Avis d’actualité : #1, laïcité et religions

 

Mon principal point de désaccord avec la gauche semble être la notion de laïcité. Là-dessus, sans doute du fait de mes racines catholiques ou que sais-je encore, j’ai souvent une position plus nuancée, et plusieurs évènements récent m’ont suggéré de remettre le sujet sur la table. (On ne peut pas dire que j’ai été généreux en sujets sur la religion)

Autant le dire tout de suite, J’essayerai de parler du port du voile le moins possible ; j’ai rarement vu un thème divisant autant, donc je le limiterai à un des points évoqués.

A noter aussi que pour plus de clartés, je fais pour une fois appel à des parties titrées. Bref, voici donc un aperçu de mes positions sur le sujet :

 

L’exception du Concordat

Je l’ai souvent évoqué, je suis Alsacien, et ce depuis fort longtemps. Et comme tout alsacien (ou une bonne partie) je suis assez attaché au Concordat, qui depuis Napoléon détermine les rapports entre religion et état au sein de ma région et de la Moselle.

Ce concordat fait souvent l’objet de critiques, et parfois à raison : tout d’abord, il s’agit là d’une exception en France, qui instaure donc une certaine inégalité entre les citoyens ; ensuite, il s’agit clairement d’une dérogation au principe de laïcité. Dans les faits, les prêtres sont subventionnés par l’état, et il existe un enseignement de culture religieuse au sein des établissements. Enfin, nous avons deux jours fériés en plus. (Cela ne nous empêche pas d’être plus productifs et moins absents au travail au passage)

Bref, la proposition de Jean Luc Mélenchon de supprimer le Concordat m’a divisé sur le coup. Je savais qu’il n’escomptait pas supprimer les exceptions sociales d’Alsace-Moselle, contrairement à ce qui était répandu aveuglement par les média, mais l’idée que le Concordat soit supprimé me dérangeait. Pourtant, d’un point de vue légal, il devait l’être. Au nom de quoi devrions-nous avoir un régime différent des autres, alors que celui-ci ne reconnait pas une loi de la république ? Après réflexion, je reste donc partagé, mais considère que c’est de bon droit de supprimer cette exception. Personnellement, j’aurai étendu à toute la France la culture religieuse, qui permettrait sans doute de limiter les risques de méconnaissance de la religion qui conduisent au terrorisme et au fanatisme.

 

L’affaire d’un voile

Depuis longtemps opposé au port du voile (foulard excepté) principalement pour des raisons d’opposition au communautarisme, j’essaye depuis un an de ne plus en parler, afin d’éviter un conflit que je sais inévitable. Pourtant, je suis loin de pratiquer la langue de bois, mais c’est un compromis que j’ai tenté de respecter.

Hélas, l’actualité passe son temps à rappeler à quel point ce sujet divise. En ce mois de Février, c’est Marine le Pen qui rappelle cela. En voyage au Liban, elle refuse de porter le voile pour rencontrer le Grand Mufti. Et voilà qu’une part de la gauche se met à la critiquer pour ça ; à croire qu’il s’agirait d’un incident diplomatique. Si l’objectif était d’affirmer ses positions sur le sujet et de faire parler d’elle, c’est réussi. On oublie aussi que Michelle Obama s’était retrouvée dans la même situation sans qu’il y ait un tel scandale.

Loin de moi l’idée de la défendre sur de nombreux sujets, mais elle a eu ici raison (bien qu’elle connaissait les conditions encadrant la rencontre) de refuser. Ce vêtement, que plusieurs religions se sont appropriées en sombrant dans le matérialisme, n’a pas à être imposé à quelqu’un qui ne pratique pas la religion à laquelle il est associé. C’est une question d’honnêteté.

Tout ça pour dire que si la religion se veut rassembleuse, le voile a pour particularité de drôlement fracturer la société, tel un fer de lance du communautarisme.

 

Le projet absurde de Terra Nova

J’en viens maintenant à cette information, qui m’a poussé à écrire cet article : le projet totalement inconscient du lobby Terra Nova.

Motivé officiellement par un objectif d’égalité, cet ensemble de propositions prône la création d’un jour férié pour les juifs et un pour les musulmans, supprimant les lundis de Pâques et Pentecôte.

En dehors du fait que ces idées ne viennent même pas directement des milieux religieux (si ce n’est les frères musulmans), il s’agirait là d’une véritable dérogation au principe de laïcité (j’y reviendrai) et d’un motif suffisant pour à nouveau diviser les français. Anticléricaux virulents, fondamentalistes de tout bord, bienpensants (on m’a dit que c’était  un terme d’extrême-droite, à vous de trouver comment le remplacer) et citoyens lambda se verraient ainsi confrontés à une nouvelle polémique provoquée inutilement.

D’un point de vue technique, ces mesures seraient inapplicables : qui en profiterait ? Les principaux concernés ou tous les citoyens ?

Au regard des pratiques internationales, cela pourrait nous rapprocher des sociétés anglo-saxonnes fragmentées, où chaque religion pourrait imposer sa vision étriquée de la liberté de pensée.

Enfin, cela fera le lien avec le point suivant, ces deux jours fériés équivaudraient à reconnaitre explicitement les cultes juifs et musulmans.

 

Pratiques religieuses et pratiques culturelles

Sans doute née avec les polémiques au sujet des crèches, le débat sur les racines chrétiennes de la France persiste et se rappelle à nous avec le projet de Terra Nova.

En effet, il est courant d’affirmer que la France est un pays de racines chrétiennes, ce que je nuancerai en affirmant que parmi les nombreuses racines de la France, la chrétienté occupe une place de choix. C’est d’ailleurs en partant de ce principe que je considère que les crèches se contentent de faire référence aux origines chrétiennes de notre manière de célébrer Noël, et ne représentent pas un prosélytisme d’état. Il faut dire que la décision de retirer l’arche « Christkindelsmärik » (que l’on pourrait envisager comme marché du petit jésus) du marché de Noël de Strasbourg m’avait assez agacé.

Le rapport avec l’actualité, c’est que nos jours fériés en rapport avec des fêtes religieuses sont des éléments qui s’intègrent dans la tradition culturelle française ; ils sont donc intangibles (car sans danger pour personne contrairement à d’autres traditions) et ont toute leur place dans le cadre de la loi de 1905. Par conséquent, si l’Islam ou le judaïsme avaient acquis une influence assez importante pour avoir un impact sans précédent sur la culture française, on aurait pu envisager un jour férié (sans pour autant supprimer les autres). Mais bien que l’Islam et le judaïsme fassent parti du paysage français actuel, ils ne sont pas pour autant des racines culturelles du pays. Et vouloir leur accorder un jour férié n’est donc pas possible sous le régime de la loi de 1905.

 

Loi inadaptée et pratiques officielles litigieuses

Dernier point que j’aimerai aborder, la vieillesse de la loi de 1905 est sans doute un handicap pour la défense d’une laïcité lucide et républicaine. Elle a déjà fêté son siècle d’existence, et devrait pourtant s’appliquer à une situation loin d’être identique à celle de la troisième république. C’est tout simplement absurde. En 1905, pouvait-on imaginer le développement de communautarismes religieux divers au sein de notre république ? Avions-nous alors le recul nécessaire pour envisager tous les problèmes en lien avec la religion lorsqu’elle s’immisce dans la vie publique ? J’en doute fort. M’est avis qu’il serait temps de refonder une loi sur la laïcité, ancrée dans le 21ème siècle.

De même, si nos hommes politiques sont prompts à défendre cette loi, je les entends moins lorsqu’au sein de la classe politique, la religion se mêle aux pratiques. A croire qu’il n’y a que moi que le terme « chrétien-démocrate » dérange (alors que je me revendique sans problème de la chrétienté). Ou lorsque le Front National défend une laïcité à deux vitesses par exemple. Cette loi serait-elle donc si mal comprise ?

Enfin, comment ne pas oublier la présence de François Hollande en tant que chef d’état au diner du CRIF, qui demeure quand même une institution juive avant tout ? Là aussi, le principe de laïcité est à revoir. Je veux bien passer sur l’octroi de titres honorifiques à vocation religieuse (chanoine de Latran), mais pour autant, être présent à la réunion d’institutions juives, musulmanes, chrétiennes, bouddhistes ou même jediistes constitue pour moi une faute déontologique pour un chef d’état.

 

 

Bref, pour conclure, je dirais que chacun peut avoir sa définition de la laïcité, mais que certains principes sont difficilement remis en cause. Il ne faut pas occulter les racines chrétiennes de la France, mais pour autant, il n’est pas question que la religion se mêle de la vie politique, comme elle a pu le faire lors du mariage pour tous (autre triste épisode de division de la France) ou sur des questions comme l’avortement ou la liberté de pensée. Tout est donc question de nuance, et je ne saurai tolérer les excès ou de laïcité (sombrant dans l’anticléricalisme) ou de religion (sombrant dans le communautarisme). Il s’agit avant tout d’avoir une société unie, alors tâchons d’éviter les divisions inutiles.

 

 

 

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