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2017

Le temps d’un mandat, 5 réflexions sur la présidentielle : #5, la Vème république face au dépôt de bilan

 

Ça alors, mais quelle surprise : Emmanuel Macron, promu par les média depuis un an et ayant reçu le secours du vote barrage, réussit à se faire élire président de la république par moins de la moitié des électeurs.

Que dire de plus ? Finalement, au lieu d’un vote pur, j’ai préféré que mon bulletin soit à la hauteur de cette élection : nul. Mes mains sont ainsi propres, et je serai libre comme l’air lorsqu’il s’agira de critiquer le nouveau président de la république. Aucun remord donc ; il est temps de passer au bilan.

 

I. Hollande remet les couverts après 5ans de disette

 

A la base, j’avais prévu un bilan complet du mandat de François Hollande, mais finalement, y a-t-il besoin de gaspiller autant de temps pour décrire l’évidence ?

François Hollande a été catastrophique, mais il reste toujours un grand mystère ? Qui était-il au final ? Quelqu’un de mollasson peut-être, mais une voix dans ma tête maintient qu’il est plus probable que cet ancien énarque ait tout simplement récité sa leçon, avec le soutien d’un Valls plus royaliste que le roi, autoritaire et sans honneur. Jean Marc Ayrault était peu utile, mais lui au moins agissait de manière moins agressive.

Le mariage pour tous fut une sombre farce, divisant les français alors qu’il suffisait d’employer là le 49.3 à bon escient. Ce leurre permit de conforter dans l’opinion publique que la gauche était désormais incarnée par Hollande et sa clique.

Vinrent ensuite de nombreuses lois en faveur du néolibéralisme, dont Macron fut le porte-étendard.

Quid de la lutte contre les dérives de la finance ? Quid de l’amélioration des acquis sociaux ? Quid de la paix dans le monde ? Quid de l’écologie (la Cop21 fut une vaste blague) ?

Le mandat 2012-2017 n’aura servi à rien, si ce n’est à prouver l’inconscience du monde politique actuel, et le développement du panurgisme, qui tel un virus, put se propager de manière critique pour maintenir le système en place.

 

II. le système électoral démontre son inefficacité

 

Plus de 45 millions d’électeurs potentiels, mais la démocratie est-elle sortie renforcée de ce scrutin ?

A 600000 voix près, Jean Luc Mélenchon passait. Les résultats ont été très serrés, ne l’oublions pas. Pour Fillon, c’était encore moins important, c’est dire l’absurdité de la chose. Parce qu’au regard d’un pays de 65 millions d’habitants, les différences au sein du quatuor de tête ne représentent presque rien

Le vote blanc, nul, et l’abstention ont atteint de nouveaux sommets. Ne voit-on pas ici que le système électoral actuel n’est plus satisfaisant ? A cela, on constate encore et toujours que l’argent facilite grandement la victoire, et qu’avoir les média de son côté facilité grandement la tâche. La reconstruction de notre démocratie prendra donc du temps.

Aussi, la reconnaissance du vote blanc, le scrutin proportionnel pour le parlement et le jugement majoritaire pour la présidentielle me semble être la meilleure des solutions, à défaut de trouver mieux.

La démocratie ne fonctionne enfin que lorsque les électeurs sont politisés et disposent de suffisamment de recul. Fini donc les média donneurs d’ordres et de conseils subjectifs, et l’éducation politique déplorable des futurs votants. Comme j’ai toujours dis, on est libre de voter, mais lorsqu’il s’agit d’un vote en connaissance de cause.

 

III. le futur se rie de nous un pied dans la tombe

 

Le but de cette élection, c’est de trouver un président capable d’entrainer la France en avant ; capable de protéger notre souveraineté et défendre l’unité du peuple français dans le respect des règles de vivre-ensemble. Il s’agit aussi de faire perdurer notre économie en assurant un cadre de vie décent aux travailleurs.

Macron, désormais 8ème président de la Vème république hélas, ne pourra correspondre que très peu à ce portrait utopique ci-dessus. Nous avons échappé à la division certes, mais la France n’est pas encore prête pour les enjeux de demain, si les enjeux d’aujourd’hui la dépassent déjà. Inutile d’espérer une économie respectueuse de ses acteurs, une politique démocratique, une souveraineté respectée. L’union européenne risque de prendre un tournant encore plus déplorable d’ici peu, et la France ne pèsera pas plus qu’avec Hollande, si ce n’est que le président français ne sera plus l’un des cadavres à enterrer, mais bien l’un des fossoyeurs.

La seule perdante de cette élection, c’est la France. Et la porte vers le futur restera probablement close pour les cinq ans à venir…

Le temps d’un mandat, 5 réflexions sur la présidentielle : #4, Front républicain et implosions politiques (réflexions avant le second tour)

 

Les suites de ce premier tour tant attendu, hormis un désastreux second tour, relèvent du domaine des suppositions ; néanmoins, il est possible de tirer des conclusions sur la reconfiguration du paysage politique, et sur notre pseudo-démocratie qui subit toujours autant la pratique de l’exercice politique.

 

I. l’Union européenne, vainqueur et perdante à la fois

 

Lors de cette élection, la moitié des électeurs ont choisi de donner leur voix à des candidats eurosceptiques. Peu l’ont relevé, mais il s’agit là de quelque chose de très parlant.

En effet, si le premier arrivé (de peu de voix au final) était le candidat européiste par définition ; promoteur d’un système où l’UE doit aller encore plus loin au mépris des intérêts nationaux ; il ne faut pas oublier que Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon sont tous deux des opposants aux dérives européennes.

De manière générale, l’Europe aura été bien trop présente selon moi dans les débats politiques, et bien trop sacralisée. Aucun débat de fond n’a pu avoir lieu, mais lorsqu’il s’agissait d’aborder ce sujet, c’était rapidement caricatural ; j’ai une position modérée là-dessus, plutôt dans le compromis mais avec beaucoup de mépris pour ce qu’est devenue cette union européenne. Aussi ai-je beaucoup regretté que seul le repli sur soi soit présenté comme alternative à cela, comme si cette union était devenue inévitable sous sa forme actuelle.

 

Avec la mainmise de l’UE sur le résultat du second tour – il suffit de voir les cris de joie lors de l’annonce des deux finalistes – on comprend aisément que cette dernière fait partie des vainqueurs. Néanmoins, à l’instar d’Emmanuel Macron, incarnation du système mais moins populaire qu’il ne pense, l’Union Européenne est un vainqueur d’apparence. En effet, les eurosceptiques ont gagné la bataille des idées à défaut d’avoir gagné celle de la présidentielle. Il serait temps de se remettre en question non ?

 

II. Dupont-Aignan, le symbole d’une droite qui se cherche

 

L’annonce de Nicolas Dupont-Aignan qui a déclaré rallier Marine Le Pen a fait l’effet d’un coup de tonnerre sur l’élection. Pourtant, c’était une possibilité bien plus prévisible qu’un choix en faveur d’Emmanuel Macron. A-t-il eu raison pour autant ? Oui et non.

Le programme de Debout la France est bien plus poussé que celui du FN, leurs antécédents moins problématiques, leurs prises de positions moins portées sur la division, mais ce mouvement demeure conservateur et souverainiste, deux raisons suffisantes pour se prononcer en faveur du Front National. C’est néanmoins un mauvais calcul politique, mais la politique doit être une affaire d’honnêteté et non pas un jeu ; il aurait mieux fait de garder ce choix pour lui, mais le fait qu’il se prononce pour une alliance avec le Front National démontre un certain courage et une certaine indépendance. Si quelques commentateurs y voient une soumission, moi j’y vois un pari fou mais empreint de conviction. D’un point de vue personnel, je déplore évidemment ce vote, mais qui suis-je pour interdire à un conservateur souverainiste d’appeler à voter pour un semblable, bien que moins fréquentable ? Debout la France aurait dû être le Front National présentable ; il s’est malheureusement fait doubler par le parti de la famille Le Pen en terme d’électeurs, c’est comme ça.

 

Néanmoins, ce choix symbolise surtout la seule bonne action à imputer à Macron : la recomposition honnête de la droite. Sachant qu’une partie des électeurs de Fillon voteront aussi FN, la frange conservatrice souverainiste forme un bloc que l’on cessera de confondre avec la frange conservatrice libéral incarnée par l’ancien ministre de Sarkozy. Dire que ce dernier appelait NDA à le rejoindre ! Bien naïf celui qui pense qu’une alliance doit se jouer sur la proximité sociétale. L’orientation politique dépend avant tout d’une vision économique. Et il est clair que celle de Dupont-Aignan diffère de celle de Fillon et Macron.

Cet appel au vote FN, certes regrettable encore une fois, (d’un candidat, qui je le crois peut encore se réclamer du gaullisme quant à son programme), est un acte d’honnêteté ; Mais les résultats de cette action sont parlant quant aux dérives des pratiques politiques actuelles, ce qui m’amène à une dernière réflexion :

 

III. Le front républicain, la Vème république en sursis

 

Aussitôt le second tour lancé, voilà que le front républicain revient toquer à la porte. Difficile d’y échapper, presque tous les média en font la promotion, et leur subjectivité ne fait aucun doute. D’un point de vue purement démocratique pourtant, ce front républicain est une absurdité. Ainsi, les français devraient attendre l’avis des média et des grands partis pour savoir quoi faire le jour du 7 mai ? Cette pratique est fort déplorable, et lorsque l’arrière-garde du système s’empresse de défendre ce front prétendument républicain, c’est pour nier le peu de démocratie qu’il nous reste. Ceux qui, comme moi, annoncent voter blanc, se retrouvent pointés du doigt et tenus pour responsable du score du Front National. Bernard Cazeneuve, premier ministre plus transparent que Jean-Marc Ayrault, enjoignit ainsi monsieur Mélenchon de se prononcer en faveur d’Emmanuel Macron.

 

Devrait-on comprendre que monsieur Macron ne pourrait rassembler la moitié des électeurs en France ? Est-ce réellement la faute aux abstentionnistes et blancs-votants ? Nous sommes en démocratie, et le vote est une affaire de conviction. Si un candidat n’arrive pas à convaincre une majorité, c’est que ce candidat ne pourra diriger la France qu’en satisfaisant une minorité.

Il est donc temps de comprendre que le véritable problème vient de notre système d’élection, et je pense pencher de plus en plus en faveur d’une élection avec jugement majoritaire.

Pour revenir sur « l’affaire » Dupont-Aignan, j’estime que les insultes qui l’ont visé, sont, au même titre que les insultes à l’encontre de Jean Luc Mélenchon dans ONPC (Cf. https://youtu.be/Nn9krumqEkg?t=21m19s), des insultes à l’encontre de ce qu’il nous reste de la démocratie ; si le programme du Front National est potentiellement dangereux pour celle-ci, les attitudes des soutiens à monsieur Macron ne font pas figures de sainteté.

Face à de tels comportements, comment cautionner cette farce électorale et le système qui l’organise ?