pas une démocratie. C’est triste à dire, mais c’est comme ça. Les citoyens ne sont pas écoutés quand bien même ils auraient leur mot à dire. Tout est fait pour qu’aucun contre-pouvoir n’émerge politiquement via les élections, et les média sont rendus complices de cette atteinte à la démocratie, afin de garantir la continuité du système actuel.

Manipulant la popularité du FN via les sondages et les faits divers, l’oligarchie agite d’un autre côté cette marionnette afin de maintenir ou le PS ou les Républicains au pouvoir, espérant que les français continueront dans ce jeu de dupe. Enfin, le contenu à la qualité discutable des programmes « culturels » achève la réflexion des électeurs, qui ne voient parallèlement aucun mal à voter « utile » puisque de toute manière, il n’y pas d’alternatives comme le répétait cette grande démocrate qu’était Thatcher (encensée par le Point récemment).

Très peu de pays peuvent se targuer d’être démocratiques. Pour autant, est-ce une raison pour enfoncer un peu plus chaque jour notre démocratie ? Il est temps que ces atteintes cessent.

Vous pouvez voter. Vous pouvez vous plaindre. Vous pouvez mener des actions contre le pouvoir en place. Mais pour autant, avez-vous déjà réussi à changer les choses ?

En 2017, si vous ne savez pas pour qui voter au premier tour, ne vous fiez pas à ce que les média disent. Fiez-vous uniquement aux programmes. Parce que si eux ne sont pas toujours fiables, ils représentent encore les restes de la démocratie au sein de cette oligarchie.

La théorie du pyromane qui voulait être pompier

N’importe quel observateur pourra le confirmer : en politique, on parle beaucoup des problèmes, mais quand il s’agit d’aborder les solutions, on devient vite plus vague, ou moins réfléchi, c’est selon. Je ne regrette pas les généralités ou les approximations dénuées de chiffres, moi-même j’en fais beaucoup. Non, plutôt cette manie d’annoncer dans le feu de l’action des mesures destinées à calmer la populace.

Mais au final, le problème auquel nous avons affaire, ne résulte-t-il pas souvent de celui qui tente de le résoudre ? Ainsi, la solution proposée, au lieu de résoudre le problème, ne sert-elle pas seulement à maintenir en place un cercle vicieux, qui donne l’illusion de la résolution du problème ? Bon, après cette réflexion alambiquée, je m’explique : lorsqu’un politicien « A » propose une solution à un problème, ce dernier n’est-il pas souvent de la cause de la politique à laquelle il adhère ?

 

La Lybie a été dévastée par une crise politique et une guerre civile, qui a fait d’un des pays les plus développés du coin l’un des potentiels les plus gâchés. Kadhafi a été assassiné afin de couvrir les agissements d’un certain X. Mais le problème n’est pas là.

La France est intervenue là-bas. Sans doute voulait-elle copier les américains qui avaient si glorieusement libéré l’Irak. Toujours est-il que depuis ce jour, il n’y a plus de Lybie, et les voisins en pâtissent sérieusement. L’on voit ainsi arriver sur les côtes européennes des milliers de migrants. Des gens qui fuient leurs foyers à cause de la guerre. Des êtres humains aussi, bien que certains laissent planer le doute dès lors qu’ils soutiennent Daesh.

Personne n’a la capacité d’accueillir un pays entier dans des conditions idylliques. Mais en tant qu’être humain, nous ne pouvons pas décemment les renvoyer dans un pays dont nous avons participez à la ruine.

Face à cette vague de migrants, voilà donc que monsieur l’ex-président Sarkozy, se positionnant en bon politicien de droite qui se respecte, nous sort la tirade habituelle. Et c’est là que vient le premier exemple :

  • Problème : arrivée massive de migrants fuyant leurs pays en guerre
  • Cause : guerre civile accélérée par monsieur Sarkozy
  • Réaction et solution : indignation de monsieur Sarkozy face à l’arrivée de migrants.

Je pourrai aussi parler de la méfiance des USA envers les migrants ; USA principaux fournisseurs de déstabilisants pour le Moyen-Orient.

 

Autre problème, celui du chômage. A croire que le malheur des autres sert qu’à offrir une opportunité de plus aux libéraux de s’exprimer.

On accepte la mondialisation telle qu’elle est. Soit. On entre en concurrence avec des pays pratiquant le dumping social. Soit. On délocalise à tout va. Pourquoi pas. On parle de politiques de suppression de fonctionnaire. Ok. Enfin, on parle de rallonger la durée du temps de travail et la durée de départ à la retraite.

Et après, on vient se plaindre du chômage.

N’y a-t-il pas un problème quelque part ?

 

Troisième et dernier exemple. Un gouvernement de gauche. Elu pour un programme de gauche. Et voilà qu’on s’engage dans un social-libéralisme, qui n’est pas vraiment une politique de gauche contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire. (Qu’on fasse une politique de droite ; cela ne me dérange pas dans la forme, à condition qu’on ait voté pour. Et ni moi ni une majorité des français ne voulaient et ne veulent d’une politique de droite.). Les repères politiques sont ainsi fragilisés. A cela se rajoute des directives européennes qui empiètent sur notre souveraineté et des média inconscients. Les repères sont définitivement brouillés. A savoir aussi qu’il est courant d’entendre l’affirmation qu’aucune alternative ne soit possible. Ainsi, un parti qui aurait une alternative (ou qui penserait en avoir une, j’y viens) ferait figure de remplaçant capable de changer la donne.

Voilà donc qu’un parti d’extrême droite par ses positions sécuritaires et rétrogrades arrive sur l’échiquier politique.

Et on s’étonne et s’alarme de la montée du Front national ? De la perte de crédibilité pour les partis traditionnels ?

Peut-être que le moyen de réduire la progression d’un parti qui, il faut l’avouer, présente autant d’incohérence de programme et de vide politique, serait de tenir ses promesses politiques. D’appliquer une politique humaine et réductrice d’inégalités. De ne pas baisser les bras pour autant au niveau de la sécurité. Bref, l’application d’une politique ambitieuse et juste.

 

Voilà trois exemples, que l’on pourrait résumer de la manière suivante : l’oligarchie actuelle combat ses propres enfants. Qu’est-ce que l’immigration, si ce n’est l’enfant de la guerre et des inégalités de développement ? Qu’est-ce que le chômage, si ce n’est l’abandon des industries au profit de la fortune personnelle à court terme ? Qu’est-ce la montée du FN, si ce n’est la descente de la crédibilité de la politique et des média traditionnels ?

 

Si jamais vous avez l’honneur de rencontrer un de ces politiciens qui cherchent à apporter des réponses absurdes à des problèmes qui le sont encore plus, n’hésitez pas à les interpeller, et demandez leurs si la meilleure des choses à faire n’aurait pas été de refuser cette délocalisation, de s’en tenir à ses principes ou de voter une loi en faveur du développement de nos voisins africains.

Actuellement, on en arrive à une situation où un mauvais jardinier plante une mauvaise herbe en espérant une rose, et tente ensuite de l’arracher car elle a envahi tout le jardin. Autrement dit, de qui se moque-t-on ?

Les Etats-Unis au 21ème siècle, courrons-nous à la catastrophe ?

Les média ne parlent plus que de ça. Trump. Clinton. Des fusillades aussi. Bref, nos « amis » américains font la une de l’actu. Aussi était-ce peut-être le moment de prendre position vis-à-vis de ce voisin ma foi, fort encombrant. Que puis-je bien en penser ?

 

J’ai toujours eu du mal avec ce pays. Ma première impression ira donc à l’encontre de leur système :

  • Un vote par grands électeurs, deux partis : sans m’éterniser, cette démocratie représentative est encore moins démocratique que la nôtre.
  • Deuxième amendement de la constitution : garantissant le droit de porter une arme afin de se prémunir d’une potentielle tyrannie. Tout cela n’est qu’ineptie quand on sait que face à un tel risque, les armes ne serviront à rien. Le seul bilan qu’on retienne, c’est le nombre de morts tués par armes à feu.
  • Une privatisation plus qu’importante : bonne chance pour votre sécurité sociale privée. Peut-être même qu’avec ce qu’il vous reste, vous pourrez payer l’accès aux études supérieurs à votre enfant. (S’endetter pour cet accès serait un meilleur terme)
  • Un système de retraite couplé à des fonds privés : les gens travaillent de plus en plus longtemps, et voient parfois partir toutes leurs économies suite à des banqueroutes.

 

Ensuite, on peut évoquer la gestion financière du pays. Je retiendrais surtout deux choses :

  • Une présence plus qu’importante des lobbies
  • Une gestion désastreuse du budget militaire

 

On peut aussi parler de politique extérieure, et ça tombe bien. Petit rappel historique:

  • Lors de la guerre d’Afghanistan, les américains soutiennent contre les russes des rebelles afghans, connus sous le nom de Taliban.
  • 2003, ils envahissent l’Irak au mépris des règles internationales et se servent abondamment dans un pays au passé cent fois plus prestigieux que le leur. Dans un des camps de prisonniers, des islamistes, dont un certain Al-baggdadhi.
  • Années 2010 : Face à la tentation de l’Ukraine de se tourner vers la Russie, partenaire naturel et historique, les américains encouragent un coup d’état. Le gouvernement en place (qui ne méritait pas grand-chose de toute manière) est viré, mise en place d’un gouvernement avec quelques américains dedans, histoire d’avoir une vue sur le terrain je suppose. Guerre de Crimée, qui semble préfigurer la seconde guerre froide qui tente tellement nos amis de l’Ouest.

J’aimerai revenir sur le point numéro trois. Je reste intimement persuadé que les USA souhaitent ardemment une guerre froide qui ferait oublier que leur économie est embourbée (une dette à 14 chiffres pour rappel). A ce titre, Poutine, qui n’a rien d’un saint, est considéré comme l’homme à abattre, alors qu’il offre néanmoins un contre-pouvoir à l’influence américaine. Le danger est là.

 

C’était ma vision des USA. Pourquoi me demanderiez-vous ?

Parce que ses habitants, dans une certaine majorité dépourvus de culture, de regard critique sur l’actualité (comment un pays de cette taille peut réussir à intéresser les habitants à l’étranger quand ses propres régions sont elles-mêmes des pays étrangers), vont désormais voter par l’intermédiaire de leurs grands électeurs.

Il y a eu de multiples candidats, et j’avais bien évidemment ma préférence pour Bernie Sanders, afin qu’il apporte du changement dans une nation dirigée par ou la droite ou l’extrême –droite. Mais voilà, Hillary Clinton l’a coiffé au poteau. En face, nous avons Donald Trump. Milliardaire inculte, beauf et grossier, méprisant et méprisable.

Qui devrait donc gagner ces élections ?

On serait tenté de répondre : bah les démocrates avec Clinton évidemment.

Oui, mais non. Clinton est libéral, peut-être moins progressiste (dans le bon sens du terme) qu’Obama. Il faut savoir que lors des dernières élections, elle était favorable à la peine de mort. Elle était aussi favorable à une intervention en Irak. Elle est proche de la finance. Bref, une américaine moyenne. Néanmoins, sa politique extérieure est réputée agressive et tout aussi moyenne que ses prédécesseurs.

Alors Trump ?

Non. Son programme est connu à travers les média comme une vaste blague, à base de racisme abject et d’approximations. Et c’est sans doute vrai pour une bonne partie. Il nous reste donc une politique étrangère basée sur la diplomatie et la pacification des relations avec la Russie, entre autre. 

 

Nous, en tant que français et européens, sommes confrontés à un dilemme. Peut-on être favorable à une politique extérieure comme celle de Clinton ? Certainement pas, ce serait le risque d’une dégénérescence du conflit avec la Russie. Peut-on être favorable à une politique intérieure comme celle de Trump, vide de sens et brouillonne, vendue par un triste personnage ? Non plus, ce serait vraiment dommage pour les américains.

 

Et pourtant…il s’agit d’intérêt américain ou de ceux du monde. A mon grand regret, je dois avouer préférer le choix de droite, quand bien même il serait désastreux pour les USA. Et c’est là où je voulais en venir : un pays qui a autant gâché son potentiel, pour mettre le Moyen-Orient  dans un bazar pas possible, pour intervenir officieusement chez nous via un abus de faiblesse en Europe, et pour enfin perpétuer un système qui ne marche plus depuis longtemps, n’a-t-il tout simplement pas eu ce qu’il méritait, à savoir un accident qui le pousserait à se remettre en question ?

 

Non franchement ces élections sont à mes yeux que l’échec de deux Etats-Unis qui s’opposent, l’un libéral, l’autre grossier, et cela ne préfigure rien de bon.

Brexit, quelles conclusions?

Cette fois-ci, ça y est, l’Angleterre devrait quitter l’union européenne, qu’elle avait intégrée en 1973. Plus de quarante ans au cours desquels les anglais se sont toujours considérés comme à moitié étrangers à cette union…

Il est triste de devoir arriver à un tel issue, issu auquel je n’étais que partiellement favorable. Comme dit précédemment, les anglais ne se sont jamais sentis à leur place au sein de cette union, et on ne peut pas leur reprocher non plus de conserver une certaine souveraineté, quand bien même celle-ci est comme à son habitude défendue principalement par les extrêmes (et concernerait ici l’accueil juste des réfugiés, les même qui camperaient à Calais)…Mais pour autant, devaient-ils quitter l’Union européenne ?

 

I. Cette Europe qui méprise la démocratie

Si en France, nous avons l’oligarchie, n’oublions pas la grande sœur Union européenne. Comme toujours, ce genre d’élite s’installe démocratiquement (pas toujours) puis perd en légitimité ce qu’elle a gagné en légalité…Je rappelle en effet que nous élisons les députés européens (ou du moins une petite partie des français se bouge pour élire les députés), ceux-là même qui devraient faire bouger les choses si un peuple le demande…

La loi travail, artisane de la colère sociale, fait suite à des directives européennes. Rien qu’avec cela, comment ne pas se poser la question de notre propre souveraineté ? Sommes-nous vraiment libre de notre politique économique avec un gouvernement trop faible (ou trop zélé, c’est selon) pour s’opposer aux grandes pontes de l’UE ?

Le traité de Lisbonne est un autre témoignage de cette capacité de l’UE à contourner la démocratie…On le refuse en tant que nation libre, alors l’UE l’applique (avec la complicité des chefs d’état) au détriment du refus français (et néerlandais). Ce traité nous est donc resté en travers de la gorge, et l’affirmation que nous vivons en démocratie disparait sans doute ce jour-là.

Enfin, un dernier traité pour la route, le TAFTA. Inutile de revenir dessus je pense, on sait pertinemment qu’il a toutes ses chances d’aboutir, du moins du côté européen…Parce que ni Trump ni Clinton semblent en faveur d’un traité de ce genre…Mais en dépit d’un refus important de la part d’européens, on peut toujours s’attendre à ce que ce genre de traité, nié en bloc par un Emmanuel Macron de plus en plus à droite, soit imposé à tous.

Face à ces dérives, pourquoi rester dans l’Union européenne devrait rester la priorité numéro un ? C’est pourquoi je comprends parfaitement les anglais. Mais pour autant, je n’approuve pas entièrement.

 

II. Cette Europe potentielle qui nous ferait avancer

Les anglais, dans les premières puissances économiques européennes, ont-ils réellement tout tenté pour faire changer les choses ? Je n’en suis pas certain, et c’est pourquoi de mon côté, j’estime qu’une réforme importante, menée par la France, pourrait retourner la situation, en faisant presque table rase du passé, et en modifiant grandement les traités.

Je suis un alter-européiste, si ce terme existe.

Je suis pour une Europe démocratique, aux institutions dépendantes d’organes élus directement par les peuples, avec la menace d’une révocation pour un élu qui trahirait ses engagements. 

Je suis pour une Europe au libéralisme réduit et contrôlé. Personne n’a jamais essayé, pourquoi ne pas tenter ?

Je suis visiblement utopiste et naïf, puisque je pensais que l’Europe devait aider les pays de sa zone à se développer, et à préparer le futur du continent. Puisque ce n’est pas le cas actuellement, il faut le changer, en préparant un vrai plan pour l’altermondialisme économique au sein de l’UE. Développer les pays de l’Est, rétablir des liens viables avec la Russie (et réduire au passage ceux avec les USA), préparer le futur spatial, autant d’objectifs à se fixer pour prétendre à une Europe solidaire et prévoyante.

 

Les conséquences d’un Brexit, nul ne peut le prévoir de manière efficace actuellement. Mais cette sortie est un message d’avertissement envers l’UE. Car si d’autres pays choisissent de s’en aller suite à un nouvel empiètement de leur souveraineté, il est tout à fait possible qu’une Europe parallèle voit le jour. Et cette situation n’est pas souhaitable pour des institutions dont le principal objectif reste sans doute de faire de l’UE un pays aux régions constituées de ses membres, un pays démesuré où la démocratie n’aurait sans doute pas sa place.

Il ne reste plus qu’à souhaiter que cet avertissement soit pris en compte de la bonne manière. Et souhaiter aussi que la frontière anglaise se trouve en Angleterre et plus à Calais, ce qui changerait positivement les choses en France…

 

[edit juste avant de publier le billet]

Visiblement, le signal n'a pas été interprété correctement, vu les réactions en défaveur de la démocratie de la part de Juncker et consors...

Idées fausses sur le travail et l’emploi (Précisions sur l’absurdité du libéralisme actuel)

=> Le salaire des grands patrons, aussi élevé soit-il, n’est pas un mal. Celui des employés doit par contre diminué, car ils sont beaucoup trop payés.

  • On commence fort avec cette affirmation courante. Pour beaucoup de gens, baisser le salaire des employés résoudrait bien des problèmes, mais pas touche à celui d’un patron qui n’aura peut-être jamais travailler pour sa boite en tant qu’ouvrier…

 

=> Les indemnités de licenciement doivent être baissées, afin de ne pas pénaliser les actionnaires l’entreprise. Par contre, les primes de départ à la retraite (des cadres supérieurs de l’entreprise) peuvent être conséquentes, pour les remercier du travail 100 fois plus compliqué qu’ils ont accomplis par rapport à un vulgaire employé

  • Doit-on insister sur ce point vraiment ? Un employé licencié, c’est parfois quelqu’un (et non pas quelque chose) qui aimait son job et qui le perd à cause de la mondialisation (j’y reviendrais), ou tout simplement parce qu’il faut faire des économies sur les salaires des ouvriers (cf point n°1). Si en plus on lui enlève de quoi faire passer la pilule, c’est sûr qu’on ira loin…

 

=> Si l’employé travaille plus longtemps, cela créera plus d’emplois.

  • Là, faudrait qu’on m’explique ? Pour augmenter la capacité d’un bus, jusqu’à preuve du contraire, il faut doubler sa taille, et non pas le réduire de moitié…

 

=> Puisque les gens vivent plus longtemps, l’âge de départ à la retraite doit être augmenté

  • Si les gens ont parfois tendance à vivre plus longtemps, peut-on dire la même chose de leur forme physique ? Et puis merde, vivre plus longtemps, n’est-ce pas la promesse justement de profiter plus longtemps de la vie ?

 

=> Il faut travailler le dimanche pour augmenter les profits. D’ailleurs, mes salariés sont tous d’accord là-dessus.

  • Ce que les gens achèteront le Dimanche (s’ils ne bossent pas ce jour-là d’ailleurs), ce sont des marchandises qu’ils auront acheté pendant la semaine en temps normal. Par ailleurs, les salariés sont d’accord parce qu’il y a la promesse de gagner plus, ou alors parce les autres salariés sont d’accord…

 

=> Il est temps d’arrêter de défendre vos acquis sociaux. Il faut se moderniser un peu.

  • C’est clair que rester dans le 19ème siècle, c’est bien plus moderne que les revendications d’en face…

 

=> Nous devons délocaliser notre entreprise en Asie, les ouvriers français nous coûtent trop cher.

  • Délocaliser une entreprise entraine le chômage de centaines d’ouvriers, qui ne pourront pas consommer la marchandise produite en Asie par leur ancienne entreprise. Quelque part, le profit est donc moins important pour l’entreprise (mais reste fort intéressant pour le patron c’est sûr)

 

=> Vive la privatisation !!

  • C’est sûr que les gens, en ayant pour fournisseur de biens des gens autre que l’état, vont être très heureux. Eux qui se plaignent des hausses de prix, ils vont être servis. Je pense à vous entreprises d’autoroute en France et entreprises de chemin de fer en Angleterre…

 

=> Vous n’êtes pas en faveur d’une mondialisation sans règles et d’un libéralisme excessif ? Vous êtes donc un extrémiste ! Communiste va.

  • Qui est vraiment l’extrémiste dans ce cas-là ? De plus, défendre une autre vision économique que les libéraux, ce n’est pas être communiste (bien que ces derniers défendent une autre vision). Il serait temps d’arrêter le manichéisme.

 

=> On voit ce que les programmes de gauche ont fait en Amérique du Sud. Voyez plutôt comment fonctionne à merveille nos voisins allemands et anglais.

  • L’Amérique du Sud, miné par les américains depuis des décennies, peut difficilement appliquer une politique de gauche sans avoir de bâtons dans les roues…De plus, parlons-nous d’un programme pour la France ou la Bolivie ? Enfin, nos voisins allemands ont une précarité élevée et une mentalité qui en empêche beaucoup de se plaindre de mauvaises conditions de travail. Cependant, les manifestations existent aussi là-bas. Au Royaume-Uni, les méthodes de Thatcher ont foutu le pays en l’air, beaucoup aujourd’hui le font remarquer. (Cf point n°7)

 

=> Il n’y pas d’alternative. Le libéralisme marche très bien, il faut continuer dans cette voie.

  • No comment

Emploi, chômage, modernisation et mondialisation, quels résultats, quelles solutions ??

Les controverses autour de la loi travail n’en finissent pas, et pour résumer mon avis, je suis à la fois contre la loi travail, contre cet usage du 49.3, et contre les violences envers les civils de la part de manifestants ; dégrader le mobilier urbain n’apporte rien d’utile. La police est aussi coupable de débordements, mais les situations auxquelles ils sont exposés depuis des mois les justifient je pense, surtout que l’on oublie rapidement les pavés et les cocktails d’en face.

Au gré des discussions, j’ai pu constater que le but ultime de ce pays est d’en finir avec le chômage, coûte que coûte, quitte à perdre des acquis sociaux. C’est toujours au travailleur de faire des sacrifices, parfois au patron des petites entreprises, mais en aucun cas les « grands » de ce monde économique n’auront à lever le petit doigt. Parallèlement, on se dirige vers une précarisation acceptée de certaines professions. On ne voit aussi que les côtés bénéfiques de la modernisation, une mondialisation poussée qui intègre le progrès à tout prix, peu importe le résultat au bout. Tout cela aboutit à ma nouvelle réflexion, qui sera je l’espère un peu plus organisée.

 

Tout d’abord, parlons rapidement des entreprises. Celles-ci se débrouillent tant bien que mal dans un monde en crise.

La première chose que le gouvernement et que les politiques iront évoquer, c’est la situation où laquelle l’entreprise doit avoir la capacité de produire plus. Est-ce logique ? J’en doute. Il faudrait déjà sortir du marasme économique avant de réfléchir à ce cas de figure qui ne concerne finalement que les entreprises les plus florissantes. Mais admettons, une entreprise a besoin d’augmenter sa productivité. La solution la plus communément admise, c’est la hausse du temps de travail de ses employés. Faut-il alors s’étonner qu’il y ait du chômage, puisque l’on encourage les gens qui bossent à travailler encore plus ?

L’autre cas de figure évoqué, c’est la possibilité de licencier plus facilement, afin que les charges de l’entreprise baissent, en cas de difficultés financières…Passons le fait qu’actuellement, beaucoup « d’efforts » ont été faits en ce sens. Le licenciement d’une personne fait baisser les charges en même temps que la productivité non ? L’entreprise ne se condamne-t-elle pas à un cercle vicieux ?

Enfin, on parle des start-up, nouvelles héroïnes du monde de l’entreprise. Des jeunes gens, fraîchement diplômés d’une école où on leur apprend que le but dans la vie, c’est de fonder sa propre entreprise, lancent leur start-up, parfois pour des sujets futiles. Ils connaissent les risques, je suppose, de se lancer à quelques-uns dans le monde des entreprises ? La dure réalité des marchés ? Si c’est le cas, pourquoi cette start-up, dont le patron sera issu en général d’une situation financière aisée, demande de l’aide à l’état lorsque tout ne se passe pas comme prévu ? (Si on achète un pistolet pour tirer sur une cible, si la balle ricoche et blesse un ami, peut-on pour autant blâmer le vendeur ?) Et pourquoi, inversement, devrait-elle payer très peu d’impôts, surtout quand sa situation financière est au beau fixe ?

 

Je pense avoir ici cerné les problèmes auxquels la loi El-Khomri devait remédier. Mais comme toujours dans un monde de plus en plus libéral, on ne prend pas le monde socio-économique dans son ensemble, et on met tout le monde dans le même panier, CAC40 et PME ensemble. Cela sans prendre en compte en plus les difficultés engendrées par le système actuel.

Besoin d’une hausse de productivité ? Embauchez des intérimaires. (Dont la sûreté de l’entreprise d’intérim aura été vérifiée au préalable). Vous conservez ainsi la productivité de vos salariés (augmentez les heures l’aurait baissé) et vous en gagnez avec des mains supplémentaires. Il faudrait aussi penser à accorder un poste peut-être définitif, si l’entreprise reste florissante et que cet intérim fait du bon boulot.

Besoin de faire des économies en temps de crise ? L’état doit ici intervenir, en payer une partie du salaire des employés, assez pour permettre à l’entreprise de vivre décemment (sans non plus lui faire de cadeau, l’entreprise peut aussi trouver de nouvelles stratégies, comme le prévoient les règles informelles qui régissaient le marché du travail.)

Pour le cas de la start-up, on pourrait ajouter que puisque les risques sont connus, l’état n’a pas le devoir de l’assister en permanence.

 

Maintenant, on pourrait envisager quelques pistes pour l’emploi.

Rapidement, je souhaiterai la mise en place d’un CV réellement anonyme. Pas de nom/ prénom, pas de sexe, pas d’adresse, pas d’âge, …Juste l’expérience. Suivra ensuite un entretien physique, où l’employeur sera donc tenu de se justifier en cas de refus. (Pourquoi ne pas créer des contrôleurs à la création d’emploi, qui visionneraient les entretiens ; un peu trop de flicage cependant)

Ensuite, la hausse du smic à 1600€ doit être envisagé, quitte à indexer les salaires des politiques dessus (et des dirigeants des grandes boîtes pourquoi pas ?)

Une journée compte 24H. Il convient donc de la partager en trois parties, 8h pour se reposer, 8h pour vivre et se cultiver, et 8h pour travailler et se rendre sur le lieu de son travail. Sauf exceptions, le dimanche doit rester un jour consacré à la famille et au repos complet, afin d’entamer la nouvelle semaine en forme.

Le jour viendra où j’aurai trouvé un moyen de réformer le code du travail, après une lecture complète. Mais en attendant, celui-ci doit fournir un support efficace pour le contrôle des conditions de travail.

 

Enfin, dernière partie de cette réflexion, quelles conséquences et solutions pour la mondialisation/ modernisation ?

En dehors d’une expansion du commerce, et d’une ouverture des frontières, on pourra cependant remarquer quelques points négatifs…

 

Tout d’abord, l’évidence même, comment ne pas parler des délocalisations. Attiré par les conditions sociales inexistantes de certains pays, on lance un processus de délocalisation que je baliserai en trois étapes.

  • Délocalisation de la production
  • Améliorations des conditions économiques (mais légèrement) du pays, donc hausse des conditions de travail, qui deviennent un peu moins cruelles (mais toujours aussi peu éthiques)
  • Inspiration et tentative d’application de ces conditions de travail aux pays européens puisque on dispose de plus de moyens et de plus de compétences, et que cela devient un peu moins avantageux dans l’autre pays.

Pour faire simple, la délocalisation, si ce n’est pas pour lorgner sur le marché local, n’apporte rien de bon. Rien qu’à voir le nord de la France, on comprend les limites de ce système. Ajoutons aussi à cela le transfert d’un savoir qui aurait pu, en restant chez nous, nous procurer un avantage.  

Pareillement, l’arrivée massive de la robotisation et de l’informatisation des tâches créée sans aucun doute de la suppression d’emplois, que les métiers en rapport avec ces « progrès » ne suffiraient à combler. Une seule personne et son ordinateur fait maintenant le boulot que trois personnes faisaient il y a dix-quinze ans. Et on s’étonne ensuite que le chômage monte…L’usage de robots et d’informatique n’est pas à proscrire, mais pourquoi ne pas les réserver surtout pour des tâches dangereuses ? Ainsi, on peut imaginer une terraformation de Mars faite essentiellement avec des robots, puisque ces derniers doivent se trouver absolument une utilité…

 

Des pratiques liées à l’emploi et au travail devront disparaitre si on veut faire les choses correctement. Ainsi, fini les publicités par téléphone, déplaisantes et souvent inutiles. Fini aussi les délocalisations de plateformes téléphonique au Maghreb. Fini le stress dans ces plateformes. Les objectifs seront à atteindre dans le respect du salarié.

On peut aussi souhaiter la nationalisation de quelques entreprises (autoroutes, etc…) qui assureraient à l’état une indépendance envers les entreprises privées et une souveraineté qui profiterait aux français.

L’encouragement d’un made in France écoresponsable est fort souhaitable. Se pencher sur la question d’une taxe à l’importation plus ou moins importante selon la provenance de la marchandise (non-respect des règles éthiques au travail= forte taxe par exemple) est aussi possible.

 

Il est temps de faire cesser la légende qui assure qu’un autre chemin que le libéralisme nous mènerait droit vers la destruction économique. Cette autre croissance est possible (pourquoi vouloir croître à tout prix d’ailleurs ?) il faut juste s’en donner les moyens. Autant dire qu’avec des libéraux comme E. Macron, A. Juppé, JF. Copé ou R. Yade, on est mal parti.

Enfin, il faut aussi penser le monde économique de manière globale et sur le long terme. La loi El-Khomri illustre d’ailleurs parfaitement ce qu’il ne faut pas faire…

 

De gauche à droite en passant par le centre, le défi de l'échiquier politique

 

Attention, en raison de la vétusté de ce post, le contenu a été retiré (mais disponible sur demande)

La version actuelle de l'échiquier se trouve ici

 

 

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Loi travail: je l'ai lue, j'ai donc le droit d'en dire du mal

 

Alors, cette loi travail ? Vaut-elle vraiment ces manifestations ? Oui. Et on ne pourra pas dire que je ne l’ai pas lue. 131 pages. Mal écrites. Pour simplifier le code du travail, y a mieux…

Voici donc quelques points qui me dérangent assez.

 

1) Tout d’abord, les conditions de travail qui peuvent effectivement se dégrader :

 

{Art. L. 3121-1. - La durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l'employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles. }

« Art. L. 3121-2. - Le temps nécessaire à la restauration ainsi que les temps consacrés aux pauses sont considérés comme du temps de travail effectif lorsque les critères définis à l'article L. 3121-1 sont réunis. 

  • Ainsi, lorsque vous vous restaurer, vous restez à la disposition de l’employeur. Histoire que vous puissiez bosser un peu plus, bande de fainéants 

 

Art. L. 3121-17. - La durée quotidienne du travail effectif par salarié ne peut excéder dix heures, sauf dans les cas prévus aux articles L. 3121-18 et L. 3121-19, et en cas d’urgence dans des conditions déterminées par décret. 

Art. L. 3121-18. - Une convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement, ou, à défaut, un accord de branche peut prévoir le dépassement de la durée maximale quotidienne de travail, en cas d’activité accrue ou pour des motifs liés à l’organisation de l’entreprise, à condition que ce dépassement n'ait pas pour effet de porter cette durée à plus de douze heures.

  • Cela reste douze heures…Il est d’usage de partager la journée en trois fois huit heures…Autant dire que là, on en est loin…Et ces motifs ne sont pas clairs du tout (c’est le but)

 

Art. L. 3121-20. - Au cours d’une même semaine, la durée maximale hebdomadaire de travail est de quarante-huit heures.

Art. L. 3121-21. - En cas de circonstances exceptionnelles et pour la durée de celles-ci, le dépassement de la durée maximale définie à l’article L. 3121-20 peut être autorisé par l’autorité administrative dans des conditions déterminées par décret en Conseil d’Etat, dans la limite de 60 heures. 

  • Et la semaine des 35H ? Elle est pour qui ? Ici, on encourage ce que je pourrai appeler prostitution d’entreprise. Tu as besoin d’argent, et ton salaire ne suffit pas ? Eh bien bosse encore plus, et tes efforts seront rémunérés. (Et au passage t’empêcheront d’avoir une vie de famille stable et appréciable pleinement)

 

Art. L. 713-13. - I. - Par dérogation à l’article L. 3121-21 du code du travail, pour les exploitations, entreprises, établissements et employeurs mentionnés aux 1° à 4° de l'article L. 722-1, aux 2° et 3° de l'article L. 722-20 et au 6° de ce même article pour les seules entreprises qui ont une activité de production agricole, la limite de quarante-quatre heures est calculée sur une période de douze mois consécutifs ; les mêmes exploitations, entreprises, établissements et employeurs peuvent être autorisés à dépasser le plafond de soixante heures mentionné à l’article L. 3121-22 du code du travail à la condition que le nombre d'heures supplémentaires effectuées au-delà de ce plafond n'excède pas soixante heures au cours d'une période de douze mois consécutifs.

  • Et embaucher des intérimaires, ce ne serait pas une meilleure solution ? Lorsqu’on pratique un travail harassant, il est absurde de bosser encore plus que la moyenne…

 

Art. L. 3142-4. - Pour mettre en œuvre le droit à congé du salarié défini à l’article L. 3142-1, une convention ou un accord collectif d’entreprise ou, à défaut, un accord de branche détermine la durée de chacun des congés mentionnés au même article. 

Art. L. 3142-5. - A défaut de stipulations dans la convention ou l’accord mentionné à l’article L. 3142-4, le salarié a droit à un congé de :[…]  4° Deux jours pour le décès d'un enfant ou pour le décès du conjoint, ou pour celui du partenaire lié par un pacte civil de solidarité, ou pour le décès du père, ou de la mère, ou du beau-père, ou de la belle-mère, ou d'un frère ou d'une sœur. 

  • En principe, deux jours pour un décès (trois serait mieux, mais bon). Uniquement si rien n’est précisé. Et lorsque c’est précisé, on dirait bien qu’il est possible de n’avoir qu’un seul jour, voir une demi-journée…Quand je disais qu’elle n’était pas claire…

 

2) Ensuite, au-delà de ces quelques inepties, voici quelques lois qui supposent une coopération employeur/ employé, mais qui comme  toujours peuvent tourner aisément en faveur de l’employeur.

 

Art. L. 3121-47. - L’employeur peut mettre en place un dispositif d’horaires individualisés permettant un report d’heures d’une semaine à une autre, dans les limites et selon les modalités définies aux articles L. 3121-50 et L. 3121-51, après avis du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel, s’ils existent. Dans le cadre de ce dispositif, et par dérogation à l’article L. 3121-29, les heures de travail accomplies au cours d’une même semaine au-delà de la durée hebdomadaire légale ou conventionnelle ne sont pas considérées comme des heures supplémentaires, pourvu qu’elles résultent d'un libre choix du salarié. 

  • Comment être sûr qu’il s’agisse d’un libre choix ?

 

Art. L. 3121-58. - Le salarié qui le souhaite peut, en accord avec son employeur, renoncer à une partie de ses jours de repos en contrepartie d'une majoration de son salaire. L'accord entre le salarié et l'employeur est établi par écrit.  

  • Ici encore, encouragement à la dégradation de sa vie en dehors du travail, motivée par une majoration de salaire. Très prometteur.

 

Art. L. 3122-1. - Le recours au travail de nuit est exceptionnel. Il prend en compte les impératifs de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et est justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d'utilité sociale. 

  • Et cette nécessité, qui garantit qu’elle sera honnête ? Et pourquoi ne pas embaucher des intérimaires ?

 

Art. L. 3123-4. - Le refus par un salarié d'accomplir un travail à temps partiel ne constitue ni une faute ni un motif de licenciement. 

Art. L. 3123-10. - Le refus d'accomplir les heures complémentaires proposées par l'employeur au-delà des limites fixées par le contrat ne constitue pas une faute ou un motif de licenciement. Il en est de même, à l'intérieur de ces limites, lorsque le salarié est informé moins de trois jours avant la date à laquelle les heures complémentaires sont prévues. 

Art. L. 3123-12. - Lorsque l'employeur demande au salarié de changer la répartition de sa durée du travail, alors que le contrat de travail n'a pas prévu les cas et la nature de telles modifications, le refus du salarié d'accepter ce changement ne constitue pas une faute ou un motif de licenciement. 

  • Officiellement, oui. Mais officieusement, je pense que c’est une autre affaire…Et oser dire non à son employeur, je pense qu’il en faut du courage…

 

Art. L. 3131-3. - A défaut d’accord, en cas de surcroît exceptionnel d'activité, il peut être dérogé à la durée minimale de repos quotidien dans des conditions définies par décret.

  • Eh bien embauchez merde ! Votre objectif, c’est réduire le chômage, pas le temps de repos des travailleurs !

 

Art. L. 3133-3. - Le chômage des jours fériés ne peut entraîner aucune perte de salaire pour les salariés totalisant au moins trois mois d'ancienneté dans l'entreprise ou l’établissement.  

  • Et les autres ? Ils sont concernés par une perte de salaire je suppose ?

 

Bref, cette loi contient pas mal de points négatifs, et d’autres points soit illisibles, soit complexes, ou tout simplement neutres. Donc, oui, cette loi doit être supprimée, et repensée entièrement en faveur des conditions de travail et d’une meilleure répartition des horaires.

Préparez vous à pire, le TAFTA n'a pas encore éclos...

 

le futur droit dans le mur, constatation globale

  • Par
  • Le 11/01/2016

 

Après réflexion, ce billet, l'un des premiers du blog, a été supprimé, car trop anxiogène et résumant des faits développés depuis des mois dans les autres billets.

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