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Gilets jaunes et colère rouge

Dans la bande-dessinée « La présidente », les auteurs y présentent une France en colère face à l’accès au pouvoir de Marine le Pen, à la tête d’un gouvernement autoritaire. La coalition qui en sort vainqueur à la fin, c’est un duo Macron-Taubira. Il est donc amusant de voir le renversement de situation correspondant à la réalité, avec Macron en dirigeant autoritaire et Le Pen appelant à manifester. Du moins, ce serait amusant si la situation n’était pas aussi grave.

 

Macron, que j’ai souvent appelé par ironie (un peu immature je conviens) Emmanuel premier, semble surpris de l’ampleur du mouvement des gilets jaunes. Pourtant, à la jouer comme un roi, probablement plus proche d’un Louis XVI déconnecté des réalités sous l’influence de quelques uns, que d’un autre monarque absolu, il fallait s’attendre à une révolution, ou à ce qui s’y apparente en notre 21ème siècle. Même certains du camp Macron, comme Alain Minc, le prédisaient en juillet : « Les inégalités engendrées par le système de marché accroissent le risque d’un spasme sociétal, d’une révolte dont la forme est imprévisible ». Une analyse fort juste, malgré la situation cocasse de cet oligarque, président du conseil d’administration de la SANEF et partisan d’un abandon de souveraineté au profit de l’UE. En soit, un pyromane qui prévient qu’il va y avoir des flammes.

Dans cette question des gilets jaunes, tout est marqué par l’hypocrisie, une hypocrisie qui mérite un développement à elle toute seule. Puis, derrière, le fond des revendications : les taxes. Sujet oh combien complexe, mais au sujet duquel il est possible d’avoir un avis nuancé.

 

I. Championnat de France de l’hypocrisie

 

Forage en Guyane, aucune remise en cause du libre-échange, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui restent les éléments les plus polluants en comparaison au peuple « lambda »...Y a pas à dire, les macronistes sont de grands écolos.

La hausse du prix du carburant était présentée comme une mesure écologique, et donc impossible à remettre en cause d’un point de vue moral. Dans la théorie, une action en faveur de l’écologie qui soit applicable et qui ne soit pas en opposition au reste de sa ligne politique est une action que l’on pourrait difficilement contredire sur le plan moral : condamner cette action se ferait dans l’incompréhension la plus totale, et ce serait assez justifié. Dans la pratique, cette action n’est pas applicable, et entre en contradiction avec la ligne économique du gouvernement. De la poudre aux yeux en fin de compte. Histoire de ne pas changer…

J’en ai vu des élus macronistes vendre ce projet en accusant leurs adversaires de ne pas se préoccuper de l’écologie. A eux seuls, ils ont redéfini la notion d’hypocrisie. Ou peut-être croyaient-ils simplement les fables de Macron et Philippe, qui sait ?

 

Cependant, la république en Marche n’a pas le monopole dans ce domaine. Les républicains et frontistes se sont empressés de défendre le mouvement. Évidemment, le ras-le-bol fiscal, ils le comprennent. Les premiers n’ont eu de cesse via l’UMP d’agir en faveur du déséquilibre fiscal actuel, et les seconds ont toujours entretenu le flou autour de ce sujet. A ni l’un, ni l’autre, je pourrai accorder ma confiance pour qu’ils agissent dans le bon sens. Mais plus que la question fiscale, c’est surtout la défense des mouvements sociaux qui me laisse pantois, lorsqu’on sait à quel point les manifs organisées par les syndicats ou la gauche provoquaient chez eux le désintérêt, voir le mépris. Peut-être qu’ils ont enfin compris le malaise social en France, ou peut-être qu’ils se contentent juste de récupérer quelques voix à droite à gauche. Lorsque l’université de Tolbiac était occupée au Printemps, la même Marine le Pen qui défend les blocages ne tenait pas vraiment le même discours. Pourtant, le fond des revendications était à peu près le même : on ne peut plus continuer dans cette voie.

 

Enfin, à l’extrême-gauche aussi les hypocrites étaient de sortie. Complaisants depuis toujours avec les Black Blocs, casseurs professionnels débarquant à la moindre manif, certains militants s’acharnent pourtant contre les gilets jaunes depuis le début. De même, ils n’hésitent pas à amalgamer gilet jaune et extrême-droite alors qu’ils sont les premiers à ne pas crier à l’amalgame dans bon nombre de situations où l’humain serait tenté par des rapprochements un peu facile.

Il est vrai que le mouvement des gilets jaunes a de quoi en hérisser certains à l’extrême-gauche : anti-syndicat, hostiles aux politiciens, composé de petits patrons, de français ruraux réputés conservateurs, on peut imaginer qu’ils y voient là une sérieuse concurrence à leurs revendications anarchistes et un peu naïves. Quelle surprise en effet : une révolte générale des travailleurs, basée essentiellement sur les questions économiques, attire plus de monde que des revendications internationalistes teintées de progressisme sociétal et d’un discours économique inaudible.

François Ruffin, Jean Lassalle, sont autant de figures politiques méprisés par cette frange de la gauche et considérées avec respect (la plupart du temps) par les gilets jaunes.

Aux yeux de quelques illuminés de l’extrême-gauche antifa, nous aurions affaire à un mouvement « proto-fasciste » et « poujadiste ». Le reducto ad fascistum, un grand classique de cette décennie. L’accusation de poujadisme est cependant à nuancer : le poujadisme en tant que mouvement corporatiste qui défendrait les classes moyennes est une notion qui s’applique sans problème ici. Quel est le mal à défendre les petits artisans, les commerçants ? Mais le poujadisme péjoratif, celui qui sous-entend une organisation violente, nécessairement d’extrême-droite, n’a pas lieu d’être : certains manifestants le sont, tout comme d’autres sont antifas, et d’autres encore des apolitiques qui se contentent de montrer leur colère.

D’ailleurs, c’est surtout sur cette colère que j’aimerai me prononcer.

 

II. Les taxes, entre instrumentalisation et injustices

 

Depuis le début, on entend beaucoup parler de cette hausse du prix du diesel, et plus généralement du carburant, pour faire avancer la cause écologique. Puisqu’on a vu qu’il n’en était rien, à quoi cette hausse indirecte de la taxation des français sert-elle ? La réponse est simple. Macron fait constamment des cadeaux aux « riches », supprime l’ISF, maintient des mesures à sens unique uniquement en faveur des 1 % qui assureront la réélection de son camp à travers leurs moyens financiers (ou sa reconversion une fois son mandat enfin fini). Les recettes de l’État sont donc diminuées, et c’est bête quand on sait que la France est heureusement un pays encore guidé par une fibre sociale au sein de ses institutions. Notre service public, auquel je suis très attaché, doit être financé (en attendant sa suppression en 2020 je suppose, si j’ai bien cerné le personnage). Puisque les 1 % détenant des millions sont intouchables, il faut donc frapper ceux qui ne peuvent pas se défendre en inventant des prétextes bidons ou en fraudant.

En effet, il n’existe actuellement que très peu d’alternatives au diesel et à l’essence. Les voitures électriques, dont je suis un fervent partisan, restent encore polluantes par leur consommation d’une électricité loin d’être verte, et de toute manière inaccessible pour une bonne part de la classe moyenne. Le bio-éthanol n’est pas vraiment développé non plus. D’ici dix-quinze ans, quand les efforts technologiques auront porté leurs fruits, et que des alternatives seront accessibles, alors il sera temps de taxer. Taxer non pas le diesel ou l’essence, mais les véhicules eux-même, puisque leur achat ne sera pas justifié. Actuellement, quand on sait que les avions et bateaux polluent bien plus alors qu’aucune hausse de taxe ne vient les affecter, on ne peut qu’être en colère face à cette injustice, du même ressort que les conseils écologiques donnés à mauvais escient aux particuliers pour éviter que les gros pollueurs n’aient à porter le poids de leur culpabilité.

 

Cette colère contre la taxation injuste ne date pas d’hier, mais elle tend à se confondre avec l’incompréhension générale face au concept d’impôt. Nos élites ont toujours présenté les impôts sur le revenu des plus riches comme un frein à l’embauche et à l’investissement. N’allez pas me faire croire pourtant qu’un million de plus dans la poche d’un actionnaire ira enrichir le pays grâce à son investissement dans un compte bancaire. Mais c’est comme ça que les choses sont présentées. Dans un but démagogique et populiste (le vrai populisme, celui qui se traduit par la transcription des doléances populaires à travers des mesurettes fumeuses destinées à satisfaire le plus grand nombre), les impôts payés par les classes moyennes sont aussi présentés comme des choses horribles. On supprime la taxe d’habitation, on promet de réduire tel impôt, etc. Dans les faits, c’est vrai, l’action de donner de l’argent et de ne plus pouvoir en jouir n’est plaisante pour personne. Mais rouler sur des routes en bon état, profiter d’un service public à la hauteur, d’un système de santé, est largement appréciable par rapport au don d’une part de son argent à l’État ou aux collectivités. Nos élites l’ont jamais présenté comme tel, parce qu’elles ignorent l’intérêt général. Payer des impôts, c’est participer à la satisfaction de l’intérêt général. Dans notre monde individualiste, ceux-ci ont toujours été présentés comme une atteinte personnelle.

Je ne dis pas que le système d’impôts actuels est juste. Si l’on prend en compte la TVA qui est un impôt indirect très mal utilisé (on pourrait imaginer par exemple un impôt qui servirait à orienter les achats des français, en taxant surtout des substituts nocifs à des produits plus sains et souvent locaux par exemple), il est vrai que le français moyen est souvent écrasé sous les taxes, alors que cela pourrait être évitable. Un impôt plus progressif (La France Insoumise proposait quatorze tranches par exemple) serait une solution plus adaptée ; le tout mériterait de toute manière un vrai dossier poussé que je serai incapable de produire avec mes connaissances actuelles sur le sujet.

 

Le ras-le-bol fiscal, au-delà de l’instrumentalisation politique relevée plus haut, fait aussi l’objet d’une instrumentalisation économique. Beaucoup ont saisi l’occasion pour sous-entendre que le mouvement des gilets jaunes s’opposait aux services publics à la française, que ces revendications correspondaient à l’idéal libéral pourtant décrié, et ainsi de suite. Lorsque les parties de l’élite, LR en tête, prend la défense des gilets jaunes, je ne peux m’empêcher de songer à la fixation qu’ils font sur les impôts et les dépenses utiles des français (L’exigence de gratuité des transports en commun dans un réseau en perpétuelle expansion par exemple), mais surtout sur ceux qui touchent ces 1 % qui s’empressent de toute façon de frauder à la moindre occasion. (C’est bien connu, la fraude aux allocations, c’est mal, la fraude au fisc, c’est normal).

Je ne dis pas qu’aucun gilet jaune ne partage l’idéal libéral. Mais je pense que cette colère est avant tout un cri du cœur pour la majorité qui y adhère. Le jugement qui est fait est fait sur la forme : le paiement. Le fond, l’idéologie politique qui guiderait ce paiement ou son refus n’est pas la priorité ici.

 

III. Une colère justifiée mais à canaliser

 

Au bout de deux pages et demi, il est temps que j’exprime mon jugement sur les gilets jaunes. Comme j’ai pu le sous-entendre auparavant, je comprends leur colère. L’injustice majeure qui réside dans une taxation touchant les classes moyennes et épargnant les plus riches est réelle, et il est normal pour n’importe qui de s’en émouvoir. De même, le pays depuis 2017 subit des changements profonds de la part du mouvement macroniste, des changements qui sont perçus à juste titre comme mauvais et accompagnés de faits du même acabit. On brade des industries à l’étranger, on fait des déclarations méprisantes et arrogantes, on reçoit des cadeaux fiscaux le lundi pour se faire taxer derrière le mardi...La France, ce n’est pas qu’un nom sur une carte, c’est une nation, un pays, qui compte des habitants. Par tradition culturelle, la révolte contre le mépris du pouvoir en place est ancré en chaque français. Le consumérisme et l’individualisme avait réussi à enterrer cette qualité, mais il semblerait que cela ne suffise plus. Les gilets jaunes, c’est cette France qui subit Macron alors qu’elle ignorait jusqu’au jour de l’élection quel serait le bon choix. Cette France qui ne sait pas vers qui se tourner, cette France qui en a marre tout simplement.

Néanmoins, il est bon d’émettre quelques bémols.

 

Tout d’abord, j’aurai aimé, dans l’idéal, que cette France se révolte plus tôt, pour des sujets à la symbolique aussi forte, mais aux impacts plus grands. Contre le Tafta par exemple, contre n’importe quelle loi travail à l’esprit ultracapitaliste et néolibéral. Mais cela aurait été utopique, et il aurait fallu une nation bien plus politisée. Pas évident avec les pouvoirs en place qui s’arrangent toujours pour diminuer l’éducation politique de ses concitoyens.

Deuxièmement, je comprends les critiques à l’encontre des partis traditionnels, mais il est normal que certains prennent fait et cause pour le camp des gilets jaunes. De quoi aurait eu l’air la France Insoumise, qui prône une partie de ce qui est prôné depuis des semaines, en refusant de se joindre au mouvement social ?

Toujours dans le cadre politique du mouvement, certains ont demandé la venue du général De Villiers à la tête du gouvernement. Depuis de Gaulle, la venue d’un homme providentiel fait rêver. On espère que quelqu’un puisse enfin redonner l’espoir aux français et les libérer de ce sentiment défaitiste qui pèse sur eux. Mais ce sont les évènements qui font les hommes providentiels, on en créé pas de toute pièce. On ne sait rien des opinions politiques et économiques du général De Villiers. Il a sans doute un sens de l’honneur que Macron n’a pas, son intervention lors de la polémique où il s’est fait connaître avait du sens et je l’avais défendu. Néanmoins, rien ne garantit qu’il soit la solution. Sur les questions de souveraineté, j’aurai tendance à faire confiance à des gens qui étaient prêt à donner leur vie pour le pays. Socialement parlant, je serai incapable de deviner ce qui l’anime.

 

Enfin, j’ai toujours été contre la violence lorsqu’elle est inutile. Brûler des voitures de gens qui n’ont rien demandé, c’est contre-productif. Saccager l’arc de Triomphe (était-ce réellement des gilets jaunes?), cela a autant de sens que d’abîmer des statues sous la révolution française. On est là dans l’expression la plus simple du ressentiment, et c’est triste. La colère peut au contraire mener à des mouvements à la stratégie très efficace. S’attaquer à des symboles du système comme les péages qui constituent un droit de passage payé aux plus riches, c’est une bonne chose. Faire des blocages devant l’Elysée, cela a du sens. D’après ce que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux (à prendre avec des pincettes), le comportement de certains, minoritaires si j’en crois mon expérience, n’avait rien de fraternel alors même qu’ils se plaignaient à raison de l’irrespect de la devise française. Les médias et le pouvoir n’attendent que cela pour décrédibiliser le mouvement ; ce serait bête de devenir le cliché de gilet jaune que conspue notre élite.

 

 

En conclusion, j’apporte donc mon soutien modéré au mouvement des gilets jaunes : je suis guidé par une ligne politique sociale et étatiste, je soutiendrai donc toute contestation qui irait dans ce sens. Mais je sais très bien que certains gilets jaunes exigent effectivement un droit à polluer, et seront les premiers à refuser les alternatives lorsqu’elles se présenteront réellement. Je sais que certains sont des militants frontistes purs et durs ; d’autres des libéraux opposés au principe d’impôt et cantonnant l’état au domaine régalien le plus strict. Ils constituent chacun une part de ce mouvement des gilets jaunes. Si ceux qui partagent mon opinion peuvent faire fléchir le mouvement vers cette ligne de justice sociale digne du CNR, alors je me fiche bien de savoir qui manifeste aux côtés de qui. La politique, c’est aussi convaincre.

L’essentiel pour le moment, c’est que Macron subisse un revers aux européennes. L’international libéral-capitaliste a assez mené la danse, il est temps qu’il s’arrête. (n’en déplaise à certains macronistes qui souhaitent encore plus de perte de souveraineté française au profit de l’UE). Parce que cette situation désastreuse, c’est pas seulement Macron, c’est tout un système. Il faut se saisir de cette occasion pour y mettre un terme.

Conception politique: #1, Souveraineté et patriotisme

 

Parmi les nombreux formats de billet politique, celui-ci s’approche le plus de la philosophie politique. Il s’agira de réfléchir sur divers notions politiques essentielles à mes yeux. La première est donc la souveraineté, que je rattacherai au patriotisme pour des raisons évidentes. Etre patriote, c’est défendre la souveraineté de son pays et de sa nation. Les deux notions sont intimement liées.

 

Il existe plusieurs notions de souverainisme qui coexistent dans la pensée politique, c’est donc à chacun de déterminer ce qu’il considère comme essentiel à la défense de la souveraineté nationale.

 

Gestion des flux humains

Chaque pays possède un territoire, et donc des frontières. Le premier pilier du souverainisme consiste donc en une maitrise des entrées et sorties du territoire, ainsi que de la surface géographique de ce territoire. Dès cette catégorie, je peux déjà émettre une objection. En effet, nécessité faisant loi, cette souveraineté peut être modérée quant à l’accueil de réfugiés, un accueil régulé par les responsables d’une même zone géographique. La coopération est donc de mise, j’estime qu’on ne peut pas choisir seuls qui entrera dans ce cadre. Cela ne concerne pas l’immigration économique, qui elle, relève encore de la souveraineté territoriale.

La présence sur le sol national de ressortissants étrangers n’a pas à être empêchée. Néanmoins, la participation de ces derniers à des élections en tant que candidat ou électeur reste à la discrétion du pays. Interdire le droit de vote aux étrangers n’a rien de xénophobe ; voter est une responsabilité énorme liée à son pays et à sa nation. De par la résidence dans un lieu précis, un étranger (européen ou non) peut prendre part aux élections municipales en tant qu’électeur. Dans ce cas, la souveraineté de la Nation n’est pas concernée, puisque le maire n’a pas de responsabilité au niveau national. (On exclura les élections sénatoriales, qui sont idéalement modifiées dans mon système de pensée). Pour ma part, j’estime que le droit de vote des européens aux élections européennes peut se défendre, mais je n’y suis pas favorable, puisqu’il s’agit là d’une liaison entre le pays et l’UE.

 

La souveraineté territoriale passe aussi par une gestion des tarifs douaniers, et donc par un acte on ne peut plus patriotique, la défense des emplois français.

 

Made in France et patriotisme économique

Entre l’OMC et l’UE, difficile de trouver des partenaires du patriotisme économique. En cela, le libre-échange pur et dur est un obstacle à l’existence de nations souveraines.

Chaque Etat devrait avoir le droit de choisir les tarifs douaniers qu’il veut, et de les adapter à chaque pays. Cette question prend en compte les conditions sociales, la distance, et le respect des normes environnementales. Est-ce normal de devoir accepter avec un même tarif douanier un produit X polluant et un produit Y sain, au prétexte qu’il ne faut pas faire de traitement de faveur ?

Pour ma part, j’estime qu’au sein des territoires voisins, il faut déterminer une zone de coopération économique où les frais de douane seraient largement moins élevés. En effet, il arrive que des français travaillent là-bas, et niveau distance, on est loin de l’importation made in China.

La question de l’UE se pose évidemment. Dans l’Europe des Nations et des Coopérations que je souhaite, les frais de douane persisteraient au sein de la zone, mais dès lors qu’une harmonisation fiscale et sociale aura eu lieu, il sera possible de réduire fortement ces frais. Là encore, cela doit rester à la discrétion du pays. Il faut garder à l’esprit que l’Europe est vaste. Importer d’Autriche diffère d’une importation de Lettonie. Seule une taxe d’importation au sein de la zone UE peut être décidée en coopération avec les autres pays.

 

Entreprises et secteurs stratégiques

Suite directe au protectionnisme modéré décrit précédemment, le rapport entre les entreprises et l’Etat doit être défini dans une vision souverainiste aussi.

Tout d’abord, délocaliser une entreprise française à l’étranger concerne la souveraineté de la France. Les emplois supprimés, les abandons du secteur sur le territoire, sont autant de facteurs d’affaiblissement économique du pays. L’étatisme est un pan insoupçonné de la souveraineté selon moi, ce qui explique qu’en théorie, le libéralisme est incompatible avec le souverainisme. Le gouvernement doit pouvoir interdire ou décourager ces délocalisations pour protéger son économie.

Deuxièmement, l’état doit pouvoir participer majoritairement à plusieurs secteurs stratégiques. Que ce soit l’énergie ou l’armée, aucune entreprise étrangère ne devrait avoir un droit d’ingérence via leur statut d’actionnaire. A ce titre, une armée souveraine doit avoir un matériel exclusivement national. Autant dire que les transferts technologiques ne sont pas encouragés.

Le sort des autoroutes est probablement le plus parlant ; il s’agit là d’un véritable droit de passage payé aux chers 1% de l’oligarchie. Plus récemment, l’exemple d’Alstom démontre que la nationalisation de certaines entreprises serait bénéfique pour notre économie, au lieu de céder presque entièrement cette entreprise à des intérêts étrangers.

 

Souveraineté populaire

Et le peuple dans tout ça ? L’Etat aurait donc une mainmise sur plusieurs secteurs ; sa fonction publique serait forte…Tout cela laisse entendre que le souverainisme ne se préoccupe que de la puissance de l’Etat et de la nation. Mais n’oublions pas ma théorie du dualisme de l’action politique. Si l’Etat est fort, les exigences des citoyens envers lui se doivent d’être plus élevées. L’urbanisation écologique, la multiplication des transports publics, tout doit être fait pour montrer au citoyen qu’il ne paie pas des impôts juste pour engraisser quelques hauts-fonctionnaires.

D’un autre côté, le peuple est lui-même souverain au sein de l’Etat. Cela se traduit par deux considérations : la démocratie participative participe à la souveraineté du peuple, et la prise en compte de revendications régionales est un tenant du souverainisme. Inutile de revenir sur la première, mais la seconde mérite explication.

Traditionnellement, les partis souverainistes sont peu enclins à écouter des opinions régionales, estimant je suppose que la Nation « est une et indivisible » au sens strict. La charte des langues régionales a par exemple été combattue par les chevènementistes.

Pour autant, les divisions du pays en régions culturelles est un pilier de la souveraineté populaire. Il n’est pas question de céder à l’indépendantisme, bien entendu, mais il ne faut pas accorder non plus de mépris à la déconcentration des pouvoirs et aux revendications existentielles.

A travers l’officieux projet fédéraliste européen, nos régions subissent d’honteuses transformations, s’élargissant sans présenter de quelconques liens historiques. Ces derniers sont pourtant essentiels pour faire vivre la Nation.

 

 

Aparté sur le fédéralisme : Je ne suis pas un opposant au fédéralisme, mais que dans le cas où celui-ci apporte quelque chose. Dans le cadre de notre république, cela n’a pas beaucoup d’intérêt, en raison d’une certaine homogénéité des territoires et du peuple français. En Afrique, beaucoup de pays ont été fait avec pour seule base un découpage géographique. Afin d’intégrer les différentes ethnies et minorités, le fédéralisme est déjà beaucoup plus indiqué. Les envies de fédéralisme qui existent en Alsace par exemple s’expliquent par la proximité avec l’Allemagne, mais cela n’aurait pas plus d’intérêt qu’un sénat réellement concerné par les régions. Pour ce qui est du fédéralisme européen, rendez-vous dans le Conception politique n°2.

 

 

L’attitude vis-à-vis du libre-échange

La vision extrême du souverainisme, c’est l’isolationnisme. Il existe autant d’isolationnismes que de sujets politiques. Et si l’isolationnisme diplomatique est tout à fait acceptable, l’isolationnisme économique est beaucoup plus absurde.

Comment devrait donc composer le souverainisme avec la mondialisation ? Le libre-échange tel qu’il est vendu de nos jours est contraire aux intérêts de l’Etat souverain. Des traités tels que le CETA incarnent tout ce qu’il faut refuser pour conserver sa souveraineté. L’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui empiète aussi beaucoup sur cette souveraineté.

Il faut donc réfléchir aux relations que nous souhaitons avec chacun des pays de ce monde, parce que nous ne pouvons ignorer notre appartenance à une même planète. Pour cela, l’Europe des coopérations semble être l’exemple le plus parlant. C’est pourquoi je vous donne rendez-vous dans le Conception politique #2, qui traitera de l’Europe et de l’Union Européenne.

Avis d'actualité: #7, Philippot et le Front National

 

Depuis la semaine dernière, les tracas internes au Front National me poussaient à écrire un billet sur Florian Philippot ; personnalité iconique de ce parti ces dernières années. Voilà que l’actualité aujourd’hui me laisse penser qu’il est temps de lui dédier une courte réflexion…

 

Florian Philippot, le grand écart entre gauche et droite ?

Son parcours reste la chose la plus intéressante à étudier. Comment un militant chevènementiste, qui a par moment assisté à un meeting de Jean Luc Mélenchon (Source : Wikipédia), a-t-il pu rejoindre ce qui est traditionnellement considéré comme le parti le plus à l’opposé de la gauche ?

A l’instar de Natacha Polony, le parti chevènementiste comptait dans ses rangs les tenants d’une gauche institutionnelle plus pragmatique, moins virulente sur les questions sociétales que pour les questions de souveraineté. Cette gauche avait tout pour séduire le militant Philippot, convaincu très jeune par la cause souverainiste. Néanmoins, suite au traitement réservé envers les adversaires frontistes, il finit par se détacher progressivement des mouvements de gauche, rejoignant finalement Marine Le Pen, séduit par la nouvelle ligne du parti. Il apporta au FN son rejet de l’UE (ou de l’Europe ?) et sa passion des questions économiques. Avec lui, le parti d’extrême-droite devint cependant plus flou, puisqu’une ligne libérale-conservatrice persistait encore ; la même ligne qui fit tout pour le pousser à la démission.

Cet acte est selon moi une erreur stratégique, ce qui n’est pas pour me déplaire. En effet, la seule once de politique respectable présente au Front National demeurant la ligne Philippot (J’y reviendrai), le fait de s’en débarrasser prive le parti d’un excellent débatteur et d’un gage politique très important. Certains là-bas estiment que la défaite est due à Florian Philippot, mais il faudrait être aveugle pour faire cette analyse : au contraire, le parti n’a jamais aussi bien marché que lorsqu’il se préoccupait de tous les français, et non pas d’une petite catégorie extrêmement conservatrice et égoïste. De plus, face à la lamentable prestation de Marine Le Pen, l’aisance médiatique de son second permettait de rassurer le chaland sur les capacités politiques du parti.

 

La ligne Philippot, entre mystère et mauvaise foi

J’ai rarement été très critique à l’encontre de Florian Philippot, et à raison d’ailleurs : une ligne souverainiste, anti-UE, sociale, et plutôt pragmatique sur les questions sociétales ne me dérange pas ; se rapprochant de l’UPR par exemple. Certes, je suis moins catégorique sur la question européenne, mais je reconnais volontiers qu’un parti exclusivement acquis à la ligne Philippot m’aurait peut-être séduit en cas de force majeur (à savoir dans le cadre d’un second tour face à Macron par exemple). Si je remonte dans le temps, j’estime que mon regard sur lui a changé lors d’un débat avec Macron (Alors ministre de l’économie) dans Des Paroles et Des Actes. Je me suis alors rendu compte d’une chose étrange : un cadre du FN tenait des propos plus à gauche que ceux d’Emmanuel Macron. Une question alors me vint : pourquoi reste-t-il dans ce parti en tentant de le transformer, au lieu de le quitter et de fonder le sien ?

Un autre constat vint rapidement aussi ; Philippot est excellent acteur. Ainsi, pendant la campagne, il était chargé de faire croire à l’unité du Front National devant les média, pratiquant de manière abusive une mauvaise foi commune à celle de Dupont-Aignan. Sa loyauté sans borne envers Marine Le Pen reste incompréhensible aussi.

Je pense honnêtement que Philippot n’est pas quelqu’un de mauvais en soi, mais sa ligne ayant du mal à percer au début, il est probable qu’il profita du succès du FN pour se faire connaitre médiatiquement.

Reste enfin un problème d’ordre éthique : Philippot n’a jamais été très favorable à la ligne sociétale dure du parti, mais cohabite pourtant très bien avec les branches les moins fréquentables. Du moins, il a souvent enchainé les pirouettes pour éviter le sujet devant les journalistes. Différencier Philippot du FN traditionnel, c’est plutôt aisé. Mais le détacher totalement du parti (qu’il a contribué à dédiaboliser) serait peut-être un peu trop rapide, en dépit d’un gaullisme assez authentique qui pourrait lui être crédité.

 

Quel avenir pour Florian Philippot ?

Un gaulliste souverainiste égaré au Front National, parti d’origine libéral-conservateur, a de quoi donner du fil à retordre aux analystes politiques. Est-il encore de gauche ? De droite ?

Pour ma part, je le situerai quelque part entre le centre-gauche et la droite souverainiste, ce qui en fait quelqu’un de tout à fait fréquentable. Néanmoins, son passage au FN a été à double-tranchant. S’il a pu acquérir une certaine notoriété, il ne demeure pas moins marqué au fer rouge par cet ancien statut. Quand il proposait un café-débat avec les insoumis, ce fut une réponse cinglante qu’il reçut, à mon grand désarroi d’ailleurs. Je pense qu’il faut être ouvert au dialogue avec Florian Philippot. En dépit des défauts que j’ai laissé transparaitre plus tôt, je pense qu’une ligne souverainiste avec les Patriotes, les chevènementistes et l’UPR pourrait de temps en temps s’associer avec les insoumis pour défendre les intérêts de la France, au-delà des querelles partisanes qui ont pu les diviser.

Néanmoins, la réalité est beaucoup moins vendeuse. Il y a fort à parier qu’il poursuive sa route avec Les Patriotes, sans succès électoral majeur pour des raisons évidentes, et sans possibilité de rédemption pour son passé litigieux. Tant pis ; à défaut d’avoir un allié occasionnel, il reste toujours un débatteur intéressant à écouter.

Avis d’actualité : #6, Mes désaccords avec la gauche, de Verdun à Danièle Obono

 

Loin de moi l’idée de rebondir sur toutes les polémiques dont le monde médiatique est très amateur ; pour autant, l’affaire concernant cette députée de la France insoumise est pour moi l’occasion d’aborder un sujet très intéressant : mes désaccords principaux avec la gauche.

En effet, je n’aime pas trop me revendiquer de gauche ou de droite afin de parler au plus grand nombre, mais je mentirai si je disais que je ne vote pas à gauche. Néanmoins, ma vision sociétale n’est pas toujours en accord avec les valeurs sociétales de la France Insoumise, du Parti socialiste ou de la société civile marquée à gauche. Il va sans dire que je ne suis pas pour autant conservateur ; opposé aux idées rétrogrades qui divisent plus qu’elles ne résolvent de problèmes.

Retour sur plusieurs sujets médiatiques qui ont défrayé la chronique, et qui ont alors fait émergé des désaccords plutôt marqués avec la gauche.

 

La gauche et le communautarisme

Ici, le sujet n’est pas tant le communautarisme, que les réactions de la gauche au sujet de cette tare pour l’unité de la nation…Je n’ai jamais caché mon aversion envers le Parti des Indigènes de la République, aversion partagée pour le CCIF, Marwan Muhammad et Tarik Ramadan. De même, le communautarisme au sein d’une part de la bourgeoisie catholique, que ce soit Sens Commun ou les Survivants, m’inspire peu de sympathie. Bref, à la différence de l’extrême-droite, je ne me focaliserai pas sur un communautarisme islamique et/ou issu de l’immigration.

Luttant traditionnellement contre la ségrégation et en faveur de l’égalité, la gauche semble avoir abandonné ce combat lorsqu’il s’applique à des populations traditionnellement mises de côté. L’idéal républicain est mis à mal par l’existence de nations officieuses au sein du pays (et encore, l’Angleterre est bien plus touchée par ce fléau). Il s’agit bien heureusement de minorités, mais leur impact est important, puisque le communautarisme contribue à la fois à la mise à l’écart de croyances différentes par leur comportement excessif, et au climat de mépris haineux envers le pays, climat sous lequel devront vivre désœuvrés et populations délaissées.

Ainsi, il parait évident que pour lutter contre le terrorisme, il faut lutter contre le communautarisme. Cela doit se faire sans discrimination, certes, mais la critique de dérives religieuses doit se faire, quand bien même certaines bonnes âmes iraient prôner un vivre-ensemble dévoyé, loin du vivre-ensemble enrichissant pour le pays. (Comme la tribune souhaitant la tolérance envers le PIR et Houria Bouteljda par exemple)

En cela, on pourra donc constater que la gauche est laxiste, sinon inconsciente sur ce sujet. (Tandis que la droite l’instrumentalise).

 

La gauche et les questions sociétales

Autre point de désaccord, les questions sociétales sont l’occasion de témoigner l’importance que j’accorde au pragmatisme et à la modération sur ces sujets.

Comme exemple récent, on pourra prendre la marche des fiertés. A l’origine, il s’agissait d’une initiative louable, vouée à la reconnaissance de l’homosexualité comme quelque chose de normal et à accepter. Peut-être était-ce en raison de la persistance de valeurs homophobes, ou tout simplement par inconscience politique, mais toujours est-il que ce qui devait aboutir à une égalité entre les orientations sexuelles s’est rapidement transformé en cortège de clichés desservant la cause LGBT plus qu’elle ne l’aide. Erigeant les stéréotypes contre lesquels je me suis toujours battu sur un piédestal, cette part de la gauche (majoritairement) commet une erreur selon moi. Comme pour le féminisme, défendre une égalité réelle et non-biaisée (sans discriminations positives donc) devrait être une priorité par rapport à des comportements clivants comme les protestations anarchiques des Femen ou la Gay pride précédemment citée.

De même, on pourrait mettre sur la table la lourde problématique de la question du genre. Si l’existence d’un troisième sexe est avérée, celle de genres multiples l’est beaucoup moins. Pour ma part, je pars du principe que les comportements de chacun relèvent du domaine personnel, et dépendent de l’éducation et des choix de vie. Où est donc le besoin de se revendiquer de tel ou tel genre, parce que l’on correspond à des stéréotypes imposés à la base par la société communément qualifiée de patriarcale ? En plus d’être un véritable imbroglio sociologique loin de faire l’unanimité, la question du genre reste un casse-tête politique, ce qui explique donc pourquoi le mouvement que je souhaite lancer restera très pragmatique sur la question.

 

La gauche et l’immigration

Principalement à l’extrême-gauche, l’immigration est perçue de manière angélique, du sans doute à la perception internationaliste (que je ne partage pas) du monde. Les réalités sont plus dures, et pas uniquement du côté des violences qu’ont vécu les immigrés politiques.

Mélenchon, contrairement à ce que certains à droite ont pu dire, a une vision assez lucide par rapport à d’autres de ses collègues à gauche. En effet, et c’est partagé aussi à droite, il s’agit avant de tout de réduire les causes de départs des réfugiés. De manière générale, ma position reste donc assez à gauche pour les réfugiés politiques, estimant qu’un mur ou qu’un rejet systématique n’aurait aucune efficacité et serait profondément inhumain.

Pour autant, l’immigration économique est à traiter différemment, qu’elle vienne d’Europe du Nord ou d’Afrique d’ailleurs. Il est clair que la pauvreté peut inciter les gens à chercher mieux ailleurs. Difficile de leur jeter la pierre. Mais on entre alors dans un cercle vicieux : si les qualifiés cherchent d’autres terres pour leurs compétences et les non-qualifiés d’autres entreprises dans d’autres pays (où ils travaillent souvent au noir, en plus), le pays d’origine se voit donc ponctionné des trois-quarts de ses chances de développement. Ce qui amènera un retour à la situation initiale, avec de nouvelles migrations économiques. Je serai donc en faveur d’un accueil provisoire, sur deux à trois ans, puis un plan de réinsertion dans la société de son pays d’origine. En raison de notre impérialisme passé et du capitalisme excessif que nous avons aidé à propager, nous avons des responsabilités concernant majoritairement les pays d’Afrique et d’Asie. Leur rendre la liberté, puis leur prendre une part de leur main d’œuvre en retour n’est pas une bonne idée. (On songera aussi à l’Ukraine, dont le potentiel en travailleurs précaires en a motivé plus d’un)

Enfin, parce qu’il est absurde de se couper du monde et des échanges humains, il ne s’agit pas de refuser tous les travailleurs étrangers. Mais dans le cas où ils s’installeraient, il faut ensuite penser intelligemment leur intégration (mais on revient alors au point 1) pour qu’ « étranger » ne soit plus qu’une caractéristique de leur passé et un trait d’histoire les rattachant à leur patrie d’origine. La république ne doit laisser personne au bord de la route.

 

La gauche et le sectarisme

Ce qu’on pourrait appeler « sectarisme » est le comportement marqué à gauche qui me dérange le plus. C’est un terme généraliste, sans doute éloigné de sa définition initiale. Ce sectarisme partage plusieurs caractéristiques : comme j’ai déjà pu le regretter, il fait la part belle au refus du débat en blacklistant le contradicteur avec des étiquettes péjoratives, généralement en rapport avec la seconde guerre mondiale. Ce sectarisme consiste à insulter un adversaire politique au prétexte qu’il a passé une alliance qui ne plait pas. Il consiste aussi à défendre la démocratie uniquement quand c’est en sa faveur.

Ainsi, bien qu’en désaccord avec de nombreuses positions (et l’historique) du Front National, je me suis toujours demandé au nom de quoi devraient-ils se voir museler ? A ce titre, le peu de députés qu’ils ont par rapport à leur représentativité reste pour moi peu démocratique, quand bien même aurai-je toujours affirmé mon rejet du vote FN.  De même, au lieu de souhaiter la censure d’idées différentes, ne pourrait-on pas au contraire en débattre intelligemment ? Exceptions faites du négationnisme, qui s’apparente à une diffamation éhontée, et des différentes discriminations, tout avis se vaut en démocratie. Voir Dupont-Aignan se faire insulter de tous les noms alors qu’il n’avait fait qu’une alliance avec le parti dont il était le plus proche m’a profondément marqué. Est-ce là la défense de la démocratie si chère à la gauche ?

En dehors de comportements antirépublicains, discriminatoires ou diffamatoires, nul ne devrait être censuré.

 

La gauche et le patriotisme

On arrive ainsi à la dernière affaire en date, qui sur le coup m’a paru peu aisée à traiter. Mais avant d’évoquer le cas de Danièle Obono, j’aimerai revenir sur les dernières commémorations à Verdun. Rappelez-vous de ce jour où un génie eut l’excellente idée de légaliser la dégradation de tombes et l’irrespect envers les défunts, et cela avec la bénédiction d’une partie de la classe politique. L’extrême-droite et la droite s’étaient alors précipités pour attraper la perche que leur tendaient les inconscients à l’origine du projet.

Ce qui se passe actuellement est assez similaire. Mais il faut d’abord remonter à une pétition en soutien à un artiste dont la chanson « Nike la France » avait un temps fait polémique. Polémique justifiée selon moi : la liberté d’expression ne peut pas forcément permettre des comportements aussi agressifs, qui ont de quoi déranger pas mal de gens. Mais soit, signer cette pétition est profondément discutable, mais on va mettre cela de côté pour le moment. La semaine dernière, Mme Danièle Obono, désormais députée, est invitée sur un plateau médiatique ; l’occasion était trop belle pour les journalistes, qui enchainent les questions mal formulées et assez insidieuses, dont l’une lui demandant si elle pourrait crier vive la France dans l’immédiat, ce à quoi elle a répondu maladroitement « Pourquoi vive la France? Oui je peux dire vive la France, mais pourquoi? Pour le 14 juillet? »

Dis comme ça, la phrase peut être interprétée comme une tirade peu patriotique. Mais pour ma part, ce seront plus les soutiens à « Nike la France » et sa proximité (il semblerait) avec le PIR (encore eux) qui me dérangent. Cependant, qu’une élue de la république hésite sur une question (volontairement absurde) de ce genre reste problématique, et je regrette que personne à gauche n’ait nuancé ses propos ; Mélenchon le premier, qui peut se montrer à plusieurs occasions plutôt patriotique. (Et je ne doute pas qu’il le soit).

La gauche a eu un temps du mal avec le patriotisme, se méfiant de tout ce qui rappelait le nationalisme exacerbé de certains et la ferveur patriotique déplacée d’autres. Dans cet éternel débat sur l’identité française, Mélenchon lui-même a eu des mots que je trouve déplacé, son dégoût des blonds aux yeux bleus par exemple. A cause d’une volonté de trancher net par rapport au racisme de certains, la gauche a mis du temps avant de renouer avec un comportement réellement républicain, qui ne méprise ni la France, ni ses habitants dans leur ensemble.

 

 

Vous l’aurez compris, cette affaire a pris une trop grande ampleur à cause de son traitement médiatique, mais cela aurait dû être l’occasion de rappeler l’attachement de la gauche à la nation, et personne n’a su rebondir, si ce n’est la droite qui en profita pour récupérer une nouvelle fois les dérives d’en face (et les racistes pour se permettre de nouvelles sorties honteuses). Lorsqu’il faut combattre les dérives islamistes, le communautarisme, les comportements radicalement antipatriotiques ou l’égalité dévoyée, seule la branche conservatrice de la société s’élève en général, ce qui agit inévitablement sur la psychologie des cadres et électeurs traditionnellement ancrés à gauche. Mais comme j’ai déjà pu le dire, ce n’est pas parce que le FN ou l’UMP affirme qu’il fait beau qu’il faut persister à voir de la pluie.

L’étiquette politique n’a que peu d’importance face aux idées défendues, mais cette petite mise au point était nécessaire pour moi, qui compte bien prôner la modération et le pragmatisme sociétal au sein de toutes les familles politiques à la fois.

 

L’échiquier politique en 2017

 

               L’année dernière, j’avais développé une réflexion sur l’échiquier politique, alors en recomposition. Maintenant que la deuxième phase de recomposition est en route (après le doute, le déclin), il est temps de faire une mise à jour.

J’avais à la base organisé cet échiquier sous forme de croix directionnelle, avec gauche, droite, avant et arrière ; ces deux dernières notions étant purement subjectives et déterminaient alors quels partis pourraient tirer la France vers le haut. Mais cela est bien trop complexe, et perd de son intérêt assez rapidement. Je reviendrai donc sur un échiquier traditionnel basé sur les deux concepts majoritaires en politique : l’économie et le sociétal.              

 

L’intérêt de cette réflexion n’est pas tant de situer tous les partis, ce qui pour les plus médiatisés est plutôt aisé, mais de localiser droite et gauche sur ce référentiel, et de développer ma vision de l’échiquier.

 

La persistance d’un clivage

Contrairement à ce qu’avancent certains en politique, le clivage gauche-droite existe encore, et se doit d’exister, du fait de sa dépendance aux clivages souverainisme/libéralisme économique et conservatisme/libéralisme sociétal. La négation de ces réalités traduit souvent une volonté de faire revivre le TINA de Mme Thatcher. Cette théorie, que j’appellerai survol des clivages, maintient que le clivage gauche-droite serait dépassé, la gauche ayant fini par rejoindre la droite sur le plan économique. Ceci est très dangereux de tous les points de vue, et démontre une erreur de compréhension des réalités politiques. En effet, depuis les années 80, en se tournant vers le centre-droit, le parti socialiste trahit ses idéaux, et installe une confusion pour les analystes de tout bord. Mais ce n’est pas parce que la gangrène néolibérale a gagné le parti socialiste que cette maladie économique fait l’unanimité et dissipe les clivages de cette nature. Affirmer le TINA, c’est nier les aspirations à un monde meilleur que l’on retrouvera chez beaucoup d’électeurs.

Néanmoins, on pourra effectivement survoler le clivage gauche-droite en proposant des projets non sectaires. Des partis de gauche ou de droite peuvent tout à fait mobiliser plusieurs électorats pour reconstituer l’unité du pays. Cela peut se faire sur des sujets de société tout comme sur des politiques économiques. D’où l’importance des deux clivages initiaux.

 

Souveraineté, libéralisme, conservatisme

Une autre erreur lorsque l’on parle de l’échiquier politique, c’est d’opposer progressistes et conservateurs sur tous les sujets, même politique. L’idée de progrès dans le domaine sociétal est à nuancer (la marchandisation du corps humain, progrès ?) mais traduit généralement la réalité des choses. Cependant, lorsqu’il s’agit de définir une ligne économique, peut-on vraiment affirmer que le souverainisme est un conservatisme et la mondialisation à outrance un progrès ?

Les vrais termes à utiliser sont donc les suivants : en économie, on trouvera les souverainistes (au sens large) et les libéraux, ces deux termes englobant des variations (néolibéralisme) et des paradoxes (altermondialisme) qui permettent de définir les bords politiques. A ce clivage économique se rajoute donc une division sociétale : le conservatisme (plus ou moins prononcé) et le libéralisme sociétal (plus ou moins prononcé ici aussi).

Les relations entre les différents courants s’organisent donc sur la base de ces clivages. En effet, quelle différence y a-t-il entre un programme « Les Républicains » et celui d’Emmanuel Macron, si ce n’est une plus grande ouverture sociétale pour ce dernier ? De même, si les programmes économiques du NPA et de Mélenchon sont assez similaires dans les questions de fond, leur approche des sujets de société est différente, et si on rajoute la gauche de Chevènement, ça devient encore plus compliqué. D’où l’utilité de l’échiquier politique d’ailleurs, qui permet d’apercevoir les différentes associations d’idées.

 

L’approche économique comme identité politique

Puisqu’il existe deux clivages, on pourrait admettre qu’il existerait deux classifications gauche/droite, l’une basée sur l’approche sociétale, l’autre sur l’approche économique. Mais si cette dernière est selon moi valide, la première demeure peu fiable. En effet, celle-ci dépend beaucoup de la tradition familiale et impacte toutes les générations d’une part, et il existe une multitude d’avis différents sur les questions sociétales : on peut être pour le mariage universel mais opposé à la GPA, pour la légalisation du cannabis et pour une laïcité plus stricte, …difficile d’identifier des lignes claires. Inversement, l’approche économique est beaucoup plus simple à catégoriser. On pourra distinguer le souverainisme, le libéralisme, le néolibéralisme (qui lui englobe souvent une pensée sociétale libérale), …Il est plus aisé de différencier les acteurs politiques, extrêmes mis à part. (J’y reviendrai)

A travers le prisme économique, il est aussi possible de prouver que le parti démocrate américain n’est majoritairement pas le parti de gauche que l’on prétend nous vendre, au prétexte que les républicains seraient de droite. C’est bien pour ça que ce clivage gauche-droite peut être remis en question : le libéralisme sociétal se couplant parfois avec le libéralisme économique, il est parfois tentant d’associer plusieurs partis économiquement différents sur la base d’un refus partagé du conservatisme sociétal. Mais c’est une erreur, qui, comme rappelé plus tôt, peut conduire à une uniformisation économique de l’espace politique.

 

L’exception du centre et des extrêmes

Au final, si l’on arrive à distinguer gauche et droite, le centre reste un mystère. De mon point de vue, le vrai centre n’existe pas, car il serait tenté de céder à tous les compromis et donc se trouverait assez peu efficace en termes de prise de décision. On se contentera donc de deux nuances, centre-gauche et centre-droit. Le centre-gauche caractériserait ainsi les souverainistes les moins ouverts sur les sujets sociétaux (pas forcément conservateurs), souvent plus concernés par les questions de sécurité, alors que le centre-droit qualifierait les libéraux économiques et sociétaux, ce qu’on assimilera vite aux néo-libéraux, le courant majoritaire dans l’oligarchie actuelle. On comprend vite pourquoi Macron est rapproché de la gauche, alors qu’il correspond justement à l’archétype du politicien de centre-droit.

Restent encore les paradoxes des extrêmes. Dans le cas de l’extrême-droite, celui-ci est dû au fait que plusieurs électorats sont visés, d’où un protectionnisme parfois couplé à du libéralisme comme chez Donald Trump. C’est illogique, mais assez vendeur. En effet, si l’on souhaite protéger l’économie du pays avec du protectionnisme, pourquoi alors favoriser le libéralisme économique au sein du pays ? Un tel système ne peut marcher, et si les aspirations libérales du Front National prennent le dessus dans le cas de l’accès au pouvoir pour Marine Le Pen, Florian Philippot (transfuge de la gauche souverainiste) se trouvera bien embarrassé.

[Concernant Dupont-Aignan, il n'a pas un fond d'extrême-droite, mais il est souvent tenté d'aller piocher dans ce secteur, afin de ramener les électeurs partis au FN. C'est assez déplorable, car il a les moyens d'incarner une doctrine gaulliste quand il se montre lucide.]

Pour l’extrême-gauche, le paradoxe provient du libéralisme sociétal très poussé, qui détint sur l’économie et refuse le souverainisme au motif de l’internationalisme. Finalement, si les droits des travailleurs priment, la méconnaissance de mécanismes propres à chaque pays maintient une concurrence déloyale qui conduirait à des défaillances dans le système social alors en œuvre. Dans le cas de l’anarchisme, le libéralisme économique est même de mise, cette idéologie pensant (naïvement, il faut le dire) que chacun est capable de se passer d’état.

Il est amusant de mentionner un autre paradoxe, celui de la défense active des droits des femmes couplé à une défense active du port du voile (même le plus poussé). Mais cela est un autre sujet.

 

Une nouvelle manière d’envisager l’influence des partis et mouvements politiques

Avec cet échiquier, on constate assez rapidement que les clivages et différences sont nombreux au sein de la classe politique. Pour maintenir l’unité du pays, il est évident que ces divergences compliquent les choses. Pourtant, elles sont nécessaires, c’est une évidence même.

Néanmoins, je pense que les partis et mouvements doivent acquérir une nouvelle place dans la vie politique. Présentant des candidats porteurs d’un programme, ils ne doivent cependant pas maintenir cette position de rivalité coûte de coûte. Lorsqu’un gouvernement de centre-droit (Valls par ex) veut faire voter une loi néolibérale, on arrive à une situation où (heureusement me direz-vous) les partis de droite néolibéral votent contre. C’est immature et malhonnête. Comme je le pense toujours, la politique n’est pas un jeu. Si les idées sur tel sujet de A et B convergent, alors A et B devraient voter de manière identique.

C’est à ce titre que je souhaite une diminution de l’importance des groupes parlementaires à l’assemblée. En effet, en affirmant les clivages politiques au point de vue institutionnel, on arrive à une situation contre-productive. De même, l’introduction du scrutin proportionnel est nécessaire pour véritablement clarifier le débat politique. Tout cela participerait à un exercice honnête de la démocratie, et le clivage politique ne serait là que pour définir sa pensée politique sur le long terme.

 

                 Les clivages politiques sont inévitables en démocratie (et même en dictature), mais ceux-ci ne doivent pas nuire à l’exercice politique. A ce titre, il convient de les identifier clairement, et de reconnaitre les points de convergence entre les différentes idéologies économiques et sociétales. Le vote à l’Assemblée a pour but de déterminer ce qui conduira l’avenir de la nation. Les querelles de partis, lorsqu’elles se font le témoin de la politique spectacle, sont des handicaps pour l’exercice du pouvoir. Si les divergences d’opinions et le clivage gauche-droite doivent persister, c’est avant tout pour clarifier l’échiquier politique, et renforcer la démocratie.

Echiquier politique

(le carré gris sur l'image délimite l'existence d'une zone où mes idées pourraient cohabiter avec un peu de compromis (mais rien qu'un peu))

 

Mensonges politiciens et vocabulaire pernicieux, la malhonnêteté dans toute sa splendeur

Afin de rajouter ma pierre à l’édifice de la critique des mensonges en politique, débutée par Marianne la semaine passée, j’ai souhaité dresser un état des lieux de la malhonnêteté chez nous et ailleurs.

Je serai bien naïf de présenter la malhonnêteté comme un mal exclusif au 21ème siècle. Celle-ci semble être indissociable de l’être humain, que ce soit par l’usage d’arguments fallacieux justifiant des condamnations à mort ou par une réappropriation de faits historiques arrangé pour expliquer tel acte. Mais si à travers la corruption et le trafic d’influence, cette malhonnêteté semble évidente, il est bon de rappeler aussi le pouvoir des mots, qui contribue grandement aux manipulations du système, et tout autant dénué d’honnêteté.

 

Récemment, le trucage des primaires de la belle alliance a démontré qu’aucun parti n’était à l’abri de la triche électorale. Pour rappel, le Conseil Constitutionnel avait fermé les yeux sur certains aspects de la campagne présidentielle de 1995 qui témoignaient d’un financement fort litigieux pour monsieur Balladur. La campagne d’un certain Nicolas S. en 2007 avait bénéficié de son côté de financements libyens comme ont pu le confirmer des responsables libyens. A vous de le rattacher à la campagne française en Libye si cela vous chante…

Du côté de l’UMP toujours, on pourra rappeler les nombreuses casseroles des Balkany, qui malgré la présomption d’innocence, sont à mes yeux un exemple flagrant de malhonnêteté.

On pourrait ensuite penser que la gauche, ou du moins les partis qui s’en réclament, sont plutôt épargnés par ces tracas. Même si cela pourrait s’expliquer par leur absence courante des sphères du pouvoir, nul doute qu’en creusant un peu, on trouvera de quoi remplir des articles entiers. La désastreuse gestion de cette désastreuse primaire le démontre aujourd’hui, avec une volonté de mentir sur les chiffres pour conforter l’opinion avec un apparent succès pour cette primaire, ce qui est évidemment faux. Si la volonté d’exclure Manuel Valls est bien là, on se rapproche plus d’un petit million de participants qu’autre chose.

 

Dans un milieu un peu moins politisé mais tout autant corrompu, le monde de la finance et des grandes entreprises aurait bien du mal à montrer patte blanche. L’affaire Tapie, qui défrayera la chronique jusqu’à survivre à ses protagonistes sans que l’on en trouve le fin mot, nous montre bien que malgré l’action de la justice, force est de constater que certains bénéficient d’une impunité que d’autres convoitent à juste titre. Alors qu’un citoyen accueille des réfugiés et se voit lourdement sanctionné, une citoyenne est reconnue coupable de négligence, et on s’arrêtera là, parce qu’il n’y aura pas plus de conséquences. Une négligence avec cinq zéros certes, mais lorsque l’on travaille dans un des organismes les moins aptes à représenter la grandeur humaine, il est bien dur de se voir sanctionné justement.

Je pourrai aussi m’étendre longuement sur l’évasion fiscale de grandes entreprises, qui réalisent des bénéfices faramineux dans des paradis fiscaux mais de grandes pertes en France. On voit ici que « l’assistanat » qui concerne « bon nombre » de nos chômeurs fait pâle figure à côté de cette lâcheté financière à grande échelle.

 

Enfin, il est intéressant de démontrer qu’il ne suffit pas de plaider la transparence pour être honnête. Si monsieur Fillon n’avait pas eu de cesse de rappeler sa probité contrairement à d’autres, peut-être que cette tradition des emplois fictifs ne lui serait pas tombé dessus avec autant de violence. Il continue de clamer son innocence, certes, mais avec des propos incohérents qui ne laissent aucun doute à ce sujet.

Néanmoins, je suis étonné que l’autre chevalier (faussement) blanc de la politique, à savoir le Front National, ait échappé à l’opprobre populaire quant à son actualité financière. Pour rappel, ils doivent actuellement une somme importante au Parlement européen, pour des fraudes qui semblaient pourtant inconnues de ce parti si exemplaire…  

Dernier exemple, et pas des moindres, monsieur Macron, s’il semble éloigné de ce système de corruption, demeure entouré de soupçons importants quant au financement de sa campagne (sachant que ses soutiens sont souvent de généreux millionnaires, cela n’a rien de surprenant)

 

En guise d’introduction pour le vocabulaire mensonger, je pense qu’un rappel du mensonge le plus dangereux de la Vème république est ici nécessaire.

Ce mensonge, c’est la justification du mépris des promesses électorales. Monsieur Hollande, qui ne doit sa place que grâce à la maladresse de monsieur Strauss-Kahn, avait un programme à l’origine. Difficile de s’en rappeler. Il voulait lutter contre la finance il me semble. Il était de gauche il me semble aussi…Bref, voilà de biens gros mensonges, qui pourtant sont justifiés par la raison suivante : il n’y avait pas d’autres choix ! Une fois au pouvoir, la « réalité » des choses s’imposerait, et tout programme « irréaliste » (comprenez ici non-conventionnels et souvent de gauche) doit s’effacer pour laisser place à l’efficacité de notre bon vieux système néolibéral.

C’est une malhonnêteté gorgée de mépris. Reflet du « TINA » de la catastrophe britannique Thatcher, ce mode de pensée est dangereux. Il légitime à terme la fin de toute démocratie ; à quoi bon voter puisqu’un seul programme est « applicable » ? L’oligarchie dans toute sa splendeur.

 

Ainsi, les mots ont un pouvoir, et dans notre cas, un pouvoir de nuisance.

Dans un futur peut être proche, j’envisage d’écrire un dictionnaire pour décrypter le langage oligarchique ; considérer ceci comme un préambule.

L’usage de termes tels que « réalisme », « utopie » et autres renvoie souvent à un sentiment d’efficacité politique. Mais dans ce cas précis, le réalisme témoigne d’œillères facilement repérables. Un programme est qualifié d’utopique s’il a le malheur d’apporter l’espoir et une vision ambitieuse pour notre futur, souvent à long terme. Mais en quoi un programme efficace sur le plan strictement financier à court terme, peut-il se targuer d’être réaliste ? Il n’englobe qu’une partie de la réalité, un aspect mécanique et dénué d’humanité. Parler de réalisme est un mensonge. Et évoquer l’utopie en tant que programme méprisable l’est tout autant.

 

Un autre élément de langage mériterait que l’on s’y attarde, c’est le qualificatif d’extrême gauche. Aux yeux de la pensée générale, l’extrême gauche renvoie au chaos, à la révolution violente et à l’anarchie. On pense au communisme, soi-disant auteur de millions de mort (il faudrait parler de Stalinisme, non pas de communisme) à Chavez, Cuba (où les pauvres ont un toit, une éducation et l’accès à la santé) mais rien de bien positif. Parmi ces clichés, certains sont proches de la réalité ; le NPA, allié provisoire du communautarisme et du PIR, provoquerait ainsi par sa naïveté un morcellement de la république. Mais de manière générale, le terme « extrême-gauche » est simplement le synonyme de désastre, quand celui de gauche renvoi uniquement  à l’absence de réalisme. Il fut un temps, mais cela se trouve légèrement réduit, Jean-Luc Mélenchon était perçu comme un extrémiste de gauche. Lorsque l’on compare son programme avec d’autres à gauche, on se rend pourtant vite compte que ce n’est pas le cas. Inversement, on associe automatiquement Manuel Valls à gauche, alors que le PS gouvernemental n’avait de gauche que son attachement au mariage pour tous (belle excuse par la suite). Macron se retrouve aussi dans ce cas. (J’y reviendrai). On associe donc le désastre de ce quinquennat à toute la gauche, ce qui décrédibilise pas mal de partis. Telle une malédiction, les partis de gauche se retrouvent ainsi poursuivis par un bilan qu’ils n’ont pas souhaité.

 

L’exception Macron introduit de son côté l’usage dévoyé du champ lexical de la modernité. « Progressisme », « gauche moderne », tout est prétexte pour glorifier le néolibéralisme qui s’ancrerait dans notre siècle. Puisque la droite ne fait plus vendre, autant essayer de vendre une branche dissidente de la gauche, qui ne vivrait plus dans le passé. Les idées de programme social et de loisirs sont fondues dans un mélange de politiques pseudo-vieillissantes, qui devrait rester au 20ème siècle. Ne compte désormais plus que la déstructuration et l’individualisation de la société, qui sont pourtant des idées remontant au moyen-âge. Cette « modernisation » passe aussi par la réduction de la part démocratique de l’oligarchie (Cf. loi Urvoas), ce qui associé au TINA semble en dire long sur les intentions de l’oligarchie : la démocratie est une idée d’un autre temps.

 

Enfin, dernier point sur le mauvais usage des termes, le vocabulaire journalistique. Deux exemples ici, concernant chacun un des dirigeants les plus controversés actuellement.

En Russie, une loi, portée par un député femme (cela a son importance) et s’inscrivant dans la tradition conservatrice de la société russe, dépénaliserait les violences domestiques. Traduction telle qu’elle est perçue par la société : la Russie (et donc Poutine, ne soyons pas naïf) autorise les violences domestiques.

Pourtant, si on creuse un peu, on se rend compte que la loi sanctionne uniquement moins sévèrement les parents auteurs de violence au sein de leur foyer. Les précédentes lois, plus sévères qu’en France il me semble, ont donc été « adoucies ». Il est évident que cette loi témoigne d’idées conservatrices, mais moins qu’elles n’y paraissent.

Autre pays, autre cas, les actions de monsieur Trump. Je vais rapidement passé sur les manifestations contre des résultats démocratiques (qui n’ont rien de légitime). Cet homme, que l’on peut aisément critiquer sur de nombreux aspects, fait l’objet de la plus grande campagne de « bashing » qui m’ait été donné de voir, loin devant celle qui visait François Hollande à son investiture. Je trouve cela exécrable, car si un homme politique peut être critiqué pour ses idées, il n’est pas question pour autant de contester son élection si elle a lieu dans les règles. Bref. A la surprise générale, il début l’application de ses promesses, ce qui surprend évidemment bon nombre de gens dans le monde, la classe politique n’adoptant que rarement ce comportement. Et c’est là que l’usage des termes devient mensonger. Il suspend l’aide financière à l’IVG, le voilà accusé de supprimer le droit à l’IVG. (Ce décret ne demeure pas moins honteux, certes). Plus récemment, il interdit l’accès au territoire américain aux musulmans de pays en lien avec le terrorisme (excepté l’Arabie Saoudite étrangement), et cela se transforme rapidement en « Trump interdit l’accès aux USA aux musulmans » ce qui ne signifie pas la même chose. La mesure ici citée, si elle demeure absurde et méprisable, suit néanmoins une certaine logique, illustrant un raccourci communément fait par un grand nombre de gens. Mais un musulman d’Europe devrait, pour l’instant, pouvoir entrer aux USA.

Il s’agit là d’une relecture de l’information par les média, qui à travers le prisme de la subjectivité, répandent une actualité déformée et donc malhonnête.

 

Lorsque l’on évoque le manque d’honnêteté actuellement, la classe politique est la première concernée, marquée par tellement d’affaires de corruption et de magouilles financières que l’on pourrait trouver la malhonnêteté comme composante de son ADN. Les grandes entreprises ne sont pas en reste non plus, et je n’ai pas abordé ici le Lobbying des grandes industries, auquel s’ajoute souvent la corruption de politiques européens (Exemple, messieurs Barroso ou Juncker). Enfin, à travers les média et le commentaire politique (Monsieur Fillon classant ainsi à tort le Front National à gauche), l’oligarchie répand un mauvais usage des termes pour satisfaire ses ambitions, quitte à se mentir à soi-même. La dernière mode à cet effet, c’est de se déclarer antisystème. Manuel Valls serai antisystème, Macron de même, même Marine le Pen. Ce serait amusant à constater, si seulement personne ne tombait dans le panneau. Mais les pouvoirs de persuasion sont tels qu’une manipulation est vite arrivée.

Les mots ont leur importance, les actes aussi. A l’approche d’une présidentielle qui s’annonce aussi catastrophique que celle des USA, il est plus qu’urgent d’insister sur ces aspects de la politique.

 

 

Front national et front républicain

  • Par
  • Le 09/12/2016

 

J’ai longtemps hésité avant de traiter ce sujet –peur d’être redondant, pas assez d’idées variées-, mais même si je l’ai vaguement évoqué dans mon échiquier politique, je pense que le moment est venu de traiter du Front National.

Cette réflexion sera bien entendue complétée par l’analyse de programme à venir avant 2017 je l’espère.

 

Pour l’anecdote, il y a des années de ça, lorsque j’avais au lycée mon « TPE » à faire, j’avais déjà parlé du FN, mais j’étais alors moins mature en politique, et j’avais une vision assez basique.

Et finalement, je me rends compte que je suis loin d’être le seul à l’avoir eu cette vision, surtout quand je vois la manière dont on traite ce parti.

Il va sans dire que je mettrai un point d’honneur à ne jamais voter Front National, mais pour autant, il serait temps de rappeler quelques points.

 

Non, les votants Fn ne sont pas tous des fascistes en puissance

 

Une légende urbaine voudrait que tous les votants FN soient des racistes xénophobes. Légende amplement propagée au sein de la gauche hélas. Hélas car c’est être bien peu lucide que de catégoriser des votants (occupant une part importante, même s’il faut relativiser, dans la société française) sous une seule étiquette.

On a pu le voir ces dernières semaines, les policiers sont en colère et manifestent. Apparaissent alors des articles soulignant la forte proportion de policiers qui votent pour le Front National. Mais c’est plutôt une évidence ! Ils sont fréquemment opposés à une seule réalité, celles des quartiers où règnent le manque d’éducation et la violence. La justice ne suit plus, l’état les épuise, que voulez-vous qu’ils pensent ?

De même, le vote ouvrier est très orienté vers le FN. Mais le fait que l’Union Européenne empiète souvent sur notre souveraineté, et les dérives de la mondialisation, ne peuvent-ils pas expliquer ce vote ?

Enfin, les enseignants, confrontés à cette même misère sociale, assistent aussi à une dégradation des conditions d’enseignements.

Je pourrai aussi évoquer Natacha Polony, qui rappelait, à raison, que la défense exclusive des « minorités » au détriment de la majorité et de l’égalité, conduit potentiellement à un vote de replis sur soi.

 

A tout cela se rajoutent effectivement les frontistes purs et durs, partisans d’une bigoterie rétrograde ou de théories de droite dures (Grand remplacement, ...)

 

 

 

Avec tous ces facteurs, le vote FN se rapproche plus d’un vote contestataire que d’un vote militant. Le FN l'a bien compris, en se positionnant comme un parti anti système et rassembleur. (Je n’ai rien contre les partis rassembleurs, au contraire)

 

Non, le Front National n’est pas anti système

 

Ils aimeraient bien se placer en tant que défenseur du peuple face au système, mais cela n’est qu’une façade.

En témoigne le vote sur le secret des affaires, dénoncé par l’humoriste Nicole Ferroni si je me rappelle bien.

Fn et système

Comment peut-on se déclarer autant anti système alors que l’on vote avec et pour le système ?

Je pourrai aussi émettre quelques doutes sur les idées économiques du Front National, qui semblent pas si anti libérales que cela. En cherchant bien, ils se sont avérés dépourvus de toute animosité quant à Mme Thatcher par exemple…J’approfondirai sans doute cela dans leur analyse de programme

Enfin, Marine le Pen est issue d’une famille très aisée, châtelaine de surcroît, cela ne témoigne pas d’une vie moyenne et proche du peuple.

La ligne souverainiste défendue par la branche Philippot quant à elle, rappelle juste que monsieur Philippot était un chevènementiste avant d’aller de manière opportune là où les média se focalisaient.

Le protectionnisme défendu par le parti, de toute manière, est défendue contre l’immigration plus que contre la concurrence déloyale. (Même s’il faut leur reconnaitre une opposition à la mondialisation, bien que guidée par cette opposition à la migration humaine)

 

Non, partager des positions proches du Front National ne fait pas de vous un frontiste.

 

J’étais personnellement en faveur du mariage pour tous, néanmoins opposé à la GPA (j’y reviendrai un jour). Il semble aussi que cette GPA soit refusée par le Front National. Peut-on faire le parallèle ? Non.

Je me suis souvent prononcé sur les dérives des religions, tout particulièrement sur l’Islam, qui gagnerait à voir ses pratiquants les plus rigoristes s’adapter à la république française, dont ils ont souvent la nationalité par ailleurs.

J’ai aussi appelé à une intégration des personnes issues de l’immigration, tout comme je demanderai à des français de respecter la République.

J’apporte fréquemment mon soutien aux forces de l’ordre, avant tout mal utilisées par le gouvernement (mais pas exempt de tout défaut).

J’affirme ensuite que la chrétienté fait partie des nombreuses racines de la France.

Enfin, sans être « Poutinophile », je défends souvent le respect de la Russie en tant que nation souveraine.

 

Suis-je pourtant un adhérent du Front National ? J’en doute fort, et me prêter ces qualificatifs-là serait faire preuve de diffamation.

Les idées du Fn sont pourtant proches de ces positions ; mais jamais je ne pourrai me reconnaitre dans un tel parti.

 

Assumez vos idées. Tant qu’elles ne se traduisent pas par la haine de l’autre, vous avez votre liberté de pensée, et pour adhérer à un parti, il faut plus que ces sujets. Il faut avoir la conviction que ce parti peut gérer un pays ou même une ville, avec leur programme.

 

Non, le Front National ne détermine pas votre vote

 

Ah, la crainte du Front National…Ça devient ridicule. 

On ne cherche plus qui a le meilleur programme, mais qui pourra « battre » Marine le Pen au second tour. Cela explique par exemple les votes de certains socialistes aux primaires de la droite, qui avaient besoin d’un candidat pour qui voter face au Fn.

On parle de vote républicain, alors que le Front national est autant républicain que l’UMP ou le PS.

Au final, la lutte contre le Fn confisque la démocratie pour mieux la préserver, ou du moins, pour faire croire qu’il s’agit de la préserver.

En 2002, on a beaucoup reproché à Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira la défaite de Lionel Jospin, qui aurait conduit à la présence FN au second tour. Pourtant, c’était la faute au parti socialiste, qui s’était alors droitisé depuis deux décennies. Au second tour, tout le monde a voté Chirac. Et Dix ans plus tard, on imagine faire de même. Mais ce n’est pas la même situation.

Monsieur Chirac avait quelque chose de respectable qu’aucun cadre de l’UMP ne possède actuellement. Le RPR de l’époque n’est pas l’UMP d’aujourd’hui. Les restants du gaullisme, désormais partagés entre Debout la France, le Mouvement Républicain et Citoyen et Solidarité et Progrès, n’a rien à voir avec le néolibéralisme de l’oligarchie actuelle.

Aussi le vote pour le moins pire ne peut plus fonctionner.

 

Lors d’élections municipales, il est d’utilité publique de voter contre le Fn au second tour. Là, c’est justifiable, car certains maires de droite ne sont pas si catastrophiques que cela. Il en est de même avec les élections régionales ; avant la réforme territoriale, monsieur Richert, président de la région Alsace, ne m’était pas si antipathique.

Mais l’élection présidentielle est d’une toute autre nature. Il s’agit d’élire un programme qui guidera la France pour un mandat. (Même si actuellement, ce sont plutôt les élections européennes qui ont ce rôle).

Peut-on envisager une supériorité du programme UMP au Front National ? Vraiment ?

Le candidat du parti socialiste, s’il s’agit de son aile gauche, mérite un vote face au Front National. Mais Valls ou Hollande (ou Macron) n’ont rien d’attractif comme substitut au vent proposé par Marine Le Pen.

 

Le système entier doit changer. Perpétuer une illusoire tradition républicaine en votant pour le parti qui est en face du Front National ne fait que prolonger le cercle vicieux, si cet autre parti est intégré dans le système à la manière de l’UMPS.

Au second tour, si il s’agit d’un duel UMP/ Aile droite du PS face au Front National, je voterai blanc.

Parce que tous les déçus du système, en n’accordant leur vote à aucun des deux candidats, affirment leur opposition à l’oligarchie, et diminue la légitimité déjà faible du prochain président.

Un président sans légitimité transmettra sans doute cette caractéristique au suivant, et ainsi de suite jusqu’au jour où le système entier sera considéré comme illégitime.

On a toujours le choix. Faites le vôtre, mais ne laissez pas les média vous l’imposez.

 

Le front national est un parti comme les autres, juste un peu moins ouvert (comme l’UMP au final), ce qui doit conduire à un traitement identique aux autres.

De même, les idées politiques vont et va, et le Fn n’ayant rien de pestiférés (à l’inverse du Parti national libéral par exemple, qui est réellement un parti d’extrême droite), il se peut que certaines opinions se rapprochent des leurs.

 

Le seul tort en politique, c’est d’être contre la république (en tant qu'idée, pas système politique) et sa souveraineté. Et sur ce point, tous les partis du système se valent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Démocratie: république, contre-pouvoirs et média

  • Par
  • Le 21/10/2016

 

La France est une démocratie. A ce titre, elle défend les droits de l’homme à travers le monde, et nous même n’avons pas à nous plaindre, car c’est pire ailleurs.

Vous n’êtes pas d’accord avec ces phrases ? Moi non plus.

Non, la France n’est pas une démocratie. Je pourrai simplement affirmer que nous sommes en oligarchie, mais je suis bien obligé d’avancer des arguments. Je séparerai cette réflexion en deux parties, avec tout d’abord le rapport de l’état actuellement à la démocratie, puis le rapport conflictuel des média avec la démocratie. (Oui, ça fait dissertation, mais pour une fois que j’organise un peu tout ça…)

 

Tout d’abord, le meilleur exemple d’atteinte à la démocratie n’est pas le 49.3 (j’y reviendrai), mais plutôt la réforme territoriale. Celle-ci est assez mal passée dans plusieurs régions, et cela se comprend assez bien. Une entité décide qu’un beau jour, vous ne vous nommez plus A, mais B ; Elle décide aussi de fusionner votre ville avec la ville voisine, quand bien même celle-ci a une manière de fonctionner différente, et un historique différent. Seriez-vous d’accord ? Certes, l’idée peut vous séduire, mais pour autant, le fait de le faire sans votre accord vous séduit-il autant ?

Cette réforme était une surprise vis-à-vis du programme présidentiel (encore une me direz-vous). Ainsi, le refus de cette réforme était légitime, puisque nous n’avions pas voté pour en votant pour François Hollande. Ensuite, quand bien même l’existence de cette réforme dans le programme serait avérée, pouvions-nous pour autant oublier tout concept de souveraineté populaire ? La réforme des régions a fait l’objet d’une procédure au niveau européen il me semble, mais cela n’a pas donné suite évidemment (sans raison valable) Ainsi, cette réforme témoigne d’un profond mépris pour la souveraineté populaire et envers la démocratie, par le refus d’un référendum qui avait ici toute sa place.

 

Ensuite, ce pourquoi j’étais partagé par le remplacement de Mme Taubira par Monsieur Urvoas : Loi ordinaire et loi organique du 25 avril 2016 de modernisation des règles applicables aux élections et à l’élection présidentielle. A travers ces termes pompeux se cache une des mesures les plus dangereuses pour la démocratie qu’on puisse trouver en 2016.

La règle des 500 signatures était déjà de base une règle litigieuse. Pourquoi des maires, élus de partis politiques, avaient la possibilité de choisir qui pourrait se présenter ou non à l’élection présidentielle ? Cela instaurer déjà un certain élitisme qui n’empêcha pas l’émergence de « petits » candidats mais cela était déjà regrettable. Et voilà que la signature du maire se doit d’être publique. Cela pose ainsi problème puisque le maire coure le risque d’être influencé par son parti ou par l’opinion publique.

De même, l’assemblée nationale a aussi accepté d’interdire l’égalité de temps de parole en remplaçant cela par une équité, qui créé donc un cercle vicieux, seuls ceux dont les résultats ont eu de l’importance dans une élection peuvent prétendre à un temps de parole juste. Cette mesure renforce ainsi les partis traditionnels, mieux représentés.

 

On peut enfin aborder l’usage du 49.3, et non pas son existence. L’article 49.3 est autorisé dans la constitution, ce qui en fait quelque chose de légal. Pour autant cette utilisation dans le contexte présent n’était pas légitime. Nous avons un gouvernement reniant son appartenance à des idéaux politiques. Sa loi est ainsi impopulaire au sein de son propre camp à l’assemblée, ce qui pousse le gouvernement à forcer le passage. En effet, autant il est possible de voter contre le gouvernement, autant voter son remplacement demande plus de réflexion et est beaucoup plus important. Jouant de l’incapacité du parlement à se tenir à ses engagements électoraux tout en intégrant la fronde au Ps, le gouvernement a ainsi bafoué la démocratie sans pitié ni regard critique. Au passage, le 49.3 aurait pu être utilisé de manière légitime à une seule reprise sous le mandat Hollande, à savoir pour faire passer le mariage pour tous (uniquement le mariage) mesure qui promeut l'égalité, principe constitutionnel. (Selon moi; je ne m'opposerai cependant pas à la supression de cet article, ou à un durcissement de ses conditions d'utilisation)

A ce titre, je pourrai donc compléter ce paragraphe avec une précision sur le rôle complice des partis avec la destruction de la démocratie. Le PS démontre en effet, grâce à l’accomplissement de son revirement débuté vers les années 80, qu’il a les capacités de brouiller toute la compréhension politique, en abandonnant les idéaux de gauche pour se plier au libéralisme d’état. Face à ça, les députés sont obligés de voter en faveur du gouvernement, quand bien même cela irait à l’encontre des intérêts de ceux qui les ont élus. (Cf. réforme territoriale justement) L’opposition joue elle de son côté un rôle hypocrite, puisque en dépit de lois allant dans leurs sens, les « républicains » ont refusé de voter en faveur du gouvernement.

 

Nous avons ainsi un système entier dédié au contrôle de la vie politique, sans qu’un contre-pouvoir puisse agir de manière concrète. Les exemples ci-dessus illustrent parfaitement ce qu’on pourrait qualifier d’atteinte à la démocratie. Mais que serait l’oligarchie sans l’absence de contre-pouvoirs ?

 

La deuxième source qui illustre cette absence de démocratie se révèle être au final les média. Liberté de la presse ? Ecran de fumée. Objectivité ? On repassera. Enfin, les contre-pouvoirs sur les réseaux sociaux participent eux-aussi à leur manière à la diminution de la démocratie, via un système de censure bien-pensante qui décrédibilise tout combat.

 

Quelques milliardaires détiennent la plupart des journaux. C’est un fait. Ainsi, il est peu probable que le Figaro critique Dassault Aviation puisque le patron du groupe possédant le Figaro n’est autre que monsieur Dassault. De même, je doute que Bolloré soit très ouvert à la diversité d’opinions sur ses chaines de télévision. Un dernier exemple : Patrick Drahi, qui s’endette, fait circuler une tonne d’argent immatériel, juste dans le but de se bâtir un empire dans les média. Face à ces faits, peut-on parler de média libres ? Oui, Marianne est libre. Oui, alternatives économiques est libre. Mais pour ces quelques exemples, combien de média soumis à l’oligarchie ?

 

Ensuite, il est temps d’aborder ici l’affaire Cheminade. J’en avais parlé lors de la lecture de son programme, voici donc un résumé de cette affaire. Lors de la campagne de la présidentielle de 1995, Jacques Cheminade est candidat. Déjà à cette époque, on pourra noter que les média s’acharnaient sur lui, le taxant d’antisémitisme et ne faisait presque aucune allusion à son programme lors des interviews. Suffit de rechercher Cheminade 1995 sur YouTube pour en avoir la preuve en image. Ses comptes de campagnes sont ensuite invalidés pour une raison futile (contrairement à ceux de Balladur), ce qui le plongera dans une situation financière délicate. Le conseil constitutionnel reconnait avoir « merdé » sur ce dossier, mais toujours est-il que l’état lui-même ne voulait pas de ce candidat. Mais pour revenir aux média, les faits remontent à la campagne de 2012, où un Jean-Michel apathie ébahie découvre les 500 signatures de Cheminade, et affirme haut et fort son inutilité. Parallèlement, Le Monde présenta 9 candidats sur 10 dans son dossier spécial candidats, et oublia volontairement Cheminade, éclipsant ainsi un des candidats de la visibilité offerte par la notoriété du journal. On pourra aussi rappeler les nombreuses fois où son programme était méprisé ouvertement lors des interviews, voir dénigré et moqué comme dans son passage sur la chaine parlementaire. (Disponible sur YouTube, déconseillé à tous ceux qui n’aiment pas les procès). Bref, le cas Cheminade démontre deux choses : la connivence des média avec le système en place, et le mépris officiel pour tous les petits candidats. Qui par exemple aura entendu parler de François Asselineau, l’autre Cheminade (je parlerai de lui dans le mois qui suit, et pas qu’en bien) dans les média ? Et les autres « petits » candidats ? Pourriez-vous les citer ?

 

Enfin, à tous ces média officiels se rajoutent les indépendants sur Facebook (comme moi au final) ou sur YouTube. C’est ici que la liberté a encore un minimum de place, bien que YouTube souhaiterai ardemment réduire celle-ci via ses règles d’utilisation. Et je dois admettre être un consommateur important de ce média alternatif. Mais s’il en ressort des réflexions politiques poussées et très intéressantes, on peut aussi constater l’émergence d’un schéma de pensée qu’on pourrait qualifier de « bien-pensant » (ce terme est à utiliser avec des pincettes). Je faisais la critique du système actuel, plutôt porté à droite politiquement parlant ; à cela s’ajoute donc les dérives de la gauche de la gauche. Leurs intentions sont souvent louables. Mais la manière dont ils le font beaucoup moins. Le meilleur reste ainsi les luttes contre le FN, qui interdisent la pluralité d’opinions, et la défense de « minorités » qui inclut la limitation de l’humour (entre autre). Tout cela ne contribue pas à la démocratie qu’il faudrait pourtant défendre.  

Peut-on d’ailleurs qualifier cette communauté de vidéastes engagé de contre-pouvoir ? Qu’à moitié seulement, puisqu’ils n’ont pas les moyens d’être entendus. Ainsi, le collectif on vaut mieux que ça s’était fortement engagé contre la loi travail, mais pour autant, le mouvement n’a pas pesé sur la décision finale (au même titre que n’importe quel opposant à cette loi)

Bref, ces derniers paragraphes démontrent que le système n’est pas le seul à diminuer la démocratie, bien qu’il en soit le principal ennemi.

 

Conclusion, la France n’est pas une démocratie. C’est triste à dire, mais c’est comme ça. Les citoyens ne sont pas écoutés quand bien même ils auraient leur mot à dire. Tout est fait pour qu’aucun contre-pouvoir n’émerge politiquement via les élections, et les média sont rendus complices de cette atteinte à la démocratie, afin de garantir la continuité du système actuel.

Manipulant la popularité du FN via les sondages et les faits divers, l’oligarchie agite d’un autre côté cette marionnette afin de maintenir ou le PS ou les Républicains au pouvoir, espérant que les français continueront dans ce jeu de dupe. Enfin, le contenu à la qualité discutable des programmes « culturels » achève la réflexion des électeurs, qui ne voient parallèlement aucun mal à voter « utile » puisque de toute manière, il n’y pas d’alternatives comme le répétait cette grande démocrate qu’était Thatcher (encensée par le Point récemment).

Très peu de pays peuvent se targuer d’être démocratiques. Pour autant, est-ce une raison pour enfoncer un peu plus chaque jour notre démocratie ? Il est temps que ces atteintes cessent.

Vous pouvez voter. Vous pouvez vous plaindre. Vous pouvez mener des actions contre le pouvoir en place. Mais pour autant, avez-vous déjà réussi à changer les choses ?

En 2017, si vous ne savez pas pour qui voter au premier tour, ne vous fiez pas à ce que les média disent. Fiez-vous uniquement aux programmes. Parce que si eux ne sont pas toujours fiables, ils représentent encore les restes de la démocratie au sein de cette oligarchie.

De gauche à droite en passant par le centre, le défi de l'échiquier politique

 

Attention, en raison de la vétusté de ce post, le contenu a été retiré (mais disponible sur demande)

La version actuelle de l'échiquier se trouve ici

 

 

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