Fiche de lecture #2: Le révolutionnaire, l'expert et le geek (Gaspard Koenig)

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  • Le 13/05/2018

 

A la question « qui est Gaspard Koenig », vous aurez en général la même réponse : un jeune philosophe plutôt libéral. Moi, j’ajouterai extrêmement libéral, et en tout point de vue. Depuis son passage dans On n’est pas couché d’il y a quelques semaines, j’ai voulu en savoir plus sur ce jeune premier aux premiers abords plutôt prétentieux.

A même pas quarante ans, Koenig rencontre un succès médiatique plutôt impressionnant à chaque sortie d’ouvrage, c’est qu’il en a écrit pas mal le bougre. Mais le fait le plus important reste encore la création du lobby « Génération libre » en 2013, tourné vers le jacobinisme et le libéralisme.

Pour décrire son ouvrage, le terme pamphlet en faveur du libéralisme est bien plus parlant. Soyons direct voyons : il s’agit uniquement d’un ouvrage destiné à faire miroiter les bienfaits d’un total-libéralisme.

 

I. Chapitres introductifs, dissertation de philo ?

 

L’introduction du livre est plutôt intéressante, mais c’est légion dans le monde de l’essai politico-philosophique. Ainsi, chose surprenante, Gaspard Koenig déplore l’usage intensif des chiffres au détriment de la pensée. Une infime lueur d’espoir s’allume devant cette affirmation à contre-courant des libéraux actuels, mais c’est pour mieux s’éteindre ensuite face au refus clair du protectionnisme et des barrières (ce qui n’est point une surprise)

La conception du libéralisme selon Koenig semble paradoxale aux premiers abords, lorsqu’on observe les faits actuels. Il pense en effet que celui-ci défend la nécessité d’une régulation éclairée en opposition à la loi de la jungle incarnée par l’arbitraire royal et les « protections discrétionnaires ». L’histoire de l’ancien régime pourrait lui donner raison, tant les rois ont usé de leurs pouvoirs pour satisfaire une ambition personnelle et non pas l’intérêt du pays, ce qui en faisait donc effectivement une jungle. Mais en aucun cas le libéralisme ne peut se présenter comme l’exact opposé pour moi. C’est juste un changement de souverain autoritaire. Voir une phrase comme « Ce n’est pas la lutte du fort contre le faible, mais l’inverse : la possibilité donnée au faible de venir défier le fort »* me fait légèrement sourire. La possibilité existe, mais oh combien faussée !

Parmi les affirmations qui suivront, certaines seront néanmoins tout à fait vrai, comme le fait qu’un droit de vote ne garantit point une société libre, ou encore que le vrai combat reste encore étatiste/libéral au lieu de gauche/droite.*

 

On arrive ensuite à la partie la plus proche d’une dissertation, où s’enchainent, un peu trop, des citations de philosophes et de multiples références. Il citera ainsi Benjamin Constant pour remettre en cause la décision majoritaire (sa logique de méfiance envers le vote se trouve ainsi poussée très loin). A cette occasion, on découvre la lubie première de Gaspard Koenig, l’autonomie. Un terme qui veut dire tout et n’importe quoi, que l’auteur assimile visiblement au seul but qui en vaille la peine. On découvre aussi son terme concurrent, l’hétéronomie, qui devrait remplacer les « inégalités ». Mais la manière dont le tout est emmené laisse présager une dérive individualiste des plus égoïstes, bien qu’encore une fois peu surprenante.

Il en vient ainsi à citer une phrase de Thatcher sans y porter de critique, ce qui équivaut à l’accepter et peut-être la partager : « personne ne peut être contraint d’appartenir à un groupe qu’il n’a pas choisi, quand bien même ce groupe est essentiel à l’exercice de sa liberté »*. Je ne fais là qu’une supposition, mais cela revient à inciter au communautarisme et au repli sur soi, une vraie plaie pour la société en soi. L’individualisme que je crois deviner à travers ses phrases apparait plus clairement lorsqu’il présente ce « désir d’autonomie » comme « la seule valeur auto justifiable dans un monde dépourvu de transcendance ».*

 

Parmi les autres points à retenir de ce premier pan, le corporatisme en prend un coup. J’ignore encore si ce concept est une bonne ou une mauvaise idée, mais j’envisage de l’étudier sérieusement. Dur donc de se prononcer. La fin d’un corporatisme serait un gage de liberté économique selon lui…A voir.

Les citations se font de plus en plus nombreuses, avec entre autre un soutien aux idées de Le Chapelier (« père fondateur » si l’on écoutait ce cher Koenig), politicien qui prônait la fin du corporatisme, mais aussi des partis politiques, et qui affirmait que « la communauté enferme et corrompt ». On voit le genre de la maison.*

 

II. Le vif du sujet, un libéralisme exacerbé

 

La seconde partie que je délimiterai dans son œuvre se fait plus claire sur le libéralisme qu’il espère, teinté de jacobinisme. Ainsi, pourquoi ne pas avoir des « régions sans conseil régional et des villages sans maire » ? (La réponse parait pourtant évidente). On fermera les yeux sur son envie de faire un « feu de joie des innombrables […] ordres, syndicats », mais peut-être moins sur son absence d’inquiétude au sujet de « l’apathie sociale dénoncée par Durkheim »* (Citation de Guizot mais dénuée de critique et donc partagée sauf preuve contraire)

Je relève certes un avis sur l’éducation plutôt intelligent, misant sur la fonction émancipatrice. Mais l’on retombe quelques pages plus loin dans des phrases typiquement libérales. Je m’excuse pour la longueur de la citation, mais il est bien des fois de ne point tronquer les phrases : Le même individualisme qui justifie la fin des privilèges ou la liberté d’expression doit permettre à l’entrepreneur d’évoluer dans un univers affranchis des rentes […] et autres protections artificielles, dont les tarifs douaniers ne sont qu’un exemple particulièrement saillant. Y a-t-il vraiment besoin d’un commentaire ? (histoire de remettre en contexte, cela faisait suite à une référence à une pétition pour le libre-échange datant de 1834*)

 

D’autres phrases s’avèrent être des marronniers du libéral traditionnel. En témoigneront ces deux extraits : « Le libre-échange, c’est la possibilité pour le petit, le nouveau, le créatif, de faire concurrence aux puissances établies » ; « la protection des uns, c’est toujours l’exclusion des autres et l’appauvrissement de tous »

On voit ici l’incapacité du libéral à se projeter dans la réalité, incapable de décoller de ses théories. Faire concurrence est un fait, mais le faire avec succès en est un autre que peu atteignent. De même, l’appauvrissement de tous n’a jamais été vérifié, à moins que l’on considère cela d’un point de vue uniquement mathématique (auquel cas oui, les ultra-millionnaires sont appauvris de quelques centaines de milliers d’euros)

Dans le même genre, on notera le fait que la concession privée (au sujet des chemins de fer et de la loi de 1842) est « une solution ingénieuse de la délégation du service public »…Hem.

 

Gaspard Koenig partage aussi une autre caractéristique du libéral moyen : il est persuadé que le libéralisme n’est pas en œuvre dans ce pays (à travers le néolibéralisme, j’entends). Le jacobinisme libéral aurait perdu la bataille idéologique du libre-échange…Lorsqu’on voit la logique qui guidait la réforme des régions de 2015, date à laquelle sortait ce livre, cela s’avère plutôt faux.

 

Après un tacle sur la sécurité sociale* (une gigantesque assurance privée mal gérée et déficitaire), nous arrivons à la partie humoristique du livre. Comment appelleriez-vous sinon le fait de citer un sondage fallacieux commandité par son propre lobby ? Oui, vous avez bien lu : D’après un sondage, les français plébisciteraient le libéralisme. Du moins, ils ont coché « oui » quand on leur demandait s’ils aimaient l’initiative, l’autonomie, le mérite ou la modernité. Et encore une fois, ce sondage (présenté avec des pincettes l’air de rien) a été commandé par Génération Libre, le lobby de notre ami ci-présent. Je vous invite d’ailleurs à lire l’analyse approfondie que j’avais écrite si ce n’est déjà fait.

Dans le même genre de conclusion à l’emporte-pièce, « le succès de Leboncoin prouve l’appétence des français pour le marché ». Je trouve cela d’une mauvaise foi déplacée.

 

Histoire de nous prouver encore une fois de quel bord il se situe, Gaspard Koenig nous explique que le gouvernement ne devrait pas être jugé sur le vivre-ensemble (« ou toute autre finalité collective »*) mais uniquement sur sa « capacité à faire émerger l’individu ». Il est évident depuis le début du livre qu’il ne pourrait survivre en territoire communiste, mais cela tourne à l’obsession…Plus inquiétante est son injonction à l’état jacobin de briser sans état d’âme une quelconque réforme évoquée alors*. Le libéralisme rencontrerait-il des limites ?

 

Nouvelle idée ensuite : taxer le non-usage. La mesure est certes originale, voyez plutôt :

« On pourrait gagner autant qu’on peut s’approprier. Mais ce qui reste, ce qui est stocké dans des appartements vides, de l’épargne dormant ou des terrains en friche, serait soumis à un taux d’imposition important et fortement progressif. […] le niveau de taxation ne dépendrait donc plus de la richesse mais de la capacité à absorber ses possessions pour son propre usage. Autrement dit, l’Etat, censé garantir l’autonomie, n’a de droit que sur ce qui la nie. »

Mais son originalité ne l’empêche pas d’être très absurde, et d’en faire une appropriation douteuse de l’impôt. On ne connait pas les modalités exactes de cette idée saugrenue, mais je pense qu’il est peu probable que ce soit des mesures justes, morales, et dans le sens de l’intérêt général.

 

Viennent ensuite des attaques contre les collectivités territoriales en France, encore une fois rien de surprenant, surtout de la part d’un jacobin. Gaspard Koenig propose une division géométrique des territoires et une réduction du nombre de communes, ce qui n’est pas sans rappeler le livre d’A. Verdier analysé précédemment. D’ailleurs, la France selon lui contient « 36000 communes muées en 36000 […] havres de népotisme. ». Après avoir annoncé la couleur, il précisera son intention de « repousser le politique le plus loin possible pour mieux autonomiser le local. » L’autonomie, encore et toujours. S’ensuit un tacle sur la figure du maire*, bien que ce soit une volonté purement administrative qui sacrifie l’identité culturelle des villages à travers la fusion des communes.

Si je saute quelques passages, je trouve cependant une analyse juste sur la confiscation des législatives par le bipartisme. Evidemment, il contrebalance cela très rapidement par le souhait d’une suppression des circonscriptions.

Enfin, il plaide aussi pour la centralité législative, voir la fin des ministres et des partis…On arrive là à des pensées bien radicales bien qu’il soit légitime de réfléchir sur ces questions.

 

Pour clore ce paragraphe, le mieux reste encore quelques saillies libérales que je n’ai pas encore citées. Dans le désordre, nous avons l’idée qu’il faille privatiser les valeurs, à savoir empêcher la loi d’interférer dans la morale (l’introduction de cette idée était néanmoins appréciable en reconnaissant le manque d’urgence d’une privatisation des entreprises publiques). Le cannabis ou la prostitution restent ensuite des sujets traités avec laxisme, et le vivre-ensemble trahirait selon lui « une coexistence indifférente et méprisante » (Au royaume de l’individualisme, rien d’étonnant). Il renchérira en suggérant de faire « campagne pour vanter nos traditions et condamner celles des autres. […] soyons les prosélytes de nos propres vies »

 

III. Planisme et parallèles insidieux

 

La partie suivante de son livre est essentiellement une analyse des rapports entre le planisme et le régime pétainiste. Il enchaine ensuite sur les traces qui en restent. Inutile de dire que j’ai beaucoup appris dans ce chapitre, mais que les propos les plus politisés m’ont parfois semblé ou malhonnêtes ou extrêmement libéraux (ou les deux).

 

Le planisme, comme toute action concrète de l’état, est beaucoup décrié dans cette partie. Il serait mené par des experts, qui effectueraient des choix à la place de l’individu. Certes, dans le fond, c’était le cas sous l’Etat Français. Mais on comprend que le planisme de manière générale est définie par son passé politique. Les reproches qui lui sont fait sont parfois incompréhensibles pour l’étatiste que je suis : « On y trouve l’idée d’orienter les activités individuelles et collectives dans les directions les plus favorables » (oui, mais encore ?), « substitution au capitalisme libéral par organisation collective » (c’est sûr que cela peut poser problème à certains…) ou encore « L’état deviendrait « bouclier protégeant et recouvrant l’ensemble de la société » (Mais n’est-ce pas là aussi le but d’un état-providence ?)

Le traitement du planisme se fait de manière peu honnête par la suite, en comparant volontairement le planisme de Pétain à celui de l’après-guerre. La comparaison n’est pas anodine : s’il est légitime car historique, nul doute qu’un tel comparatif n’a pour objectif que d’assimiler planisme à Pétainisme (et donc disqualifier le planisme d’après-guerre). J’extrapole peut-être me direz-vous ? C’est vrai, mais le souvenir des comparaisons FN-France Insoumise m’est resté en travers de la gorge…

 

De nombreuses actions post-seconde guerre mondiale sont ainsi taclées : la carte d’identité devient un « instrument de fichage hautement contestable »*, la retraite par répartition est associée à une pyramide de Ponzi (association malhonnête, car en théorie, il y a aura toujours quelqu’un pour payer les retraites), la planification immobilière serait la cause de l’architecture « inhumaine » des banlieues et un frein à l’investissement privé (pas nécessairement),…L’ENA en prend aussi pour son grade, ce qui ne me déplait pas, mais la création d’un tel établissement pouvait à la base donner quelque chose de potable. Il critique aussi l’interventionnisme culturel et son exception française ; j’aurai aimé des propos plus nuancés car il est vrai que ce genre de politique n’est pas toujours bien mené.

La période après-guerre est l’occasion aussi pour Gaspard Koenig de critiquer l’étatisme plus que le planisme qui y est lié, et de sur-réagir à des affirmations pourtant logiques, tel que le fait que les nationalisations soient un moyen de contrôler l’activité économique (Présenté comme un « aveu » de De Gaulle, ce fait est pourtant tout ce qu’il y a de normal et n’a rien d’honteux, tant qu’on n’effectue pas un contrôle complet)

 

Gaspard le libéral se réveille en pleine forme lorsqu’il aborde les soi-disant manque de liberté dans le pays, tel que l’obligation du port de la ceinture de sécurité*, la fin du lancer de nain* (on est nostalgique ?), l’installation de détecteurs de fumée obligatoire dans les maisons, des barrières dans les piscines…Lui admet que l’individu libre est cible d’un danger, mais visiblement, cela ne l’émeut pas plus que cela…

La présence de l’état auprès des entrepreneurs est quant à elle qualifié de mafia, au moment où le planisme (que je n’entends pas défendre dans son intégralité) encaisse de nouvelles attaques. Ce manque de finesse est encore plus flagrant lorsqu’il s’en prend à nouveaux au système de retraite : les retraités s’enrichiraient considérablement, et les états les auraient volontairement aidés lors de la crise de 2008 en faisant payer les actifs. Affirmations délirantes mais oh combien partagées dans les hautes sphères…A ce sujet, je ne peux que conseiller le livre de Jean Jacques Chavigné et Gérard Filoche, Une vraie retraite à 60 ans, c’est possible, aux éditions Jean Claude Gawsewitch, qui éclaire ce sujet épineux toujours d’actualité.

 

Cette partie se conclue entre autre par un hommage rendu à sa génération, faite de gens capables de « devenir son propre employeur, seul façon d’assouvir sa soif d’autonomie », mais il traite aussi de la dette (passage que je n’aborderai pas pour incompétence) et fait quelques propositions comme la suppression du statut de la fonction publique et des prohibitions fondées « sur les comportements de l’individu par lui-même » (Cannabis, etc…)

 

IV. Un regard plutôt intelligent sur le numérique, mais venu sur le tard

 

Ce chapitre-là est plutôt particulier dans le livre, puisqu’il tranche radicalement avec les précédents. Non pas parce qu’il ne contient que des raisonnements intelligents, c’est tout à fait faux, mais il a le mérite de rappeler une situation peu connue ; les dystopies rendues possibles par la révolution numérique. Le tout reste parfois traité de manière naïve, comme on pourra le voir rapidement.

 

Tout d’abord, la société de « l’application » signifierait la fin de la « tyrannie du salariat ». C’est absolument faux ; être son propre patron peut provoquer une autre forme de tyrannie, c’est évident.

Il expose ensuite des potentiels changements sociétaux : des vêtements renvoyés en plateformes et échangés au lieu d’être lavé, pas de financement des bibliothèques publiques (Google books, numérisation), plus de patrouilles de police (Application dédiée avec Citizen cop) ou encore la fin des universités publics en raison des cours en ligne accessibles à tous.

 

Des idées sont émises sur le même plan, sans qu’on sache s’il y est favorable ou s’il y met un véto : l’impôt deviendrait uniquement volontaire, basé sur des sommes allouées par les citoyens à divers projets. De même, le vote deviendrait digital, et on pourrait songer à une fin du vote qui serait remplacer par des algorithmes prévus pour rendre les politiques les moins déplaisantes possibles. Je vous passe les idées les plus dignes d’un film de SF, mais globalement, le futur décrit fait peur de mon point de vue.

Heureusement, tout ceci est partiellement remis en cause : la liberté si chère aux libéraux comme Koenig serait en danger à cause de ces dérives. C’est un point sur lequel je suis en accord, bien que l’autonomie ne soit pas ma première préoccupation face à de tels changements.

Néanmoins, je ne comprends pas trop cet attachement à l’Homme au vu des idées émises sur les chapitres précédents, et encore moins son attachement à l’individualisme : lui-même se demande si le projet de l’individualisme ne serait pas « le devenir-schizophrène de la société, la cohabitation des riens, l’alignement immaculé des corps sans organe ». (Il a tout à fait raison de se poser cette question)

 

Naïvement, il espère cependant concilier son libéralisme autonomiste et la révolution numérique : « Si l’on parvient à insérer la séduisante promesse du sur-mesure qui nous vient de Californie dans le cadre de l’état de droit, nous pourrions être à l’aube d’une ère de liberté, d’indépendance et de créativité sans précédent. L’aube d’un nouvel humanisme »

Lorsqu’on voit ses réflexions autour du sujet, on se demande pourquoi persiste-t-il sur ce chemin. J’aime beaucoup la phrase qu’il dit au passage : « Sous les apparences du cool, la Tech recèle une potentialité totalitaire extrême » C’est tout à fait vrai, et l’on poursuit donc sur cette lancée en demi-teinte parfois très satisfaisante. On comptera aussi la suggestion d’un rétablissement du droit de propriété intellectuelle. (Bien qu’encore une fois très paradoxal par rapport au libéralisme)

 

Ce dernier chapitre est donc plutôt une réussite, bien qu’il faille parfois se faire violence et attendre patiemment le moment où il nous explique l’intérêt de limiter ces dérives qu’il semblait pourtant cautionner. Ce n’est pas non plus une partie intégralement lucide, mais il fallait le souligner.

 

 

Alors, que peut-on en penser ?

Gaspard Koenig est un philosophe extrêmement libéral, vous l’aurez compris. Il a une crainte très forte de l’état et de son potentiel autoritarisme, au point où l’on se demande s’il ne soutiendrait pas l’anarchie malgré lui. L’autonomie est un thème qui lui est cher, sans doute trop, mais permet de cerner le personnage : pour lui, l’individualisme est une fin en soi, et le désir de liberté en devient presque maladif. Il reste un chapitre très intéressant sur la révolution numérique, où sont finalement démontrées les limites du libéralisme. Mais le tout est conclu par des phrases similaires à celles du début du livre, assez décevantes quand on voit les réflexions intelligentes qui précédaient. Ainsi, je vous laisse méditer sur la phrase suivante, présente dans les dernières pages de son livre : « Nul besoin que l’état soit patriote pour aimer sa patrie. L’Etat pourra être européen ; peut-être un jour mondial […] »

 

 

 

*Citations et affirmations basées sur les pages suivantes du livre : 2, 32, 55, 57, 64, 76, 85, 93, 96, 103, 110, 132, 153, 155, 169

 

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