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Analyse de programme : #5, Didier Tauzin

 

Toujours parmi les candidats peu connus du grand public, voici aujourd’hui l’analyse du programme de Didier Tauzin. Que dire à son sujet ? Pas grand-chose, si ce n’est qu’il est général de division de l’armée de Terre, et que comme tous les « petits » candidats, il aura bien du mal à porter sa voix, peu importes ce qu’elle pourrait dire.

Difficile aussi de le placer sur l’échiquier politique ; il y a peu de chance qu’il soit à gauche si on se base sur ses positions sociétales, mais qui sait ? En tout cas, il ne me pas semblé très ouvert de ce côté-là.

Par conséquence, j’aurai bien du mal à le cerner en tant que présidentiable.

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1° Slogan

 

« Rebâtir la France »

Un slogan tout à fait acceptable, bien qu’on le croirait sortit d’une période d’après-guerre. Rien à dire.

 

2° le programme

 

Introduction

 

On assiste tout d’abord à l’introduction de cinq principes essentiels à ses yeux : bien-commun, subsidiarité, responsabilité, solidarité, liberté. Cerner ses futures lignes d’action est une bonne chose, c’est donc bien pensé. Je ne viendrai pas ici sur les grandes lignes du projet qui se retrouveront expliquées par la suite. A noter que la diversité des thèmes empêche toute classification politique, ce qui peut être une bonne chose.

 

A. « libérer les énergies »

 

Un titre assez flou qui tranche avec la clarté de l’introduction. Difficile d’envisager quelque chose de défini avec ça. Pour débuter ce paragraphe, il dresse un constat que je partage partiellement, estimant que le carcan administratif est à nuancer et qu’évoquer un retour à la liberté d’entreprendre est un chou gras des libéraux.

  • Travail / économie : sa suppression « d’entraves » fiscales est bien légère en terme de précision. Il voudrait supprimer l’intégralité des impôts concernés ?

La création d’une structure régionale suivant les TPE/PME est par contre une bonne mesure.

La baisse des charges est encore évoquée, mais toujours sans plus de précision. Il enchaine ensuite avec la dépolitisation des syndicats, ce qui n’est pas une idée absurde si elle est appliquée réellement.

On retrouve l’absence de précisions quant il s’agit de réformes des normes attrayant à la productivité des entreprises. Normes sociales ? Écologiques ?

 

La question du retour à l’emploi est abordée d’un point de vue plutôt à droite, puisque sont suggérées des travaux d’intérêt public dans certains cas. Le plafonnement des aides à une somme inférieure au smic se tient néanmoins. (Même si je doute fort que ces aides dépassent souvent le smic de toute manière)

Côté fiscalité, un plan de réduction d’impôt est annoncé, avec contrôle annuel devant l’assemblée, ce qui offre des garanties à un projet aux fins floues ici encore.

On trouve une mesure protectionniste bienvenue, avec la taxe de produits en provenance de pays aux conditions de travail inférieures aux nôtres.

Enfin, une réduction des dépenses publiques est abordée, mais sans plus de détail, et en tant qu’étatiste républicain convaincu, je suis plutôt mitigé à ce sujet.

 

B. « réforme de l’administration publique »

 

Cette réforme prône d’abord un retour aux fonctions exclusivement régaliennes pour l’état. Cela se traduit par la présence de fonctionnaires limitée à ces fonctions, ce qui reste assez floue sur ce qui passe du public au privé. Néanmoins, rapport à cette modification du statut de fonctionnaire, on peut apprécier le choix laissé aux fonctionnaires entre ancien et nouveau statut.

Une charte nationale est ensuite mentionnée, sans qu’il n’y ait plus d’explications.

Une réduction du nombre de parlementaire est proposée, j’y suis pas favorable à 100% mais c’est une idée qui se défend. Quant au CESE, il est sujet à suppression (je m’y oppose) ou devrait fusionner avec le sénat (déjà plus logique)

On observera ensuite une place de choix accordée à l’administration locale, ce qui est tout à fait défendable encore une fois, mais je n’y suis pas favorable. Cela s’accompagne de la suppression  des conseils départementaux et régionaux.  Si les conseils départementaux sont à revoir, les conseils régionaux demeurent pour moi importants pour le fonctionnement du territoire. Enfin la notation des administrations publiques est litigieuse, car elle peut donner lieu à des dérives.

 

Monsieur Tauzin parle ensuite de réinventer la démocratie. Vu les apparitions fréquentes de ce thème dans les programmes, je note que l’illusion démocratique ne tient plus la route…

Le référendum voit son accès plus facilité, avec un niveau parfois communal, ce qui est une bonne chose ;

Les règles encadrant les candidatures aux élections sont aussi révisées, et c’est très bien ainsi. Idée originale de ce programme, que je salue, l’instauration d’un chèque citoyen, qui renforcerait indirectement la démocratie. De même, la révision des parrainages est une très bonne proposition, ça va de soi. Enfin, le retour au septennat par voie référendaire est défendue, je préfère un compromis avec six ans, mais un septennat avec de vrais organes démocratiques, pourquoi pas.

 

C. la société

 

Dans la partie enseignement, on mentionnera par exemple un retour de la culture générale, qui serait donc favorisée via l’Histoire-Géo. {La grande charte nationale est ensuite à nouveau évoquée, sans aucune précision supplémentaire.}

Le choix de la pédagogie semble laissé à l’appréciation des enseignants ; je suis assez divisé là-dessus, car cela créerait une inégalité entre établissements, bien que la pédagogie actuelle dût être revue.

Le durcissement du passage en sixième avec une condition de maitrise de la langue est un plus pour les professeurs du secondaire, c’est donc une bonne idée pour moi.

 

J’aborde la sous-partie consacrée à la famille avec prudence, sachant que les positions de monsieur Tauzin sont parfois conservatrices sur ces questions. Ceci explique peut-être pourquoi je ne vois pas d’un bon œil la constitutionnalisation de « la filiation homme/femme de l’enfant ».

Est affichée aussi une volonté de médiation rapport aux divorces, dans le but de les limiter. Si je me base sur l’histoire judiciaire du divorce, il me semble que cela n’avait pas marché lorsque c’était appliqué ; mais l’initiative n’est pas mauvaise, la déstructuration de la famille pouvait impacter sévèrement l’éducation de l’enfant.

Les allocations sont dépendantes du bon comportement des enfants, ce qui est déjà un peu le cas, mais qui en tout cas relève de la logique.

L’instauration d’un « revenu parent d’éducation imposable » est envisagée pour des parents souhaitant se consacrer à l’éducation de leurs enfants ; il s’agit là d’une politique familiale satisfaisante, puisque l’enfant sera peut-être moins délaissé comme cela arrive parfois. Attention cependant à ce qu’il n’y ait pas un plafond de verre qui pousse uniquement les femmes à se porter candidate.

 

Pour la partie justice, je suis assez mitigé. Dédier la détention à la réinsertion et la réparation des préjudices est une très bonne chose, soit. Mais pas question en revanche que les prisonniers soient employés dans des entreprises privées. En plus de rappeler certains faits historiques que je ne mentionnerais pas ici, c’est le risque que des êtres humains soient sous-payés et que certains s’en mettent plein les poches sur le dos de la misère sociétale. Donc oui pour des travaux d’intérêts général, mais non pour le reste, sauf pour les formations et la réinsertion dans la société.

 

Enfin, pour l’agriculture, une révision des normes est envisagée, hélas sans plus de précisions et détails quant aux normes posant problèmes. L’encouragement des circuits courts et l’indépendance alimentaire française sont par contre tout à fait souhaitables.

 

D. sécurité intérieure et extérieure

 

Un volet que l’on est en droit d’attendre de pied ferme, vu la profession de Didier Tauzin.

Le budget de la défense est augmenté, c’est en effet ce qu’il advient de faire dans ces temps incertains. De même, je ne peux qu’approuver la relance de l’industrie d’armement, même si je mettrai de mon côté un point d’honneur à favoriser les armes non-létales.

Parmi les mesures inscrites, difficile de ne pas parler du retour au service national, qui décidemment fait son bout de chemin. Je suis toujours opposé à son caractère obligatoire, mais je dois reconnaitre que celui que monsieur Tauzin envisage est déjà plus structuré et organisé, plus prometteur, que les autres candidats le mentionnant. La répartition de ce service dans les différentes fonctions publiques de sécurité (y compris pompiers et garde-frontière) est assez proche de ce que j’ai pu envisager moi-même.

 

L’immigration est abordée de deux manières différentes : un référendum est proposé pour une pause migratoire, ce qui selon moi est une aberration, mais soit ; les réfugiés politiques, étudiants et professionnels sont acceptés avec durée limitée, et les modalités d’attribution de la nationalité française sont révisées. Un point de vue assez à droite donc. Néanmoins, on constate aussi une volonté de diminuer les causes de départs des pays étrangers.

 

E. relations internationales

 

La sortie de l’OTAN est clairement indiquée, et je suis toujours d’accord avec cette mesure.

La clarification de certains rapports louches entre pays du Moyen-Orient est en effet une bonne idée, quoique délicate à traiter.

La pacification de l’Afrique et du Maghreb est envisagée, et j’adhère complètement à cela, d’autant plus qu’il ne s’agit pas là d’une politique paternaliste comme on pourrait le craindre. Cela s’accompagne d’ailleurs d’investissements en Afrique, ce que la Chine a compris depuis longtemps, elle…

Nos relations avec la Russie doivent être réchauffées, ses positions rejoignent donc les miennes ici aussi.

 

Les projets de développement du continent africain s’insèrent aussi dans une politique européenne, et j’apprécie beaucoup. Le renforcement de notre souveraineté est parallèlement voulu, ce qui est une bonne idée. Cependant, on regrettera le manque de clarté quant aux rapports France-Europe vis-à-vis de l’Euro par exemple.

 

 

3. Conclusion

 

Alors, que penser de ce candidat très peu connu ? Il est possible de le classer au centre-droit, voir à droite, quoique son manque de clarté limite assez cet exercice. En effet, on aurait aimé plus de précisions, même pour un projet qui n’a pas vocation à être définitif. Certains le classent à l’extrême droite, je n’irais pas jusque-là non plus.

Son projet est sous certains aspects intéressants, essentiellement sur des questions européennes ou démocratiques. Je reviendrais sur les défauts à la fin. En attendant, voici le traditionnel tableau d’adhésion :

 

Penser l’Europe

4/5

Réorganiser le travail et l’emploi

2,5/5

Une sécurité assurée

3,5/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

3/5

Une réforme culturelle ambitieuse

1,5/5

Penser le défi écologique

0,5/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

0,5/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

4/5

Penser les relations internationales

3,5/5

Niveau d’absence de danger pour la France

4/5

 

Total : 27/50

 

Au vu du tableau, un point émerge : si les questions diplomatiques et sécuritaires sont satisfaisantes, force est de constater que l’écologie est la grande absente de ce programme. Hormis un petit point sur l’agriculture, on se retrouve avec bien peu de préoccupations environnementales. De même, on regrettera la faible place accordée à la culture.

Pour le volet économique, on nage encore dans le flou finalement, et c’est dommage parce que la volonté est là.

Majoritairement, on a là un programme acceptable pour un projet plutôt à droite, mais pas suffisant pour motiver un vote. Bien que ce ne soit pas le projet définitif, on regrettera sur la forme l’entretien de ce flou. Bref, il est souhaitable qu’il soit candidat pour porter sa voix, mais je ne porterai pas mon vote sur lui.

 

source: http://didiertauzin2017.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

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