Conception politique : #2, Europe et Union européenne

 

Après avoir évoqué la souveraineté, il me semblait normal d’embrayer sur l’Europe et l’Union Européenne, la seconde demeurant le plus grand adversaire du souverainisme.

A ce sujet, ma position a plutôt varié entre 2010 et aujourd’hui. J’ai toujours été critique à l’encontre de l’Union Européenne, venant d’une famille où Maastricht puis Lisbonne ont largement entamé la confiance qu’ils avaient envers l’UE. Cependant, je refusais strictement de la quitter, ce qui me conduisit à quelques échanges houleux avec des membres de l’UPR.

Néanmoins, au fil des dénis de démocratie européens, je dois avouer que je me suis retrouvé de plus en plus eurosceptique. Difficile donc de me situer entre les différentes approches de l’Europe ; probablement entre Mélenchon, Dupont-Aignan et Philippot (ou en dernier recours Asselineau)

 

L’Union Européenne contre l’intérêt général des Nations

Actuellement, l’Union Européenne est la digne représentante de l’oligarchie mondiale, grâce à son contrôle des politiques économiques et budgétaires, et par sa puissance et son influence politique. A travers les différents lobbies, parmi lesquels on pensera à ajouter l’OTAN, le capitalisme néolibéral a trouvé un excellent moyen pour s’assurer une infiltration en douceur et sans risque de rejet.

Par l’intermédiaire du traité de Lisbonne, constitutionnellement illégal, l’UE nouvelle génération (à partir de Maastricht) est en mesure de répandre le néolibéralisme et le libre-échangisme à travers tous ses pays membres, allant à l’encontre des Nations qui la composent. Avec l’UE, impossible de parler de patriotisme économique ou de gouvernement indépendant. L’idée même qu’un état puisse choisir de tourner le dos à la doxa économique lui est insupportable. Aussi les gouvernements ont les mains liées, et les alternatives, la bouche maintenue fermée.

Il s’agit là d’un aspect beaucoup moins abordé, mais l’UE a toujours su développer une certaine propagande. Dès le traité de Maastricht, et surtout lors du référendum de 2005 sur le traité Européen, le matraquage en faveur d’une intégration européenne plus poussée n’est pas passé inaperçu. De même, on peut légitimement se demander si la mise en avant du Front National comme seul parti anti-UE n’était pas un choix stratégique en France pour épargner à l’Union européenne un combat qu’elle pourrait bien perdre. En effet, associer rejet de l’UE et xénophobie est une méthode astucieuse pour décrédibiliser les alternatives, que ce soit une Europe des Nations et des Coopérations, ou une sortie de l’UE.

J’ai pu laisser entendre que le combat de l’Union Européenne face aux revendications populaires était perdu. Cela peut sembler étonnant, pourtant, sa nature peu démocratique (vu l’influence de la commission) et peu légitime (vu le mépris de l’intérêt général) en fait une entité en danger permanent, ne devant sa survie qu’à des lois habilement tournées et à des gouvernements dévoués. Aux dernières élections, la moitié des votants étaient au mieux eurosceptiques, au pire europhobe (un terme litigieux, j’en conviens). Avec de meilleures méthodes d’informations et de politisation, nul doute que le peuple aurait su se défendre face à la perte de notre souveraineté.

Face à ce constat, comment jeter la pierre aux opposants à l’Union Européenne ?

 

 

La  remise en cause de la viabilité de l’UE sur le long terme

Pour l’instant, je n’ai jamais évoqué l’Europe, mais toujours l’Union Européenne. C’est tout à fait intentionnel. En plus d’être un continent aux frontières floues, l’Europe est aussi un idéal de paix et de coopération. Néanmoins, il y a bien longtemps qu’Union Européenne et Europe n’ont plus grand-chose en commun. L’intérêt général devait être le phare de toute politique. Mais vu la propension de l’UE à se transformer en entité monstrueuse à chaque étape d’intégration, comment y voir une seule once de mesures prévues pour faire avancer ses pays membres sainement ?

Une union à 27 ou 28 est déjà une aberration au vu des cultures et pratiques radicalement différentes entre les pays. Si l’on rajoute à cela des contextes politiques et des influences historiques eux aussi différents, on comprend rapidement pourquoi l’UE ne pourra jamais marcher totalement. C’est comme essayer de rendre homogène un mélange d’eau et d’huile ; face à la dénaturation du mélange, les composants finissent par se séparer.

Le projet à terme de l’UE, est, je reste persuadé, la dilution des états-membres dans une pseudo-fédération, où une contestation nationale se trouverait isolée au sein d’une assemblée uniforme de politiciens apatrides. (Non pas par leur faute, mais résultant de la disparition politique des Etats-nations). A quoi rimerait la constitution de régions sans identité historique, si ce n’est une préparation à la diffusion de la seule identité européenne ? Asselineau se trompe radicalement quand il prétend que l’UE a tout à gagner du régionalisme, tout comme les partis régionalistes se trompent en défendant majoritairement l’UE.

Dernier aspect des ratés de l’UE, la protection de l’environnement. Avec la France, l’Allemagne et deux trois autres pays, elle n’a pas su mettre en place un seul projet de développement écologique pour le continent ou pour nos voisins du Sud. Au contraire, la signature du CETA prouve bien que l’environnement n’est pas une priorité, et que les états n’ont toujours pas grâce aux yeux de l’UE. Le règne des multinationales est bien parti pour encore plusieurs décennies.

 

Peut-on être souverainiste et alter européiste ?

Il est vrai qu’aux premiers abords, vouloir rester dans l’UE semble absurde quand on la critique. Pourtant, il y aurait deux points à traiter avant de monter sur ses grands chevaux. Tout d’abord, quitter l’UE n’interdit pas d’y revenir ensuite. Si ça devait être le cas, je préfère revenir dans une UE saine. Ce qui sous-entend que d’éventuelles négociations auraient été menées et auraient abouties. Parce que la quitter et y revenir ensuite pour retrouver les mêmes contraintes n’a strictement aucun intérêt. S’il s’avère que l’UE actuelle ne peut être changé, alors soit, il faut en sortir et fuir cette union stérile. Mais je préfère me dire que nous aurons au moins essayé au lieu de nous débiner sans rien tenter.

Deuxièmement, de par notre position géographique et notre histoire, s’allier avec des voisins n’a rien de condamnable tant que la souveraineté est respectée. Une Europe des Nations et des Coopérations est donc envisageable sans porter de préjudice à quiconque (mise à part ces 1% de nantis qui ne représentent rien). Dans le fond, les coopérations européennes ont parfois du bon.

 

Ainsi, si l’aspect financier de l’union monétaire pose problème, une monnaie unique s’avère bien utile pour les échanges commerciaux aux frontières des pays. Venant de Strasbourg, je sais de quoi je parle. De même, le programme Erasmus est une excellente initiative d’échange, hormis l’européisme béat qui y est parfois promu. L’équivalence de diplômes universitaire n’est pas négligeable non plus.

La question de l’adhésion à une union se pose donc. Il conviendrait de remanier grandement les fonctionnements que nous connaissons. Fini peut-être une commission parée des pleins pouvoirs par exemple. Fini aussi les compétences exclusives de l’Union, qui empiètent largement sur notre souveraineté. Avec cette nouvelle union, il s’agirait de mettre en place des missions communes (aide au développement, projet spatial, …), des tarifs préférentiels sous condition d’alignement des normes sociales, une coopération judiciaire et antiterroriste, un consensus sur les normes démocratiques, et ainsi de suite…

La question de la monnaie unique doit être maintenue, mais attentivement travaillée. Dans l’immédiat, je dois bien avouer mon incompétence pour traiter de cette question.

Enfin, sur l’intégration, il faut retenir que l’Europe en tant qu’idéal n’est pas commune à tous les pays du continent. Réunir plus de vingt pays n’a aucun sens, tant les différences sont nombreuses. Autant un pacte de paix européenne peut être conclu, autant une union de coopération économique me semble déjà plus compliquée

Avec cette Europe des Nations et des Coopérations, chaque pays pourra continuer d’appliquer sa politique économique, avec pour seules contraintes des normes sociales exigeantes, auxquelles on pourrait déroger qu’à condition d’en proposer des meilleures. Les tarifs douaniers en vigueur seraient, eux, modulés en fonction du pays européen, mais ce dernier serait avantagé par rapport aux pays extra-européens.

 

Ainsi, il est possible de développer un projet européen respectueux des nations ; mais la critique de l’Union Européenne doit être faite pour ne plus refaire les mêmes erreurs. L’Europe, dit-on, a été créé pour instaurer la paix sur le continent. Pourquoi donc faire la guerre aux peuples européens alors, via des privations de souveraineté intolérables (gestion des flux marchands sur son territoire) et un déni de démocratie flagrant ?