Créer un site internet

Blog

Ukraine-Russie, devenons-nous fous ou cons?

Pour une raison de confort de lecture, le billet suivant existe sous forme de PDF:

Sivispacemparabellumsivispacemparabellum.pdf (76.53 Ko)

 

Si vis Pacem, Para Bellum

Des dérives médiatiques sur la guerre en Ukraine et autres considérations sur le futur militaire de la France

 

Le 24 février 2024, nous fêterons les deux ans du conflit le plus important sur le continent européen depuis des décennies. Au-delà du fait de voir s’affronter ainsi deux anciens frères que la guerre froide, le banderisme puis les magouilles américaines ont contraint de s’éloigner, ce conflit a surtout mis en lumière les pires défauts de l’être humain.

 

Ici, le but n’est pas de revenir précisément sur les retombées humaines et directement matérielles de ce conflit. On connaît tous les conséquences d’une guerre. Ses victimes militaires et civiles, ses villes rasées, ses pays dévastés. Non, la Russie n’avait pas à s’aventurer ainsi sur le territoire souverain ukrainien. Rares sont ceux à concevoir que la Russie était dans son bon droit à intervenir et à envahir la totalité de l’Ukraine. Était-ce d’ailleurs même son objectif ? Ici donc, il n’est pas question de venir faire du signalement de vertu en déclarant que Poutine n’est qu’un méchant qui a fait du mal. Déjà parce que cela n’avance à pas grand-chose, et qu’à part les philosophes médiatiques, personne ne doit se croire pertinent en le répétant en boucle. Ensuite, parce qu’il n’est pas le seul acteur de ce conflit.

 

Une légende populaire veut que Poutine, tyran seul aux manettes, déplacerait ses troupes et aurait porté toute la guerre sur ses larges épaules. En vérité, l’impopularité de la guerre au sein de la Russie doit être relativisée. Le scénario romantique selon lequel le dictateur imposerait ce conflit à toute une population qui y serait opposée tend à la naïveté. À vrai dire, de mon point de vue, il existe beaucoup moins modéré que le président russe. Si lui réussit encore à apparaître maître de ses propos, son collègue Dmitri Medvedev est bien plus enclin à mettre de l’huile sur le feu, à grand coup de tirades anti-occident et anti-France très remontées et belliqueuses. Que dire sinon de ces parlementaires de la Douma qui plaideraient presque pour un anéantissement nucléaire ?

Il existe même un amalgame selon lequel un opposant à Poutine serait nécessairement opposant à la guerre, ce qui est là aussi une vision naïve des choses. Il ne me semble pas que le parti communiste russe s’y soit opposé à l’époque.

Tout ça pour dire dans un premier temps que personnifier ce conflit avec Poutine est une erreur.

 

Je ne suis pas ici pour encenser le pouvoir russe. D’ailleurs, sa politique intérieure ne me parle pas plus que ça. Je ne considère pas le pouvoir russe, et encore moins la Russie, comme un ennemi, en effet. Afin d’avancer honnêtement sur ce chemin, je tiens à admettre que je suis plutôt favorable à une Crimée russe, bien que je déplore la violence des séparatistes russes en leur temps. Ce soutien critique s’explique par mon intime conviction que la Crimée n’avait plus sa place en Ukraine. Le référendum qui s’est tenu, référendum à l’organisation illégale, ne rend pas plus caduc ses résultats. D’ailleurs, on rappellera qu’une enquête américaine indépendante a abouti aux mêmes conclusions, démontrant que les résultats du référendum apparaissaient cohérents avec la réalité des opinions des Criméens.

Je ne mets pas non plus mon veto à un Donbass russe, bien que je ne me sois moins renseigné sur cette situation précise. Il est quand même pertinent de rappeler à quel point la chute de l’URSS a été très mal dirigée, du moins aussi mal que l’a été la réconciliation des deux Allemagnes (mais ça c’est un autre sujet). Toujours est-il que la réalité russophone et russophile de certaines zones en Ukraine ne doit pas être balayée, notamment au regard des lois visant à réduire cette culture russe qui avaient tant provoqué de problèmes il y a dix ans.

 

Cela dit, j’ai beaucoup de choses à dire. D’abord, sur la perte d’humanité et de rationalité qui semble frapper nos chers observateurs médiatiques, et une partie de la population, ensuite sur la question militaire en France qui me semble très mal traitée.

 

I. La guerre en Ukraine peut-elle nous rendre cons ?

 

Depuis le début de la guerre, j’ai cette question qui me trotte dans la tête. Se prononcer sur la guerre en Ukraine dans les médias mainstream priverait-il les commentateurs d’une partie de leur organe cérébral ?

 

A/ Tout d’abord, il y a les adeptes du fantasme. Ceux qui imaginent un Poutine vieillissant, cancéreux et atteint de trente maladies différentes. Ceux-là même qui vont l’avancer comme un danger implacable. Bien sûr, il n’est pas exclu que Poutine tombe malade. Mais ces affirmations n’avaient pour intérêt unique que la poursuite d’un narratif, et pas celle de la vérité. Ce qui est plutôt dommage pour des journalistes.

 

B/ Le degré suivant, c’est celui qui perd tout sens de la réalité. À fréquence régulière, certains viennent annoncer la défaite prochaine de la Russie, la remontée incroyable de l’Ukraine, et la victoire de la démocratie et du monde libre sur les méchants. La vérité, c’est que c’est une guerre qui s’enlise, et qui tient encore grâce aux injections européennes et américaines. On fera remarquer que la Russie ne s’avoue toujours pas vaincue malgré le soutien occidental à la limite de la co-belligérance apporté à leur adversaire. Cela ne l’empêche pas de subir de plein fouet les affres d’un conflit qui s’éternise, certes. Il est d’ailleurs bien naïf de penser que la Russie survolerait cette guerre et qu’elle serait une franche réussite.

 

C/ Toujours dans la négation de la réalité, on atteint parfois le degré juste au-dessus avec la négation non seulement naïve, mais surtout dangereuse. Et c’est là qu’on aborde enfin un sujet important. Il existe un monde où la Russie déciderait d’arrêter la guerre, ruinée par les sanctions et abandonnée de tous. Mais ce monde-là n’existe certainement pas dans notre dimension à nous.

Tout d’abord, les sanctions étaient censées mettre la Russie à genou. Qu’il y ait eu des conséquences négatives sur l’économie russe est logique, mais à quel point ces conséquences ont-elles affecté l’économie russe dans son ensemble ? De même, quand on sait que les occidentaux consomment encore des hydrocarbures russes mais qui ont transité via des pays-tampons (à l’instar de l’Inde), peut-on encore se dire sérieusement que ces sanctions ont un quelconque intérêt ?

S’il ne s’agissait que de mener une guerre économique contre la Russie, à la limite, ces affirmations seraient aussi à reléguer au niveau du simple fantasme. Mais le problème, c’est qu’il y a des conséquences autrement plus négatives pour les pays européens. Les partenariats français avec la Russie en matière d’industrie n’étaient pas négligeables. La perte du marché russe aura fragilisé notre économie. Pendant ce temps-là chez eux, le seul problème qui les guette à terme apparaît être la pénurie de main d’œuvre : leur économie est florissante et le chômage au plus bas.

Il en est de même avec l’Allemagne, qui s’enfonce de plus en plus tête baissée dans le narratif atlantiste. Pour elle, les sanctions sont d’autant plus catastrophiques que leurs dirigeants semblent en auto-pilotage depuis le début. Elle a perdu ses liens commerciaux sur le gaz, notamment via le projet Nordstream. ce n’est pas négligeable. D’ailleurs, à quel niveau de soumission et de transparence faut-il en être réduit pour ne pas avoir osé lever le temps sur le sabotage de Nordstream, sabotage qui ne bénéficiait ni à l’Allemagne, ni à la Russie ? Sur ce sujet, la Suède estime ne pas pouvoir donner l’identité des responsables. Une affirmation très crédible, je laisserai en juger.

Puisque je suis taquin, je tiens à préciser que les livraisons de gaz américains en Europe sont en augmentation conséquente depuis 2022. Un hasard sans doute. Gageons que les prix nous seront aussi bénéficiables que les tarifs du gaz russe jadis.

 

D/ L’échelle au-dessus tend à confondre bêtise et apathie belliqueuse. En effet, il est intégré de longue date qu’une guerre fait de nombreuses victimes. Aussi ai-je toujours trouvé très déplacé le fait d’encourager la guerre en question.

D’un point de vue purement factuel, toutes considérations politiques mises de côté, combien de vies auraient été sauvées si aucun équipement n’avait été envoyé à l’Ukraine, la laissant régler ce conflit avec la Russie dans son coin ?

Dans ce cas de figure, il est peu probable que la guerre eut continué bien longtemps. L’armistice aurait été signé et des milliers de vies épargnées. Il aurait été pertinent alors d’envoyer des observateurs de l’ONU et des casques bleus encadrer le désengagement russe d’une grande partie du territoire ukrainien.

Retour à la réalité. À quoi aboutissent les envois incessants d’armements ? L’armée russe est parfois ralentie. Elle subit de grosses pertes, notamment sur sa marine. L’Ukraine n’est pas encore envahie, très bien. Mais jusqu’à quand ? Certaines prévisions semblent indiquer une offensive russe massive en 2024. Bloquée sur les champs de bataille, la Russie l’est moins dans sa reconstitution logistique. Alors que les réserves européennes se vident et mettront des années à être refaites (ce qui pousse certains à encore plus plaider pour la protection de l’OTAN), la guerre se prolonge et draine vies et économies.

 

E/ Toujours sur ce point, non content d’encourager la guerre actuelle, le personnel médiatique et politique a même la fâcheuse tendance à encourager les guerres futures. Il y a presque une excitation à l’idée que le continent entier pourrait sombrer dans une troisième guerre mondiale. Encore récemment, Olaf Scholz en Allemagne appelait à se préparer à une économie de guerre. Que dire sinon de tous ces pays qui réfléchissent à la question d’une conscription et d’une attaque sur leur territoire ?

Et au milieu de tout ça, certains semblent jubiler à l’idée que tout le continent sombre dans le chaos. Non content d’encourager la co-belligérance aux côtés de l’Ukraine, quitte à prolonger toujours plus l’enlisement du conflit, voilà qu’une invasion russe de toute l’Europe apparaît crédible – cela dans la même dimension où cette armée russe subirait de sévères défaites et montrerait de larges faiblesses. La Russie est désignée comme un ennemi de la France, les Anglais s’imaginent déjà attaqués. Je n’aurai rien à redire si de telles idées étaient développées dans des rapports militaires top secret. Anticiper reste la clé de la souveraineté en matière militaire. Mais ces fantasmes malsains d’une troisième guerre mondiale Russie contre le reste du monde (comprendre ici, l’occident) s’étalent au grand jour, dans un contexte éditorial qui ne fait aucun mystère de son agenda. Ce qui me mène à la dernière étape de connerie atteinte sur ce conflit.

 

F/ Le racisme anti-russe en France, qui n’avait pas particulièrement dérangé les bonnes âmes de ce pays, aurait dû me faire comprendre le niveau d’inhumanité et de cynisme auquel se livraient certains dans les médias. Le conflit Russie-Ukraine semble n’être devenu qu’un match de foot, avec ses supporters dans chaque camp. On espère pas la fin du match, ni même la victoire de l’équipe ukrainienne. On espère du spectacle, du sang. On veut que l’équipe russe morde la poussière, subisse une cruelle défaite. Et si l’équipe ukrainienne rechigne à jouer les prolongations, pas de problème, on les encouragera à se battre au-delà de leurs forces et de ce que leur santé leur permet. Des soldats russes sont tués par un drone ukrainien ? On partage la vidéo, rit de ce cruel destin et se félicite. Un navire russe coulé en mer noire ? Génial, encore du sang, incroyable. Voilà le divertissement actuel offert par ce conflit : des gens qui meurent dans le camp d’en face.

 

Observations

 

À quel moment avions-nous décidé que le monde entier serait une arène et que la vie humaine n’aurait plus de valeur au prétexte qu’elle appartiendrait au camp ennemi ? Bien sûr, l’armée russe a violé, tué et pillé en Ukraine. Les néonazis de Wagner n’ont pas fait mieux, sinon pire. Cela nous donnerait-il le droit, nous, français, de nous réjouir de la mort d’autres êtres humains dans un tel charnier ?

 

D’ailleurs, au nom de quoi devrions-nous prendre nécessairement et sans réserve le parti de l’Ukraine ? Peut-on même aujourd’hui soulever ne serait-ce que cette question ?

Avons-nous voté une guerre contre la Russie au parlement ? Les territoires attaqués sont-ils français ?

Les seuls débordements au-delà des frontières ukrainiennes, on les connaît, c’est le sabotage de Nordstream. Je réitère mes doutes sur l’idée que les Russes y avaient intérêt.

Je n’ai pas envie de prendre un autre camp que celui de la paix. Je ne suis pas ukrainien, aucun devoir moral ne me force à faire comme si les intérêts ukrainiens étaient les miens. Je ne suis pas russe non plus. Aucun devoir moral ne me force à soutenir Poutine dans toutes ses actions (et si j’étais russe, je n’aurais pas plus ce devoir).

 

Quel est notre intérêt en tant que français, sinon que la guerre s’arrête avec toute cette folie ?

Certes, il apparaît plutôt dans l’ordre des choses que l’Ukraine perde ce conflit, cède des territoires à la Russie et s’avoue vaincue. Mais à quel prix pour les Russes ? La guerre a été très dure pour eux aussi, ce n’est pas une victoire éclatante. Pourrait-il vouloir nous envahir une fois le continent stabilisé ? À mon sens, ce serait extrêmement peu probable. Seule la Transnistrie pourrait encore être convoitée par la Russie, mais l’intérêt de déplacer l’armée russe jusqu’à Brest me paraît bien minime en comparaison d’une pacification des relations Russie – Europe.

 

Par conséquent, il est temps que ce conflit cesse d’être autant passionné. Il est temps de retrouver une discussion rationnelle, dans laquelle des désaccords et points de vue contradictoires ont le droit d’émerger. L’unanimité et l’homogénéité n’ont jamais été une exigence s’agissant des sujets politiques. Or, il apparaît que de nos jours, ne serait-ce que remettre en question les dernières livraisons d’armes ferait de nous des agents payés par Poutine.

Cette fausse morale est d’autant plus hypocrite qu’elle se prolonge parallèlement à la persistance d’autres conflits meurtriers à travers le globe. Les guerres en Palestine et au Yémen sont sans doute les deux autres conflits les plus importants de ces dernières années. On notera que sur ces sujets, les commentateurs ont déjà fait preuve de plus de retenues envers l’Arabie saoudite ou le gouvernement de Netanyahu.

--------------------

Aparté au sujet de Navalny Le décès de Navalny est intervenu pendant la rédaction de ce billet. Encore une fois, sans surprise, le traitement de sa mort pendant son enfermement laisse à désirer dans les médias et parmi nos politiques. Chacun ira de sa petite phrase laudative, son hommage passionné. On notera celui de notre ministre des Affaires étrangères qui trouvera pertinent d’adresser ses condoléances au peuple russe, prouvant une fois encore que le ridicule ne tue pas.

Le décès en détention de Navalny est bien entendu fort regrettable. Ses conditions d’emprisonnement étaient à n’en pas douter peu acceptables. De là à le traiter comme un héros et principal opposant à Poutine, dans un pays où le véritable opposant électoralement relève plus du communiste russe ou du nationaliste exacerbé, bon… Et Assange dans tout ça ? On en parle ?

 

II. Et la guerre dans tout ça ?

 

C’est bien gentil de fantasmer sur une potentielle troisième guerre mondiale. Mais la France a-t-elle encore les moyens d’en rêver ou de l’anticiper ?

 

À titre personnel, j’ai du mal à trouver crédible l’idée d’une intrusion russe sur le territoire français. Par les airs, les pays de l’Est se feront une joie de descendre les avions étrangers, par la mer, nul doute que la Finlande saurait apprécier cette opportunité. Tout ça, en occultant l’hypothèse malheureuse d’une riposte nucléaire.

Par souci d’honnêteté intellectuelle, il faut reconnaître une certaine hostilité de la part de la Russie à notre égard. Étonnamment, celle-ci a débuté depuis le conflit ukrainien, les sanctions européennes et la fourniture d’armes à Zeliensky. Sans doute un hasard ?

Pour toutes autres analyses plus détaillées et plus poussées sur le sujet de la Russie et de la guerre, je ne peux que conseiller la parole de Georges Kuzmanovic, objectivement l’un des meilleurs spécialistes en géopolitique russe actuellement. Mon soutien à sa ligne politique est subjectif et assumé, mais en matière de conflit russo-ukrainien, je pense qu’il a su prouver sa pertinence.

 

Quelles capacités actuellement ?

 

Notre soumission au narratif atlantiste témoigne d’une faible confiance en nos capacités militaires. Pas étonnant, y a de quoi s’inquiéter. Nous ne pourrions même pas tenir une semaine de conflit en termes de réserve de munitions. Était-ce pertinent de le révéler, voilà encore une autre question à se poser.

Cela dit, la souveraineté militaire française est devenue une blague. Le fait que l’Union européenne pousse à nouveau pour une Europe de la défense devrait nous alerter : nous n’avons plus la volonté politique suffisante pour appuyer de potentielles aspirations souverainistes en matière militaire. Pire encore, voilà que le partage de nos ogives nucléaires revient aussi sur la table. N’ayons pas peur des mots, un Français qui viendrait à proposer cette folie serait sur la première liste des condamnés pour haute trahison.

Il est cocasse de voir à quel point un tel double discours sournois puisse cohabiter dans la bouche de certains : la France serait trop faible seule et devrait donc chercher des alliances, ce qui impliquerait de facto de devoir encore plus s’affaiblir par les partages d’armées et de technologies militaires. Bien sûr, nous possédons aussi des atouts, et pas uniquement notre capacité nucléaire. Notre armée reste l’une des plus puissantes et formées du monde. Nos canons automoteurs Caesar font la fierté de notre industrie grâce à la guerre en Ukraine, rare point positif à tirer de tout ça. Cependant, pouvoir revendiquer ça pour se prétendre prêt à la guerre, c’est faire preuve d’un sacré optimisme.

 

À mon sens, il convient d’envisager la guerre sous tous ses aspects stratégiques. Je parle ici en tant que citoyen intéressé par la géopolitique, modérément renseigné sur les questions militaires. Pour fonder l’avis à venir, je me repose donc plus sur la logique que sur un panel de connaissances techniques.

Ainsi, il conviendra de prendre en compte :

* l’enjeu humain : combien d’hommes ayant intégré l’armée de métier ?

* l’approvisionnement : combien de munitions et de pièces de rechange avons-nous à portée ?

* l’énergie : sommes-nous souverains en carburant et électricité pour mener notre guerre ?

* l’artillerie : quelle capacité avons-nous pour pilonner les lignes ennemies ?

* la maîtrise aérienne : dans quelle mesure pouvons-nous rester souverains sur notre ciel ?

* la présence maritime : quelle puissance avons-nous une fois en mer ?

* les télécommunications : quel réseau et quelle capacité de déploiement avons-nous ?

* la résilience : comment encaisserions-nous les chocs et comment nous relèverions-nous ?

* la reconstruction : avons-nous planifié l’après-conflit pour rester un pays qui fonctionne ?

* la diplomatie : pouvons-nous éviter les guerres par notre expertise diplomatique ?

 

Dix enjeux, autant de questions sinon plus. Face à ces enjeux, combien d’entre eux pourraient poser problème à la France ? Le bilan à mon sens est désastreux, sans être radicalement négatif pour autant.

Enjeu humain : l’armée a toujours recruté, nul doute qu’une augmentation ne serait pas de refus. Néanmoins, je ne pense pas que ce soit une situation dramatique pour autant. Une chose est sûre, il serait inconscient de ne jurer que par le personnel combattant, oubliant l’importance du personnel administratif dans le fonctionnement d’une armée efficace.

Approvisionnement : catastrophique. Nos réserves de munitions ont fortement diminué, notre industrie n’est pas encore taillée pour un tel enjeu. Cyniquement, nous pouvons supposer comme le fit Jérémy Ferrari et d’autres que s’agissant des pièces de rechange, nous avons tous les tanks immobilisés qui sont déjà présents.

Energie : notre production d’électricité fut un modèle jadis. Concernant le carburant, la France compte des groupes pétroliers et des réserves. Sans info supplémentaire, je ne peux pas me prononcer, mais je pense que ce n’est pas là qu’il y a un problème majeur.

Artillerie : la guerre en Ukraine aura montré qu’elle a toujours sa place dans les conflits modernes. Le parc actuel est plutôt misérable pour un pays de notre taille. Nous gagnerions à relancer une forte production de chars et de blindés adaptés aux territoires français. Nos canons Caesar restent une valeur sûre sur laquelle nous devons aussi compter.

La maîtrise aérienne : voilà un point où la France est à mon avis prête. Peut-être faut-il espérer une plus grande flotte de drones, mais s’agissant de l’armée de l’air, notre puissance est toujours là. Il existe cependant un bémol de taille, qui anticipera le point suivant : nous n’avons pas assez de portes-avions. Cela limite notre capacité de déploiement. Pays réputé pour ses hélicoptères, je pense de même qu’une meilleure capacité de déploiement apportée à l’aviation légère de l’armée de terre ne serait pas de trop.

La présence maritime : sur le papier, la marine française n’est pas dans un état catastrophique. Ce n’est pas un enjeu sur lequel nous avons un retard considérable. Pour autant, nous sommes la deuxième puissance maritime en termes de taille, grâce à nos territoires ultra-marins. De ce fait, nous pouvons largement mieux faire et développer une véritable économie autour de la marine de guerre. Stratégiquement, cela permettrait aussi de revaloriser les territoires d’outre-mer.

Les télécommunications : la France est une des meilleures armées du monde notamment sur ce domaine. Au-delà de la question d’une meilleure capacité de déploiement, nous sommes dans la cour des grands. Un conflit sur notre territoire ne pourrait pas nous être désavantageux sur ce terrain-là.

La résilience : vu la capacité de nos dirigeants à penser au long terme et à reposer sur l’OTAN et l’UE, notre capacité de résilience est à mon avis bien nulle au niveau macro. Cela dit, au niveau des populations, mon avis sera plus mitigé. Prévoir les comportements en cas d’évacuations est difficile, anticiper la mobilisation générale relève de la pure imagination. Je profite de cette question pour rappeler que mobiliser la population n’a aujourd’hui que peu d’intérêt stratégique s’il s’agit de l’envoyer au casse-pipe. Il est bien plus pertinent de l’employer pour faire tourner le pays et la logistique derrière les lignes de front. L’armée professionnelle constitue un bras armé efficace dont l’action conjointe avec une armée de conscrits serait potentiellement une source de ralentissement et de moindre efficacité. Je tiens beaucoup à cette question parce qu’elle semble totalement occultée. Beaucoup ne raisonnent que par le « mourir pour la France », un peu réducteur, naïf et source de fantasme.

La reconstruction : gouverner, c’est prévoir. Réussir à mettre en place des mesures suffisamment efficaces pour se relever d’un conflit doit donc aussi faire partie des objectifs. Sur cet aspect-là, difficile de se prononcer, mais les lacunes dans tous les secteurs de l’économie font que la France risquerait bien d’obtenir une situation moins avantageuse qu’après la seconde guerre mondiale. Travailler sur sa souveraineté passe aussi par trouver les moyens de la conserver lorsqu’on est à terre.

La diplomatie : il est impératif de savoir anticiper une situation de conflit. Mais la véritable priorité réside dans la construction d’une paix durable en Europe et dans le monde. La France n’en est plus capable depuis longtemps. Notre corps diplomatique a été détruit, une grande partie de la classe politicienne s’est désintéressée de la géopolitique, et notre soumission à l’OTAN nous empêche de nous émanciper du narratif atlantiste. La France peine à encore être une puissance qui compte, si bien que notre siège permanent au Conseil des Nations Unis ou notre arsenal nucléaire commence à faire des envieux, y compris chez des gens de chez nous.

Certains partis se sont fait une spécialité de plomber la capacité de la France à s’élever en alternative à la bipolarisation du monde. Faut-il rappeler les manœuvres des socialistes comme Hollande pendant la guerre en Irak, venus s’excuser auprès des Américains pour notre absence de bellicisme ? Faut-il dès lors s’étonner devant les propos d’un Glucksman, digne hériter ?

 

Telle est donc notre situation aujourd’hui : incapable d’être un exemple d’indépendance diplomatique, on en vient à appeler à demi-mot à se préparer à la guerre, sans avoir les moyens de cette triste ambition. L’armée française est une excellente armée, mais certains chiffres montrent bien que sur la durée, les difficultés rencontrées pourraient être insurmontables.

 

Les européistes appellent à la formation d’une armée européenne. Il en est bien sûr hors de question. Ce genre de question, que l’on avait sorti par la porte du temps de De Gaulle, entend revenir par la fenêtre que nos eurobéats français auront laissé ouverte. Mais ne nous y trompons pas : une armée européenne ne pourrait qu’être soumise à l’OTAN, l’Union européenne étant bien trop parasitée par l’atlantisme. Jamais l’UE n’essayera d’être une troisième voie alternative aux USA et à la Russie, il n’y a pas d’illusion à avoir là-dessus. La pertinence d’une armée unique reposant sur 27 états et autant d’intérêts politiques divergents est par ailleurs à remettre en cause. Ses conséquences aussi sont à anticiper : partage évident des capacités nucléaires, dissolution progressive des états dans un futur ogre européen, et naissance d’une chimère qui n’aura rien résolu.

 

Il est de bon ton de parler de monde libre et de démocratie. Parmi ceux qui en sont adeptes, beaucoup plaident pour une France de moins en moins indépendante diplomatiquement, qui concourent à la rendre faible militairement, et qui entendent faire rentrer le narratif atlantiste sans tolérer de discussions ou remises en question. Ces gens-là ignorent de quoi ils parlent. Leur monde libre est fantasmé, leur démocratie une illusion.

 

Oui, il faudra se battre. Mais pas contre les Russes, pas plus contre les Américains. Il faudra se battre POUR la France, pour son indépendance, pour la paix, et une fois que tout le monde aura compris, pour un avenir fait de coopérations équitable entre nations et de respects mutuels

Analyse des programmes présidentiels de 2022

 

Grosse analyse incluant les douze programmes, elle est disponible avant tout sur PDF pour un meilleur confort de lecture:

Programme analyse 2022programme-analyse-2022.pdf (217.72 Ko)

 

Version blog pour les plus courageux à venir dès que possible (importation des tableaux plutôt complexe), attention, cela représente 40 pages au format PDF. 

 

 

Amour sacré de la patrie

 

Vous l’aurez compris depuis le temps, commenter l’actualité ne me tente plus beaucoup. Il faut dire qu’en une quinzaine de billets, j’ai eu l’occasion d’exposer une large partie de mes opinions sur diverses questions. Mais si la question du patriotisme a été abordée, je n’ai pas souvenir d’avoir développé un avis sur comment devait se manifester ce patriotisme. A l’occasion de la dernière lubie d’Eric Ciotti, à savoir l’installation de drapeaux français et européens et l’inscription du refrain de la Marseillaise dans les classes, c’est donc le moment pour revenir sur quelques points.

 

Avant de commencer, quelques détails à savoir: dans le cadre du projet de loi sur «l’école de la confiance» de monsieur Blanquer, le député Eric Ciotti a donc déposé un amendement visant à obliger chaque classe à se doter d’un drapeau français, d’un drapeau européen, et de phrases tirées du refrain de la Marseillais. Bien qu’en premier abord, cette mesure puisse paraître aller dans le sens du patriotisme et de l’école républicaine, je me dois de nuancer cela, et d’aborder le sujet fâcheux des coutumes patriotiques.

 

Le patriotisme d’apparence, tout dans le symbole et rien dans le fondement

 

Que ce soient les républicains ou les marcheurs, tous ont participé à la politique d’affaiblissement du pays, en bradant son patrimoine et ses entreprises. Sous Nicolas Sarkozy, qui avait eu l’indécence de parler racines et nation française, le patrimoine français appartenant à l’État avait ainsi été vendu à tour de bras, seule solution envisagée pour combler les déficits du pays.

La notion de patriotisme pour ces gens-là n’est donc comprise que partiellement. Si l’on s’intéresse exclusivement aux Républicains, à l’origine du texte, le patriotisme sert à rappeler les racines chrétiennes, les ancêtres gaulois ou de «race blanche», bref, il sert à se targuer d’être patriote. Quant aux marcheurs, je ne pense pas qu’ils aient voter pour un quelconque patriotisme d’ailleurs, les trois quarts d’entre eux se concentrant sur l’appartenance politique plus que sur le fond de l’idée en débat.

 

Bien entendu je ne suis pas légitime pour dire qui est assez patriote et qui ne l’est pas assez. Mais l’on peut se poser quelques questions.

Des questions d’ordre philosophique tout d’abord : être très conservateur et maintenir son pays dans une bulle drastiquement imperméable aux idées neuves par principe, n’est-ce pas affaiblir ce pays et donc ne pas être patriote ? Inversement, dire Amen à tous les délires progressistes par principe, justement parce qu’on estime que c’est dans l’ordre des choses de suivre le courant sans poser de questions, n’est-ce pas aussi une autre manière de s’effacer sur la scène internationale, et à terme, de mettre en danger son pays en le laissant à la merci des promesses technologiques les plus dangereuses ?

Des questions ensuite, d’ordre politique. Être en faveur d’un libre-échange débridé, est-ce faire preuve de patriotisme ? Laisser le patrimoine disparaître dans des intérêts privés et souvent étrangers, est-ce patriote ?

Si un parti ou un homme politique cède à l’une de ses tentations, alors son patriotisme n’aura de patriote que le nom.

 

Aussi, à ce titre, je préfère amplement quelqu’un qui lutte contre les délocalisations à un prétendu patriote de droite qui irait vendre son pays entier si cela rapportait de l’argent. François Ruffin a plus fait pour le patriotisme que Nicolas Sarkozy à mon sens.

 

 

 

Le patriotisme efficace, dans l’action et le respect

 

De ce fait, qu’aurait-il fallut faire au lieu de voter cet amendement, afin de redonner le goût de la république et de la France à la jeunesse de ce pays ?

 

Tout d’abord, si mettre un drapeau français dans chaque classe n’est pas une bonne idée (autant budgétaire que symbolique), rien n’empêche la présence d’un fanion français, autrement plus petit et plus discret. Si l’on veut rester dans le symbole, on peut aussi imaginer la présence d’un buste de Marianne dans les halls d’établissement, bien que financièrement parlant la priorité ne soit pas vraiment là.

Ensuite, la question de l’apprentissage de la Marseillaise ne doit pas être écarté. Non pas parce que c’est la Marseillaise (je reviendrai dessus par la suite) mais parce que c’est l’hymne national et qu’il est normal d’en exiger la connaissance. De là à inscrire ça sur les murs des classes, j’ai un doute.

 

La vraie priorité dans le domaine du civisme ne relève à mon avis pas de la symbolique, mais plutôt de la praticité républicaine. Axer les cours de civisme sur le besoin et le devoir d’aller voter (à condition d’avoir réformer le système électif, sinon je comprendrai aisément la faiblesse de tels propos), sur la nécessité pour un pays de garder une grande part de souveraineté et d’assurer sa place sur la scène internationale, et insister sur l’unité populaire que demande le patriotisme sont des mesures qui iraient dans ce sens. Cela peut sembler futile, mais régler le problème des incivilités et du respect mutuel pourrait tout à fait être une base de départ à la constitution d’un peuple uni, qui je le rappelle est une caractéristique qui doit être chère aux vrais patriotes.

 

Enfin, inculquer une vraie connaissance de l’histoire de France et du patrimoine national reste la pierre d’angle de l’édifice patriotique. Certains, qu’on pourra qualifier d’utilitaristes forcenés, restent convaincus que l’histoire n’est pas essentiel à quiconque se tournerait vers des études scientifiques ou commerciales. Mais l’éducation reste le facteur principal pour développer le patriotisme. Dans notre monde actuel, être patriote n’est pas toujours bien vu, surtout à gauche. Il suffit de voir les incessantes critiques des internationalistes envers Mélenchon et consort pour le constater. Se baser sur des éléments plus fédérateurs tels que l’histoire et le patrimoine historique est par conséquent une solution envisageable dans un premier temps.

 

Le patriotisme réaliste, avec lucidité et remise en question

 

En dépit de l’importance que revêt le patriotisme et ses symboles, rien n’empêche d’en faire une critique constructive.

Je ne parle pas d’une critique envers le fait d’être patriote, mais plutôt envers la manière de l’être.

J’ai déjà parlé du cas des faux patriotes, il reste encore quelques pistes.

 

Premièrement, il y a toujours le cas des nationalistes. Comme disait le général de Gaulle, « le patriotisme, c’est aimer son pays, le nationalisme, c’est détesté celui des autres », je ne peux qu’être d’accord avec cette citation. Dans un premier temps, le nationalisme ne sera pas préjudiciable au pays d’un point de vue purement fonctionnel, quoiqu’en dise les bien-pensants. La nation s’élèvera, très unie (parfois illusoirement s’il existe un racisme latent avec ce nationalisme) et pourra faire face à de nombreux problèmes. Mais viendra le moment où tout cela s’effondrera. En se considérant supérieur du fait de sa naissance par rapport à d’autres pays, on ne peut que sacrifier une part de sa légitimité internationale, ce qui finit toujours par retomber sur le pays nationaliste en question. Être patriote, c’est aussi être conscient de sa place au sein des autres pays du monde. La famille est une valeur importante. La patrie est une valeur importante. Alors l’humanité qui n’est qu’un ensemble de ces valeurs est toute aussi importante.

 

Ensuite, il convient d’autoriser la critique des symboles patriotiques. On peut aimer son pays et être en désaccord avec les symboles qui en constituent le corpus patriotique.

Certains sont peu sujets à la critique, parce qu’ils font notamment consensus. La figure de la Marianne peut ainsi être comprise comme cet esprit français de liberté, qui refuse de se faire marcher dessus. Mais d’autres sont plus litigieux.

 

A titre personnel, je n’ai aucun problème avec les couleurs du drapeau de France. Mais pour certains, ce dernier incarne le jacobinisme parisien. La fête nationale, date de la prise de la bastille, déplaira aussi tant que des royalistes subsisteront (et il y en a besoin dans notre paysage politique, je le pense sincèrement en tant que républicain.). Le candidat royaliste Robert de Prévoisin souhaitait ainsi faire de la bataille de Bouvines la fête nationale, une position qui peut se défendre mais pas par moi en tout cas (voir la critique du programme royaliste à ce sujet) ;

 

A mes yeux en effet, ce n’est pas urgent de changer de fête nationale. Mais dans un soucis de cohérence idéologique, qui passe aussi par le développement d’une symbolique forte, deux autres dates sont bien plus intéressantes que la commémoration d’une prise de la bastille, évènement un peu surestimé.

Tout d’abord, le 25 août, en référence à l’édiction de l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Le français est promu en tant que langue administrative à cette occasion. L’existence de la France en tant que nation dépend donc aussi de cette ordonnance. Hasard de l’histoire, Paris est libéré le 25 Août 1944. Coup double donc, et une symbolique puissante.

Deuxième solution, qui se retrouve en adéquation avec la première, le lendemain, le 26 août. Il s’agit en effet de l’adoption de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, oh combien symbolique, bien plus que la prise de la bastille en terme d’évènement révolutionnaire.

Une fête nationale qui commencerait le 25 et se finirait par un feu d’artifice le soir-même, aurait ainsi du sens, quitte à rendre uniquement le 26 Août férié, voir l’après-midi du 25. Bref, j’estime que cette fête-là serait plus légitime.

 

Enfin, reste la question épineuse de l’hymne national. Faut-il en changer ?

Pour moi, c’est non. Trouver un hymne pour un pays sous-entend trouver une œuvre musicale qui ait du sens, et une grande légitimité. Une tache ardue que le maintien de la Marseillaise nous permettrait d’éviter.

Cependant, les paroles de la Marseillaise sont discutables, essentiellement pour celles qu’on chante à chaque occasion. C’est avant tout l’aspect guerrier qui ressort du premier couplet, et c’est celui-là que j’aimerai écarter au profit d’autres couplets autrement plus représentatifs de l’esprit patriotique français :

 

Couplet 3:

Quoi! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers!
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers! (bis)
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient!
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées!

 

Couplet 4:

Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre!

 

Deux remarques à ce sujet, il faudrait un temps considérable pour faire intégrer le premier ou le deuxième couplet mentionné. C’est donc un travail de longue haleine pédagogique qui s’en suivrait. Aussi, le couplet 6 doit être maintenu, peut-être même en guise de premier couplet s’il fallait en enchaîner plusieurs. En temps de guerre, il serait même possible d’ajouter le couplet des enfants, très bien écrit au demeurant, mais il n’est pas nécessaire de songer à une telle issue.

 

 

Vous l’aurez compris, quand certains expriment le besoin de se déclarer patriote en permanence, c’est souvent un aveu de faiblesse, de tentation de céder aux lois de la mondialisation dérégulée. Être patriote, ce n’est pas tant se parer du drapeau français que comprendre les besoins du patriotisme et comment il s’applique. Cet amendement d’Eric Ciotti sonne d’ailleurs particulièrement faux, puisqu’il associe à ce symbole patriotique bleu-blanc-rouge le drapeau de l’Union Européenne, symbole de la dilution des nations et du mépris du patriotisme. Un peu de cohérence ne serait pas superflu quand il s’agit de restaurer l’école républicaine.

D’ailleurs, il faudrait peut-être avant tout restaurer littéralement les écoles. Dans cette période où les établissements sont en proie au délabrement et à l’abandon, c’est peut-être là la priorité.

Gilets jaunes et colère rouge

Dans la bande-dessinée « La présidente », les auteurs y présentent une France en colère face à l’accès au pouvoir de Marine le Pen, à la tête d’un gouvernement autoritaire. La coalition qui en sort vainqueur à la fin, c’est un duo Macron-Taubira. Il est donc amusant de voir le renversement de situation correspondant à la réalité, avec Macron en dirigeant autoritaire et Le Pen appelant à manifester. Du moins, ce serait amusant si la situation n’était pas aussi grave.

 

Macron, que j’ai souvent appelé par ironie (un peu immature je conviens) Emmanuel premier, semble surpris de l’ampleur du mouvement des gilets jaunes. Pourtant, à la jouer comme un roi, probablement plus proche d’un Louis XVI déconnecté des réalités sous l’influence de quelques uns, que d’un autre monarque absolu, il fallait s’attendre à une révolution, ou à ce qui s’y apparente en notre 21ème siècle. Même certains du camp Macron, comme Alain Minc, le prédisaient en juillet : « Les inégalités engendrées par le système de marché accroissent le risque d’un spasme sociétal, d’une révolte dont la forme est imprévisible ». Une analyse fort juste, malgré la situation cocasse de cet oligarque, président du conseil d’administration de la SANEF et partisan d’un abandon de souveraineté au profit de l’UE. En soit, un pyromane qui prévient qu’il va y avoir des flammes.

Dans cette question des gilets jaunes, tout est marqué par l’hypocrisie, une hypocrisie qui mérite un développement à elle toute seule. Puis, derrière, le fond des revendications : les taxes. Sujet oh combien complexe, mais au sujet duquel il est possible d’avoir un avis nuancé.

 

I. Championnat de France de l’hypocrisie

 

Forage en Guyane, aucune remise en cause du libre-échange, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui restent les éléments les plus polluants en comparaison au peuple « lambda »...Y a pas à dire, les macronistes sont de grands écolos.

La hausse du prix du carburant était présentée comme une mesure écologique, et donc impossible à remettre en cause d’un point de vue moral. Dans la théorie, une action en faveur de l’écologie qui soit applicable et qui ne soit pas en opposition au reste de sa ligne politique est une action que l’on pourrait difficilement contredire sur le plan moral : condamner cette action se ferait dans l’incompréhension la plus totale, et ce serait assez justifié. Dans la pratique, cette action n’est pas applicable, et entre en contradiction avec la ligne économique du gouvernement. De la poudre aux yeux en fin de compte. Histoire de ne pas changer…

J’en ai vu des élus macronistes vendre ce projet en accusant leurs adversaires de ne pas se préoccuper de l’écologie. A eux seuls, ils ont redéfini la notion d’hypocrisie. Ou peut-être croyaient-ils simplement les fables de Macron et Philippe, qui sait ?

 

Cependant, la république en Marche n’a pas le monopole dans ce domaine. Les républicains et frontistes se sont empressés de défendre le mouvement. Évidemment, le ras-le-bol fiscal, ils le comprennent. Les premiers n’ont eu de cesse via l’UMP d’agir en faveur du déséquilibre fiscal actuel, et les seconds ont toujours entretenu le flou autour de ce sujet. A ni l’un, ni l’autre, je pourrai accorder ma confiance pour qu’ils agissent dans le bon sens. Mais plus que la question fiscale, c’est surtout la défense des mouvements sociaux qui me laisse pantois, lorsqu’on sait à quel point les manifs organisées par les syndicats ou la gauche provoquaient chez eux le désintérêt, voir le mépris. Peut-être qu’ils ont enfin compris le malaise social en France, ou peut-être qu’ils se contentent juste de récupérer quelques voix à droite à gauche. Lorsque l’université de Tolbiac était occupée au Printemps, la même Marine le Pen qui défend les blocages ne tenait pas vraiment le même discours. Pourtant, le fond des revendications était à peu près le même : on ne peut plus continuer dans cette voie.

 

Enfin, à l’extrême-gauche aussi les hypocrites étaient de sortie. Complaisants depuis toujours avec les Black Blocs, casseurs professionnels débarquant à la moindre manif, certains militants s’acharnent pourtant contre les gilets jaunes depuis le début. De même, ils n’hésitent pas à amalgamer gilet jaune et extrême-droite alors qu’ils sont les premiers à ne pas crier à l’amalgame dans bon nombre de situations où l’humain serait tenté par des rapprochements un peu facile.

Il est vrai que le mouvement des gilets jaunes a de quoi en hérisser certains à l’extrême-gauche : anti-syndicat, hostiles aux politiciens, composé de petits patrons, de français ruraux réputés conservateurs, on peut imaginer qu’ils y voient là une sérieuse concurrence à leurs revendications anarchistes et un peu naïves. Quelle surprise en effet : une révolte générale des travailleurs, basée essentiellement sur les questions économiques, attire plus de monde que des revendications internationalistes teintées de progressisme sociétal et d’un discours économique inaudible.

François Ruffin, Jean Lassalle, sont autant de figures politiques méprisés par cette frange de la gauche et considérées avec respect (la plupart du temps) par les gilets jaunes.

Aux yeux de quelques illuminés de l’extrême-gauche antifa, nous aurions affaire à un mouvement « proto-fasciste » et « poujadiste ». Le reducto ad fascistum, un grand classique de cette décennie. L’accusation de poujadisme est cependant à nuancer : le poujadisme en tant que mouvement corporatiste qui défendrait les classes moyennes est une notion qui s’applique sans problème ici. Quel est le mal à défendre les petits artisans, les commerçants ? Mais le poujadisme péjoratif, celui qui sous-entend une organisation violente, nécessairement d’extrême-droite, n’a pas lieu d’être : certains manifestants le sont, tout comme d’autres sont antifas, et d’autres encore des apolitiques qui se contentent de montrer leur colère.

D’ailleurs, c’est surtout sur cette colère que j’aimerai me prononcer.

 

II. Les taxes, entre instrumentalisation et injustices

 

Depuis le début, on entend beaucoup parler de cette hausse du prix du diesel, et plus généralement du carburant, pour faire avancer la cause écologique. Puisqu’on a vu qu’il n’en était rien, à quoi cette hausse indirecte de la taxation des français sert-elle ? La réponse est simple. Macron fait constamment des cadeaux aux « riches », supprime l’ISF, maintient des mesures à sens unique uniquement en faveur des 1 % qui assureront la réélection de son camp à travers leurs moyens financiers (ou sa reconversion une fois son mandat enfin fini). Les recettes de l’État sont donc diminuées, et c’est bête quand on sait que la France est heureusement un pays encore guidé par une fibre sociale au sein de ses institutions. Notre service public, auquel je suis très attaché, doit être financé (en attendant sa suppression en 2020 je suppose, si j’ai bien cerné le personnage). Puisque les 1 % détenant des millions sont intouchables, il faut donc frapper ceux qui ne peuvent pas se défendre en inventant des prétextes bidons ou en fraudant.

En effet, il n’existe actuellement que très peu d’alternatives au diesel et à l’essence. Les voitures électriques, dont je suis un fervent partisan, restent encore polluantes par leur consommation d’une électricité loin d’être verte, et de toute manière inaccessible pour une bonne part de la classe moyenne. Le bio-éthanol n’est pas vraiment développé non plus. D’ici dix-quinze ans, quand les efforts technologiques auront porté leurs fruits, et que des alternatives seront accessibles, alors il sera temps de taxer. Taxer non pas le diesel ou l’essence, mais les véhicules eux-même, puisque leur achat ne sera pas justifié. Actuellement, quand on sait que les avions et bateaux polluent bien plus alors qu’aucune hausse de taxe ne vient les affecter, on ne peut qu’être en colère face à cette injustice, du même ressort que les conseils écologiques donnés à mauvais escient aux particuliers pour éviter que les gros pollueurs n’aient à porter le poids de leur culpabilité.

 

Cette colère contre la taxation injuste ne date pas d’hier, mais elle tend à se confondre avec l’incompréhension générale face au concept d’impôt. Nos élites ont toujours présenté les impôts sur le revenu des plus riches comme un frein à l’embauche et à l’investissement. N’allez pas me faire croire pourtant qu’un million de plus dans la poche d’un actionnaire ira enrichir le pays grâce à son investissement dans un compte bancaire. Mais c’est comme ça que les choses sont présentées. Dans un but démagogique et populiste (le vrai populisme, celui qui se traduit par la transcription des doléances populaires à travers des mesurettes fumeuses destinées à satisfaire le plus grand nombre), les impôts payés par les classes moyennes sont aussi présentés comme des choses horribles. On supprime la taxe d’habitation, on promet de réduire tel impôt, etc. Dans les faits, c’est vrai, l’action de donner de l’argent et de ne plus pouvoir en jouir n’est plaisante pour personne. Mais rouler sur des routes en bon état, profiter d’un service public à la hauteur, d’un système de santé, est largement appréciable par rapport au don d’une part de son argent à l’État ou aux collectivités. Nos élites l’ont jamais présenté comme tel, parce qu’elles ignorent l’intérêt général. Payer des impôts, c’est participer à la satisfaction de l’intérêt général. Dans notre monde individualiste, ceux-ci ont toujours été présentés comme une atteinte personnelle.

Je ne dis pas que le système d’impôts actuels est juste. Si l’on prend en compte la TVA qui est un impôt indirect très mal utilisé (on pourrait imaginer par exemple un impôt qui servirait à orienter les achats des français, en taxant surtout des substituts nocifs à des produits plus sains et souvent locaux par exemple), il est vrai que le français moyen est souvent écrasé sous les taxes, alors que cela pourrait être évitable. Un impôt plus progressif (La France Insoumise proposait quatorze tranches par exemple) serait une solution plus adaptée ; le tout mériterait de toute manière un vrai dossier poussé que je serai incapable de produire avec mes connaissances actuelles sur le sujet.

 

Le ras-le-bol fiscal, au-delà de l’instrumentalisation politique relevée plus haut, fait aussi l’objet d’une instrumentalisation économique. Beaucoup ont saisi l’occasion pour sous-entendre que le mouvement des gilets jaunes s’opposait aux services publics à la française, que ces revendications correspondaient à l’idéal libéral pourtant décrié, et ainsi de suite. Lorsque les parties de l’élite, LR en tête, prend la défense des gilets jaunes, je ne peux m’empêcher de songer à la fixation qu’ils font sur les impôts et les dépenses utiles des français (L’exigence de gratuité des transports en commun dans un réseau en perpétuelle expansion par exemple), mais surtout sur ceux qui touchent ces 1 % qui s’empressent de toute façon de frauder à la moindre occasion. (C’est bien connu, la fraude aux allocations, c’est mal, la fraude au fisc, c’est normal).

Je ne dis pas qu’aucun gilet jaune ne partage l’idéal libéral. Mais je pense que cette colère est avant tout un cri du cœur pour la majorité qui y adhère. Le jugement qui est fait est fait sur la forme : le paiement. Le fond, l’idéologie politique qui guiderait ce paiement ou son refus n’est pas la priorité ici.

 

III. Une colère justifiée mais à canaliser

 

Au bout de deux pages et demi, il est temps que j’exprime mon jugement sur les gilets jaunes. Comme j’ai pu le sous-entendre auparavant, je comprends leur colère. L’injustice majeure qui réside dans une taxation touchant les classes moyennes et épargnant les plus riches est réelle, et il est normal pour n’importe qui de s’en émouvoir. De même, le pays depuis 2017 subit des changements profonds de la part du mouvement macroniste, des changements qui sont perçus à juste titre comme mauvais et accompagnés de faits du même acabit. On brade des industries à l’étranger, on fait des déclarations méprisantes et arrogantes, on reçoit des cadeaux fiscaux le lundi pour se faire taxer derrière le mardi...La France, ce n’est pas qu’un nom sur une carte, c’est une nation, un pays, qui compte des habitants. Par tradition culturelle, la révolte contre le mépris du pouvoir en place est ancré en chaque français. Le consumérisme et l’individualisme avait réussi à enterrer cette qualité, mais il semblerait que cela ne suffise plus. Les gilets jaunes, c’est cette France qui subit Macron alors qu’elle ignorait jusqu’au jour de l’élection quel serait le bon choix. Cette France qui ne sait pas vers qui se tourner, cette France qui en a marre tout simplement.

Néanmoins, il est bon d’émettre quelques bémols.

 

Tout d’abord, j’aurai aimé, dans l’idéal, que cette France se révolte plus tôt, pour des sujets à la symbolique aussi forte, mais aux impacts plus grands. Contre le Tafta par exemple, contre n’importe quelle loi travail à l’esprit ultracapitaliste et néolibéral. Mais cela aurait été utopique, et il aurait fallu une nation bien plus politisée. Pas évident avec les pouvoirs en place qui s’arrangent toujours pour diminuer l’éducation politique de ses concitoyens.

Deuxièmement, je comprends les critiques à l’encontre des partis traditionnels, mais il est normal que certains prennent fait et cause pour le camp des gilets jaunes. De quoi aurait eu l’air la France Insoumise, qui prône une partie de ce qui est prôné depuis des semaines, en refusant de se joindre au mouvement social ?

Toujours dans le cadre politique du mouvement, certains ont demandé la venue du général De Villiers à la tête du gouvernement. Depuis de Gaulle, la venue d’un homme providentiel fait rêver. On espère que quelqu’un puisse enfin redonner l’espoir aux français et les libérer de ce sentiment défaitiste qui pèse sur eux. Mais ce sont les évènements qui font les hommes providentiels, on en créé pas de toute pièce. On ne sait rien des opinions politiques et économiques du général De Villiers. Il a sans doute un sens de l’honneur que Macron n’a pas, son intervention lors de la polémique où il s’est fait connaître avait du sens et je l’avais défendu. Néanmoins, rien ne garantit qu’il soit la solution. Sur les questions de souveraineté, j’aurai tendance à faire confiance à des gens qui étaient prêt à donner leur vie pour le pays. Socialement parlant, je serai incapable de deviner ce qui l’anime.

 

Enfin, j’ai toujours été contre la violence lorsqu’elle est inutile. Brûler des voitures de gens qui n’ont rien demandé, c’est contre-productif. Saccager l’arc de Triomphe (était-ce réellement des gilets jaunes?), cela a autant de sens que d’abîmer des statues sous la révolution française. On est là dans l’expression la plus simple du ressentiment, et c’est triste. La colère peut au contraire mener à des mouvements à la stratégie très efficace. S’attaquer à des symboles du système comme les péages qui constituent un droit de passage payé aux plus riches, c’est une bonne chose. Faire des blocages devant l’Elysée, cela a du sens. D’après ce que j’ai pu lire sur les réseaux sociaux (à prendre avec des pincettes), le comportement de certains, minoritaires si j’en crois mon expérience, n’avait rien de fraternel alors même qu’ils se plaignaient à raison de l’irrespect de la devise française. Les médias et le pouvoir n’attendent que cela pour décrédibiliser le mouvement ; ce serait bête de devenir le cliché de gilet jaune que conspue notre élite.

 

 

En conclusion, j’apporte donc mon soutien modéré au mouvement des gilets jaunes : je suis guidé par une ligne politique sociale et étatiste, je soutiendrai donc toute contestation qui irait dans ce sens. Mais je sais très bien que certains gilets jaunes exigent effectivement un droit à polluer, et seront les premiers à refuser les alternatives lorsqu’elles se présenteront réellement. Je sais que certains sont des militants frontistes purs et durs ; d’autres des libéraux opposés au principe d’impôt et cantonnant l’état au domaine régalien le plus strict. Ils constituent chacun une part de ce mouvement des gilets jaunes. Si ceux qui partagent mon opinion peuvent faire fléchir le mouvement vers cette ligne de justice sociale digne du CNR, alors je me fiche bien de savoir qui manifeste aux côtés de qui. La politique, c’est aussi convaincre.

L’essentiel pour le moment, c’est que Macron subisse un revers aux européennes. L’international libéral-capitaliste a assez mené la danse, il est temps qu’il s’arrête. (n’en déplaise à certains macronistes qui souhaitent encore plus de perte de souveraineté française au profit de l’UE). Parce que cette situation désastreuse, c’est pas seulement Macron, c’est tout un système. Il faut se saisir de cette occasion pour y mettre un terme.

Fiche de lecture #3: Révolutions (Mathieu Pigasse)

  • Par
  • Le 01/09/2018

 

En général, au sein des artisans du système des élites françaises, le terme « révolution » veut dire tout et son contraire. Se réapproprier ce mot si connoté 1789 est la fois insultant, pour l’imagerie de nouveauté à laquelle il renvoi, et plutôt logique, pour l’imagerie libérale à laquelle 1789 a participé aussi.

Mathieu Pigasse est un haut responsable de la banque Lazard et actionnaire du Monde. Nulle surprise donc, quand on voit le titre de son livre similaire à celui de notre cher président alors encore candidat, « révolution » (traduit en Allemagne par révolution, nous combattons pour la France – un livre que j’analyserai un jour). Mais de quelles révolutions parlons-nous là ? S’agit-il des révolutions abordées, ou des méthodes révolutionnaires qui seraient proposées ? La réponse est simple, rien de ce qui était proposé dans ce livre n’était réellement surprenant, et encore moins révolutionnaire…Bref, on retrouve donc un auteur issu du système qui nous fait la leçon et nous dit comment aborder les changements à venir, tout ça en 2012.

 

1. dépenses publiques et état

 

Préoccupation habituelle chez ces gens-là, la baisse des dépenses publiques fait rapidement son apparition au cours de l’état des lieux qui est alors dressé. En témoignera le raisonnement effarant suivant : « mette en œuvre des mesures pour restaurer sa solvabilité. […) baisse des dépenses, privatisations, …] » Ainsi, les baisses dépenses (pas toujours un mal certes) et les privatisations seraient incontournables. C’est bien, on entrevoit déjà où Mathieu Pigasse veut nous envoyer…

Au sujet de ces chères privatisations, nous avons même le droit à une comparaison digne d’un économiste de seconde zone. Le service public pourrait ainsi s’apparenter à une voiture qu’un banquier nous demanderait de vendre pour rembourser une quelconque dette. Comparer de cette manière deux choses bien différentes relève de la mauvaise foi pure et simple. La voiture n’est pas tenue de satisfaire l’intérêt général contrairement au service public, et de ce dernier dépend la vie de tous les jours de milliers de citoyens.

 

Toujours dans le domaine de l’état des lieux, on notera ce regret consternant : « la France refuse depuis des années d’utiliser l’immigration comme moyen de stimuler la croissance » En effet, une technique bien connue des allemands consiste à profiter de l’immigration pour palier à la vieillesse de sa population (et attribuer les postes les moins payés). C’est une méthode peu morale, se résumant à gagner des avantages économiques grâce au malheur d’autres populations (bon résumé du capitalisme néo-libéral). Mathieu Pigasse s’en étonne, moi je m’en réjouis…

 

Enfin, au sujet des réductions budgétaires, admirez sa magnifique conclusion : Ajustements budgétaires très importants, déréglementation du marché du travail, compression des coûts salariaux, recul du pouvoir d’achat…Le résultat est connu : des performances à l’exportation remarquable, le retour d’une croissance forte, un chômage bas (tu m’étonnes), des comptes publics tenus, […]. J’ose espérer que monsieur Pigasse ne se décrive pas progressiste, parce que la démonstration précédente aurait fait pâlir les capitalistes d’origine. Cette phrase criante d’inconscience définit bien ce qui pourrait nous attendre.

 

2. Sacro-sainte Europe

 

Sans surprise, Mathieu Pigasse est européiste, et, par conséquent, hostile au souverainisme, comme en témoignera la dernière partie de cette analyse. On retrouve plusieurs caractéristiques d’un européiste dans ses discours, comme la plainte désormais classique « Dans le domaine européen, le renoncement se traduit par le refus de prendre des initiatives fortes, pourtant indispensables, sous prétexte que les opinions publiques ne seraient pas prêtes. ». Oui, vous avez bien lu, les opinions publiques ne sont pas assez matures, et l’UE devrait passer outre…

Comme dans d’autres livres prenant la défense de l’UE, on en retrouve une critique bienveillante qui s’avère pourtant source d’arguments en faveur d’une sortie de l’UE. L’économiste Evariste Lefeuvre, dans un ouvrage de la même époque, commettra une erreur similaire en montrant tous les problèmes successifs de l’UE pour venir la défendre ensuite…Mathieu Pigasse en fait les frais ici au sujet du fédéralisme : « La théorie des zones monétaires optimales nous enseigne que si, dans une union monétaire il n’y a ni fédéralisme ni mobilité du travail, et si les pays au sein de cette zone sont hétérogènes, alors la zone est instable et est condamnée à l’explosion. […] Théorème […] applicable à la zone euro. »

 En effet, sachant que les pays de la zone sont hétérogènes, et que l’hétérogénéité en soi de la zone euro ne fait aucun doute, pourquoi s’efforcer alors à parler de fédéralisme, puisque même la théorie semble indiquer le contraire ?

Je ne m’avance pas trop d’ailleurs en parlant de fédéralisme, c’est bel et bien le destin qu’il espère pour l’UE ; il se plaindra même du « manque de mobilité à travers la zone, de l’absence de grands nombres de personnes qui voyageraient au sein de l’UE ». Cela peut lui sembler bizarre, mais il arrive que les populations européennes soient sédentaires, tout simplement…

 

Un petit TINA avant de passer à la suite ?

« La sortie de la crise passe donc par l’intégration européenne. Il n’existe aucune alternative »

 

Toujours dans son délire européiste, il nous apprend que l’euro est une expression de l’identité européenne, ce qui devrait donner des sueurs froides à quelques historiens. Nous découvrons aussi que le péché actuel européen serait notre récent dégoût pour le « neuf »

Lorsque vient le moment de traiter des problèmes économiques au sein de l’UE, Mathieu Pigasse nous offre des solutions peu modernes mais hélas peu surprenantes : « Dernière option, le report de l’âge effectif de départ à la retraite. […] Au profit des jeunes […] mais au détriment des salariés âgés puisqu’ils vont travailler plus longtemps. C’est sans doute, […] la solution la plus juste. » Juste pour qui ? J’aimerai bien le savoir…

 

Après le rejet du « neuf », découvrez aussi « l’aversion pour le risque », une menace « nouvelle, inquiétante et pénalisante » Ce qu’il entend par aversion pour le risque se traduit dans les faits par un niveau élevé de protection sociale ou l’existence du principe de précaution. J’ignorai qu’on atteindrait un tel niveau de bêtise venant de la part d’un directeur du Monde, mais visiblement, nous en sommes là. A savoir aussi que la protection sociale traduirait une « préférence pour la sécurité », ce qui n’est pas faux, mais qui semble être problématique pour notre cher homme d’affaire.

Allez, assez parlé de l’Union Européenne, il est temps d’admirer la critique originale faite à la souveraineté et au protectionnisme.

 

3. Souverainisme et protectionnisme

 

Je me plaignais de ce que j’appelai le niveau de bêtise contenue dans les parties dédiées à l’Union Européenne, mais ce qui suivra a de quoi heurter même les plus modérés des souverainistes.

 

Ainsi, « L’exemple le plus pur de fermeture économique reste celui des frontières et le protectionnisme, qui s’expliquent par le fait que la montée du chômage et la chute de la croissance sont attribuées à la globalisation et au développement des échanges avec les pays émergeants.»

Fermeture, terme très péjoratif, cohabite ici avec une remise en cause du fondement de la critique de la mondialisation. C’est son droit, mais il faudra qu’il soit très convaincant.

Au sujet du Buy American Act, loi de 1933 parfaitement protectionniste (mais très hypocrite puisque les USA ne tolèrent que leur propre protectionnisme), l’auteur se permet de faire rimer autoritarisme avec protectionnisme, ce qui relève d’une mauvaise foi épatante.

 

Un peu plus loin, il revient à la charge : « Comme l’a  dit Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC, la démondialisation est un concept réactionnaire. Défendre le protectionnisme, vouloir la démondialisation, c’est ne pas comprendre ce qu’est le monde d’aujourd’hui. C’est souhaiter un retour en arrière qui est à la fois impossible et dangereux. » Beaucoup d’affirmations péremptoires mais peu d’arguments.  

A l’entendre, on se tromperait de combat « Ce n’est pas la mondialisation qui est responsable de la crise […] »  et on aurait une vision du monde « dépassée » (C’est sûr que défendre une organisation du monde typique du 20ème siècle avec une appréciation des problématiques digne d’un point de vue du 19ème siècle, c’est bien plus moderne)

Pour lui, « Nous vivons dans un monde qui est fluide, ouvert, dont les symboles sont Internet et les porte-containers […] la mondialisation est en marche et rien ne l’arrêtera ». Cette page 200 marque alors l’apogée de son argumentaire naïf, et se retrouve plutôt effrayante. Rien ne l’arrêtera est en quelques sortes la version violente du « il n’y a aucune alternative ». La retrouver chez un homme de son statut médiatique en dit long.

 

Comme toujours dans la critique du souverainisme, on retrouve des légendes qu’il convient de démentir. Donc non, « freiner nos importations » ne revient pas à « pénaliser nos propres exportations. » au prétexte que « Le concept même de nationalité d’un produit disparait.» Je reviendrai un jour sur ces arguments fallacieux à l’encontre du souverainisme, mais lire cela tel quel suffit déjà pour comprendre la méprise. Alors, certes, « Se protéger contre ses importations (chinoises, ndlr) c’est donc pénaliser en plus nos entreprises », mais il s’agit d’entreprises qui ont délocalisé. Donc en soi, rien de négatif.

Le traitement de la Chine est par ailleurs fort paradoxal. Il ne cesse de la citer à tout va en occultant son protectionnisme très élevé, et cela pendant une bonne part du livre, avant de revenir dessus pour le décrier. Inutile de dire que le suspens était à son comble : allait-il rappeler que la Chine était championne de protectionnisme bien loin devant les pays européens ? Au final, oui, pour tenir des propos assez péremptoires, pour ne pas changer.

Après avoir évoqué une harmonisation mondiale des normes (je serai curieux de connaitre le seuil de chaque norme), il aborde le sujet de plein fouet : « Il existe en chine une liste de 39 secteurs protégés […] production de thé traditionnelle […] artisanat traditionnel…mais cela comprend aussi les industries de défense, les secteurs culturels, les services postaux, …Dans tous ces domaines, rien ne justifie une fermeture. » Rien ? L’industrie de défense n’est-elle pas en soi un secteur national ? Les services postaux de même ? Même pour la nourriture qu’on peut assimiler à des appellations protégées, c’est un protectionnisme justifié.

Mathieu Pigasse confirme son incroyable naïveté quand il trouve le moyen de réclamer le maintien du « centre de gravité des entreprises en France ». Cela alors qu’il attaquait le protectionnisme de plein front ? Espérer maintenir ces entreprises en France sans lutter contre les dérives mondialistes, cela me semble bien compliqué. (à moins d’un abaissement des conditions salariales extrêmement important)

 

On approche alors de la fin de son livre, mais il réussit encore à épater par ses phrases inconscientes : « il n’y a pas de progrès ni de réduction des inégalités sans croissance »

Etre partisan de la croissance, c’est une chose. Mais lui prêter toutes sortes de vertus (surtout la réduction des inégalités), c’est ne pas vivre dans le monde réel.

Non, son monde à lui est bien différent du nôtre : « […] ce sera, ou cela doit être, une société dans laquelle le chômage dure peu ; une société de mobilité dans laquelle chaque salarié peut se dire qu’il va progresser. Le contraire d’une société de castes dans laquelle chacun conserve des décennies durant le même métier ou le même grade. »

Est-ce bien compris ? Nos sociétés sédentaires ne sont que société de caste, et notre désir de stabilité, une honte qu’il faudrait rapidement oublier. Il est clair que lui et moi ne partageons pas les mêmes idéaux…Mais il y a des manières de défendre un point de vue sans être pour autant de mauvaise foi. Dans Révolutions, ces manières se traduisent par un ton péremptoire, des allégations inconscientes, mais aussi par une incroyable naïveté.

Conception politique #4, héritages et transmission

 

Depuis le décès d’un artiste très médiatisé en décembre dernier, la question d’un héritage important fait débat. D’un point de vue politico-sociétal, cela a même été traité dans Marianne récemment. Sous plusieurs facettes de la transmission, voici donc des réflexions succinctes sur les trois composantes de la notion d’héritage : le familial, le matériel et le civilisationnel

 

L’héritage familial, la recherche généalogique

Féru de généalogie, je ne pouvais passer à côté de cet aspect souvent mis de côté. Lorsqu’on parle d’héritage, on pense souvent à des sommes d’argents, éventuellement à une maison ou un appartement. Mais dès lors qu’on nait, on hérite déjà d’un capital immatériel très conséquent : celui de ses gènes, de son histoire familiale.

Pour certains, la généalogie ne sert pas à grand-chose, si ce n’est se projeter dans le passé et dans ses fantasmes. A-t-on des ancêtres connus ? Descendons-nous uniquement d’européens ? Cette curiosité n’est pas toujours bien vue, les personnes plus terre-à-terre se contentant de regarder de haut cette pratique souvent réservée à tort à ceux qui sont à la retraite. Mais recevoir ces informations ne relèvent pas uniquement du domaine de l’anecdotique. Elle permet de se positionner par rapport à l’Histoire de son pays, et de développer un roman familial qui puisse apporter une base stable à la famille que l’on aspire à fonder à son tour.

La généalogie est souvent un loisir très développé dans les familles aisées, voir nobles, et à raison : fut un temps, seuls ces derniers tenaient à jour un arbre qui remontait pour la plupart jusqu’au 11ème siècle. Mais considérer qu’il faille se refuser cette passion pour des questions d’argent ou de mentalité n’est pas une bonne chose ; à mon sens, chacun devrait faire l’effort une fois de se demander qui étaient ses ancêtres, où vivaient-ils,…Certes, ce sont des enquêtes fastidieuses, mais le cheminement ne peut être que bénéfique pour le développement intellectuel.

La généalogie est aussi un bon moyen de relativiser sur sa situation personnelle. D’après des études scientifiques, qui sont chez moi confirmées généalogiquement, une part insoupçonnée, si ce n’est 90% des européens, descendrait de Charlemagne. Puisse cette information donner du baume au cœur à ceux qui désespèrent de la panne de l’ascenseur social.

Néanmoins, cela ne doit pas être un prétexte pour dénigrer autrui, voir le discréditer en raison de ses origines. Par ailleurs, la généalogie par ADN, quant à elle, est une méthode dont il faut aussi se méfier, permettant le stockage de données très sensibles, bien plus qu’un simple arbre reliant des gens entre eux.

 

En tant qu’Alsacien, une bonne part de mon arbre se trouve liée aux pays germaniques, mais s’arrête souvent une fois la barre du 18ème siècle franchie. Ainsi, cela pourrait sembler anodin dans un programme politique, mais j’envisage sérieusement de favoriser ce domaine de recherche, à travers un travail administratif de qualité fourni par l’état, comptant informatisation des données d’Etat-civil et coopération accrue avec les pays voisins. En France, l’usage de telles données n’est pas payant. Mais en Suisse, il faudra débourser plusieurs dizaines d’euros, et pour la Russie, il faudra compter l’exigence linguistique.

Une fois le citoyen conscient de sa généalogie, celui-ci pourra constater certaines racines de la France comme l’agriculture : pour une majeure partie de la population, la paysannerie représente une part non négligeable de l’histoire familiale. Rien que cette information permettrait déjà de réfléchir différemment sur certains débats.

 

L’héritage matériel, l’entretien du souvenir

Une fois construite la base stable que forme une famille, une consolidation est nécessaire pour perpétuer cette famille sur les générations à venir. C’est pour cela qu’il faudrait militer pour de meilleures conditions de vie dans les pays étrangers, au lieu de prôner un internationalisme béat.  Il n’y a rien de plus terrible que de devoir quitter des terres avec ses enfants à cause de la guerre. L’accueil doit se faire en mêlant habilement empathie et pragmatisme, mais empêcher les causes de départ est une priorité, que beaucoup ne comprennent pas dans ce monde où le sédentarisme se trouve parfois en perte de vitesse. (Le nomadisme n’est pas nécessairement un éloignement de toute attache. Mais le nomadisme moderne se fait beaucoup de manière individuelle, contrairement au nomadisme tribal qui emporte avec lui l’histoire de la tribu)

La première condition pour consolider la base familiale est l’existence d’un foyer sûr et humainement gérable. Selon les moyens de chacun, cela peut être un appartement ou une maison, même si la croissance démographique pousse hélas à la généralisation des appartements. On approche du domaine de l’urbanisme sur cette problématique, je ne fais que la survoler. Mais dans ma grande naïveté (et conscient de l’ampleur de la précarité en France), je ne peux que souhaiter à chacun, à chaque famille, d’avoir une maison familiale qui puisse se transmettre de génération en génération.

Le premier héritage est donc le logement du défunt. C’est ce legs qu’il faut favoriser en premier, que ce soit dans un but de conservation ou de revente. La question des droits de succession se cumule avec des frais de notaires, et l’abattement se trouve parfois insuffisant pour une succession de parent à enfant. Il faudrait donc penser une refonte partielle du traitement financier réservé à l’héritage immobilier.

L’autre part d’héritage qu’il faut veiller à transmettre repose sur deux éléments, les collections et les souvenirs familiaux. Les collections concernent une part restreinte de la population, et entre une collection de timbres et une collection de tableaux, la différence est significative. Mais les souvenirs familiaux, toute famille devrait s’en préoccuper. Cela peut être une bague, des albums photos, voir des objets ayant appartenus à des ancêtres et se transmettant au fil des descendances. Il est important de s’assurer de ce phénomène de transmission. Cela renforce l’idée que l’on ne vient pas de nulle part, cela apporte une part physique à des générations aujourd’hui disparues. A ce titre, on peut aussi encourager le développement de narration familiale couchée sur le papier. Pouvoir recueillir des souvenirs sous l’occupation risque d’ici une dizaine d’années de ne plus être possible.

Il reste enfin un dernier héritage matériel à traiter, probablement le moins joyeux : la sépulture du défunt. Ne pas pouvoir se recueillir sur une tombe décente doit être un moment cruel pour le parent. L’état de délabrement de certains cimetières est préoccupant, surtout dans les zones mal desservies du pays. Lors de mon voyage l’été dernier dans la région nivernaise, j’ai eu la chance de trouver la tombe d’un trisaïeul. Mais cela relevait du miracle, tant les cimetières de ces petits villages sont laissés à l’abandon, faute de moyens et de personnels.

L’Etat a le devoir d’aider les familles à se structurer. La question des taxations d’héritage en fait partie, mais il faudrait peut-être envisager des soutiens pour les enterrements, l’entretien des tombes, voir la défiscalisation d’une part financière de l’héritage qui serait attribuée à ces questions-là.

 

L’héritage civilisationnel, la pérennité des civilisations humaines

 

Voilà que nous arrivons à la partie la moins populaire au sein de la gauche internationaliste, et probablement la plus prisée au détriment du reste au sein de la droite conservatrice. Pour les premiers, les civilisations n’ont que peu d’intérêt, visualisant un prolétariat et des classes sociales internationales, au-delà de la nation (qui constitue parfois pour eux une insulte). Pour les seconds, le rapport à la civilisation est déjà plus sain, mais relativement hypocrite dès lors qu’ils défendent un mondialisme par essence anti-civilisation. Comment faudrait-il alors aborder cette question ?

La civilisation est d’abord selon moi ce qui nous différencie socialement des animaux. Elle se constitue au fil des siècles, en reposant sur plusieurs piliers : l’Histoire, la culture, l’emplacement géographique, et les gènes dans une moindre mesure. L’Histoire est évidemment le pilier principal, et c’est un pilier qui se recompose perpétuellement. A ce titre, plaider pour une épuration ou un refus intégral d’accepter des populations d’autres civilisations, c’est tout simplement absurde. Les intégrations de populations sont des faits qui remontent à plusieurs millénaires. Comme avancé précédemment, il n’est pas question pour autant d’inciter des millions de gens à venir en Europe ou en France ; comme je dis toujours, l’immigration n’est ni une chance, ni un malheur, c’est un fait.

Toute civilisation laisse des traces. En France, nous pouvons prendre en compte les châteaux par exemple, qui constituent une importante par de notre patrimoine. Ce constat doit cependant être nuancé : des avancées d’aujourd’hui ou du siècle passé, lesquelles pourraient laisser des traces tel un aqueduc romain ou un château de la Loire ? Deuxièmement, il est amusant de constater que ce sont pour le patrimoine matériel les classes les plus riches qui laissent des traces, là où l’héritage des classes moins aisées se situe dans les habitudes de vie. Pour moi qui ait eu la chance de visiter plusieurs trésors royaux (ceux de la Bavière récemment) ou quelques châteaux, force est de constater qu’à une certaine époque, les « riches » s’enrichissaient certes sur le dos des autres (pour une bonne part d’entre eux), mais faisaient de leur argent des œuvres d’art. Les cabinets de curiosité et le collectionnisme émanaient ainsi des classes supérieures, mais ont apporté énormément d’un point de vue civilisationnel, en remontant à la surface les traces des nations passées. Si avec ce constat, nous ne pouvons déterminez l’intérêt de mettre fin à ces clivages…

L’humanité, si tentée qu’on puisse l’identifier comme une entité homogène, est un extraordinaire ensemble de civilisations. Chaque continent possède son lot de merveilles, et chacun est accompagné de drames historiques qu’il faut garder en mémoire. Mais d’un point de vue culturel, les siècles passés ont été fantastiques. Avec la culture de l’immédiat, de l’individualisme et du dématérialisé, il est probablement difficile de laisser un héritage à la hauteur des civilisations précédentes, sinon un immobilier éventuellement ambitieux et une révolution techno-écologique qui pourrait marquer l’humanité en bien comme en mal. Mais nous pouvons toujours suivre une ligne politique de bon sens : perpétuer la sauvegarde du patrimoine historique, et s’arranger pour que l’humanité ne disparaisse jamais, maintenant la présence de témoins pour notre civilisation. C’est là tout le triste paradoxe : si l’on se projette dans un futur lointain, le seul moyen de perpétuer la civilisation humaine pourtant attachée à la Terre sera peut-être de la quitter. Il ne resterait alors plus que des souvenirs historiques et des millions de documents l’attestant, faisant de cet héritage le plus lourd sans doute à recevoir.

Fiche de lecture #2: Le révolutionnaire, l'expert et le geek (Gaspard Koenig)

  • Par
  • Le 13/05/2018

 

A la question « qui est Gaspard Koenig », vous aurez en général la même réponse : un jeune philosophe plutôt libéral. Moi, j’ajouterai extrêmement libéral, et en tout point de vue. Depuis son passage dans On n’est pas couché d’il y a quelques semaines, j’ai voulu en savoir plus sur ce jeune premier aux premiers abords plutôt prétentieux.

A même pas quarante ans, Koenig rencontre un succès médiatique plutôt impressionnant à chaque sortie d’ouvrage, c’est qu’il en a écrit pas mal le bougre. Mais le fait le plus important reste encore la création du lobby « Génération libre » en 2013, tourné vers le jacobinisme et le libéralisme.

Pour décrire son ouvrage, le terme pamphlet en faveur du libéralisme est bien plus parlant. Soyons direct voyons : il s’agit uniquement d’un ouvrage destiné à faire miroiter les bienfaits d’un total-libéralisme.

 

I. Chapitres introductifs, dissertation de philo ?

 

L’introduction du livre est plutôt intéressante, mais c’est légion dans le monde de l’essai politico-philosophique. Ainsi, chose surprenante, Gaspard Koenig déplore l’usage intensif des chiffres au détriment de la pensée. Une infime lueur d’espoir s’allume devant cette affirmation à contre-courant des libéraux actuels, mais c’est pour mieux s’éteindre ensuite face au refus clair du protectionnisme et des barrières (ce qui n’est point une surprise)

La conception du libéralisme selon Koenig semble paradoxale aux premiers abords, lorsqu’on observe les faits actuels. Il pense en effet que celui-ci défend la nécessité d’une régulation éclairée en opposition à la loi de la jungle incarnée par l’arbitraire royal et les « protections discrétionnaires ». L’histoire de l’ancien régime pourrait lui donner raison, tant les rois ont usé de leurs pouvoirs pour satisfaire une ambition personnelle et non pas l’intérêt du pays, ce qui en faisait donc effectivement une jungle. Mais en aucun cas le libéralisme ne peut se présenter comme l’exact opposé pour moi. C’est juste un changement de souverain autoritaire. Voir une phrase comme « Ce n’est pas la lutte du fort contre le faible, mais l’inverse : la possibilité donnée au faible de venir défier le fort »* me fait légèrement sourire. La possibilité existe, mais oh combien faussée !

Parmi les affirmations qui suivront, certaines seront néanmoins tout à fait vrai, comme le fait qu’un droit de vote ne garantit point une société libre, ou encore que le vrai combat reste encore étatiste/libéral au lieu de gauche/droite.*

 

On arrive ensuite à la partie la plus proche d’une dissertation, où s’enchainent, un peu trop, des citations de philosophes et de multiples références. Il citera ainsi Benjamin Constant pour remettre en cause la décision majoritaire (sa logique de méfiance envers le vote se trouve ainsi poussée très loin). A cette occasion, on découvre la lubie première de Gaspard Koenig, l’autonomie. Un terme qui veut dire tout et n’importe quoi, que l’auteur assimile visiblement au seul but qui en vaille la peine. On découvre aussi son terme concurrent, l’hétéronomie, qui devrait remplacer les « inégalités ». Mais la manière dont le tout est emmené laisse présager une dérive individualiste des plus égoïstes, bien qu’encore une fois peu surprenante.

Il en vient ainsi à citer une phrase de Thatcher sans y porter de critique, ce qui équivaut à l’accepter et peut-être la partager : « personne ne peut être contraint d’appartenir à un groupe qu’il n’a pas choisi, quand bien même ce groupe est essentiel à l’exercice de sa liberté »*. Je ne fais là qu’une supposition, mais cela revient à inciter au communautarisme et au repli sur soi, une vraie plaie pour la société en soi. L’individualisme que je crois deviner à travers ses phrases apparait plus clairement lorsqu’il présente ce « désir d’autonomie » comme « la seule valeur auto justifiable dans un monde dépourvu de transcendance ».*

 

Parmi les autres points à retenir de ce premier pan, le corporatisme en prend un coup. J’ignore encore si ce concept est une bonne ou une mauvaise idée, mais j’envisage de l’étudier sérieusement. Dur donc de se prononcer. La fin d’un corporatisme serait un gage de liberté économique selon lui…A voir.

Les citations se font de plus en plus nombreuses, avec entre autre un soutien aux idées de Le Chapelier (« père fondateur » si l’on écoutait ce cher Koenig), politicien qui prônait la fin du corporatisme, mais aussi des partis politiques, et qui affirmait que « la communauté enferme et corrompt ». On voit le genre de la maison.*

 

II. Le vif du sujet, un libéralisme exacerbé

 

La seconde partie que je délimiterai dans son œuvre se fait plus claire sur le libéralisme qu’il espère, teinté de jacobinisme. Ainsi, pourquoi ne pas avoir des « régions sans conseil régional et des villages sans maire » ? (La réponse parait pourtant évidente). On fermera les yeux sur son envie de faire un « feu de joie des innombrables […] ordres, syndicats », mais peut-être moins sur son absence d’inquiétude au sujet de « l’apathie sociale dénoncée par Durkheim »* (Citation de Guizot mais dénuée de critique et donc partagée sauf preuve contraire)

Je relève certes un avis sur l’éducation plutôt intelligent, misant sur la fonction émancipatrice. Mais l’on retombe quelques pages plus loin dans des phrases typiquement libérales. Je m’excuse pour la longueur de la citation, mais il est bien des fois de ne point tronquer les phrases : Le même individualisme qui justifie la fin des privilèges ou la liberté d’expression doit permettre à l’entrepreneur d’évoluer dans un univers affranchis des rentes […] et autres protections artificielles, dont les tarifs douaniers ne sont qu’un exemple particulièrement saillant. Y a-t-il vraiment besoin d’un commentaire ? (histoire de remettre en contexte, cela faisait suite à une référence à une pétition pour le libre-échange datant de 1834*)

 

D’autres phrases s’avèrent être des marronniers du libéral traditionnel. En témoigneront ces deux extraits : « Le libre-échange, c’est la possibilité pour le petit, le nouveau, le créatif, de faire concurrence aux puissances établies » ; « la protection des uns, c’est toujours l’exclusion des autres et l’appauvrissement de tous »

On voit ici l’incapacité du libéral à se projeter dans la réalité, incapable de décoller de ses théories. Faire concurrence est un fait, mais le faire avec succès en est un autre que peu atteignent. De même, l’appauvrissement de tous n’a jamais été vérifié, à moins que l’on considère cela d’un point de vue uniquement mathématique (auquel cas oui, les ultra-millionnaires sont appauvris de quelques centaines de milliers d’euros)

Dans le même genre, on notera le fait que la concession privée (au sujet des chemins de fer et de la loi de 1842) est « une solution ingénieuse de la délégation du service public »…Hem.

 

Gaspard Koenig partage aussi une autre caractéristique du libéral moyen : il est persuadé que le libéralisme n’est pas en œuvre dans ce pays (à travers le néolibéralisme, j’entends). Le jacobinisme libéral aurait perdu la bataille idéologique du libre-échange…Lorsqu’on voit la logique qui guidait la réforme des régions de 2015, date à laquelle sortait ce livre, cela s’avère plutôt faux.

 

Après un tacle sur la sécurité sociale* (une gigantesque assurance privée mal gérée et déficitaire), nous arrivons à la partie humoristique du livre. Comment appelleriez-vous sinon le fait de citer un sondage fallacieux commandité par son propre lobby ? Oui, vous avez bien lu : D’après un sondage, les français plébisciteraient le libéralisme. Du moins, ils ont coché « oui » quand on leur demandait s’ils aimaient l’initiative, l’autonomie, le mérite ou la modernité. Et encore une fois, ce sondage (présenté avec des pincettes l’air de rien) a été commandé par Génération Libre, le lobby de notre ami ci-présent. Je vous invite d’ailleurs à lire l’analyse approfondie que j’avais écrite si ce n’est déjà fait.

Dans le même genre de conclusion à l’emporte-pièce, « le succès de Leboncoin prouve l’appétence des français pour le marché ». Je trouve cela d’une mauvaise foi déplacée.

 

Histoire de nous prouver encore une fois de quel bord il se situe, Gaspard Koenig nous explique que le gouvernement ne devrait pas être jugé sur le vivre-ensemble (« ou toute autre finalité collective »*) mais uniquement sur sa « capacité à faire émerger l’individu ». Il est évident depuis le début du livre qu’il ne pourrait survivre en territoire communiste, mais cela tourne à l’obsession…Plus inquiétante est son injonction à l’état jacobin de briser sans état d’âme une quelconque réforme évoquée alors*. Le libéralisme rencontrerait-il des limites ?

 

Nouvelle idée ensuite : taxer le non-usage. La mesure est certes originale, voyez plutôt :

« On pourrait gagner autant qu’on peut s’approprier. Mais ce qui reste, ce qui est stocké dans des appartements vides, de l’épargne dormant ou des terrains en friche, serait soumis à un taux d’imposition important et fortement progressif. […] le niveau de taxation ne dépendrait donc plus de la richesse mais de la capacité à absorber ses possessions pour son propre usage. Autrement dit, l’Etat, censé garantir l’autonomie, n’a de droit que sur ce qui la nie. »

Mais son originalité ne l’empêche pas d’être très absurde, et d’en faire une appropriation douteuse de l’impôt. On ne connait pas les modalités exactes de cette idée saugrenue, mais je pense qu’il est peu probable que ce soit des mesures justes, morales, et dans le sens de l’intérêt général.

 

Viennent ensuite des attaques contre les collectivités territoriales en France, encore une fois rien de surprenant, surtout de la part d’un jacobin. Gaspard Koenig propose une division géométrique des territoires et une réduction du nombre de communes, ce qui n’est pas sans rappeler le livre d’A. Verdier analysé précédemment. D’ailleurs, la France selon lui contient « 36000 communes muées en 36000 […] havres de népotisme. ». Après avoir annoncé la couleur, il précisera son intention de « repousser le politique le plus loin possible pour mieux autonomiser le local. » L’autonomie, encore et toujours. S’ensuit un tacle sur la figure du maire*, bien que ce soit une volonté purement administrative qui sacrifie l’identité culturelle des villages à travers la fusion des communes.

Si je saute quelques passages, je trouve cependant une analyse juste sur la confiscation des législatives par le bipartisme. Evidemment, il contrebalance cela très rapidement par le souhait d’une suppression des circonscriptions.

Enfin, il plaide aussi pour la centralité législative, voir la fin des ministres et des partis…On arrive là à des pensées bien radicales bien qu’il soit légitime de réfléchir sur ces questions.

 

Pour clore ce paragraphe, le mieux reste encore quelques saillies libérales que je n’ai pas encore citées. Dans le désordre, nous avons l’idée qu’il faille privatiser les valeurs, à savoir empêcher la loi d’interférer dans la morale (l’introduction de cette idée était néanmoins appréciable en reconnaissant le manque d’urgence d’une privatisation des entreprises publiques). Le cannabis ou la prostitution restent ensuite des sujets traités avec laxisme, et le vivre-ensemble trahirait selon lui « une coexistence indifférente et méprisante » (Au royaume de l’individualisme, rien d’étonnant). Il renchérira en suggérant de faire « campagne pour vanter nos traditions et condamner celles des autres. […] soyons les prosélytes de nos propres vies »

 

III. Planisme et parallèles insidieux

 

La partie suivante de son livre est essentiellement une analyse des rapports entre le planisme et le régime pétainiste. Il enchaine ensuite sur les traces qui en restent. Inutile de dire que j’ai beaucoup appris dans ce chapitre, mais que les propos les plus politisés m’ont parfois semblé ou malhonnêtes ou extrêmement libéraux (ou les deux).

 

Le planisme, comme toute action concrète de l’état, est beaucoup décrié dans cette partie. Il serait mené par des experts, qui effectueraient des choix à la place de l’individu. Certes, dans le fond, c’était le cas sous l’Etat Français. Mais on comprend que le planisme de manière générale est définie par son passé politique. Les reproches qui lui sont fait sont parfois incompréhensibles pour l’étatiste que je suis : « On y trouve l’idée d’orienter les activités individuelles et collectives dans les directions les plus favorables » (oui, mais encore ?), « substitution au capitalisme libéral par organisation collective » (c’est sûr que cela peut poser problème à certains…) ou encore « L’état deviendrait « bouclier protégeant et recouvrant l’ensemble de la société » (Mais n’est-ce pas là aussi le but d’un état-providence ?)

Le traitement du planisme se fait de manière peu honnête par la suite, en comparant volontairement le planisme de Pétain à celui de l’après-guerre. La comparaison n’est pas anodine : s’il est légitime car historique, nul doute qu’un tel comparatif n’a pour objectif que d’assimiler planisme à Pétainisme (et donc disqualifier le planisme d’après-guerre). J’extrapole peut-être me direz-vous ? C’est vrai, mais le souvenir des comparaisons FN-France Insoumise m’est resté en travers de la gorge…

 

De nombreuses actions post-seconde guerre mondiale sont ainsi taclées : la carte d’identité devient un « instrument de fichage hautement contestable »*, la retraite par répartition est associée à une pyramide de Ponzi (association malhonnête, car en théorie, il y a aura toujours quelqu’un pour payer les retraites), la planification immobilière serait la cause de l’architecture « inhumaine » des banlieues et un frein à l’investissement privé (pas nécessairement),…L’ENA en prend aussi pour son grade, ce qui ne me déplait pas, mais la création d’un tel établissement pouvait à la base donner quelque chose de potable. Il critique aussi l’interventionnisme culturel et son exception française ; j’aurai aimé des propos plus nuancés car il est vrai que ce genre de politique n’est pas toujours bien mené.

La période après-guerre est l’occasion aussi pour Gaspard Koenig de critiquer l’étatisme plus que le planisme qui y est lié, et de sur-réagir à des affirmations pourtant logiques, tel que le fait que les nationalisations soient un moyen de contrôler l’activité économique (Présenté comme un « aveu » de De Gaulle, ce fait est pourtant tout ce qu’il y a de normal et n’a rien d’honteux, tant qu’on n’effectue pas un contrôle complet)

 

Gaspard le libéral se réveille en pleine forme lorsqu’il aborde les soi-disant manque de liberté dans le pays, tel que l’obligation du port de la ceinture de sécurité*, la fin du lancer de nain* (on est nostalgique ?), l’installation de détecteurs de fumée obligatoire dans les maisons, des barrières dans les piscines…Lui admet que l’individu libre est cible d’un danger, mais visiblement, cela ne l’émeut pas plus que cela…

La présence de l’état auprès des entrepreneurs est quant à elle qualifié de mafia, au moment où le planisme (que je n’entends pas défendre dans son intégralité) encaisse de nouvelles attaques. Ce manque de finesse est encore plus flagrant lorsqu’il s’en prend à nouveaux au système de retraite : les retraités s’enrichiraient considérablement, et les états les auraient volontairement aidés lors de la crise de 2008 en faisant payer les actifs. Affirmations délirantes mais oh combien partagées dans les hautes sphères…A ce sujet, je ne peux que conseiller le livre de Jean Jacques Chavigné et Gérard Filoche, Une vraie retraite à 60 ans, c’est possible, aux éditions Jean Claude Gawsewitch, qui éclaire ce sujet épineux toujours d’actualité.

 

Cette partie se conclue entre autre par un hommage rendu à sa génération, faite de gens capables de « devenir son propre employeur, seul façon d’assouvir sa soif d’autonomie », mais il traite aussi de la dette (passage que je n’aborderai pas pour incompétence) et fait quelques propositions comme la suppression du statut de la fonction publique et des prohibitions fondées « sur les comportements de l’individu par lui-même » (Cannabis, etc…)

 

IV. Un regard plutôt intelligent sur le numérique, mais venu sur le tard

 

Ce chapitre-là est plutôt particulier dans le livre, puisqu’il tranche radicalement avec les précédents. Non pas parce qu’il ne contient que des raisonnements intelligents, c’est tout à fait faux, mais il a le mérite de rappeler une situation peu connue ; les dystopies rendues possibles par la révolution numérique. Le tout reste parfois traité de manière naïve, comme on pourra le voir rapidement.

 

Tout d’abord, la société de « l’application » signifierait la fin de la « tyrannie du salariat ». C’est absolument faux ; être son propre patron peut provoquer une autre forme de tyrannie, c’est évident.

Il expose ensuite des potentiels changements sociétaux : des vêtements renvoyés en plateformes et échangés au lieu d’être lavé, pas de financement des bibliothèques publiques (Google books, numérisation), plus de patrouilles de police (Application dédiée avec Citizen cop) ou encore la fin des universités publics en raison des cours en ligne accessibles à tous.

 

Des idées sont émises sur le même plan, sans qu’on sache s’il y est favorable ou s’il y met un véto : l’impôt deviendrait uniquement volontaire, basé sur des sommes allouées par les citoyens à divers projets. De même, le vote deviendrait digital, et on pourrait songer à une fin du vote qui serait remplacer par des algorithmes prévus pour rendre les politiques les moins déplaisantes possibles. Je vous passe les idées les plus dignes d’un film de SF, mais globalement, le futur décrit fait peur de mon point de vue.

Heureusement, tout ceci est partiellement remis en cause : la liberté si chère aux libéraux comme Koenig serait en danger à cause de ces dérives. C’est un point sur lequel je suis en accord, bien que l’autonomie ne soit pas ma première préoccupation face à de tels changements.

Néanmoins, je ne comprends pas trop cet attachement à l’Homme au vu des idées émises sur les chapitres précédents, et encore moins son attachement à l’individualisme : lui-même se demande si le projet de l’individualisme ne serait pas « le devenir-schizophrène de la société, la cohabitation des riens, l’alignement immaculé des corps sans organe ». (Il a tout à fait raison de se poser cette question)

 

Naïvement, il espère cependant concilier son libéralisme autonomiste et la révolution numérique : « Si l’on parvient à insérer la séduisante promesse du sur-mesure qui nous vient de Californie dans le cadre de l’état de droit, nous pourrions être à l’aube d’une ère de liberté, d’indépendance et de créativité sans précédent. L’aube d’un nouvel humanisme »

Lorsqu’on voit ses réflexions autour du sujet, on se demande pourquoi persiste-t-il sur ce chemin. J’aime beaucoup la phrase qu’il dit au passage : « Sous les apparences du cool, la Tech recèle une potentialité totalitaire extrême » C’est tout à fait vrai, et l’on poursuit donc sur cette lancée en demi-teinte parfois très satisfaisante. On comptera aussi la suggestion d’un rétablissement du droit de propriété intellectuelle. (Bien qu’encore une fois très paradoxal par rapport au libéralisme)

 

Ce dernier chapitre est donc plutôt une réussite, bien qu’il faille parfois se faire violence et attendre patiemment le moment où il nous explique l’intérêt de limiter ces dérives qu’il semblait pourtant cautionner. Ce n’est pas non plus une partie intégralement lucide, mais il fallait le souligner.

 

 

Alors, que peut-on en penser ?

Gaspard Koenig est un philosophe extrêmement libéral, vous l’aurez compris. Il a une crainte très forte de l’état et de son potentiel autoritarisme, au point où l’on se demande s’il ne soutiendrait pas l’anarchie malgré lui. L’autonomie est un thème qui lui est cher, sans doute trop, mais permet de cerner le personnage : pour lui, l’individualisme est une fin en soi, et le désir de liberté en devient presque maladif. Il reste un chapitre très intéressant sur la révolution numérique, où sont finalement démontrées les limites du libéralisme. Mais le tout est conclu par des phrases similaires à celles du début du livre, assez décevantes quand on voit les réflexions intelligentes qui précédaient. Ainsi, je vous laisse méditer sur la phrase suivante, présente dans les dernières pages de son livre : « Nul besoin que l’état soit patriote pour aimer sa patrie. L’Etat pourra être européen ; peut-être un jour mondial […] »

 

 

 

*Citations et affirmations basées sur les pages suivantes du livre : 2, 32, 55, 57, 64, 76, 85, 93, 96, 103, 110, 132, 153, 155, 169

L’art de publier des sondages ; analyse pratique (Les français et le libéralisme, IFOP 2014,2015 et 2016)

 

En théorie, il était prévu que sorte fin Mars la fiche de lecture sur un livre de Gaspard Koenig, l’auteur m’ayant considérablement exaspéré lors de son dernier passage dans « On n’est pas couché ». Mais au détour d’une phrase, voilà qu’un sondage cité vient affirmer l’attachement des français au libéralisme. Me voilà donc à la recherche de cette source, qui jaillit chaque année sur commande de plusieurs acteurs. Au-delà d’I-télé pour les deux premières années, les deux autres sont donc :

Ø  L’opinion, journal ouvertement libéral créé par un ancien des Echos et du Figaro

Ø  Génération Libre, lobby libéral créé par Gaspard Koenig himself

Je reviendrai sur ce détail dans la fiche de lecture à venir ; néanmoins, il faut donc garder en tête les commanditaires du sondage, comme à chaque lecture d’enquête d’opinion d’ailleurs. Ici, ce sont des libéraux, qui espèrent je présume témoigner de l’engouement envers le libéralisme. Petite inculture de ma part, j’ignore qui de l’IFOP ou des libéraux a écrit les questions, mais ma réponse se tournerait vers la deuxième solution.

 

Une première question orientée

Première chose, avant les résultats des sondages, ce sont surtout les questions qu’il faut lire. Voici donc la première question :

étude

Il semblerait que ce soit le seul cas où de telles questions insidieuses soient posées, mais c’est significatif.

Qui en effet n’aime pas l’initiative ? La France ? (Bon, là-dessus, on connait les rares à cocher non) L’effort ? L’autonomie ? Au-delà du caractère consensuel de ces questions (qu’on retrouvera quelques années dans un tout autre bord politique, le nouveau mouvement de Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson), c’est aussi une confusion au niveau des termes qui est provoquée ici : l’autonomie est un terme qui en effet, passé dans le prisme du libéralisme, devient très politisé (Cf. fiche de lecture n°2). La modernité est aussi un mot à double-tranchant. Là où une majeure partie des gens y voient l’innovation, la version plus subjective désigne plus probablement le fait de se rattacher au courant du « progrès ». Trois ans avant Macron, ce sondage avait déjà tout compris. On pourra ensuite citer des termes comme l’Etat-providence qui peuvent revêtir d’un aspect péjoratif (le traditionnel discours sur l’assistanat), et d’autres qui sont mal utilisés (l’Europe est visiblement confondu avec l’UE, cela parait évident).

Restent ensuite deux termes mis en valeur, le libéralisme et l’Etat. Mais qui sait ce qu’implique réellement le libéralisme ? Qui sait ce que représente l’Etat au-delà de la perception d’impôts ?

Enfin, demander un jugement sur « la droite » et « la gauche » n’est peut-être pas indiqué, à la fois pour un sondage sur les valeurs des français, et à la fois pour un sondage commandité par un mouvement se revendiquant d’aucun des deux. (L’habituel libéralisme ni de gauche ni de droite). On notera juste que ces résultats sont ici parlants ; entre 2014 et 2016, les deux notions sont en perte de vitesse. D’autres termes n’ont d’ailleurs pas leur place : que vient faire ici le Crowfunding, financement participatif ne parlant qu’à peu de personnes je pense ?

 

Des résultats mitigés, entre surprises et réponses logiques

Concernant les autres questions, elles demeurent assez classiques et plus honnêtes que la première. Mais puisqu’il s’agit d’analyser le sondage, voici un ensemble de remarques sur chaque partie :

 

Définition droite et gauche

Les partisans d’un libéralisme « ni-ni » auront beau clamer leur position apolitique, force est de constater qu’il demeure attaché à la droite : un quart des sondés font cette identification, et cela n’a pas changé depuis 1999. De 2014 à 2015, on passe à un cinquième des sondés, mais cela demeure important. Concernant la gauche, elle était perçue comme libérale en 1999 pour 15% des sondés, on se retrouve en 2016 à 5%. La nuance sociale libérale (proposée exclusivement pour la gauche) est quant à elle en diminution aussi. Il va falloir m’expliquer ces résultats au vu du gouvernement néolibéral qu’il naissait alors…

L’illusion sociale-démocrate semble avoir connu une forte régression pour la gauche en 2015, où l’on passe de 24 à 17%

Comme pour renforcer ce que j’ai toujours avancé, le souverainisme est très peu rattaché à la droite. (Et même pas proposé à la gauche) Enfin, le gaullisme est en diminution depuis 1999, reflétant la transformation du RPR en UMP probablement.

 

Représentant du libéralisme

2014 a sacré Nicolas Sarkozy comme digne représentant du libéralisme en France. Mais en 2015 (classement toujours dominé par NS), puis en 2016, force est de constater qu’un jeune premier est rapidement identifié comme le meilleur titulaire à ce poste : Emmanuel Macron. Au point qu’en 2016, la moitié des sondés le voit comme le meilleur représentant pour les idées libérales.

 

Interventionnisme étatique

Je reviendrai sur cette notion dans la dernière partie. En attendant, je constate que l’intervention de l’Etat est toujours majoritairement plébiscitée, même si les partisans d’une réduction de l’intervention sont un peu moins d’un tiers.

L’intervention sociale est quant à elle source d’une importante division, et ce en 2014, 2015 ou 2016.

Le secteur public était alors bien défendu dans ce sondage, avec un attachement entre 73 et 69% des sondés aux transports en commun public. (On appréciera ainsi la possible privatisation de la SNCF…)

 

Pêle-mêle, d’autres remarques :

L’idée d’une assurance privée est évoquée, celle du revenu universel aussi; on notera la proximité sur ces sujets de l’ex UMP et du FN

Vers la fin du sondage, une question porte à nouveau sur le fait d’aimer un mot, ce qui n’a pas grand sens. Il fallait alors juger les termes de la devise républicaine, et le mot « liberté » était plébiscité par 50% des sondés. Quelle surprise évidemment : avec la fraternité et l’égalité, il paraissait évident que la liberté était celui qui parlait le plus aux gens. De là à conforter réellement les espérances des libéraux, j’en doute fort.

 

Un sondage à double lecture

Vous l’aurez compris, ce sondage est par ses questions amusant à étudier : certaines sont terriblement populistes, presque rhétoriques. Tout est fait pour s’assurer un soutien aux idées soi-disant libérales, qui sont moins des idéologies identifiables que des termes vagues qui seront nécessairement plébiscités. Inversement, d’autres questions sont moins ambigües, et révèlent alors que des vrais enjeux, tels que la privatisation de certains services, sont loin de faire l’unanimité chez les français (du moins, dans l’échantillon éventuellement représentatif du sondage)

Dénigrer la validité des réponses en faveur du libéralisme pourrait passer pour de la mauvaise foi, mais c’est en tout cas comme cela que j’interprète ces résultats : seuls les questions tournant autour de la sémantique donnent des statistiques en faveur du libéralisme, alors que des idées plus concrètes sont plus tournées vers l’étatisme.

 

Ce sondage n’apporte ainsi pas grand-chose, bien qu’il puisse servir de base aux lobbies qui l’ont commandé pour étayer l’adhésion aux valeurs libérales qu’ils espèrent. Mais la réalité se traduit par un attachement aux services publics, qui suffit à lui-seul pour démontrer l’échec du sondage dans son but premier. Gaspard Koenig citera dans son livre ce sondage (celui de 2014 pour être précis) en affirmant à tort le soutien des français aux idées libérales. Au-delà de la manière dont l’étude est présentée (sans que soit mentionnée sa parenté avec l’auteur), c’est donc bien un usage litigieux qui en est fait.

 

 

sources: 

2637 1 study file2637-1-study-file.pdf (899.95 Ko)

3031 1 study file3031-1-study-file.pdf (1.17 Mo)

3391 1 study file3391-1-study-file.pdf (4.32 Mo)

 

 

 

 

 

Conception politique: #3, L’Etat, la liberté et l’intérêt général

 

Avancer contre vents et marées en politique est une expérience qui demande une importante confiance en ses idées. Autant dire à quel point je reste attaché à l’étatisme, doctrine politique souvent peu comprise, et redoutée comme la peste. Dans notre monde actuel, le libéralisme semble être une évidence. Après tout, il n’y pas d’alternative comme disait l’autre. Pour les politisés du monde anglo-saxon, l’appréciation est encore pire :

Aux Etats-Unis, la liberté a été érigée en unique principe de vie, expliquant sans problème la culture de l’individualisme qui sévit là-bas. Si on écoutait les libéraux de ces pays (Le Royaume-Uni, l’Australie, …) la seule alternative au libéralisme dans ce microcosme demeurerait le communisme, alternative qu’il serait évidemment judicieux de rejeter au regard de l’échec de l’URSS. Le monde selon eux se partagerait donc encore entre le libéralisme capitaliste et le communisme, doctrine que beaucoup pensent avoir vu à l’œuvre sous Staline ou Mao.

 

Ce raisonnement binaire a participé au fil des années au développement du Maccarthysme, qui mine de rien était une doctrine très étatiste dans sa manière de gérer les opinions politiques divergentes. Mais pire encore, cette opposition de mauvaise foi permit rapidement de discréditer les étatistes de tout bord. La droite est ramenée au fascisme, alors pourquoi ne pas ramener la gauche au communisme après tout ? Les décennies passent, les gaulliste de comptoir (comprenez les républicains qui n’ont rien compris au gaullisme) crachent sur l’étatisme qui était pourtant l’apanage du CNR, la droite en général réprime l’anarchie tout en faisant sa promotion au niveau économique, et les socialistes cèdent aux sirènes libérales. Comment voulez-vous défendre alors l’étatisme souverainiste qui caractérise mon idéologie politique, lorsque cette bataille semble perdue d’avance ?

C’est pourtant ce que je fais depuis deux ans, et ce que je vais faire dans les lignes qui suivent.

 

 

La défense de l’intérêt général et populaire, court état des lieux

 Pour défendre un mode de pensée politique, il faut en général définir son utilité. Qu’apporte donc l’étatisme, l’interventionnisme d’état ? (attention, le terme interventionniste renvoit à l'interventionnisme économique)

A cette question, les libéraux avanceront qu’ils n’apportent qu’une irruption de l’Etat dans le marché économique, censé se réguler de lui-même. Moi, j’avancerai que l’interventionnisme permet tout simplement à l’Etat d’accomplir sa mission : défendre l’intérêt général, et l’intérêt national qui en découle.

L’intérêt général, de par l’interventionnisme, voit ses nombreuses composantes assurées. Ainsi, on songera aux domaines de l’éducation et de la santé en priorité : l’école est publique, donc accessible à tous sans condition de moyen. L’hôpital est public, donc accessible à tous de la même manière, et la sécurité sociale, dieu merci, nous épargne les sommes faramineuses que demandent les dépenses de santé à l’étranger. En effet, il suffit de se poser une question très simple ; aimerions nous nous endetter sur dix ans pour payer l’université  à l’ainé, tout en ouvrant un autre emprunt pour soigner la jambe cassée du cadet ?

Dans le domaine du travail, la présence de l’état est encore plus remise en question, alors qu’elle devrait être encore plus nécessaire avec la mondialisation. En effet, avec la concurrence de pays sans droit des travailleurs aussi développé que chez nous, certaines entreprises (les moins à plaindre financièrement parlant en général) sont tentées par un traitement des salariés des plus discutables. Sans Etat pour s’assurer de bonnes conditions de travail, le salarié aura tôt fait de se retrouver avec les mêmes droits qu’un travailleur textile en Asie de l’Est.

 

Toujours sur la question économique, les mesures protectionnistes sont celles qui peinent aujourd’hui à être appliquées, quitte à les qualifier d’actes de guerre économique (Par monsieur Le Maire par exemple la semaine dernière). Pourtant, vouloir sauvegarder l’emploi sur son propre territoire est une action des plus logiques, et c’est même recommandé. Ce protectionnisme apparait aux premiers abords comme barrière à tout échange commercial, hors, ce n’est pas une nécessité. Rien n’empêche un pays de commercer avec un autre en dépit des taxes douanières. Il faut en effet prendre en compte l’existence de savoir-faire nationaux, qui s’exportent sans problème puisque présentant un caractère unique et non concurrencé.  Afin de favoriser des échanges de ce type, les mesures protectionnistes peuvent d’ailleurs être sélectives (sauf dans le cadre actuel des traités hélas) et épargner les produits introuvables au sein du pays. (Nourriture étrangère spécifique par exemple)

L’écologie enfin est aussi un domaine où l’Etat peut jouer un rôle important par la taxation écologique de produits importés de très loin sans réel besoin, essentiellement pour ceux qui transiteraient par des voies routières. Le domaine écologique est d’ailleurs très proche de la sécurité intérieure et extérieure, ce qui en ferait un domaine régalien au même titre que l’armée ou la justice

 

 

Toutes les actions présentées précédemment sont des évidences pour quiconque se préoccupe de la place de l‘Etat dans nos sociétés mondialisées. Mais ce rappel était nécessaire. Il permet de remettre dans l’esprit des gens que la disparition de l’Etat dans ces secteurs serait un échec. Une seule mesure libérale appliquée à la place, et ce sont les conditions de vie des populations qui se voient négativement impactées.

Alors que certains proposent d’aller plus loin dans la privatisation et le recul de l’état (revendiquant ainsi malgré eux les débuts caractérisés de l’anarchie), j’envisage l’inverse et avance quelques mesures qui me semblent intelligent d’appliquer dans les années à venir

 

Nationalisations et protectionnisme, la feuille de route que redoute la mondialisation

Alors que certains secteurs sont dieu merci épargnés par la fin de l’état-providence, d’autres restent encore à conquérir.

Le premier et pas des moindres perd du terrain depuis que nos voisins anglo-saxons ont franchi le pas sous les noires années du Thatchérisme. Le secteur ferroviaire est en effet en grand danger, et comme le rappelait Olivier Besancenot sur une chaine publique la semaine dernière, ce danger ne date pas d’hier. Tout est fait pour faire passer ce domaine sous propriété d’entreprises sans scrupules, privant ainsi le domaine public d’une nouvelle voie de communication après la perte des autoroutes. Qui dit fin du caractère public des services ferroviaires dit par exemple impossibilité pour l’état de développer une politique d’intégration du territoire. Peut-être pouvons-nous aussi craindre des obstacles au développement du ferroutage.

Ainsi, pour remédier à ce problème, et dans le cas où ces secteurs seraient renationalisés, il faudrait constitutionnaliser le caractère public des voies de circulation. (Et au passage faire de même avec les ports, les aéroports et autres terminaux de ce genre)

 

Le deuxième secteur que j’aimerai voir pris en charge par l’état serait le développement sain de la jeunesse, et pas uniquement avec l’école. En effet, et c’est d’actualité, la question des écrans reflète assez bien le déficit éducationnel dans les générations actuelles de parents. A l’issue de débats sur les réseaux sociaux (là où j’ai paradoxalement commencé sur internet), il est effarant de constater la haute permissivité de certains, qui considèrent que mettre un enfant devant la télé à cinq ans, c’est ne pas l’isoler du monde…Ne parlons pas non plus des écoliers du primaire qui fréquentent déjà Facebook et YouTube. Les conséquences de ces actions ne sont pas nécessairement désastreuses, mais la probabilité qu’elles influencent négativement le développement de ces futurs adolescents n’est pas à négliger. En restant sur les écrans, difficile aussi d’ignorer le problème posé par la télé-réalité, sa suppression incarnant un de mes chevaux de bataille. Que la chaine proposant le plus ce genre de contenus soit la plus regardée par les jeunes n’est pas une surprise, et c’est d’autant plus alarmant. A ces problèmes se couplent les problèmes traditionnels que traversent les parents et leurs enfants, dont l’abandon psychologique reste le plus problématique.

Les prérogatives nécessaires à l’octroi d’une bonne éducation doivent être décidées prudemment. L’Etat ne doit pas pouvoir manipuler son peuple à coup de propagandes et d’éducations fascisantes. Mais des contrôles d’aptitudes à la parentalité effectués à plusieurs étapes de la vie de l’enfant peuvent déjà faire beaucoup pour cette éducation en perdition. De même, le CSA pourrait sévir à l’encontre des programmes médiatiques, et ce même sur YouTube. Finalement, bien que l’idée d’imposer cela à l’échelle nationale me dérange un peu, je pense que l’interdiction des portables au collège n’est pas un mal.

 

L’intérêt général se verrait donc mieux défendu avec ces deux exemples, mais l’intérêt du pays peut aussi se voir servit par une meilleure approche des secteurs stratégiques.

Ainsi, notre armée se retrouve équipée de matériel étranger, notre informatique dépend de Google, et cela nous place à la merci de n’importe quel espionnage. Plusieurs mesures pourraient être envisagées.

Tout d’abord, il faudrait développer une industrie de défense exclusivement française. Et cela concernerait les armements et les véhicules. L’Etat peut ici intervenir à plusieurs degrés : si la création d’une marque industrielle nationalisée dédiée à ce secteur peut effrayer certains, l’existence d’un marché public réservé aux marques françaises (qui construisent en France) peut être déjà un bon début. Le domaine informatique ensuite est plus facile à administrer, en raison de la qualité de nos ingénieurs dans les domaines concernés. Cela ira d’un moteur de recherche, d’un système d’exploitation, à des téléphones sécurisés dédiés aux services de l’Etat. Pourquoi ne pas d’ailleurs en profiter pour investir dans Dailymotion, qui serait provisoirement nationalisé le temps de son développement ?

 

 

Certes, ces mesures comme celles déjà existantes sont des aberrations pour le libéral de base, et pourrait même faire fuir le citoyen moins politisé devant de tels irruptions étatiques. Mais pourtant, elles vont dans le bon sens et permettent à l’Etat-providence d’agir en faveur de son peuple et de se donner les moyens d’exister efficacement.

 

Une avancée de l’Etat synonyme de développement moral, sociétal et économique

Si l’Etat se trouve de plus en plus omniprésent, comment encore gagner de l’argent ? se demanderaient probablement certains. Ne sombrons-nous pas dans un communisme de bas-étage ? se diraient d’autres. Mais rien de tout cela n’est rationnellement envisageable. Ce n’est pas parce que des limites existent que la liberté a disparu. D’ailleurs, celle-ci n’a de sens que lorsqu’elle est confrontée à des limites.

Pour les questions de l’école et de l’hôpital, l’idée d’en faire des entreprises à but lucratif est impensable. Il existe certes des écoles privées et des cliniques privées. Leur utilité peut-être avérée actuellement, car l’un apporte une éducation scolaire de meilleure qualité (j’y ai effectué mon secondaire, je peux en témoigner) et l’autre des soins accompagnés de moyens plus importants. Mais il persiste un problème : seuls ceux qui ont l’argent  peuvent bénéficier de ces établissements. A ce sujet, un status quo reste la meilleure solution en attendant d’améliorer considérablement les établissements publics. Ce qui reste un privilège de classe doit tôt ou tard disparaitre, mais ce serait provoquer des débats qui ne doivent pas encore avoir lieu.

 

Nos salariés qui se voient protégés par l’Etat des dérives capitalistes, voir les chômeurs qui se voient aider en attendant de trouver un travail, peut poser problèmes à des partisans de la fin de l’Etat-providence. Mais si l’unique but de ces gens, en théorie, est de gagner de l’argent, les actions de l’Etat ne sont pas des obstacles. Premièrement, c’est un constat, les entreprises qui délocalisent sont celles qui ont en général des résultats financiers prometteurs, contrairement à des PME qu’on prétend avantagées par les délocalisations. La fin de ces délocalisations n’est donc pas une source d’appauvrissement. Deuxièmement, le développement d’une industrie qui protège le salarié et qui reste en France réduirait le taux de chômage et permettrait des conditions de vie dignes, ce qui aurait pour résultat une hausse de la consommation (plus sans doute que de l’épargne) et donc des rentrées d’argent dans les entreprises. Peut-être que les actionnaires verraient leurs parts légèrement baisser, mais s’en plaindre relève d’un égoïsme pur et simple (d’ailleurs, puisque je suis partisan d’un actionnariat salarié, la question ne se pose pas). Enfin, de meilleurs conditions de travail permettent une meilleure productivité, un meilleur enthousiasme, et pourraient pacifier les rapports entre patronat et syndicat.

Se présente aussi l’idée fausse selon laquelle le protectionnisme reviendrait à se couper du monde. Il affaiblirait les états qui verraient une baisse des exportations et une hausse du prix des importations. Si la seconde est plutôt logique, elle est biaisée en ce que de nombreux pays pratiquent déjà le protectionnisme. Quant à la baisse des exportations, c’est oublier que le côté unique de nombreux savoir-faire permet de maintenir ces exportations. Si un fruit d’un pays X ne peut être produit chez nous, le taxer pour protéger notre industrie est absurde. Le raisonnement s’applique donc dans des secteurs stratégiques où la France produit déjà des produits susceptibles d’être concurrencés. Inévitablement, ces derniers auront plus de succès face aux rivaux taxés, ce qui permettrait du profit. Nulle question donc d’appauvrir les entreprises et l’Etat.

Les derniers thèmes sujets à nationalisation et étatisme relèvent enfin plus de la réflexion morale qu’économique. Mais s’il s’agit de parler uniquement argent, la nationalisation de toutes les voies de circulation reviendrait moins chère aux usagers, et ne provoquerait aucun appauvrissement conséquent à des entreprises qui, de manière générale, sont loin d’être des PME. On présente ces dernières comme grandes perdantes de l’étatisme et du protectionnisme, mais ce sont en général les grandes firmes qui remportent les marchés concernés, ce qui montre bien l’hypocrisie de ces détracteurs.

 

 

Auteur de grands projets de développement et d’un encadrement sain d’une société saine, l’Etat interventionniste idéal, par ses prérogatives, offre une vie plus stable au peuple dont il a la protection. Maitre de son destin économique et de son espace public utilisable par tous, il n’empêche pas l’enrichissement mais limite celui-ci à l’enrichissement moralement acceptable. Le salarié, le fonctionnaire, le citoyen, chacun peut s’épanouir sous une politique étatiste. Le tout est d’avoir un gouvernement guidé uniquement par l’intérêt général, qui puisse encadrer la vie du pays de manière à le faire prospérer de manière durable.

 

 

Conception politique : #2, Europe et Union européenne

 

Après avoir évoqué la souveraineté, il me semblait normal d’embrayer sur l’Europe et l’Union Européenne, la seconde demeurant le plus grand adversaire du souverainisme.

A ce sujet, ma position a plutôt varié entre 2010 et aujourd’hui. J’ai toujours été critique à l’encontre de l’Union Européenne, venant d’une famille où Maastricht puis Lisbonne ont largement entamé la confiance qu’ils avaient envers l’UE. Cependant, je refusais strictement de la quitter, ce qui me conduisit à quelques échanges houleux avec des membres de l’UPR.

Néanmoins, au fil des dénis de démocratie européens, je dois avouer que je me suis retrouvé de plus en plus eurosceptique. Difficile donc de me situer entre les différentes approches de l’Europe ; probablement entre Mélenchon, Dupont-Aignan et Philippot (ou en dernier recours Asselineau)

 

L’Union Européenne contre l’intérêt général des Nations

Actuellement, l’Union Européenne est la digne représentante de l’oligarchie mondiale, grâce à son contrôle des politiques économiques et budgétaires, et par sa puissance et son influence politique. A travers les différents lobbies, parmi lesquels on pensera à ajouter l’OTAN, le capitalisme néolibéral a trouvé un excellent moyen pour s’assurer une infiltration en douceur et sans risque de rejet.

Par l’intermédiaire du traité de Lisbonne, constitutionnellement illégal, l’UE nouvelle génération (à partir de Maastricht) est en mesure de répandre le néolibéralisme et le libre-échangisme à travers tous ses pays membres, allant à l’encontre des Nations qui la composent. Avec l’UE, impossible de parler de patriotisme économique ou de gouvernement indépendant. L’idée même qu’un état puisse choisir de tourner le dos à la doxa économique lui est insupportable. Aussi les gouvernements ont les mains liées, et les alternatives, la bouche maintenue fermée.

Il s’agit là d’un aspect beaucoup moins abordé, mais l’UE a toujours su développer une certaine propagande. Dès le traité de Maastricht, et surtout lors du référendum de 2005 sur le traité Européen, le matraquage en faveur d’une intégration européenne plus poussée n’est pas passé inaperçu. De même, on peut légitimement se demander si la mise en avant du Front National comme seul parti anti-UE n’était pas un choix stratégique en France pour épargner à l’Union européenne un combat qu’elle pourrait bien perdre. En effet, associer rejet de l’UE et xénophobie est une méthode astucieuse pour décrédibiliser les alternatives, que ce soit une Europe des Nations et des Coopérations, ou une sortie de l’UE.

J’ai pu laisser entendre que le combat de l’Union Européenne face aux revendications populaires était perdu. Cela peut sembler étonnant, pourtant, sa nature peu démocratique (vu l’influence de la commission) et peu légitime (vu le mépris de l’intérêt général) en fait une entité en danger permanent, ne devant sa survie qu’à des lois habilement tournées et à des gouvernements dévoués. Aux dernières élections, la moitié des votants étaient au mieux eurosceptiques, au pire europhobe (un terme litigieux, j’en conviens). Avec de meilleures méthodes d’informations et de politisation, nul doute que le peuple aurait su se défendre face à la perte de notre souveraineté.

Face à ce constat, comment jeter la pierre aux opposants à l’Union Européenne ?

 

 

La  remise en cause de la viabilité de l’UE sur le long terme

Pour l’instant, je n’ai jamais évoqué l’Europe, mais toujours l’Union Européenne. C’est tout à fait intentionnel. En plus d’être un continent aux frontières floues, l’Europe est aussi un idéal de paix et de coopération. Néanmoins, il y a bien longtemps qu’Union Européenne et Europe n’ont plus grand-chose en commun. L’intérêt général devait être le phare de toute politique. Mais vu la propension de l’UE à se transformer en entité monstrueuse à chaque étape d’intégration, comment y voir une seule once de mesures prévues pour faire avancer ses pays membres sainement ?

Une union à 27 ou 28 est déjà une aberration au vu des cultures et pratiques radicalement différentes entre les pays. Si l’on rajoute à cela des contextes politiques et des influences historiques eux aussi différents, on comprend rapidement pourquoi l’UE ne pourra jamais marcher totalement. C’est comme essayer de rendre homogène un mélange d’eau et d’huile ; face à la dénaturation du mélange, les composants finissent par se séparer.

Le projet à terme de l’UE, est, je reste persuadé, la dilution des états-membres dans une pseudo-fédération, où une contestation nationale se trouverait isolée au sein d’une assemblée uniforme de politiciens apatrides. (Non pas par leur faute, mais résultant de la disparition politique des Etats-nations). A quoi rimerait la constitution de régions sans identité historique, si ce n’est une préparation à la diffusion de la seule identité européenne ? Asselineau se trompe radicalement quand il prétend que l’UE a tout à gagner du régionalisme, tout comme les partis régionalistes se trompent en défendant majoritairement l’UE.

Dernier aspect des ratés de l’UE, la protection de l’environnement. Avec la France, l’Allemagne et deux trois autres pays, elle n’a pas su mettre en place un seul projet de développement écologique pour le continent ou pour nos voisins du Sud. Au contraire, la signature du CETA prouve bien que l’environnement n’est pas une priorité, et que les états n’ont toujours pas grâce aux yeux de l’UE. Le règne des multinationales est bien parti pour encore plusieurs décennies.

 

Peut-on être souverainiste et alter européiste ?

Il est vrai qu’aux premiers abords, vouloir rester dans l’UE semble absurde quand on la critique. Pourtant, il y aurait deux points à traiter avant de monter sur ses grands chevaux. Tout d’abord, quitter l’UE n’interdit pas d’y revenir ensuite. Si ça devait être le cas, je préfère revenir dans une UE saine. Ce qui sous-entend que d’éventuelles négociations auraient été menées et auraient abouties. Parce que la quitter et y revenir ensuite pour retrouver les mêmes contraintes n’a strictement aucun intérêt. S’il s’avère que l’UE actuelle ne peut être changé, alors soit, il faut en sortir et fuir cette union stérile. Mais je préfère me dire que nous aurons au moins essayé au lieu de nous débiner sans rien tenter.

Deuxièmement, de par notre position géographique et notre histoire, s’allier avec des voisins n’a rien de condamnable tant que la souveraineté est respectée. Une Europe des Nations et des Coopérations est donc envisageable sans porter de préjudice à quiconque (mise à part ces 1% de nantis qui ne représentent rien). Dans le fond, les coopérations européennes ont parfois du bon.

 

Ainsi, si l’aspect financier de l’union monétaire pose problème, une monnaie unique s’avère bien utile pour les échanges commerciaux aux frontières des pays. Venant de Strasbourg, je sais de quoi je parle. De même, le programme Erasmus est une excellente initiative d’échange, hormis l’européisme béat qui y est parfois promu. L’équivalence de diplômes universitaire n’est pas négligeable non plus.

La question de l’adhésion à une union se pose donc. Il conviendrait de remanier grandement les fonctionnements que nous connaissons. Fini peut-être une commission parée des pleins pouvoirs par exemple. Fini aussi les compétences exclusives de l’Union, qui empiètent largement sur notre souveraineté. Avec cette nouvelle union, il s’agirait de mettre en place des missions communes (aide au développement, projet spatial, …), des tarifs préférentiels sous condition d’alignement des normes sociales, une coopération judiciaire et antiterroriste, un consensus sur les normes démocratiques, et ainsi de suite…

La question de la monnaie unique doit être maintenue, mais attentivement travaillée. Dans l’immédiat, je dois bien avouer mon incompétence pour traiter de cette question.

Enfin, sur l’intégration, il faut retenir que l’Europe en tant qu’idéal n’est pas commune à tous les pays du continent. Réunir plus de vingt pays n’a aucun sens, tant les différences sont nombreuses. Autant un pacte de paix européenne peut être conclu, autant une union de coopération économique me semble déjà plus compliquée

Avec cette Europe des Nations et des Coopérations, chaque pays pourra continuer d’appliquer sa politique économique, avec pour seules contraintes des normes sociales exigeantes, auxquelles on pourrait déroger qu’à condition d’en proposer des meilleures. Les tarifs douaniers en vigueur seraient, eux, modulés en fonction du pays européen, mais ce dernier serait avantagé par rapport aux pays extra-européens.

 

Ainsi, il est possible de développer un projet européen respectueux des nations ; mais la critique de l’Union Européenne doit être faite pour ne plus refaire les mêmes erreurs. L’Europe, dit-on, a été créé pour instaurer la paix sur le continent. Pourquoi donc faire la guerre aux peuples européens alors, via des privations de souveraineté intolérables (gestion des flux marchands sur son territoire) et un déni de démocratie flagrant ?

Avis d’actualité : #9, qui défend encore la démocratie ?

 

Nous voilà donc dans une nouvelle année politique, qui je sens va être terriblement similaire à 2017. Comme à son habitude, Macron nous préparera quelques lois antisociales, quelques phrases méprisantes, et on trouvera encore assez de citoyens pour le défendre. Néanmoins, l’actualité me pousse surtout à revenir sur le déficit démocratique de nos sociétés, qui s’est fait remarquer de plus en plus ces dernières semaines.

 

Fake News et complotisme, on prend les mêmes et on recommence ?

J’ai débuté dans le blog politique en traitant de complotisme, pensant naïvement apporter une vision équilibrée et nuancée de la chose. Au fil des mois, je me suis vite rendu compte que les complots et manœuvres discrètes étaient de plus en plus nombreux, alors qu’augmentaient paradoxalement les condamnations d’un « conspirationnisme » jamais défini mais bien pratique pour étouffer les avis divergents.

Nous en venons donc au projet défendu par la Macronie consistant à lutter contre les Fake news au niveau étatique. Un projet qui coïncide avec l’émergence de Russia Today en France ; à vous de faire le lien. Ce projet demeure encore flou actuellement, mais connaissant la propension du pouvoir à imiter les scénarios d’Orwell, nul doute qu’on assistera à quelques dérives peu démocratiques.  

Les Fake News est un sujet dur à abordé. Si certaines sont vérifiables et donc réellement à condamner au titre de n’importe quel autre mensonge (en témoignera la récente affaire de Fake news lors de l’élection présidentielle), d’autres relèvent d’une analyse subjective, que nul ne devrait pouvoir qualifier de réalité ou de mensonge. Les campagnes mensongères des américains attrayant à leur interventionnisme démontrent aussi que la position majoritaire peut elle-même mentir, et qu’aucun média ne se risquerait à froisser ainsi le système.

Analyser le traitement d’une potentielle  « fake news » peut être ainsi intéressant pour en comprendre les dérives. Exemple avec la guerre en Irak : Colin Powell brandit une fiole à l’ONU, Saddam Hussein détiendrait des armes non conventionnelles. La fiole contenait en vérité de l’eau. Qui aurait été taxé de faiseur de Fake News à l’époque ? Celui qui affirmerait cette culpabilité de Saddam Hussein, ou celui qui affirmerait que les américains complotent pour justifier leur attaque intéressée de l’Irak à l’aide de mensonges diffusés internationalement ?

Russia Today et Spoutniks News sont des organes de presse liés à l’oligarchie russe. Et ? Combien de média pour combien d’oligarques chez nous ? La seule différence notable, c’est que ces média russes diffusent des reportages pro-russes, là où l’extrême-majorité des média est pro-américaine dans cette éternelle guerre froide. On en revient donc toujours au même sujet : l’acceptation de la contradiction.

 

Le temps de parole, éternelle victime de l’oligarchie

Un de mes sujets favoris depuis que j’exprime sur le net est probablement le temps de parole des différents courants de pensée et leurs candidats. Je passe sans doute pour un extrémiste du temps de parole, à vouloir que chaque candidat ait le même temps sans qu’aucun avis ne soit avantagé. On pourra dire ce qu’on veut, mais les passages à la télé ont beau jouir d’une popularité en perte de vitesse, ils ne demeurent pas moins influents pour une part de l’électorat.

De ce fait, quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai découvert l’énième projet de l’oligarchie contre la démocratie (son adversaire la plus fidèle je rappelle). D’après Marianne, et Capital et l’Huma confirmeront, la majorité envisagerait de modifier les lois électorales aux européennes afin d’obtenir un temps de parole proportionnel à la représentativité politique au parlement. Le drapeau européen au parlement national était déjà la preuve que Macron confond la Nation et l’Union dont elle fait partie, mais l’association d’une représentation politique nationale avec une représentation politique européenne est tout sauf une bonne idée. Les enjeux sont différents, les partis politiques à l’échelle européenne aussi.

Comme a pu démontrer le vote du CETA, la France est parfois unanime contre ses voisins européens. Mais de là à en déduire de l’utilité d’une même voix française pour le parlement européen, c’est commettre un déni de démocratie flagrant. Les lois électorales étaient déjà cruelles envers les « petits » candidats, avions-nous réellement besoin d’en rajouter ?

(A titre indicatif, la France insoumise verrait son temps de parole divisé par dix)

 

Balance ton porc et droit à être importuner, l’hystérisation des débats

Parlant de déni de démocratie, il serait intéressant pour finir d’associer les situations précédentes au débat récent du harcèlement et des violences sexuelles.

Je me tiens souvent éloigné des polémiques et j’essaye de traiter ce genre de sujets uniquement en débats. Mais à force, il me fallait prendre la parole à mon tour, afin de nuancer cette hystérisation qui se révèle très parlante sur l’état du débat politique en 2018.

Tout d’abord, Balance ton porc est révélateur d’une médiatisation de la société qui consiste à exposer ses problèmes devant le monde entier, avant de se tourner vers des gens compétents. Ma première conclusion sera donc : il existe des lois, il existe une justice. A elle de faire son travail. Si condamnation il y a, alors la personnalité y perdra des plumes et ce sera bien mérité. Mais jeter en pâture des personnalités du cinéma et de la télévision sans aucune autre preuve que des témoignages, c’est gâcher le travail de la justice et bafouer la présomption d’innocence. De même, il faut distinguer vie privée et vie publique. La suppression pure et simple de l’acteur Kevin Spacey du dernier film de Ridley Scott est absurde, même si je comprends la prudence. Nul doute que le réalisateur aurait vite vu les retombées négatives du scandale entourant l’acteur.

La suite au phénomène « BalanceTonPorc, c’est évidemment le débat féministe en France.  Je préviens tout de suite, j’ai beau être de gauche, je ne suis pas féministe, je suis égalitariste. Voir le débat tourner à la misandrie (essentiellement sur les réseaux sociaux, moins chez les personnalités dans les média) m’a fortement attristé. Entendre sur des plateaux, de même, des lycéens réclamant l’évocation des harcèlements sexuels en cours de biologie sur la sexualité m’a aussi interpelé. Ainsi, les harcèlements et les viols (à mettre sur deux plans différents) seraient un chapitre de l’éducation sexuelle de nos collégiens/Lycéens ? Je suis désolé, mais cela relève essentiellement d’un déficit d’éducation, qu’il s’agira de combler avec une meilleure action parentale et une meilleure éducation au civisme. Parce que le « manspreading », les propos déplacés et autres relèvent avant tout d’un manque de civisme, bien plus qu’un problème de perversion sexuelle qui serait majoritaire chez les hommes.

Le troisième acte de ce débat, c’est bien entendu la tribune du Monde sur la liberté d’importuner. Tribune un tant soit peu discutable, mélangeant au même titre que l’autre partie au débat les divers sujets abordés à l’occasion. Le tout n’est pas de se prononcer pour ou contre cette tribune, mais d’accepter la présence d’avis contraires. Souhaiter le pire à ces femmes parce qu’elles s’inscrivent en opposition au néo-féminisme, n’est-ce pas là un autre déni de démocratie, provenant de la gauche cette fois-ci ? Catherine Millet dans Quotidien est tout autant légitime pour parler de ces sujets que Caroline de Haas (que j’appréciais dans son engagement contre la loi travail, mais beaucoup moins dans ses prises de positions sociétales).

Sur Balance ton porc et la majorité des sujets abordés, je reviendrai au même Leitmotiv : il y a des lois, il y a une justice. La société, du temps où elle était patriarcale, a certes modelé les comportements des femmes, les conduisant aujourd’hui encore à refouler un viol ou une agression au lieu d’aller porter plainte. Mais cela évolue, et j’incite de tout mon cœur les témoins et victimes de tels actes à faire appel à la justice. Nul besoin d’inventer des lois pour le moment, appliquer les existantes sera déjà un grand pas.

 

Comme à son habitude, la classe politique entière sombre parfois dans le refus du débat démocratique, rien d’étonnant quand rien n’est fait pour donner goût à la politique et à la contradiction. Mais que ce soit l’extrême-gauche et son sectarisme ou la droite macroniste et ses rêves d’opposition muselée, la démocratie a encore beaucoup à craindre des positions politiques de chacun. Discuter calmement de sujets de société et d’économie, ce serait trop demandé ?

Avis d’actualité : #8, quand la position minoritaire tend à s’imposer

 

Mon dernier avis d’actualité date déjà de plus de deux mois, il était temps d’en refaire une analyse rapide. Parmi les nombreux sujets à traiter, j’ai choisi les plus parlants à mes yeux, ceux qui illustrent la manière dont des avis minoritaires insistent pour avoir leur place dans les débats ; et une place de choix. Avant le cas sérieux de l’écologie martyrisée par le gouvernement Macron, seront donc traités l’éternel retour du débat communautariste à gauche, et la curieuse manie de corrompre les combats sociétaux par des initiatives contreproductives.

 

Médiapart n’est pas Charlie, l’arbre qui cache la forêt

A chaque année son lot de polémiques Charlie hebdo, et 2017 n’échappe pas à la règle. En cause, la une montrant la prétention de Tariq Ramadan placée à la hauteur de son hypocrisie. Une une très bien trouvée par ailleurs, puisqu’elle illustre de manière générale les comportements hypocrites des conservateurs de tout bord. Il n’est pas rare en effet de voir des personnalités atteintes de problèmes psychologiques (comme c’est le cas pour Ramadan, inutile de se voiler la face) exorcisant leurs problèmes en prônant l’autre extrême. Certes, le cas le plus courant, celui de l’homophobe homosexuel refoulé (le refoulement étant le problème, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit), n’est pas comparable, mais c’est plutôt cocasse de voir un élu américain très conservateur démissionner pour un comportement en total contradiction avec ce qu’il a toujours défendu.

Par conséquent, dénoncer la perversité sexuelle d’un gourou médiatique est une action qu’il faudrait louer, au lieu de crier à l’islamophobie à tout va et de se jeter à corps perdu dans la défense d’une imposture pareille. Effectivement, comme souvent quand il s’agit de sujets sociétaux, Médiapart représente la caricature de la gauche naïve et inutile. Visiblement, certains ont oublié que sous-entendre la responsabilité de Charlie hebdo dans une guerre contre les musulmans était tout simplement abjecte, et dangereux qui plus est.

En parallèle, la France insoumise subit toujours les effets néfastes de la polémique Obono, contaminée par l’antifrançaise Houria Bouteldja. Encore une voix minoritaire qui trouve écho dans le buzz médiatique.

 

Féminismes et futilités, les projets à côté de la plaque

Depuis l’affaire Weinstein, le féminisme et la question des rapports homme-femme est sur le devant de la scène, pas toujours pour de bonnes raisons. Sur les tenants de l’affaire qui introduit ce vaste sujet, je pourrai difficilement apporter une voix un tant soit peu originale. Les actes sexuels sans consentement sont des viols, les actes déplacés sont des attouchements, et les commentaires déplacés sont des incivilités à proscrire. Tout le reste n’est que polémiques sans fondement. Inutile de voir dans les accusations contre Weinstein, Haziza ou même Polanski si l’on remonte dans le temps, des motivations antijuives. (un certain BHL est ici concerné) Inutile aussi de s’équiper de paranoïa dès lors qu’une femme se promènera dans la rue, pensant à changer de trottoir pour ne pas l’effaroucher et en évitant tout contact vocal, ne serait-ce qu’une seule convention sociale. Cela peut sembler absurde, mais je crains que le débat harcèlement, agressions et rapports sociétaux entre les deux sexes ne soit en train de tourner à l’hystérie. Il n’y a pourtant pas lieu de tergiverser. Hommes et femmes sont des êtres humains égaux en droit, et subissent tous deux les agressions et les incivilités. Les viols doivent être pris au sérieux par les forces de l’ordre, et sanctionnés durement. C’est là l’évidence même. Au passage, le consentement sexuel à 13 ans est une ineptie (comme ça, c’est dit).

Je reviendrai un jour sur le sujet de fond qu’aborde la dernière ineptie abordée ici, à savoir la question des genres sociaux et des discriminations homme-femme. En attendant, l’écriture inclusive focalise surtout les débats sur le mauvais sujet. Histoire de ne pas empiéter sur le futur dossier, je serai donc bref : la langue française résulte de l’histoire. La changer artificiellement par une version complexe et inutilement tarabiscotée n’a aucun intérêt, si ce n’est augmenter les fractures au sein de la société. De par son utilisation neutre, le genre masculin peut s’apparenter à une certaine neutralité dans les cas où cela est exigé. Il n’y a pas à aller chercher plus loin. (Avis aux écologistes, les journées du matrimoine n’ont aucun sens non plus)

 

Ecologie et capitalisme, Hulot ou le pantin macroniste

Quittons maintenant le domaine sociétal pour atteindre celui de l’écologie ; en soi, abordons les projets qui impactent le futur, et sont donc plus enclins à être acceptés malgré leurs effets néfastes.

Lors de la tenue de la COP21, j’ai su dès le début que c’était une hypocrisie sans nom destinée à ne pas culpabiliser des effets du capitalisme intensif sur la planète. Par conséquent, le départ de Trump de ces accords ne m’a fait ni chaud ni froid. Mais entendre Macron prononcer « make our planet great again » m’a fait doucement sourire. Comment ? Lui le grand partisan du CETA, sera un défenseur de la planète ? Il est évident que pris par l’effet de mode écolo, notre président ait usé d’un peu d’hypocrisie pour grapiller les points dans les sondages. Mais pendant ce temps, rien n’est fait pour la biodiversité. Pas de taxes écologiques, pas d’interdiction de la chasse à courre ou de la corrida, pas de remise en cause du CETA, pas de promotion du manger local, et surtout un soutien à peine dissimulé aux projets dangereux pour les écosystèmes, comme l’aéroport de Notre-Dame-des-landes, ou le Grand contournement Ouest de Strasbourg (Nicolas Hulot semblant y adhérer pour ce dernier). Tandis qu’aux USA, on continue de la jouer stéréotypes du ricain pollueur et insensible en libéralisant le commerce des produits issus du braconnage et en fermant les yeux sur l’irresponsabilité des exploitations énergétiques, on continue en France de parler sans agir réellement en faveur de notre planète, unique berceau de la civilisation humaine pour l’instant. Et le pire, c’est que je reste persuadé que ces décisions n’engagent, comme toujours, qu’une minorité qui nous dicte sa loi.

 

La pensée minoritaire qui dirige, au nom de la majorité, un projet qui n’intéresse qu’elle, n’est-ce pas là une synthèse de notre chère oligarchie néolibérale ?

De l’idéologie au programme politique : #2, 25 critères de positionnement politique

 

Succédant directement à la première partie, il s’agira d’établir 25 critères pour déterminer le positionnement politique de chacun. Partie purement statisticienne, dépourvue de philosophie politique, voici donc un petit raisonnement que j’ai imaginé…

 

Peut-être avez-vous déjà répondu à des tests pour savoir pour qui voter ; ici ce sera le même principe, mais tous les sujets seront abordés et nuancés pour mieux différencier les positionnements politiques. Préfigurant le développement d’un futur test de ce genre, voici donc les 25 critères avec lesquels on peut juger de l’idéologie politique de chacun, que ce soit politicien, écrivain politique ou citoyen.

Une nouvelle fois, des catégories sont faites, mais contrairement aux divisions d’un programme, les catégories doivent être objectives. Exit donc respect de la souveraineté et prospérité, les cinq catégories présentes sont purement descriptives.

A noter aussi qu’il est ardu de trouver cinq positionnements différents pour chaque sujet, ce qui donne une impression de complexité inutile. Mais c’est nécessaire pour bien nuancer les idéologies politiques, et démontrer que gauche et droite reste assez réducteur.

 

Démocratie et état

subdivision

Echelle de positionnement

Civisme et citoyenneté 

Internationalisme assumé

Subdivision perçue comme mineure

Patriotisme modéré

Patriotisme fort

Nationalisme assumé

démocratie

dictature

Démocratie occasionnelle

Démocratie relative

Démocratie participative

Anarchie politique

Système politique

Parlementaire dualisme

Parlementaire monisme

Semi présidentiel

Présidentiel

royalisme

Administration territoriale

Centralisation, concentration

Centralisation, déconcentration

Décentralisation, concentration

Décentralisation déconcentration

Fédéralisme

Urbanisation et gestion des territoires

Pays urbanisé, nbx voies de circulation

Equilibre entre urbanisme et ruralisme, nbx voies de circulation

Equilibre entre urbanisme et ruralisme, voies de circulations majeures

Pays ruralisé, nbx voies de circulation

Pays ruralisé, voies de circulation majeures

 

 

Economie et échanges

subdivision

Echelle de positionnement

Echanges économiques

Libre-échange total

Libre-échange modéré

Souverainisme modéré

souverainisme

Isolationnisme

Emplois

Licenciements sans contrôle externe

Licenciements facilités (régulation des prudhommes modérée)

Licenciements régulés par prudhommes

Interdiction de licenciement selon contexte éco

Interdiction de licenciement sauf pour faute

Organisation du travail

Supérieur à 35H, retraite à 65 ans ou plus

Supérieur à 35H, retraite inférieure à 62 ans

35H, retraite supérieure à 60 ans

35H, retraite à 60 ans

32H

Fonction publique

Libéralisme

Néolibéralisme

Equilibre entre libéralisme et étatisme

Etatisme

Communisme

Finance

Interdiction du trading

Politique fiscale en défaveur du trading + Glass-Steagall

Séparation banque d’affaires- banques de dépôt

Status quo, l’état se tient éloigné

Mécanisme d’autorégulation

 

 

Sécurité et écologie (* l’écologie est assez liée à la sécurité)

subdivision

Echelle de positionnement

Sécurité intérieure – forces de l’ordre

Réduction du nb de forces de l’ordre, désarmement progressif

Restriction budgétaire ou status quo

Hausse des effectifs

Hausse des effectifs, Etat d’urgence permanent

Surveillance accrue, état de droit mis entre parenthèses

Sécurité intérieure – justice

Peu d’emprisonnements, faibles condamn.

Diminution des emp. En échange d’autres condamn.

Mettre l’accès sur la réinsertion et la lutte contre la récidive

Hausse massive des places de prisons et lutte contre la récidive

Emprisonnements courants + peines alourdies

Sécurité extérieure

Forces militaires réduites

Forces militaires robotisées pour l’essentiel

Status quo, l’armée perçue comme sujet mineur

Armée aux effectifs importants

Armée aux effectifs grandement augmentés

Agriculture + enjeux écologiques

Agriculture productiviste, peu de normes + OGM

Agriculture product. peu de normes

Agriculture normée et relativement bio.

Agriculture bio, locale et tournée vers le nécessaire

agriculture bio, locale et tournée vers le nécessaire + fin des protéines carnées

Défis énergétiques

Nucléaire+ charbon

Nucléaire + énergies renouv.

Nucléaire 4ème génération + énergies renouvelables

Energies renouvelables

Abandon de l’utilisation d’énergies

 

Vie et intérêts publics

subdivision

Echelle de positionnement

Education

Grande liberté d’action pour les profs et les élèves

Ecole enlevée de ce qui s’apparente à de l’élitisme (langues « mortes », …), simplifiée

Ecole stricte et tournée vers l’accompagnement pragmatique de l’élève

Ecole tournée vers le mérite, université vers la sélection

Ecole conservatrice, sévérité et blouses sont de mise. Proximité avec vision plus traditionnelle

laïcité

Tolérance élevée, dont retour de la burqa

Lutte contre le prosélytisme, status quo sur pls questions 

 Suppression de symboles religieux ostentatoires + lutte contre le prosélytisme

Suppression des symboles religieux + lutte contre…

Edifices religieux « laïcisés » et suppression des fêtes religieuses + lutte contre…

culture

Culture en libre-service, droits d’auteur diminués fortement, pas d’intervention de l’état

Souplesse vis-à-vis de la consommation culturelle, notamment en ligne.

Status quo avec une faible intervention de l’état

Contrôle moral de l’état sur la culture notamment télévisuelle

 

Culture très patriotique et nationalisée, censure étatique

Questions sociétales

Tolérance sur tous les sujets comme la GPA ou la prostitution

Tolérance sur certains sujets de société, ouverture souvent associée à la gauche

Pragmatisme et relative neutralité sur les sujets polémiques

Vision très « tradition »

 

Vision strictement traditionnelle et retour en arrière sur certains acquis (avortement,…)

Santé, recherche et développement

Baisse des subventions allouées à la recherche

Status quo, domaine perçu comme mineur

Sciences et recherche avancées comme projet spatial ou lutte sanitaire de grande ampleur

Sciences et recherche vers un monde plus aseptisé (vaccins nbx, dvpt de la robotisation

 

Sciences et recherche très poussée ds domaines comme transhumanisme

 

Rapports humains et internationaux

subdivision

Echelle de positionnement

diplomatie

Isolationnisme

Distance vis-à-vis de la diplomatie internationale

Pragmatisme diplomatique

Prise de positions fréquentes

Interventionnisme fréquent

Rapports de force

Voix dissidente sur la scène internationale

Décisions prises au cas par cas sans alignement

Alignement sur les positions européennes

Alignement sur les positions de l’OTAN

 Armée disponible à la demande d’alliés

Flux humains

Frontières fermées

Très peu d’accueil

Acceptation favorisée si migration forcée, moins si migration économique

Acceptation des migrations mais pas de manière illimitée

Considération internationaliste

Projet européen

Pays hors de la coopération européenne

Départ et prise de distance avec l’UE

Europe des Nations et des coopérations

UE telle qu’elle est actuellement

Fédéralisme européen

Rapports médiatiques

Mainmise de l’état sur les organes médiatiques

Hausse du bouquet du service public

Contrôle renforcé quant au respect de la déontologie journalistique

Status quo, sujet perçu comme mineur

Liberté et indépendance totale des média, aucune intervention de l’état

 

Avec cette grille de lecture, il vous est possible de déterminer quelle personnalité politique est la plus proche de vous. Dans l’annexe à venir prochainement, vous trouverez donc le début d’une liste avec les grilles de chacun des candidats étudiés plus tôt, et qui sait si des personnalités autres ne se rajouteront pas un jour.

En associant chaque case à un courant de pensée (Extrême-gauche, gauche, centre, droite, extrême-droite), il est aussi possible de se situer sur l’échiquier politique, bien que ce ne soit pas d’une grande utilité actuellement.

Ainsi, cela confirme ce que j’ai toujours dis pour ma part, avec une proximité des idées de gauche (principalement en économie) et du centre (sur le rapport à l’état).

Fiche de lecture #1 : ce que doit faire le prochain président (Agnès Verdier)

  • Par
  • Le 14/10/2017

 

Nouveau concept sur ce blog, les fiches de lectures…Lorsque j’estime qu’un livre ira probablement à l’encontre de mes convictions, je serai tenté d’en faire une critique au fil des pages ; bien qu’un livre politique m’ayant plu pourrait aussi subir ce sort.

Pour débuter cette série qui sera assez dispersée dans le temps, j’ai choisi un livre tout indiqué pour me faire sortir de mes gonds (et de ma zone de confort), celui d’une polémiste directrice d’un Think Thank libéral…Le titre est déjà assez prétentieux, rappelant les heures sombres de l’histoire économique (There is no alternative). Alors, que vaut réellement ce que doit faire le prochain président ?

 

                                                                                                          

Dès l’introduction, on pourra déjà repérer un vocabulaire laissant aucune chance à la contradiction…Revenant sur la période Hollande, elle affirme que les promesses qui sont tenues dès les premiers mois sont les plus […] contre-productives (60000 profs et taxe à 75%). Je comprends que l’on puisse être contre la taxe à 75% (tout dépend des arguments et de l’Ersatz qu’il y aurait à la place) mais j’y suis plutôt favorable. Non, ce qui choque essentiellement, c’est l’affirmation selon laquelle l’embauche de 60000 profs serait une mesure contre-productive…C’est sûr que l’éducation est assez peu importante après tout…

 

Arrêtez le gâchis

Concernant la première sous-partie, il y aura peu choses à dire. Question de forme, beaucoup moins de fond, une phrase viendra rapidement me taper dans l’œil : tous les politiques en France savent bien qu’il faudrait régionaliser Pôle Emploi pour que ça marche mieux. Au-delà d’idée sur laquelle je serai incapable de me prononcer pour le moment, il y a donc une nouvelle fois cette idée selon laquelle il n’y a qu’une issue, et que tout le monde le sait…

Néanmoins on trouve bientôt des réflexions pertinentes sur le manque de communications et l’usage d’emplois fantômes, qui bien évidemment sont un problème dans l’administration. Un bon point donc.

Cette sous-partie se nommait « ce qu’on ne veut plus voir », ce qui démontre encore une parole prise au nom du monde entier…On ne pourra pas la changer je le crains…

 

La suite est assez technique, concernant le prélèvement à la source. Je n’ai pas encore pris le temps de m’attarder sur les questions d’impositions, donc je ne peux pas me prononcer décemment. Je retiendrai juste que pour elle, Macron est de gauche.

 

Sautant une autre sous-partie, j’arrive à la bien-nommée « en finir avec le faux état-stratège. »

Le premier sujet est abordé de manière intelligente. Il s’agit alors de critiquer les décisions de l’Etat au sujet d’Alstom, avec les commandes inutiles passées récemment. (Bon préciser « sans appel d’offres » n’a aucun intérêt). C’est effectivement de la politique pré-électorale dénuée de vision stratégique industrielle (bien que je sois curieux de connaitre sa vision à elle).

Néanmoins, la suite revient à la traditionnelle critique de l’état actionnaire, dont le point d’orgue est l’ordre à peine dissimulé d’abandonner EDF, La poste, la SNCF, FDJ…Bref, sous certains aspects, le libéralisme est une maladie incurable.

 

Simplifier et économiser

Dans réorganiser la France, on trouve certains raisonnements pas si bêtes, comme l’idée de se servir plus intelligemment de la décentralisation (culture, …) Cependant, du côté de la politique éducative, c’est déjà plus litigieux ; d’autant plus que la suppression des rectorats et académies éloignerait encore plus l’état, ce qui ne serait pas forcément une bonne chose.

Autre sujet qui fâche, la gestion du mille-feuille territoriale. Nul ne doute que la réforme territoriale tant décriée a dû lui plaire, mais elle veut aller plus loin avec des fusions de communes, cheval de bataille des libéraux et des partisans de la rigueur. Certes, elles représentent un potentiel d’économie mais cela se ferait au détriment des réalités historiques, et comme toujours, on trouverait un nouveau poste à ouvrir pour caser le maire spolié de sa fonction…Enfin, cerise sur le gâteau, il faudrait selon elle supprimer les départements, et limiter le nombre de communes à 5000 à terme…Pour les départements, l’idée peut être évoquée (je n’y suis pas favorable pour l’instant), mais les communes représentent une attache historique très forte, ce serait une erreur magistrale.

 

Pour recentrer l’état, l’introduction porte sur les dépenses en décroissance pour la sécurité des français. Certes, c’est vrai, mais avait-on besoin pour autant d’un comparatif avec les dépenses sociales ? Plus loin, ce sont carrément des inepties qui sont abordées. En accord avec une commission parlementaire proposant la fusion de la BRI, du RAID et du GIGN, elle n’hésite pas à aller plus loin en suggérant la création d’un grand ministère de la sécurité et de la justice. Montesquieu se retournerait dans sa tombe, tant on s’éloigne de la séparation des pouvoirs. Enfin, toujours hantée par la primauté du privé, voilà qu’une externalisation de certains domaines judiciaires vers le privé serait judicieuse. Si ça peut être le cas pour la protection d’anciens présidents, hors de question d’y penser pour le transfert de détenus.

On retrouve un peu espoir en voyant la juste analyse sur l’armée en déclin, mais globalement, cette partie n’est pas très convaincante.

 

La sous-partie suivante évoque une baisse de 90 milliards € de dépenses, ce qui laisse présager de sombres idées. On trouvera donc successivement la retraite à 65 ans et les attaques habituelles contre les fonctionnaires (gel du point d’indice, des embauches, …), ce qui m’étonne. Je m’attendais à plus d’engagements radicaux en défaveur de l‘état.

 

« Sortir de la folie fiscale ». Bref, la suppression de l‘ISF n’est pas une surprise.

 

Neutraliser les ennemis de la réforme

On retrouvera dans cette partie un appel au combat contre les adorateurs de l’impôt…Dangereusement autoritaires comme termes.

 

Sa sous-partie consacrée à la suppression de l’ENA est par contre très appréciable dans son ensemble. La citation de nombreuses incohérences et dysfonctionnements liées à ce système se révèle percutante.

 

On pourra retenir dans une autre sous-partie la volonté de gérer les grèves de manière à pouvoir y échapper, comme si la pression sociale n’était là que pour des prunes. Parmi les critiques adressées aux syndicats, certaines sont sans doute justifiées, mais nulle trace du Medef, qui à l’instar des autres syndicats, possède aussi une comptabilité litigieuse.

 

Le chapitre suivant est dédié aux dérives de Bruxelles. Chiche ?

La critique des privilégiés du système européen est la bienvenue. Pour une fois que la critique envers des fonctionnaires est justifiée ! Entre arrangements financiers et avantages fiscaux, il était temps d’y jeter un œil. Bon, ceci dit, clore cette partie par une louange des règles budgétaires de l’UE et un mépris envers l’harmonisation fiscale n’était pas nécessaire…

 

Ce qui doit être fait immédiatement

Bon, on commence par du lourd avec l’usage recommandé des ordonnances, qui rappelle étrangement la réalité actuelle. S’ensuit une hécatombe sociale : fin des 35h dans le privé, gel des embauches de fonctionnaires et surtout envie de supprimer les statuts actuels de la fonction publique (histoire de s’aligner sur le privé). Puis vient le traditionnel mythe de la retraite basée sur l’espérance de vie, qui occulte donc les personnages âgées en mauvaise santé ; l’âge ne veut rien dire si seul le cœur suit. (La justification de la retraite à 65 ans est donc nulle avec cet argument.)

 

Passant rapidement sur le chapitre suivant au cours duquel est suggérée une banalisation du vote électronique, j’en profite pour rappeler que les trucages et espionnages informatiques existent.

 

Sa sous-partie sur « neuf lois avant fin 2018 » présente quelques prétendues absurdités qui n’en sont pourtant pas. Alors comme ça, les huit heures de cours sur la psychologie et la sociologie du deuil seraient superflues pour les agents des services funéraires ?

De retour sur l’amélioration du secteur militaire, je peux me satisfaire à nouveau de sa jugeote sur le sujet. Etonnant de la part d’une partisane de la rigueur.

 

Dans son chapitre sur changer la constitution, j’aimerai revenir sur son obsession pour les grosses communes. Pour le premier janvier 2020, elle souhaiterait un seuil minimum d’habitants de 5000 ! Pour avoir de la famille dans un petit village d’Outre-forêt en Alsace du Nord, je ne peux que confirmer la stupidité de cette idée. Certes, n’avoir plus que 5000 communes serait un avantage financier. Mais quid de l’identité communale chère aux habitants ? Etre fondu dans une masse avec pour seul lien un territoire proche n’est guère envisageable.

Enfin dernière remarque précise sur son livre, j’apprécie l’encouragement des référendums qui y est fait.

 

Alors, que peut-on en penser ?

Je m’attendais à un ramassis d’inepties économiques et sociales, au seul bénéfice de la réduction des dépenses et de la fin de l’état, et de ce côté-là, j’ai été servi. Néanmoins il faut reconnaitre certaines analyses justes, au regard des dérives dans le système même de l’état par exemple. De même, l’armée est considérée à juste titre et plutôt épargnée par la réduction des dépenses.

Néanmoins, quand je me présente comme opposant au libéralisme, c’est exactement ce genre de livres qui me confortent dans mes opinions. Ecrit d’une plume autoritaire mais lisible (Le TINA apparait quelques fois), c’est malheureusement cela qui rend le livre dangereux. Tout le monde peut le lire, et tout le monde croira qu’il n’y a que ça à faire…

 

Pages d’où proviennent les citations et références (liste non exhaustive):

11-17-19-23-31-64-67-86-112-159-177-199-213-232-236

Conception politique: #1, Souveraineté et patriotisme

 

Parmi les nombreux formats de billet politique, celui-ci s’approche le plus de la philosophie politique. Il s’agira de réfléchir sur divers notions politiques essentielles à mes yeux. La première est donc la souveraineté, que je rattacherai au patriotisme pour des raisons évidentes. Etre patriote, c’est défendre la souveraineté de son pays et de sa nation. Les deux notions sont intimement liées.

 

Il existe plusieurs notions de souverainisme qui coexistent dans la pensée politique, c’est donc à chacun de déterminer ce qu’il considère comme essentiel à la défense de la souveraineté nationale.

 

Gestion des flux humains

Chaque pays possède un territoire, et donc des frontières. Le premier pilier du souverainisme consiste donc en une maitrise des entrées et sorties du territoire, ainsi que de la surface géographique de ce territoire. Dès cette catégorie, je peux déjà émettre une objection. En effet, nécessité faisant loi, cette souveraineté peut être modérée quant à l’accueil de réfugiés, un accueil régulé par les responsables d’une même zone géographique. La coopération est donc de mise, j’estime qu’on ne peut pas choisir seuls qui entrera dans ce cadre. Cela ne concerne pas l’immigration économique, qui elle, relève encore de la souveraineté territoriale.

La présence sur le sol national de ressortissants étrangers n’a pas à être empêchée. Néanmoins, la participation de ces derniers à des élections en tant que candidat ou électeur reste à la discrétion du pays. Interdire le droit de vote aux étrangers n’a rien de xénophobe ; voter est une responsabilité énorme liée à son pays et à sa nation. De par la résidence dans un lieu précis, un étranger (européen ou non) peut prendre part aux élections municipales en tant qu’électeur. Dans ce cas, la souveraineté de la Nation n’est pas concernée, puisque le maire n’a pas de responsabilité au niveau national. (On exclura les élections sénatoriales, qui sont idéalement modifiées dans mon système de pensée). Pour ma part, j’estime que le droit de vote des européens aux élections européennes peut se défendre, mais je n’y suis pas favorable, puisqu’il s’agit là d’une liaison entre le pays et l’UE.

 

La souveraineté territoriale passe aussi par une gestion des tarifs douaniers, et donc par un acte on ne peut plus patriotique, la défense des emplois français.

 

Made in France et patriotisme économique

Entre l’OMC et l’UE, difficile de trouver des partenaires du patriotisme économique. En cela, le libre-échange pur et dur est un obstacle à l’existence de nations souveraines.

Chaque Etat devrait avoir le droit de choisir les tarifs douaniers qu’il veut, et de les adapter à chaque pays. Cette question prend en compte les conditions sociales, la distance, et le respect des normes environnementales. Est-ce normal de devoir accepter avec un même tarif douanier un produit X polluant et un produit Y sain, au prétexte qu’il ne faut pas faire de traitement de faveur ?

Pour ma part, j’estime qu’au sein des territoires voisins, il faut déterminer une zone de coopération économique où les frais de douane seraient largement moins élevés. En effet, il arrive que des français travaillent là-bas, et niveau distance, on est loin de l’importation made in China.

La question de l’UE se pose évidemment. Dans l’Europe des Nations et des Coopérations que je souhaite, les frais de douane persisteraient au sein de la zone, mais dès lors qu’une harmonisation fiscale et sociale aura eu lieu, il sera possible de réduire fortement ces frais. Là encore, cela doit rester à la discrétion du pays. Il faut garder à l’esprit que l’Europe est vaste. Importer d’Autriche diffère d’une importation de Lettonie. Seule une taxe d’importation au sein de la zone UE peut être décidée en coopération avec les autres pays.

 

Entreprises et secteurs stratégiques

Suite directe au protectionnisme modéré décrit précédemment, le rapport entre les entreprises et l’Etat doit être défini dans une vision souverainiste aussi.

Tout d’abord, délocaliser une entreprise française à l’étranger concerne la souveraineté de la France. Les emplois supprimés, les abandons du secteur sur le territoire, sont autant de facteurs d’affaiblissement économique du pays. L’étatisme est un pan insoupçonné de la souveraineté selon moi, ce qui explique qu’en théorie, le libéralisme est incompatible avec le souverainisme. Le gouvernement doit pouvoir interdire ou décourager ces délocalisations pour protéger son économie.

Deuxièmement, l’état doit pouvoir participer majoritairement à plusieurs secteurs stratégiques. Que ce soit l’énergie ou l’armée, aucune entreprise étrangère ne devrait avoir un droit d’ingérence via leur statut d’actionnaire. A ce titre, une armée souveraine doit avoir un matériel exclusivement national. Autant dire que les transferts technologiques ne sont pas encouragés.

Le sort des autoroutes est probablement le plus parlant ; il s’agit là d’un véritable droit de passage payé aux chers 1% de l’oligarchie. Plus récemment, l’exemple d’Alstom démontre que la nationalisation de certaines entreprises serait bénéfique pour notre économie, au lieu de céder presque entièrement cette entreprise à des intérêts étrangers.

 

Souveraineté populaire

Et le peuple dans tout ça ? L’Etat aurait donc une mainmise sur plusieurs secteurs ; sa fonction publique serait forte…Tout cela laisse entendre que le souverainisme ne se préoccupe que de la puissance de l’Etat et de la nation. Mais n’oublions pas ma théorie du dualisme de l’action politique. Si l’Etat est fort, les exigences des citoyens envers lui se doivent d’être plus élevées. L’urbanisation écologique, la multiplication des transports publics, tout doit être fait pour montrer au citoyen qu’il ne paie pas des impôts juste pour engraisser quelques hauts-fonctionnaires.

D’un autre côté, le peuple est lui-même souverain au sein de l’Etat. Cela se traduit par deux considérations : la démocratie participative participe à la souveraineté du peuple, et la prise en compte de revendications régionales est un tenant du souverainisme. Inutile de revenir sur la première, mais la seconde mérite explication.

Traditionnellement, les partis souverainistes sont peu enclins à écouter des opinions régionales, estimant je suppose que la Nation « est une et indivisible » au sens strict. La charte des langues régionales a par exemple été combattue par les chevènementistes.

Pour autant, les divisions du pays en régions culturelles est un pilier de la souveraineté populaire. Il n’est pas question de céder à l’indépendantisme, bien entendu, mais il ne faut pas accorder non plus de mépris à la déconcentration des pouvoirs et aux revendications existentielles.

A travers l’officieux projet fédéraliste européen, nos régions subissent d’honteuses transformations, s’élargissant sans présenter de quelconques liens historiques. Ces derniers sont pourtant essentiels pour faire vivre la Nation.

 

 

Aparté sur le fédéralisme : Je ne suis pas un opposant au fédéralisme, mais que dans le cas où celui-ci apporte quelque chose. Dans le cadre de notre république, cela n’a pas beaucoup d’intérêt, en raison d’une certaine homogénéité des territoires et du peuple français. En Afrique, beaucoup de pays ont été fait avec pour seule base un découpage géographique. Afin d’intégrer les différentes ethnies et minorités, le fédéralisme est déjà beaucoup plus indiqué. Les envies de fédéralisme qui existent en Alsace par exemple s’expliquent par la proximité avec l’Allemagne, mais cela n’aurait pas plus d’intérêt qu’un sénat réellement concerné par les régions. Pour ce qui est du fédéralisme européen, rendez-vous dans le Conception politique n°2.

 

 

L’attitude vis-à-vis du libre-échange

La vision extrême du souverainisme, c’est l’isolationnisme. Il existe autant d’isolationnismes que de sujets politiques. Et si l’isolationnisme diplomatique est tout à fait acceptable, l’isolationnisme économique est beaucoup plus absurde.

Comment devrait donc composer le souverainisme avec la mondialisation ? Le libre-échange tel qu’il est vendu de nos jours est contraire aux intérêts de l’Etat souverain. Des traités tels que le CETA incarnent tout ce qu’il faut refuser pour conserver sa souveraineté. L’Union européenne telle qu’elle est aujourd’hui empiète aussi beaucoup sur cette souveraineté.

Il faut donc réfléchir aux relations que nous souhaitons avec chacun des pays de ce monde, parce que nous ne pouvons ignorer notre appartenance à une même planète. Pour cela, l’Europe des coopérations semble être l’exemple le plus parlant. C’est pourquoi je vous donne rendez-vous dans le Conception politique #2, qui traitera de l’Europe et de l’Union Européenne.

Avis d'actualité: #7, Philippot et le Front National

 

Depuis la semaine dernière, les tracas internes au Front National me poussaient à écrire un billet sur Florian Philippot ; personnalité iconique de ce parti ces dernières années. Voilà que l’actualité aujourd’hui me laisse penser qu’il est temps de lui dédier une courte réflexion…

 

Florian Philippot, le grand écart entre gauche et droite ?

Son parcours reste la chose la plus intéressante à étudier. Comment un militant chevènementiste, qui a par moment assisté à un meeting de Jean Luc Mélenchon (Source : Wikipédia), a-t-il pu rejoindre ce qui est traditionnellement considéré comme le parti le plus à l’opposé de la gauche ?

A l’instar de Natacha Polony, le parti chevènementiste comptait dans ses rangs les tenants d’une gauche institutionnelle plus pragmatique, moins virulente sur les questions sociétales que pour les questions de souveraineté. Cette gauche avait tout pour séduire le militant Philippot, convaincu très jeune par la cause souverainiste. Néanmoins, suite au traitement réservé envers les adversaires frontistes, il finit par se détacher progressivement des mouvements de gauche, rejoignant finalement Marine Le Pen, séduit par la nouvelle ligne du parti. Il apporta au FN son rejet de l’UE (ou de l’Europe ?) et sa passion des questions économiques. Avec lui, le parti d’extrême-droite devint cependant plus flou, puisqu’une ligne libérale-conservatrice persistait encore ; la même ligne qui fit tout pour le pousser à la démission.

Cet acte est selon moi une erreur stratégique, ce qui n’est pas pour me déplaire. En effet, la seule once de politique respectable présente au Front National demeurant la ligne Philippot (J’y reviendrai), le fait de s’en débarrasser prive le parti d’un excellent débatteur et d’un gage politique très important. Certains là-bas estiment que la défaite est due à Florian Philippot, mais il faudrait être aveugle pour faire cette analyse : au contraire, le parti n’a jamais aussi bien marché que lorsqu’il se préoccupait de tous les français, et non pas d’une petite catégorie extrêmement conservatrice et égoïste. De plus, face à la lamentable prestation de Marine Le Pen, l’aisance médiatique de son second permettait de rassurer le chaland sur les capacités politiques du parti.

 

La ligne Philippot, entre mystère et mauvaise foi

J’ai rarement été très critique à l’encontre de Florian Philippot, et à raison d’ailleurs : une ligne souverainiste, anti-UE, sociale, et plutôt pragmatique sur les questions sociétales ne me dérange pas ; se rapprochant de l’UPR par exemple. Certes, je suis moins catégorique sur la question européenne, mais je reconnais volontiers qu’un parti exclusivement acquis à la ligne Philippot m’aurait peut-être séduit en cas de force majeur (à savoir dans le cadre d’un second tour face à Macron par exemple). Si je remonte dans le temps, j’estime que mon regard sur lui a changé lors d’un débat avec Macron (Alors ministre de l’économie) dans Des Paroles et Des Actes. Je me suis alors rendu compte d’une chose étrange : un cadre du FN tenait des propos plus à gauche que ceux d’Emmanuel Macron. Une question alors me vint : pourquoi reste-t-il dans ce parti en tentant de le transformer, au lieu de le quitter et de fonder le sien ?

Un autre constat vint rapidement aussi ; Philippot est excellent acteur. Ainsi, pendant la campagne, il était chargé de faire croire à l’unité du Front National devant les média, pratiquant de manière abusive une mauvaise foi commune à celle de Dupont-Aignan. Sa loyauté sans borne envers Marine Le Pen reste incompréhensible aussi.

Je pense honnêtement que Philippot n’est pas quelqu’un de mauvais en soi, mais sa ligne ayant du mal à percer au début, il est probable qu’il profita du succès du FN pour se faire connaitre médiatiquement.

Reste enfin un problème d’ordre éthique : Philippot n’a jamais été très favorable à la ligne sociétale dure du parti, mais cohabite pourtant très bien avec les branches les moins fréquentables. Du moins, il a souvent enchainé les pirouettes pour éviter le sujet devant les journalistes. Différencier Philippot du FN traditionnel, c’est plutôt aisé. Mais le détacher totalement du parti (qu’il a contribué à dédiaboliser) serait peut-être un peu trop rapide, en dépit d’un gaullisme assez authentique qui pourrait lui être crédité.

 

Quel avenir pour Florian Philippot ?

Un gaulliste souverainiste égaré au Front National, parti d’origine libéral-conservateur, a de quoi donner du fil à retordre aux analystes politiques. Est-il encore de gauche ? De droite ?

Pour ma part, je le situerai quelque part entre le centre-gauche et la droite souverainiste, ce qui en fait quelqu’un de tout à fait fréquentable. Néanmoins, son passage au FN a été à double-tranchant. S’il a pu acquérir une certaine notoriété, il ne demeure pas moins marqué au fer rouge par cet ancien statut. Quand il proposait un café-débat avec les insoumis, ce fut une réponse cinglante qu’il reçut, à mon grand désarroi d’ailleurs. Je pense qu’il faut être ouvert au dialogue avec Florian Philippot. En dépit des défauts que j’ai laissé transparaitre plus tôt, je pense qu’une ligne souverainiste avec les Patriotes, les chevènementistes et l’UPR pourrait de temps en temps s’associer avec les insoumis pour défendre les intérêts de la France, au-delà des querelles partisanes qui ont pu les diviser.

Néanmoins, la réalité est beaucoup moins vendeuse. Il y a fort à parier qu’il poursuive sa route avec Les Patriotes, sans succès électoral majeur pour des raisons évidentes, et sans possibilité de rédemption pour son passé litigieux. Tant pis ; à défaut d’avoir un allié occasionnel, il reste toujours un débatteur intéressant à écouter.

De l’idéologie au programme politique : subdivision et clarté de programmes

Je ne m’en cache pas, je développe depuis plusieurs mois (sur mon temps libre) un programme politique reflétant mes attentes, l’idéal politique que je promeus en quelque sorte.

Avant cela, l’élection présidentielle et son lot de programmes est passée par là. Et les études relativement poussées que j’ai pu faire sur le sujet m’ont conduit à un constat : très peu de programmes peuvent se vanter d’être clairs et organisés, au point que n’importe qui puisse identifier la ligne politique du mouvement et les mesures envisagées. Ce qui me conduit à cette courte réflexion ; comment concevoir correctement un programme ?

Bien entendu, il ne s’agit là que d’un point de vue, aucunement l’unique conception acceptable.

 

Quelle organisation ?

Tout d’abord, il s’agira d’identifier les divisions de son programme. En effet, puisqu’un seul bloc serait indigeste, il convient de partager ses idées en plusieurs catégories. Selon moi, il faut que cela corresponde à l’idéologie politique générale, en se basant sur un slogan par exemple.

Pour rappel, le mouvement que je développe est identifié par la devise « Souveraineté de la Nation, Unité du peuple, prospérité de l’humanité ». Un peu pompeux certes, mais correspondant assez aux idéaux que je souhaite mettre en avant.

Ces trois composantes de ma ligne politique peuvent s’associer sans problèmes aux trois divisions du programme, reste alors à trouver les subdivisions, sur lesquels les programmes font souvent l’impasse.

En effet, il n’est pas rare que les frontières entre chaque subdivision soit perméable, laissant apparaitre des similitudes entre deux subdivisions ou plaçant des mesures dans des catégories qui ne correspondent qu’à moitié. Dans un souci de clarté, il faut donc établir des subdivisions de manière réfléchie. Pour ma part, ces subdivisions seront au nombre de douze, et forment le meilleur prisme pour identifier une ligne politique. J’avais déjà tenté de comparer les programmes, mais les différents points ne sont pas parlants lorsque je m’y attarde. Ces subdivisions sont donc mieux placées pour analyser un programme, que ce soit le mien ou celui des autres.

 

Quelles divisions ?

Répartir le programme en douze secteurs politiques permet de rester concis et pas trop précis dans un premier temps, en développant par la suite au sein des subdivisions.

Peut-être faudrait-il expliquer les trois divisions avant de les séparer en quatre parts chacune :

=> La souveraineté de la Nation regroupe les mesures en faveur du maintien de la Nation française et de sa sauvegarde. Sont donc abordés le civisme, la fonction publique, la sécurité et les affaires étrangères. (On devine déjà la partition)

=> L’unité du peuple est sans doute un concept vaste, qui correspond en fait à la stabilité du pays via la pacification des rapports au sein du peuple (démocratie, pragmatisme sociétal, etc…), et via son administration compétente et organisée. Ma théorie de la dualité de l’action politique illustre assez bien cette division.

=> La prospérité de l’humanité, partie la plus ambitieuse, regroupe enfin la préparation du futur du pays au sein de notre monde. Quelle société pour demain, quel rapport avec l’écologie, …

A l’image de mon manifeste d’intention politique publié il y a plusieurs mois, on pourra faire un parallèle avec les trois étapes temporelles : La souveraineté conserverait des acquis du passé, l’unité stabiliserait le présent, et la prospérité préparerait au futur. Ces trois axes sont donc les divisions idéales pour un programme politique.

 

Quels contenus ?

Pour clore la démonstration de cette organisation, voici donc les douze points expliqués un peu plus en détail :

1.1 ; Souveraineté et civisme : Deux choses sont traitées ici, la souveraineté vis-à-vis des traités et des organismes internationaux, et la politisation du citoyen pour qu’il soit conscient de ce qu’être citoyen implique. En effet, que deviendrait une Nation souveraine si son peuple n’y accordait plus d’importance ? En soi, cette catégorie pourrait être résumée en «patriotisme»

1.2 ; Sécurité intérieure : nul besoin de trop développer ici, il s’agit là d’un sujet vital bien connu des citoyens. Sa place est toute indiquée dans la partie souveraineté.

1.3 ; Sécurité extérieure : sœur de la précédente subdivision, cette catégorie se concentre sur la souveraineté et le maintien de l’armée française, qui doit rester comme une force de défense du pays et de ses intérêts.

1.4 ; Relations internationales : seront traités ici l’immigration, les rapports entre les pays, et l’aide au développement du continent Africain, véritable pierre d’angle de la partie internationale du programme.

 

2.1 ; Education et média : il n’est pas évident d’associer les deux, si ce n’est par l’influence qu’ils ont sur le citoyen. Dans le cadre du développement de l’unité du pays, ces deux secteurs stratégiques doivent être traités simultanément, puisque les média occupent parfois le rôle que l’éducation a occupé auparavant. Cette association se fait aussi par soucis d’équilibrage, l’un et l’autre ne nécessitant pas à mes yeux trente-six mille suggestions politiques.

2.2 ; Démocratie et système politique : sujet perméable avec la subdivision à venir (2.3), il s’agit là d’un aspect essentiel, mais hélas plus technique. Probablement la partie la plus longue.

2.3 ; Administration et territoires : il s’agit ici de gérer le mille-feuille territoriale par exemple. En droit, le droit administratif correspondrait assez bien à cette subdivision.

2.4 ; Urbanisation et cadre national : plus floue et assez proche du précédent, cela concerne le bien-être de la population via la gestion des paysages et à travers l’équilibre entre ruralité et urbanisme. La question des espaces maritimes y sera probablement abordée.

 

3.1 ; Culture et société : Ce sur quoi repose l’avenir de l’humanité reste la culture de ses nations, et la viabilité de sa société. Une première place au sein de cette division justifiée donc.

3.2 ; Economie : placée volontairement parmi les dernières parties du programme, elle ne demeure pas moins essentielle, ce que je déplore personnellement ; mais là n’est pas la question. Le devenir de l’humanité dépend de la politique économique appliquée, sa situation au sein du programme est donc logique.

3.3 ; Ecologie et défis futurs : thème intervenu en politique plus récemment, il est celui qu’on ne peut éclipser au risque de perdre la planète-même. L’agroalimentaire, les questions énergétiques, sont tant de secteurs à prendre en compte ici.

3.4 ; Nouveau projet européen : N’en déplaise à certains, un mouvement politique national s’adresse avant tout à une Nation. L’Europe n’est donc pas un pilier du programme, mais plus un des nombreux projets présentés. La création d’une Europe des Nations respectueuse des souverainetés est donc envisagée, et sera présenté dans cette partie qui clôturera le programme. 

 

Vous voilà donc avec un aperçu de ce que sera mon programme, à venir dans les prochains mois en fonction du temps que j’aurai à ma disposition. En attendant, rien ne vous empêche d’émettre des suggestions et des commentaires à ce sujet, pour que je puisse encore parfaire mon projet de programme.

 

 

 

 

 

 

Pause estivale : journal de bord (malencontreusement politisé)

L’été, saison propice au voyage, est arrivée. Me voici donc cette année à quitter pour plusieurs jours mon Alsace natale. Mais ce qui devait être des vacances se transforme hélas rapidement au contact de ma politisation…

 

Samedi

 

Aire d’autoroute : c’est l’occasion d’acheter de quoi se sustenter avant de reprendre la route. Autour de moi, les pelouses de cette aire sont évidemment partiellement recouvertes de saletés. Dans le magasin principal s’accumulent les rayons de nourritures et les touristes, mais le problème à relever en ce jour se concentre essentiellement dans les sandwichs. Que diriez-vous d’un bon sandwich au poulet ? C’est l’occasion de tester les saveurs de la région. Ou plutôt celles d’Amérique du Sud puisque ce poulet est brésilien. Et lorsqu’il s’agit d’une salade César, le poulet est tout sauf européen. Alors quoi, manquerions-nous de poulet en France pour en importer des quatre coins du globe ?

 

Dimanche

 

En raison de la localisation du lieu de villégiature, les magasins sont ouverts le dimanche matin, ce qui ne dérange pas puisque c’est assez justifié, et le dimanche après-midi, ce qui est néanmoins plus litigieux.

Les supermarchés m’ont toujours un peu excédé, ayant une préférence pour le local et les petits commerces. Néanmoins, il faut avouer que c’est parfois bien pratique. C’est aussi l’occasion de se rendre compte de l’absurdité de certaines choses, comme ces rayons débordants de produits similaires mais différents par la marque. Sans pour autant réclamer une entrée dans l’Union Soviétique de la guerre froide, je trouve que ce trop-plein de choix en matière de nourriture ne rime pas à grand-chose ; surtout quand certains produits comme ceux contenant de l’huile de palme n’ont, eux, pas d’ersatz avec lesquels on puisse consommer de manière plus responsable.

 

Lundi, mardi et mercredi

 

Après deux jours riches en remarques politiques, les trois suivants seront consacrés aux louanges du paysage français. On ne le dit peut-être pas assez, mais la France est un beau pays, et la côte normande est loin de faire exception. Des falaises donnant sur une mer d’un très beau bleu aux plaines parcourues de manoirs et résidences anciennes, le décor normand se prête très bien à la photographie, mais malheureusement aussi aux spéculations immobilières. Etant donné la localisation et l’affection (généralement parisienne) donnée à ce bord de mer, les prix atteignent désormais des valeurs exceptionnelles, au grand dam des locaux, aux capacités financières en deçà des bourgeois parisiens venus acquérir une maison en bord de mer. Il n’y a pas de mal à souhaiter une seconde résidence proche des côtes, surtout en Normandie ; moi-même y ai-je déjà songé. Mais cette montée des prix est orchestrée artificiellement, et si les manoirs sont vendus à des prix justifiés, les prix de ventes des maisons sont eux plus litigieux.

 

Jeudi

 

La Normandie est vaste, et la parcourir en une semaine serait tout sauf intelligent. Néanmoins, au vu des mésaventures rencontrées sur la route, la traverser en une journée n’est pas une expérience plus enviable. Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que cette anecdote aurait pu avoir comme cadre n’importe quelle zone géographique un peu délaissée par les pouvoirs publics.

Le trajet du jour consistait à traverser la Seine-Maritime et une partie de l’Eure, afin de se rendre à Château-Gaillard et aux Andelys, ville dans laquelle mes ancêtres vécurent quelques années au XIXème siècle dans une très belle maison. Il s’agissait donc d’un trajet d’une heure et demi, que l’absence de panneaux et d’indications claires auront transformés en trois-quatre heures. En effet, de routes campagnardes dépourvues d’indications aux villages pas mieux lotis, la voiture aura dilapidé son essence pour des heures de déambulations. (Dans un endroit assez joli, certes)

Enfin, dernière remarque de ce jour, qui pourrait s’appliquer à des situations similaires les jours précédents, portera sur le mépris de la modernité envers le patrimoine immobilier français. Ville typique de Normandie (pour sa partie ancienne surtout), Les Andelys sont parsemées de manoirs et villas impressionnantes. Aussi apercevoir une concession automobile à cheval sur un mur ancien ou une station-service entre deux manoirs fut une expérience plutôt dérangeante, tant le XXIème siècle faisait alors tâche au milieu de ces biens immobiliers historiques.

 

 

Bref, contrairement à ce qu’on pourrait penser, j’ai largement apprécié ce dépaysement, moi qui n’avait pas vu la mer depuis trois ans. Mais force est de constater que c’est aussi l’occasion de subir les inepties en cours dans notre beau pays…

En espérant que vous aurez apprécié ce format inhabituel et estival, je réitérerai sans doute l’année prochaine ; en attendant je vous donne rendez-vous en Septembre pour de nouveaux articles plus conventionnels…

Avis d’actualité : #6, Mes désaccords avec la gauche, de Verdun à Danièle Obono

 

Loin de moi l’idée de rebondir sur toutes les polémiques dont le monde médiatique est très amateur ; pour autant, l’affaire concernant cette députée de la France insoumise est pour moi l’occasion d’aborder un sujet très intéressant : mes désaccords principaux avec la gauche.

En effet, je n’aime pas trop me revendiquer de gauche ou de droite afin de parler au plus grand nombre, mais je mentirai si je disais que je ne vote pas à gauche. Néanmoins, ma vision sociétale n’est pas toujours en accord avec les valeurs sociétales de la France Insoumise, du Parti socialiste ou de la société civile marquée à gauche. Il va sans dire que je ne suis pas pour autant conservateur ; opposé aux idées rétrogrades qui divisent plus qu’elles ne résolvent de problèmes.

Retour sur plusieurs sujets médiatiques qui ont défrayé la chronique, et qui ont alors fait émergé des désaccords plutôt marqués avec la gauche.

 

La gauche et le communautarisme

Ici, le sujet n’est pas tant le communautarisme, que les réactions de la gauche au sujet de cette tare pour l’unité de la nation…Je n’ai jamais caché mon aversion envers le Parti des Indigènes de la République, aversion partagée pour le CCIF, Marwan Muhammad et Tarik Ramadan. De même, le communautarisme au sein d’une part de la bourgeoisie catholique, que ce soit Sens Commun ou les Survivants, m’inspire peu de sympathie. Bref, à la différence de l’extrême-droite, je ne me focaliserai pas sur un communautarisme islamique et/ou issu de l’immigration.

Luttant traditionnellement contre la ségrégation et en faveur de l’égalité, la gauche semble avoir abandonné ce combat lorsqu’il s’applique à des populations traditionnellement mises de côté. L’idéal républicain est mis à mal par l’existence de nations officieuses au sein du pays (et encore, l’Angleterre est bien plus touchée par ce fléau). Il s’agit bien heureusement de minorités, mais leur impact est important, puisque le communautarisme contribue à la fois à la mise à l’écart de croyances différentes par leur comportement excessif, et au climat de mépris haineux envers le pays, climat sous lequel devront vivre désœuvrés et populations délaissées.

Ainsi, il parait évident que pour lutter contre le terrorisme, il faut lutter contre le communautarisme. Cela doit se faire sans discrimination, certes, mais la critique de dérives religieuses doit se faire, quand bien même certaines bonnes âmes iraient prôner un vivre-ensemble dévoyé, loin du vivre-ensemble enrichissant pour le pays. (Comme la tribune souhaitant la tolérance envers le PIR et Houria Bouteljda par exemple)

En cela, on pourra donc constater que la gauche est laxiste, sinon inconsciente sur ce sujet. (Tandis que la droite l’instrumentalise).

 

La gauche et les questions sociétales

Autre point de désaccord, les questions sociétales sont l’occasion de témoigner l’importance que j’accorde au pragmatisme et à la modération sur ces sujets.

Comme exemple récent, on pourra prendre la marche des fiertés. A l’origine, il s’agissait d’une initiative louable, vouée à la reconnaissance de l’homosexualité comme quelque chose de normal et à accepter. Peut-être était-ce en raison de la persistance de valeurs homophobes, ou tout simplement par inconscience politique, mais toujours est-il que ce qui devait aboutir à une égalité entre les orientations sexuelles s’est rapidement transformé en cortège de clichés desservant la cause LGBT plus qu’elle ne l’aide. Erigeant les stéréotypes contre lesquels je me suis toujours battu sur un piédestal, cette part de la gauche (majoritairement) commet une erreur selon moi. Comme pour le féminisme, défendre une égalité réelle et non-biaisée (sans discriminations positives donc) devrait être une priorité par rapport à des comportements clivants comme les protestations anarchiques des Femen ou la Gay pride précédemment citée.

De même, on pourrait mettre sur la table la lourde problématique de la question du genre. Si l’existence d’un troisième sexe est avérée, celle de genres multiples l’est beaucoup moins. Pour ma part, je pars du principe que les comportements de chacun relèvent du domaine personnel, et dépendent de l’éducation et des choix de vie. Où est donc le besoin de se revendiquer de tel ou tel genre, parce que l’on correspond à des stéréotypes imposés à la base par la société communément qualifiée de patriarcale ? En plus d’être un véritable imbroglio sociologique loin de faire l’unanimité, la question du genre reste un casse-tête politique, ce qui explique donc pourquoi le mouvement que je souhaite lancer restera très pragmatique sur la question.

 

La gauche et l’immigration

Principalement à l’extrême-gauche, l’immigration est perçue de manière angélique, du sans doute à la perception internationaliste (que je ne partage pas) du monde. Les réalités sont plus dures, et pas uniquement du côté des violences qu’ont vécu les immigrés politiques.

Mélenchon, contrairement à ce que certains à droite ont pu dire, a une vision assez lucide par rapport à d’autres de ses collègues à gauche. En effet, et c’est partagé aussi à droite, il s’agit avant de tout de réduire les causes de départs des réfugiés. De manière générale, ma position reste donc assez à gauche pour les réfugiés politiques, estimant qu’un mur ou qu’un rejet systématique n’aurait aucune efficacité et serait profondément inhumain.

Pour autant, l’immigration économique est à traiter différemment, qu’elle vienne d’Europe du Nord ou d’Afrique d’ailleurs. Il est clair que la pauvreté peut inciter les gens à chercher mieux ailleurs. Difficile de leur jeter la pierre. Mais on entre alors dans un cercle vicieux : si les qualifiés cherchent d’autres terres pour leurs compétences et les non-qualifiés d’autres entreprises dans d’autres pays (où ils travaillent souvent au noir, en plus), le pays d’origine se voit donc ponctionné des trois-quarts de ses chances de développement. Ce qui amènera un retour à la situation initiale, avec de nouvelles migrations économiques. Je serai donc en faveur d’un accueil provisoire, sur deux à trois ans, puis un plan de réinsertion dans la société de son pays d’origine. En raison de notre impérialisme passé et du capitalisme excessif que nous avons aidé à propager, nous avons des responsabilités concernant majoritairement les pays d’Afrique et d’Asie. Leur rendre la liberté, puis leur prendre une part de leur main d’œuvre en retour n’est pas une bonne idée. (On songera aussi à l’Ukraine, dont le potentiel en travailleurs précaires en a motivé plus d’un)

Enfin, parce qu’il est absurde de se couper du monde et des échanges humains, il ne s’agit pas de refuser tous les travailleurs étrangers. Mais dans le cas où ils s’installeraient, il faut ensuite penser intelligemment leur intégration (mais on revient alors au point 1) pour qu’ « étranger » ne soit plus qu’une caractéristique de leur passé et un trait d’histoire les rattachant à leur patrie d’origine. La république ne doit laisser personne au bord de la route.

 

La gauche et le sectarisme

Ce qu’on pourrait appeler « sectarisme » est le comportement marqué à gauche qui me dérange le plus. C’est un terme généraliste, sans doute éloigné de sa définition initiale. Ce sectarisme partage plusieurs caractéristiques : comme j’ai déjà pu le regretter, il fait la part belle au refus du débat en blacklistant le contradicteur avec des étiquettes péjoratives, généralement en rapport avec la seconde guerre mondiale. Ce sectarisme consiste à insulter un adversaire politique au prétexte qu’il a passé une alliance qui ne plait pas. Il consiste aussi à défendre la démocratie uniquement quand c’est en sa faveur.

Ainsi, bien qu’en désaccord avec de nombreuses positions (et l’historique) du Front National, je me suis toujours demandé au nom de quoi devraient-ils se voir museler ? A ce titre, le peu de députés qu’ils ont par rapport à leur représentativité reste pour moi peu démocratique, quand bien même aurai-je toujours affirmé mon rejet du vote FN.  De même, au lieu de souhaiter la censure d’idées différentes, ne pourrait-on pas au contraire en débattre intelligemment ? Exceptions faites du négationnisme, qui s’apparente à une diffamation éhontée, et des différentes discriminations, tout avis se vaut en démocratie. Voir Dupont-Aignan se faire insulter de tous les noms alors qu’il n’avait fait qu’une alliance avec le parti dont il était le plus proche m’a profondément marqué. Est-ce là la défense de la démocratie si chère à la gauche ?

En dehors de comportements antirépublicains, discriminatoires ou diffamatoires, nul ne devrait être censuré.

 

La gauche et le patriotisme

On arrive ainsi à la dernière affaire en date, qui sur le coup m’a paru peu aisée à traiter. Mais avant d’évoquer le cas de Danièle Obono, j’aimerai revenir sur les dernières commémorations à Verdun. Rappelez-vous de ce jour où un génie eut l’excellente idée de légaliser la dégradation de tombes et l’irrespect envers les défunts, et cela avec la bénédiction d’une partie de la classe politique. L’extrême-droite et la droite s’étaient alors précipités pour attraper la perche que leur tendaient les inconscients à l’origine du projet.

Ce qui se passe actuellement est assez similaire. Mais il faut d’abord remonter à une pétition en soutien à un artiste dont la chanson « Nike la France » avait un temps fait polémique. Polémique justifiée selon moi : la liberté d’expression ne peut pas forcément permettre des comportements aussi agressifs, qui ont de quoi déranger pas mal de gens. Mais soit, signer cette pétition est profondément discutable, mais on va mettre cela de côté pour le moment. La semaine dernière, Mme Danièle Obono, désormais députée, est invitée sur un plateau médiatique ; l’occasion était trop belle pour les journalistes, qui enchainent les questions mal formulées et assez insidieuses, dont l’une lui demandant si elle pourrait crier vive la France dans l’immédiat, ce à quoi elle a répondu maladroitement « Pourquoi vive la France? Oui je peux dire vive la France, mais pourquoi? Pour le 14 juillet? »

Dis comme ça, la phrase peut être interprétée comme une tirade peu patriotique. Mais pour ma part, ce seront plus les soutiens à « Nike la France » et sa proximité (il semblerait) avec le PIR (encore eux) qui me dérangent. Cependant, qu’une élue de la république hésite sur une question (volontairement absurde) de ce genre reste problématique, et je regrette que personne à gauche n’ait nuancé ses propos ; Mélenchon le premier, qui peut se montrer à plusieurs occasions plutôt patriotique. (Et je ne doute pas qu’il le soit).

La gauche a eu un temps du mal avec le patriotisme, se méfiant de tout ce qui rappelait le nationalisme exacerbé de certains et la ferveur patriotique déplacée d’autres. Dans cet éternel débat sur l’identité française, Mélenchon lui-même a eu des mots que je trouve déplacé, son dégoût des blonds aux yeux bleus par exemple. A cause d’une volonté de trancher net par rapport au racisme de certains, la gauche a mis du temps avant de renouer avec un comportement réellement républicain, qui ne méprise ni la France, ni ses habitants dans leur ensemble.

 

 

Vous l’aurez compris, cette affaire a pris une trop grande ampleur à cause de son traitement médiatique, mais cela aurait dû être l’occasion de rappeler l’attachement de la gauche à la nation, et personne n’a su rebondir, si ce n’est la droite qui en profita pour récupérer une nouvelle fois les dérives d’en face (et les racistes pour se permettre de nouvelles sorties honteuses). Lorsqu’il faut combattre les dérives islamistes, le communautarisme, les comportements radicalement antipatriotiques ou l’égalité dévoyée, seule la branche conservatrice de la société s’élève en général, ce qui agit inévitablement sur la psychologie des cadres et électeurs traditionnellement ancrés à gauche. Mais comme j’ai déjà pu le dire, ce n’est pas parce que le FN ou l’UMP affirme qu’il fait beau qu’il faut persister à voir de la pluie.

L’étiquette politique n’a que peu d’importance face aux idées défendues, mais cette petite mise au point était nécessaire pour moi, qui compte bien prôner la modération et le pragmatisme sociétal au sein de toutes les familles politiques à la fois.

 

Avis d’actualité : #5, tracas politiciens français, fracas géopolitique mondial

 

 Quasiment à l’arrêt depuis la présidentielle, sans doute occupé par mon projet R21 et peut-être guidé par l’envie de marquer une pause, je ne peux pas m’empêcher cependant de réagir à l’actualité dense de ces dernières semaines. Que ce soient nos petites affaires politiques ou les actes criminels des ségrégations et des attentats, petit condensé de mes avis sur une fin de printemps fort mouvementée.

 

Macron au paradis…

Dès lors qu’il a remporté l’élection haut la main (pour des raisons indépendantes de l’attrait de son programme), Emmanuel Macron s’est senti investi d’une mission divine ; du moins, c’est ce que certains média semblent avoir compris. Ils sont nombreux désormais à participer au concours de celui qui aura le plus gros superlatif pour encenser le messie. Désormais, notre « leader du monde libre » serait le nouveau De Gaulle. Un De Gaulle prêt à vendre les intérêts du pays aux plus offrants, certes.

D’un côté, il faut reconnaitre qu’il a bien la stature d’un présidentiable. Contrôlant efficacement toutes dérives ministérielles possibles à l’aide du méconnu Edouard Philippe (lobbyiste chez Areva), Macron semble prêt à gouverner le pays pendant cinq ans. Hélas, j’ai bien peur que parmi les critères attribués à cette tâche, le respect des intérêts du peuple et de la souveraineté n’en fassent pas parti.

Parlant d’intérêt, on pourra aussi évoquer une presse qui se met à relayer soudainement les affaires le concernant. Certaines vierges effarouchées découvrent ainsi que le conflit d’intérêt, à mes yeux, pire encore que la corruption, n’est pas une pratique bannie sous une république prétendument moralisée. Pourront en témoigner Richard Ferrand, et d’autres avant lui. Mais parmi les affaires qui commencent à éclore, seul l’humour noir du président choque vraiment. Propos tenu en off, les phrases au sujet des comoriens sont reprises partout, alors que ce trait d’esprit n’est en rien condamnable au vu du contexte. (Dans un discours, il en aurait été autrement). Comme toujours, les polémiques sont chassées par la porte et reviennent par la fenêtre.

 

Mélenchon au pilori.

Presque persuadé que le Mélenchon Bashing sera au programme des JO de Paris (je m’avance un peu) tant il est devenu sport national, je ne pouvais pas l’ignorer délibérément. Non pas pour défendre mon ex-candidat, mais pour défendre la nuance et la raison.  

Il est vrai que le principal défaut de Jean Luc Mélenchon reste sa capacité à monter sur ses grands chevaux, devenant bien trop grandiloquent au risque d’en froisser certains. Mais il est temps d’arrêter les mauvais procès. L’affaire Rémi Fraisse avait défrayée la chronique il y a des années de cela, et j’ai souvent pensée qu’au vue des zones d’ombres persistants avec les années, il était peu aisé de se prononcer sur de tels faits. Les qualificatifs adressés à monsieur Cazeneuve (insupportable depuis la présidentielle) étaient à ce sujet disproportionnés, mais pas condamnables dans le fond, surtout au vu du contexte (Meeting enflammé). En effet, la grenade qui a servi n’aurait pas dû être en service pour des raisons de sécurité. Si le ministère de l’intérieur de monsieur Cazeneuve en avait tenu compte, il en aurait été autrement. Qu’il ait commandité un assassinat reste litigieux, mais les décisions du ministère et ce qui en relève, dont l’usage de cette grenade, sont sous la responsabilité du ministre, qui n’a pas à se contenter de prendre les lauriers en cas de réussite.

Ce même Cazeneuve, après l’annonce innocente d’un procès pour diffamation, prouve par la suite qu’il est un fin connaisseur en la matière, surtout vis-à-vis de Mélenchon. S’associant honteusement à Jaurès, il ne peut s’empêcher de condamner une nouvelle fois le non-soutien de son adversaire à monsieur Macron avant le second tour.

Ce refus insoumis de tourner la veste en aura égaré plus d’un, principalement au sein de l’émission On n’est pas couché, qui chaque semaine trouve un moyen d’enfoncer le clou au sujet du « monsieur aigri » de la présidentielle.

Enfin, histoire de rajouter une brique au mur du ridicule, Patrick Menucci vexé comme un pou par la candidature de monsieur Mélenchon, choisit de l’attaquer sur des termes pourtant pas polémiques. Décidemment, il faudrait être sourd pour ne pas comprendre la colère de l’ancien candidat.

 

Kadyrov le tyran, Trump l’inconscient

Le cas de la Tchétchénie est extrêmement compliqué à aborder. Véritable zone à conflit depuis des années (c’est un euphémisme), il s’agit là d’un voisin encombrant pour la Russie. Russie qui crut bon de mettre à la tête du pays Ramzan Kadyrov, espérant sans doute contrôler l’une des deux franges islamistes majoritaires en Tchétchénie. Placer un tyran au pouvoir n’a rien d’unique, il s’agit là d’une action très courante hélas. Mais étant donné le conservatisme religieux qui entoure ce pays, composer avec Kadyrov était peut-être une nécessité. Est-ce un prétexte pour ignorer ses exactions ? Non, bien évidemment.

Si les faits sont avérés (parce que dans ces zones-là, on ne peut être sûr ni de l’ampleur, ni de la véracité des faits avancés), ils sont profondément condamnables. Pour rappel, la discrimination violente envers des personnes en raison de leur sexualité est absolument écœurante. Dans les branches extrémistes des religions, il s’agit d’un comportement malheureusement habituel, mais lorsque cela arrive à hauteur d’un pays, c’est déjà moins courant. Le despotisme de Kadyrov n’est plus à démontrer, mais toute la lumière doit être faite sur cette affaire, quitte à sanctionner sévèrement pour s’assurer de la fin de cette barbarie. Quant à Vladimir Poutine, bien naïf celui qui croit qu’il a les moyens de faire pression sur un islamiste lorsqu’il est à la tête d’un voisin peu apprécié, et ultrareligieux de surcroît.

 

Dans une moindre mesure, je profite de ce paragraphe sur la cruauté d’un homme pour évoquer l’inconscience d’un autre. Trump est hélas un cliché de l’américain moyen, individualiste jusqu’au bout et peu concerné par le sort de la planète. Serait-ce le fruit d’une éducation en deçà des capacités intellectuelles humaines, ou simplement celui d’un manque d’empathie flagrant, mais toujours est-il que son retrait de la COP21 (conférence aussi symbolique que peu utile) relève de la bêtise la plus crasse. Cet accord n’avait rien d’extraordinaire, je l’ai toujours dit, mais le quitter alors que son pays est un des plus mauvais élèves dans le domaine écologique, c’est une provocation qui ne peut rester impunie.

 

La lassitude de l’analyse quotidienne

Pour finir cette revue de l’actualité, je n’ai pas d’autre choix que d’évoquer les attentats, nombreux ces derniers temps. C’est terrible, mais le sentiment que je ressens se rapproche de ma réaction lors des explosions hebdomadaires en Irak ou en Afghanistan.  Je finis par m’en lasser. Les discours inconscients de certains qui nous demande de nous habituer à cela n’ont aucun effet sur moi, mais le fait que ce soit toujours et encore la même situation finit par agir sur les gens. Il y a encore des victimes, il y a encore des terroristes, et il y a encore des gens pour récupérer cela de manière indélicate (Nadine Morano par exemple, experte en la matière). Il devient urgent d’agir, parce qu’en dehors des actions d’apparences qui consistent à vanter les mérites d’un état d’urgence bien peu efficace chez nous, ou à défendre le modèle communautariste anglo-saxon chez nos voisins, rien n’est vraiment fait pour agir à la racine de ce mal. Pour qu’une personne en vienne à tuer des compatriotes (les terroristes venus avec les vagues migratoires demeurant minoritaires, n’en déplaise à l’extrême-droite), il faut bien qu’un processus psychologique se mette en place. Pourquoi personne n’axe-t-il pas déjà ne serait-ce que la moitié de sa politique antiterroriste là-dessus ? Est-ce si compliqué de développer une unité assez forte au sein d’un pays pour qu’aucun citoyen n’en veuille à la terre entière ? Il ne s’agit pas de vanter un communisme aux bienfaits illusoires, mais simplement de prôner l’unité nationale, unité mise à mal par les communautarismes qui se développent de chaque côté de la manche, par exemple.

Bref, condoléances aux familles des victimes, mais je prie naïvement pour que ce soit la dernière fois, comme à chaque fois.

×