lecture de programme: #3, UPR et Asselineau

 

Après m’être penché sur le programme de Cheminade il y a plusieurs mois, me voici à traiter celui de l’UPR. Asselineau serait-il le nouveau candidat antisystème ? A-t-il un programme intéressant ? Enfin, vais-je lui trouver une filiation avec l’extrême-droite comme certains l’affirme ? Pour répondre à mes questions, je me suis uniquement basé sur leur PDF de 64 pages. Contrairement au Front National, qui n’a toujours pas de programme pour 2017, l’UPR a annoncé vouloir garder le même qu’en 2012 ; c’est donc parti pour une autre analyse, purement subjective. (à savoir qu’une mise à jour aura lieu, mais que le fond reste)

 

Grand absent de la vie médiatique ; la censure des média n’y est pas inconnue ; l’UPR est un parti que l’on pourrait penser sorti de nulle part. J’ai dû le découvrir comme tout le monde, avec le prosélytisme intensif de ses adhérents. Asselineau, avant d’être le « cyber leader » que l’on connait (2ème chaine politique YouTube en France), est passé par HEC et l’ENA, deux établissements qui devraient susciter une grande méfiance quant aux intentions du candidat ; il part donc avec un désavantage certain, mais semble très convaincu par ses idées. A noter que les soupçons de proximité avec l’extrême droite semblent s’expliquer par sa présence au RPF (Philippe de Villiers) dans les années 2000. Soupçons que dissiperont rapidement les constatations de Jean-Yves Camus, affirmant que ses intentions sont dénuées de toute islamophobie ou racisme. Le refus d’Asselineau de juger les couleurs politiques des autres partis, avec lesquels il a pu envisager une alliance, pourrait aussi laisser penser à des liens avec l’extrême-droite, surtout qu’il est souvent taxé de conspirationniste.

quelques donnée subjectives:

majoritairement convaincu, mais peut-être influençable et éventuellement belle blague (mais j'en doute)

 

1° slogan

 

« L’union du peuple pour rétablir la démocratie »

Un slogan simple à comprendre et fédérateur. Sur ce point-là, rien à redire. On regrettera peut-être cependant l’absence de portée économique de ce slogan.

 

2° Ses 20 mesures

 

A. Préambule

 

Concernant son introduction, elle consiste essentiellement en une glorification du CNR et de l’action du Général De Gaulle. Dans son analyse de la réussite de ce programme d’après-guerre, analyse que je partage en grande partie, il développe sa vision d’une politique hors-échiquier politique. Effectivement, le CNR, qui fut l’un des rares gouvernements à comprendre ce qu’était l’intérêt général, est un modèle que l’on pourrait suivre de nos jours.

Néanmoins, ce serait plutôt au niveau des termes que je suis en désaccord.

  • Il évoque une dictature, là où je verrai plutôt une oligarchie, qui est un terme proche mais différent dans ses moyens d’action. Parler par la suite d’une libération est donc un terme bien trop fort, qui, s’il a le mérite de témoigner d’une position antisystème avérée, pourrait donner l’impression que l’UPR fonctionne avec la surenchère.
  • Pour Asselineau, l’Union Européenne en tant que structure est la cause de ces crises ; à mes yeux, si le constat est le même, les causes sont différentes, et l’utilisation de l’UE est bien plus problématique pour moi que son existence.

 

B. Programme

 

1° indépendance politique et économique

 Pour résumer, F. Asselineau envisage une sortie de l’UE et de l’Euro. Un retour au Franc est annoncé. Une idée qui pourrait directement être associée au Front National, mais je ne suis pas sectaire pour un sou, et je pense que chacun peut penser ce qu’il veut. Cependant, ce retour au Franc, bien que préparé depuis 2009, n’est pas clair, et me conforte dans ma position initiale, à savoir une conservation de l’Euro. De même, il n’est pas question pour moi de quitter l’UE, qui ferait de nous un pays sans doute diminué pendant un certain temps ; au contraire, tenter de modifier radicalement cette union est pour moi une bien meilleure solution.

 

2° Démocratie

Beaucoup d’idées ici, on notera donc pêle-mêle :

  • Un assainissement des média, une mesure que je soutiens évidemment
  • Une réforme constitutionnelle uniquement par référendum, ce qui est assez logique et en accord avec ma conception de la constitution
  • Une « dépolitisation » du Conseil Constitutionnel ; absolument d’accord avec cette mesure
  • Référendum populaire et prise en compte du vote blanc, non-cumul des mandats, parrainage citoyen : beaucoup de mesures de bon sens.

La partie démocratie me satisfait pleinement.

 

3° liberté de la presse

Est ici développée une théorie intéressante, qui perçoit les média comme un quatrième pouvoir. Si dans les faits, on s’en rapproche, d’un point de vue constitutionnel, c’est plus compliqué à cerner et à définir. Une théorie en demi-teinte.

Pour résumer le reste, il s’agit de nationaliser et de contrôler un certain nombre d’organes médiatiques. Si l’idée peut séduire, et je suis en accord avec quelques aspects, elle demeure dangereuse si elle venait à tomber entre de mauvaises mains. La mainmise d’un état sur les média est à proscrire, ces idées devraient donc être assouplies, en faisant persister un certain contrôle sur la qualité des contenus audiovisuels.

 

4° société de liberté

Essentiellement sur la surveillance de masses, on identifie un point sur lequel j’aimerai revenir.

  • Durcissement des conditions de mise en place du plan Vigipirate ; une idée qui part d’une bonne intention, mais que je ne peux me résoudre à accepter, la situation étant telle qu’une surveillance constante (mais menée par la police) est nécessaire sans être liberticide.

Je demeure assez neutre sur le reste

 

5° respect de la personne humaine

Un pan de son programme intégralement à gauche, où la lutte contre les discriminations et le communautarisme est mise en avant. Si sous certains aspects, cette partie n’est pas assez développée, le reste est satisfaisant.

 

6° « démocratie économique et sociale »

Des mesures introduites par le rappel de la sortie de l’UE, qui devient un peu insistant.

Le reste est ici aussi intéressant, mais encore une fois, pas très clair. On retiendra cependant la nationalisation des autoroutes, qui est une évidence.

 

7° intérêt général

Interdiction du Lobbying et encadrement des clubs de réflexion : une idée intéressante, mais réserver un point uniquement là-dessus n’est pas une bonne idée selon moi.

 

8° production nationale

Une énième critique d’articles européens, c’est assez redondant au final puisque l’article 50 du TUE devrait permettre une sortie de l’UE (ils le rappellent assez sur internet)

Le restant traite essentiellement de relocalisations, ce qui n’est pas pour me déplaire.

 

9° nationalisations

Encore une partie qui se répète par rapport à d’autres mesures, bien que sur une majorité des entreprises nommées, je ne peux qu’adhérer.

 

10° travailleurs et économie

L’actionnariat salarié est une bonne idée, le reste n’est pas développé et parait incomplet.

 

11° dignité

Tournant essentiellement autour d’une politique de logements sociaux, cette partie rejoint ma position à ce sujet dans ses grandes lignes. Il en est de même pour la hausse du smic.

 

12° Syndicalisme

Une partie entière tournée vers le syndicalisme, c’est bien trop.

 

13° Santé publique

La confirmation du rôle prépondérant de la sécurité sociale est une bonne chose, et favoriser les médecines alternatives est quelque chose d’intéressant.

 

14° Agriculture

 

Les protections proposées sont satisfaisantes à mon avis ; là-dessus, rien à redire. Son opposition aux OGM est aussi une bonne chose.

 

15° Retraites

 

Je ne m’étendrais pas dessus (si ce n’est qu’encore une fois, une partie pour ce sujet, c’est beaucoup trop) car la problématique des retraites est trop complexe pour que je la traite dans ce genre d’études.

 

16° éducation et culture

Une partie abordée avec beaucoup de lucidité, je dois avouer être très satisfait du pan « éducation » de son programme. La lutte contre l’américanisation, que je souhaite non stigmatisante, est bienvenue.

 

17° relations internationales

Le retrait de l’OTAN est une excellente idée, la primauté de l’ONU aussi.

Autre point, l’installation d’institutions à Strasbourg a beau me flatter en tant que Strasbourgeois, je reste dubitatif sur le coût à supporter par la ville.

 

18° francophonie

Une partie inhabituelle, mais pas pour autant dénuée d’utilité. Le renforcement de la francophonie est une bonne idée.

 

19°/20° référendum et décisions ultérieures

Je suis un grand partisan des référendums (vous le constaterez dans ma future constitution), mais force est de constater qu’ils sont suggérés ici afin de contourner la nécessité d’une réflexion sur d’importants sujets. C’est sans doute le défaut le plus visible.

 

Annexe° sur la présidence

  • Réduction du budget élyséen : à voir. Je suis assez partagé.
  • Contrôle de prétentions monarchistes : une bonne idée
  • Dignité présidentielle : des propos logiques ; Néanmoins, l’usage du français à l’étranger, oui ; les vacances en France, c’est déjà moins bien.

 

3° Conclusion

 

Première chose à dire pour conclure : de par ses particularités, le programme de l’UPR mériterait une place plus importante dans les média.

Asselineau a le mérite de proposer des points rarement abordés, et fait partie de ceux qui prônent la fin de l’UE sans être xénophobe pour autant. On retiendra son engagement pour la démocratie, s’expliquant aussi par la censure qu’il subit au titre de son statut informel de petit candidat. Son retrait de l’Otan est aussi une chose essentielle.

Néanmoins, le départ de l’UE tourne à l’obsession chez l’UPR, et cela éclipse une partie du programme économique. Cela, couplé à l’éternel rappel des militants UPR, nous donne à voir une critique indigeste de l’Europe. Du moins, c’est comme cela que je le ressens, moi qui suis alter européiste. De même, en plus d’un refus de se prononcer sur la question écologique, beaucoup de points abordés ne sont pas assez éclaircis alors que d’autres ont bien trop d’importance par rapport à ce qui devrait figurer sur un livret de programme. Pour mieux se faire une idée de mon taux d’adhésion à leur programme :

 

Penser l’Europe

1/5

Réorganiser le travail et l’emploi

1,5/5

Une sécurité assurée

2/5

La réindustrialisation de la France et sa protection économique

3,5/5

Une réforme culturelle ambitieuse

3,5/5

Penser le défi écologique

0,5/5

Réguler la place des marchés financiers et des banques

2/2,5

Penser l’avenir spatial

0/2,5

Penser la place et le financement de l’armée française

3,5/5

Penser les relations internationales

3,5/5

Niveau d’absence de danger pour la France

4/5

 

Total : 25/50

 

C’est donc un bilan en demi-teinte que nous avons là pour François Asselineau ; S’il mérite clairement plus de popularité, car son projet peut trouver des adeptes et veut mieux que certains autres, il ne demeure pas moins obscur sous certains points et bloqué sur le Frexit. D’un autre côté, alors qu’il veut lutter contre toutes les formes de discrimination, il cherchait à s’allier avec des individus moins fréquentables comme Soral. Bien qu’il fasse ce qu’il veut et que je ne sois pas sectaire, je suis assez circonspect sur ce point-là.

Enfin, quant aux accusations de conspirationnisme le concernant, je pense qu’il y a à la fois du vrai (des théories fumeuses et sans fondements) et du faux (des analyses qui ne plaisent pas au système).

N’en déplaise aux partisans virulents de l’UPR, je ne peux pas leur accorder mon vote…

 

Cette réflexion s’appuie uniquement sur le programme présent dans les liens ci-dessous, en partant du principe qu’un citoyen lambda ira lire ceci pour se faire une idée.

Lien : https://www.upr.fr/programme-elections-presidentielles-france

 

 

                          

 

 

 
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